[Bilan des morts de cette année…seulement deux. Sul’Drin et Bloodedge, tous les autres personnages ont survécu, allez en paix les pires ennemis de toujours, le troll et sa proie]
Partie 1 : L’école
La rentrée des classes eu lieu à la fin de l’été et au début de l’automne quand toutes les autres grandes écoles d’Azeroth eurent terminé leurs examens d’entrée afin de ne recruter que les meilleurs élèves. Ne restaient donc que les cancres qui resteront sur le banc de touche et devront aller s’engager dans l’apprentissage au mieux…dans l’armée de la Horde au pire.
Mais cette année-là, ouvrit une école dévouée à instruire y compris les plus mauvais des cancres, l’école d’Hexengärd dans les clairières de Tirisfal dont le directeur était un sorcier Réprouvé avec un casier judiciaire long comme le bras, pour de nombreux élèves de la Horde âgés de plus de quinze ans, c’était la dernière chance d’obtenir le certificat d’études primaires.
Nous retrouvons donc parmi le flot des élèves se pressant devant les grilles du château gothique nos quatre protagonistes.
Cariss l’elfe de sang blonde.
-Salisalut.
Sargrim, l’Orc bête et méchant.
-Baston.
Sul’Drin la trollesse cannibale.
-Quand c’est qu’on mange ?
Et Anthony Shark le Gobelin magnat de la finance.
-Ah les bonnes affaires que je rate pendant que je perds mon temps à l’école.
Aucun n’était vraiment content de venir étudier, après avoir une énième fois redoublé dans leurs écoles respectives…enfin Sul’Drin et Sargrim c’était la première fois qu’ils mettaient les pieds dans une école, il y’avait encore beaucoup de progrès à faire pour convaincre les parents en Durotar que l’école c’est pas que pour les « gro naz eud’l’alliance ».
Finalement Shark n’y tint, pas le jeune Gobelin en costume d’homme d’affaire tourna les talons et essaya de fuir l’école.
-FROST !!! Chope-le ! Ordonna une voix rageuse.
Et un lasso de magie améthyste saisit le Gobelin à la gorge et le ramena de force avec les autres élèves devant l’estrade où se tenaient le directeur et les différents professeurs qui les accueillaient pour cette nouvelle année scolaire.
Fradth se racla la gorge, laissant échapper un bruit de tuyau d’échappement crevé et il commença son discours.
-Bienvenue chers étudiants à l’école d’Hexengärd, l’école qui se targue de donner son certificat d’études primaires à tous ceux prêts à étudier et à travailler dur ! Ici votre vie ne sera constituée que de discipline, de labeur, de peine et de souffrances, mais cela en vaudra la chandelle car…
Pendant que le dirlo faisait son grand débat tout seul Cariss bras croisés sous sa chemise blanche d’uniforme un peu trop révélatrice car elle avait déboutonné plusieurs boutons du haut et soufflant un chewing-gum d’un air très peu intéressé par le discours de bienvenue du directeur commenta pour sa bande d’amis improvisés.
-Pff…l’est relou le dirlo.
Sargrim répondit un « oué » plutôt mou et poussa un grand bâillement, il ne comprenait pas un mot sur deux du discours du directeur.
Sul’Drin pas plus intéressée non plus déclara :
-Hey les poto ça vous dit que j’fasse un truc pour rendre ça plus cool ?
Ses trois amis hochèrent la tête, la poussant à faire une bêtise.
La trollesse leva les mains, cibla le mort-vivant en costume distingué et haut de forme.
-Malédiction des os tous mous ! Déclama t’elle avec un sourire carnassier.
Fradth était en train de parler, quand brusquement son bras qui tenait sa feuille de note manuscrites courba bizarrement et s’effondra au sol élastiquement, faisant plus d’un mètre.
-Que !
Le mort-vivant s’interrompit alors que son corps sembla se changer en une pieuvre molle qui s’effondra en tas gélatineux dans sa redingote sur l’estrade.
Aussitôt les élèves se mirent à rire.
-Qu’est-ce que c’est que cette farce ! Qui a osé humilier le directeur !
