J’ai un peu de mal avec l’emballement média face au covid. En fait, je disais à Nelo il y a peu, que le fameux virus était en train de muter façon myxomatose.
Le virus de la myxomatose a été créé par l’homme (Armand Delille, 1952) pour dessouder des hordes de lapins de Garenne qui se multipliaient à la vitesse de l’éclair et défonçaient ses cultures. La maladie s’est ensuite très vite répandue, et a tué un nombre incroyable de pauvres léporidés, sur la planète entière (à l’exception de certains coins d’Afrique, je crois).
Le truc c’est que pour un virus, tuer son hôte en peu de temps, c’est contre-productif, parce que le virus cherche, comme chaque être vivant, à perdurer. Et il y a eu plusieurs cas dans l’Histoire, où la virulence des agents pathogènes s’est « adoucie ». C’est ce qui s’est passé avec la myxomatose (maintenant, la plupart de nos peluches à longues oreilles y résistent et vivent très bien avec).
Et c’est ce qui est en train de se passer avec le covid. Les vascularites systémiques causées par le virus semblent moins agressives, et il y a même certaines formes d’infections sans symptômes. Il y a donc certes une « reprise » de l’épidémie et à ce titre, il me semble important d’imposer des contrôles stricts sur les personnes à risques (facteurs d’obésité, d’âge, de pathologies respiratoires, voire certaines formes de S.E.P.).
Mais paralyser la circulation au sein du pays, me semble aujourd’hui absurde (mais attention, je peux me tromper). Il y a des cartes en temps réel, sur le site de GEODES concernant le nombre, la localisation de clusters, et dans une certaine mesure, on peut suivre la gravité de la « seconde vague » qui n’en est pas vraiment une. La Bretagne est en réalité en « rouge pâle ».
Un autre problème que je vois se profiler, c’est que des virus, des épidémies, on en a tout le tour du ventre et à n’importe quelle saison. La fascination et la facilité de médiatisation du phénomène ont fait perdre toute distance avec le sujet. Et on va passer notre temps à redouter telle ou telle menace. Vivre avec une menace permanente, ce n’est pas vivre. D’autant que la figure paternaliste du médecin, est en train de prendre de l’ampleur car elle est jugée plus crédible (à tort ou à raison) que la figure politique.
Je dis cependant attention : le milieu médical est un milieu qui s’approprie les corps, et la peur distillée par la menace perpétuelle est un vecteur de privation de souveraineté personnelle.
Pour faire simple :
"Qu’est ce qui se passe docteur ? (interrogation, inquiétude)
- je suspecte tel truc, on va faire des examens (appropriation du corps du patient par la médecine, patient qui s’en remet au médecin)
- bon a trouvé ci et ça, voilà le traitement, mais attention, ça peut revenir, il faudra rester prudent, faire ci et éviter ça… (bon le doc il sait ce qu’il dit, donc on s’en remet à lui, y compris pour la suite. J’ai cette menace permanente sur mes épaules, et je cède et je me laisse driver).
Je ne sais pas si vous comprenez ce que je veux dire, mais je vis assez mal cette incursion du « tout-médical » dans le champ public, en tout temps, à tout moment. Et c’est quelque chose qui, du fait de la tendance à l’emballement médiatique (et aux psychoses qu’il peut entretenir), j’ai peur que cette situation ne soit irréversible.
Monos (et Lad aussi du coup), j’ai tenté de retourner en Bretagne pour le mois d’août (mais il me faut un centre hospitalier à proximité) et les centres hospitaliers refusent les gens « d’ailleurs ». Ce qui est un comble car les personnes étant dans une situation diverse de handicap doivent vivre un deuxième confinement qui ne dit pas son nom. Et j’ai checké un peu partout en France, pour avoir des témoignages ; il y a une désorganisation et des bouleversements structurels de tout un tas de lieux, liés au seul effet loupe médiatique, quant à la « recrudescence de covid ». Dans ce cadre là, l’apaisement me semble impossible.