Réponse à TheValuk
Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, il y a une partie de phrase que j’avais oublié d’écrire, sur le post qui détaille de façon sommaire, pourquoi de mon point de vue, la psycho est une socio ratée. Bref, j’ai rattrapé ça.
C’est une très bonne remarque. Et là dessus, je suis partagé. Autant d’un côté je trouve qu’il faut à tout prix séparer l’homme/la femme de l’œuvre produite, (comme par exemple Louis Ferdinand Céline qui a écrit des bouquins extraordinaires malgré un penchant idéologique abject), autant je trouve que la vie de l’homme/la femme à l’origine d’une œuvre a son importance et doit nous interroger parce que ça dit quelque chose (je pense par exemple à Heidegger et son adhésion au parti NatSo).
Ben Freud est dans ce cas là, et à travers sa vie, on peut voir son appétit démesuré de réussite qui l’aura amené à piller des auteurs, s’octroyer des « découvertes » indues, trahir des proches jusqu’à les mener à la ruine, au déshonneur. Pour ce qui est de son œuvre (dont une grande partie n’est pas accessible au public), il érige ses propres obsessions, ses propres pulsions comme grille de lecture universelle.
Il y a par exemple un passage dans l’interprétation des Rêves, où il parle de l’un de ses rêves dans lequel il est à une table avec je ne sais plus qui, et sa belle-fille. Et il dit un truc du genre : Je ne peux pas vous révéler telle partie de ce rêve, parce que vous allez me prendre (en gros) pour un dégueulasse.
Or, on savait le type de relation qu’il entretenait avec sa belle-fille (il laissera même sa femme crever dans un mouroir, pour elle).
Ce que je veux dire, c’est que la démarche scientifique, ce n’est pas ça. Ce n’est ni le fait de transposer ses propres schèmes pour en faire des vérités universelles, ni le fait d’occulter une partie des réalités pour paraitre plus présentable et vendre son truc.
Et malheureusement, il y a eu des trucs terribles et durables, des dommages colossaux sur les patients qui auraient mérité mieux que cela de notre part (et plus particulièrement en France, grâce aux bobos parisiens et son corporatisme de classes, qui ont érigé le freudisme au rang de religion, sans évolution possible).
Il a quand même fallu attendre Foucault et son Histoire de la Folie, pour commencer à écailler le mythe.
Donc voilà, je ne jette pas le bébé avec l’eau du bain, mais je ne sais pas comment me positionner et je suis mal à l’aise avec le Mythe Freud, qui repose sur une forme d’imposture. Mais c’est là. Et ça a participé à forger une culture commune, et des méthodes de soin, des filières de formation, et une vision du monde. Je n’en conteste pas certains effets bénéfiques (la catharsis par exemple), mais il faudrait une contre-histoire dans bien des domaines, y compris dans celui-ci, pour nous permettre d’avancer en dehors des dogmes, des logiques corporatistes et partisanes etc.
Je ne sais pas quoi dire.
C’est que j’ai mal fait mon taf. Mais oui t’as capté. Plus que « vocabulaire changeant », j’ai utilisé le mot de « casuistique », qui est un langage emprunt de notion binaire de Bien et de Mal (qui change en fonction des époques, des cultures etc), et qui a moins tendance à être construit sur la rationalité.
Or de nos jours, on se mange continuellement du discours moral, ce qui en bout de chaine conduit des types comme BHL, à te vanter sans sourciller, le concept de « guerre juste » ou des Nations à partir en guerre pour « apporter la démocratie ».
Du coup j’ai séparé langage et aspect moral pour essayer de montrer l’origine culturelle de la guerre qui n’était plus motivée, depuis l’avènement des civilisations, par la nécessité de survie, ni par notre nature.
Alors je ne sais pas si tu l’as fait exprès, mais parler de tabou lors d’une discussion sur la psychanalyse (Freud : Totem et Tabou) ça m’a fait marrer (et la réponse à cette question est : je ne sais pas, je vais y réfléchir, même si je pense qu’on a tendance à encenser des personnes du fait de leurs excès).