Derrière lui les profs étaient pâles de terreur à l’exception de Frosthelm qui pour une fois était bien habillé et se marrait discrètement, étouffant son rire dans la manche de son tweed de prof qui ne lui allait vraiment pas.
Les rires des élèves recalés par toutes les autres écoles de l’univers ne diminuèrent pas devant la figure rouge de rage de leur provipieuvre de dirlo.
Fradth leva péniblement une main, son poignet se courbant comme si l’os était en caoutchouc, il incanta brièvement, et dans un flash de magie noire il récupéra sa haute stature squelettique, annulant le maléfice, et il toisa les élèves qui continuaient à se marrer tel un corbeau sinistre.
Le démoniste auscûlta la foule d’élèves ignares et hilares n’ayant pas le moindre respect, si petit soit-il pour leur directeur.
-Si je ne m’abuse le maléfice venait de…là !
Il tendit brusquement la main, et un élève Draenei du nom de Dovakim qui avait les larmes aux yeux tant il rigolait prit soudainement feu dans un brasier de flammes infernales. Le pauvre élève poussa un hurlement de douleur terrible qui déchira les cieux en agonisant, mais le sorcier fut impitoyable et l’élève fut réduit en un petit tas de cendre sur l’herbe du parc.
Il se tenait à moins de deux mètres seulement de Sul’Drin, Fradth n’était pas passé loin.
Il y’eu un grand silence terrorisé.
Fradth laissa tomber son discours officiel.
-Sachez qu’ici à Hexengärd nous recourrons à toutes les méthodes pour chasser l’illettrisme et l’irrespect, y compris les plus extrêmes, vos parents ont tous signé des décharges me donnant carte blanche pour vous faire subir TOUT ce qu’il faudra pour que vous leur retourniez éduqués et sages comme des images, y compris l’immolation dans les flammes de l’enfer.
Cariss pâlit.
-C’est légal ça ?!
Anthony Shark qui avait le règlement de l’école sous les yeux et le livre des lois d’Orgrimmar dans l’autre main…c’était un carnet…tout petit le carnet répondit :
-Euh…oui…il a raison c’est légal. Les châtiments extrêmes sur mineurs sont parfaitement autorisés depuis l’époque de Garrosh Hurlenfer.
A peine le Gobelin eut-il confirmé que la cruauté du Réprouvé était légale, que la plupart des élèves piaillèrent de terreur. Le directeur leva sa main au ciel, tendant l’index comme si son doigt était un revolver, il y’eu une puissante déflagration sonore et le calme revint.
-Dans les dortoirs et qu’ça saute ! Les cours commencent demain à 7h du matin ! Le programme sera affiché à la vie scolaire ! Faites un pas de travers et vous aurez affaire à moi c’est compris !
Et les élèves furent confinés dans leurs dortoirs, ne prenant que le temps de s’installer, de prendre connaissances des différents lieux d’enseignement, l’infirmerie, la cantine et de leurs emplois du temps.
Dans le dortoir des garçons Anthony Shark ne décolérait pas, il détestait tout dans cette école et assommait Sargrim de ses plaintes, et la seule chose qui empêchait l’Orc de lui tordre le cou était la pensée des châtiments sévères qu’infligerait le dirlo.
-J’déteste cette école ! Je déteste ces profs ! Je déteste la bouffe de la cantoche. Non mais regardez moi ce trou à rat ! Un vieux château pourri avec des statues baroques datant d’il y’a des siècles, des meubles nuls datant de l’époque des Menethil, ça craint ici ! Pourquoi P’pa m’a pas envoyé à Slap&Dope l’école des pimps, la meilleure école de Kezan, avec ses néons lumineux, ses pots d’échappements, son architecture moderne.
D’aucun auraient pu dire que le goût des Gobelins pour tout ce qui est bling-bling et leur manque le plus total de respect pour le classicisme était tout simplement une faute de goût, mais Sargrim était d’un avis totalement similaire.
-Oué, cé nul. Y’a pas de piques en métal. Les murs y sont ni en dakka de kodo ni en acier et y’a trop de franfreluches en pierre partout. Beuerk. Mé y’a un truk de bien…y’a des bouteilles eud’Porto sous le lit.
