Mes excuses Urutan, pour le temps de réponse. Il est possible que ce soit un peu long et fastidieux, navré.
Déjà, je trouve que ta définition de la nécessité, est plus proche du sens réel et originel. Du coup, par opposition à la nécessité, dans ce que tu expliques, on parlerait plus volontiers de série de contingences comme causes de la guerre.
Et c’est exactement ça. Je n’ai pas su l’expliquer correctement à Lad notamment, et c’est tout le problème de la linguistique évolutive ou involutive : nous perdons le sens des mots, ou les mots n’ont pas la même définition pour tous. La remarque de Jtaimepas m’a d’ailleurs bien fait marrer parce qu’en réalité, ça m’arrive tout le temps.
Je fais un petit crochet sur le langage : aujourd’hui la casuistique, c’est à dire (pour aller vite) le discours emprunt de morale, a pris le pas sur la rigueur linguistique. Et tous les « concepts » en ont souffert. Il y a eu un débat passionné sur l’anarchisme par exemple ; et tu peux voir la métamorphose qu’il y a eue au fil du temps, dans la perception de cette Pensée. Il en va de même pour des mots comme « populisme », « démocratie », et en règle générale, tous les mots et concepts qui font l’objet d’une bataille idéologique.
Il y a plusieurs causes à cela, et je pense que Thalsindra a une partie de la réponse quand elle parle de « dictature du SMS », qui est en fait plus généralement la dictature du temps court. Cela amène à consommer du fast food conceptuel. Et je vais pas m’étaler dessus, mais notre civilisation qui est en recherche de transcendance (Mort de Dieu, tout ça), appose de vieux dogmes moraux sur à peu près tout.
C’est d’ailleurs pour ça que je déteste les moralistes ; en plus d’apposer des filtres manichéens un peu partout, ils pourrissent le langage et les repères culturels, ce qui fait qu’aucun débat ne peut être serein, et juste, parce que le jugement d’autrui intervient à un moment donné.
Reprenons : le concept de guerre, rien qu’en lui-même mérite toute la littérature qui lui est consacrée. « La guerre » à notre époque, mériterait une attention particulière, une réflexion longue et posée. Mais deux choses bloquent :
- La première est liée au langage, le poids des mots, et leur définition dans le champ commun.
- La deuxième étant l’aspect moral. Et je pense que la guerre est pour beaucoup, perçue comme inévitable, voire désirable (d’un certain point de vue), parce que notre société est en mal de transcendance. Elle se déteste, elle souhaite secrètement ou non, la destruction de l’Humanité car elle se sent coupable d’avoir pourri la planète ou encore d’avoir promu la misère ou l’esclavage ci et là.
Et c’est un cercle vicieux : la culpabilité pousse à détruire / la destruction pousse à culpabiliser.
Je rappelle que la culpabilité est le noyau dur de la religion catholique. Si je fais le distinguo, c’est parce qu’à mon sens, la morale est spectaculairement emprunte de religieux. Et que toute notre politique extérieure en est le porte-étendard. Nous menons des guerres qui sont avant toute chose, des guerres idéologiques. Et c’est en cela, qu’une guerre ne peut pas être associée à un fait naturel. Donc elle n’est ni nécessaire, ni désirable, ni inévitable en soi.
La rationalité du temps long, c’est pour moi, un élément clé de la réhabilitation humaine, et des processus souhaitables, de paix en tout genre.
Aparté rapide : le temps est un thème qui m’a obsédé durant un long moment. Au-delà de l’aspect quantique du temps, j’en suis venu à la conclusion (je vous passe les étapes) que le temps était avant tout une donnée intrinsèque du vivant, et qui renfermait ses « potentialités » (comme la déhiscence d’une fleur à un instant T par exemple).
Bref, je pense que notre société-monde contrecarre de plus en plus le temps intrinsèque de l’humain, pour imposer un temps médiatique, un temps « robotique » : cela créé des « frictions » qui engendrent une résurgence de pulsions violentes, voire des pathologies mentales, menant de façon subtile à des comportement belligérants.
Voilà en définitive pourquoi j’avance que la guerre est une notion de culture, et non de nature.