Sous le regard médusé du Gobelin l’Orc sortit une bouteille de Porto de Puperllyveros de sous son lit.
Curieux il fouilla sous son lit et trouva également une bouteille de Porto, en fait une fois que le mot fut passé tous les élèves du dortoir s’aperçurent qu’il y’avait une bouteille de porto de Puperllyveros sous leurs lits. Mais ce n’était pas spécialement une bonne nouvelle pour les élèves.
-Du porto !
-Et de Puperllyveros en plus, tout le monde sait que c’est dégueulasse !
-Même un géant des mers n’en voudrait pas.
Tony était tellement furieux qu’il décida d’aller prendre l’air.
-Je vais faire un tour sur les remparts, j’ai pas envie d’attaquer les cours demain en étant crevé.
Sargrim le retint par l’épaule.
-Hey minute Tony ! On a po l’droit d’se balader dans les couloirs la nuit. Si le dirlo l’apprend on est cuits.
Au sens premier du terme de plus.
D’autres élèves se joignirent au Gobelin.
-Ouais t’as raison Tony, on te suis.
Le Gobelin poussa la porte du couloir suivit d’une dizaine d’élèves, Sargrim hésita, puis avec un soupir l’Orc qui n’était pas du genre peureux suivit les autres élèves, il regretta de ne pas avoir le droit d’avoir sa hache avec lui, un Orc sans hache n’était plus un vrai Orc.
Le château d’Hexengärd, contrairement à l’avis du Gobelin et de l’Orc qui je le rappelle font partie de la HORDE dont les préférences architecturales sont on ne peut plus discutables était un magnifique château gothique mêlant le raffinement des Menethil à l’art gothique Gilnéen…mais de nuit son atmosphère était sombre et pesante, et c’était difficile de se repérer dans les couloirs, chaque gargouille et chaque statue d’un Roi Humain du passé semblaient nimbés de mystère et d’effroi.
Les élèves voulurent se rendre sur les remparts, mais ils se perdirent rapidement.
Soudain une lueur apparut dans les ténèbres, effrayés tous se cachèrent derrière les statues, à l’exception de Sargrim…Tony avec des geste furieux indiqua à l’Orc qu’il fallait se cacher et Sargrim mit longtemps à comprendre, se cacher c’était pour les lâches. Mais il finit par s’exécuter en marmonnant dans sa barbe.
Il commenta :
-Hey c’est pas l’un des profs qu’on a vu ce matin ?
C’était Frosthelm qui passait dans le couloir, le Nain semblait bizarrement tendu, il avait repris son ancienne armure d’Achérus et patrouillait le couloir, tenant une lanterne-tempête dans une main, son sabre de corsaire dégainé dans l’autre, le Nain était…chose rare sobre, et aux aguets.
Il dépassa les gargouilles représentant des Nathrezims sans voir les élèves, la lumière de sa lampe torche disparut dans le couloir.
Sargrim déclara :
-Ah bah il fé aussi pion çui-là ?
Tony commenta en se caressant son gros menton vert :
-C’est bizarre qu’un pion patrouille les couloirs, armé comme pour la guerre. Enfin tant qu’il ne nous remarque pas.
Et ils continuèrent leur petite balade nocturne, le frisson de l’interdit les motivant et les détendant après leur tyrannique première impression de l’école.
Mais rapidement ils rencontrèrent un problème.
-Tony t’es sûr du chemin ?
Le Gobelin pâlit.
-Je ne comprends pas, j’y ai été ce matin à la rentrée, normalement les remparts sont dans cette direction alors pourquoi est-ce qu’on descend au lieu de monter ?
Ils finirent néanmoins par tomber sur une échelle entre deux statues de chevaliers en armure lourde.
-Ah ben tiens voilà, une échelle on va enfin pouvoir monter.
Les élèves montèrent l’un après l’autre à l’échelle, et Tony passa en dernier, il entendit les élèves pousser des exclamations bizarres.
-Hey c’est étrange, comment ça se fait qu’on se retrouve dans les égouts ? Y’a du mauvais mojo dans l’air.
Le Gobelin mains sur les hanches observa l’échelle qui montait par un orifice richement décoré de fresques dans le plafond.
-Un égout là ? C’est quoi ce bins ?
Sargrim qui était monté répondit :
-Ben viens voir par toi-même Tony, c’est vraiment bizarre.
Le Gobelin monta à l’échelle.
Et il ne sut comment, il descendit effectivement dans un égout vaste et putride, un long tunnel d’eau boueuse, avec des murs lumineux, de la phosphorescence verte et sinistre éclairant chichement les parages.
Il regarda vers le haut…et vit par l’orifice le sol carrelé du couloir du château qu’ils venaient de quitter.
-Par le Grand Capitalisme ! Comment c’est possible ! La gravité s’est inversée ?
Un des élèves qui était un jeune Troll futur sorcier-docteur se pencha sur le sol de gadoue dans lequel ses pieds trempaient et posa sa main à trois doigts sur le sol.
-Y’a du mojo dans l’air, un mojo que j’avais croisé de toute ma vie. Les esprits sont terrorisés ici et ils sont…ils ont soif de sang ?
Ce qui avait démarré comme une sortie potache s’annonçait un peu plus effrayant que prévu. Tony tout en tremblant déclara :
-Bon vouloir sortir du dortoir c’était bien une idée pourrie, on dégage d’ici les gars et…mais…l’échelle !!! Où est l’échelle !!!
L’échelle avait disparue, les élèves gardèrent leur calme, mais un vent de panique s’empara d’eux, l’échelle et également l’orifice dans le toit de l’égout qui rejoignait le couloir du château avait disparu.
Sargrim gronda :
-Ma hache…pourkoi qu’j’ai po ma hache !
L’Orc jeta des regards rageurs dans toutes les directions du tunnel, craignant qu’un danger ne surgisse de l’obscurité, Tony se reprit.
-Bon on n’a pas le choix, il faut qu’on progresse là-dedans…en espérant en ressortir vivants.
Et les élèves progressèrent le long du vaste tunnel d’égout qui curieusement faisant une longue courbe.
Le silence était assourdissant.
Au bout de plusieurs minutes ils n’avaient croisé ni sortie ni embranchement à l’égout, certains élèves traînaient en arrière. Soudain Sargrim s’immobilisa. L’Orc renifla dans l’air.
-Snf…snf…tien…cé drôle. Ça sen l’clebs ki pue…et l’alcool. Un alcool trè for.
Et sans prévenir avec un aboiement monstrueux, une masse de griffes et de crocs bondit des ténèbres sur l’élève qui trainait en arrière et planta ses crocs dans sa gorge, l’élève hurla :
-Au secours !!! Sauvez-m…mlarbg !!!
Et la créature féroce l’emporta loin du groupe, le trainant par la nuque comme s’il ne pesait rien. Les élèves crièrent de terreur, mais leur masse était constituée principalement de jeunes crétins de la Horde avec plus de tripes que de cervelle, et à part regretter de ne pas avoir d’armes, la peur céda vite la place à la colère et ils coururent après la créature en hurlant de rage.
-Rends nous notre pote saloperie où on te fait la peau !!!
Ils finirent par rattraper plus loin la créature, la masse des élèves se stoppa en plein élan. Sargrim en tête.
-Mé…cé koi c’truk ?
Au-dessus du cadavre encore chaud et sanguinolent de l’élève se tenait un horrible garou, on aurait pu le confondre avec un Worgen, mais le plus gros de sa peau partait en lambeaux, ses os se dévoilaient par endroits, il saignait abondamment et avait les muscles à vif, ses yeux chassieux étaient blancs opaques, et sa mâchoire était distendue, déformée et pas droite et le monstre n’avait pas une, mais trois rangées de dent ce qui lui en faisait plus ou moins une centaine, des crocs noirs inégaux en longueur, mal rangés et cariés, jaunâtres rougis de sang, comme un monstre de cauchemar. Si la créature était un mort-vivant, cela ne pouvait être un Worgen, les Worgen sont immunisés contre la transformation en mort-vivant.
La créature gronda tout en relâchant le morceau d’intestin qu’elle était en train de dévorer et se dressa de toute sa masse au-dessus des élèves qui même désarmés étaient prêts à se battre.
La créature néanmoins lâcha quelques mots :
-Si……si….soif….
Elle semblait à la peine, la langue pendante, mort de déshydratation.
Il y’eu un long échange de regards entre les élèves et le garou.
Puis ce dernier fut le premier à charger dans le tas, les élèves essayèrent de le larder de coups de poings, mais avant de le toucher plusieurs d’entre eux furent éventrés par les griffes tranchantes comme des rasoirs.
Le monstre perpétra un carnage, mais enfin Sargrim qui était le plus fort du tas se jeta sur le monstre et parvint à nouer ses bras autour de son cou d’une clé solide afin de l’étrangler. Le monstre poussa un jappement étouffé et mordit dans le vide tout en se débattant comme un beau diable. La bête était terriblement puissante, Sargrim gronda, banda ses muscles, mais le monstre était si fort qu’il parvint à se livrer à un véritable massacre malgré l’Orc qui le ralentissait, Sargrim vit une tête verte voler devant ses yeux.
-Tony, non ! J’vais te kraser la faç sal’té !
L’Orc enragé étrangla d’un bras la bête et le larda de coups de poings de l’autre. Mais rien n’y fit, d’une dernière ruade la créature parvint à se débarrasser de l’Orc qui fit plusieurs embardées dans la boue avant de s’immobiliser la face dans l’eau puante du canal.
Il se retourna sur un bras épuisé.
Il était le dernier survivant, le monstre se dirigea vers lui, lâchant des colonnes de bave au sol depuis ses crocs cariés.
Puis il se jeta sur l’Orc.
Sargrim hurla en battant des bras dans le vide.
-NOOOON !!!
-Hey Sargrim ! Sargrim qu’est ce qui te prend ?!
Sargrim regarda à droite et à gauche.
-Hey koi ?
Il n’était plus dans l’égout, il était dans son lit dans les dortoirs des garçons, et Tony était bien vivant et lui parlait.
L’Orc calma sa respiration lourde.
-Tony, t’es pas mort ! J’ai cru…
-Tu faisais un cauchemar gros tas !
Ah ouais Tony était sacrément aimable. Le Gobelin se retourna dans son propre lit et plaqua un oreiller sur sa tête.
-Demain on a cours, tu ferais mieux de dormir, et de ne pas rameuter tout le château.
L’Orc réfléchit longuement, l’adrénaline lui fouettant encore les sangs.
Tout ça n’était qu’un rêve ?
Mais à quel moment s’était-il endormi ? Et à quel moment s’était-il réveillé.
Enfin c’était un mauvais rêve pas vrai ?
L’Orc souleva regarda son ventre.
Une longue marque de griffure lui barrait l’estomac et était encore sanguinolente et douloureuse. L’Orc la regarda longuement…puis il haussa les épaules et se réfugia sous la couette, dodo.
Le lendemain matin Tony et Sargrim rejoignirent Cariss et Sul’Drin après avoir mangé à la cantine…et c’était immonde, la cantine ne servait que du poisson pourri ce qui d’après le directeur était la meilleure nourriture de l’univers « après le pâté de tête » heureusement le café était correct.
Tony dont la tête verte était devenue grise à cause du manque de sommeil et du petit déjeuner horrible commenta :
-J’espère que tout n’est pas fait au goût de notre dirlo dans ce château, sinon je crois que je vais me passer de toute douche construite par un Réprouvé.
Sargrim était tout aussi gris, mais l’Orc rit mollement au commentaire de son copain, après tout, en tant qu’Orc il ne prenait jamais de douche.
Cariss et Sul’Drin toutes les deux habillées de tenues d’écolières comme leurs copains les saluèrent, Cariss avait eu le bon goût de déboutonner plusieurs boutons de son chemisier, Sul’Drin avait déchiré les manches du sien, se donnant un aspect mauvais genre. Ils arpentèrent les couloirs de l’école ensembles se rendant en cours.
-Hey coucou les garçons, alors la nuit a été bonne ?
-Mauvaise.
-Mauvaise.
Répondirent-ils de concert à croire qu’ils avaient eu un sommeil peuplé de mauvais rêves.
-Bon c’est koi l’premier cours. Demanda Sargrim.
Sul’Drin lui demanda :
-T’as pas lu le panneau des emplois du temps à la vie scolaire ?
-Chais pas lire.
La Trollesse rit à gorge déployée.
-AHAHAHAH…Sul’Drin qui sait pas lire non plus. Cita t’elle penaude après avoir ri aux éclats.
Ils regardèrent Cariss qui suçotait ses lunettes stylées d’un air absent.
-Ah désolée les garçons je faisais pas attention je notais mon emploi du temps des fêtes étudiantes des deux prochaines semaines, je suis trop occupée pour regarder les cours.
En désespoir de cause ils regardèrent tous les trois Tony…le seul qui savait lire, ou au moins ne lisait pas que Closer mag et le Garadan Times.
Le Gobelin fils d’un magnat de la finance soupira :
-Hhh…bon le premier cours c’est Histoire de l’Alliance avec Frosthelm.
A voir leurs mines désabusées, l’Histoire…a fortiori en plus de l’Alliance n’était pas du tout une matière qui les passionnait.
Sul’Drin proposa :
-Sul’Drin elle dit et si on séchait les cours les poto ? Y’a tellement mieux à faire qu’aller s’ennuyer à apprendre l’histoire des peaux-roses ‘croyez pas ?
Ils approuvèrent tous avec joie, à l’exception de Tony qui étant un peu la voix de la raison les arrêta dans leur élan :
-Je rappelle que si le dirlo nous prend à faire l’école buissonnière il nous tuera aussi certainement que ce pauvre Dovakim.
Cariss plaisanta :
-Allons ce cher Dovakim est vivant regarde.
Elle désigna le draenei près des armoires des élèves, le draenei incinéré la veille avait été réanimé par les soins du directeur, son corps était couvert de brûlures au quatrième degré. Ses membres avaient été recousus et il avait perdu le bleu de sa peau maintenant grise, il avait un visage complètement abruti, un filet de bave aux lèvres, deux vis plantées dans le crâne de part et d’autre et le draenei zombifié bataillait avec la serrure de son casier comme s’il ne se souvenait pas de la combinaison.
-Coucou Dova. Fit la blonde.
-Haaaluutt….Répondit Dovakim mollement.
Cette vision refroidit le groupe de cancres dans leurs projets d’école de la rue et ils allèrent en cours.
Dans un grand amphithéâtre ou plus d’une centaine d’élèves étaient entassés les quatre amis s’assirent côte à côte, il n’y avait que trois places de libres et un Gnome qui ronflait sur la quatrième. Cariss qui voulait sa place lâcha des « hem-hem » de noble offensé, exigeant implicitement que le Gnome lui laisse sa place.
-Zzz…hein quoi ?
Le Gnome regarda l’elfe court-vêtue et gronda à mi-voix.
-Vas voir ailleurs si t’y es conna …BLAM !
Sargrim applati son poing sur le haut du crâne chauve du Gnome et ce dernier laissa sa place en s’excusant.
-Oups, pardon mademoiselle, je vous laisse la place.
L’Orc poussa un ricanement bête et cruel.
-Heurk heurk heurk !
Ils étaient arrivés juste à temps.
D’une porte sur le côté de la salle, le professeur Frosthelm entra en titubant, le Nain semblait complètement bourré, mais il avait de nouveau un tweed à carreaux et un pantalon plutôt respectable de professeur, il tenait néanmoins une bouteille de porto de Puperllyveros à la main, il en but une grande rasade sur le trajet, verdit, cracha sur le côté, vacilla, tomba, arriva à quatre pattes à côté du pupille et de la commande du grand projecteur.
Le Porto de Puperllyveros, c’est vraiment un alcool horrible, même le pire des alcooliques avait du mal à le boire.
Frosthelm parvint à se remettre debout, s’accrochant fermement au pupitre et tout en continuant à vaciller de droite à gauche tant il était bourré, le Nain lut péniblement ses papiers.
-Salut les mioches, bienvenue en cours de…c’est quoi déjà…HISTOIRE DE L’ALLIANCE !!! Bordel Fradth m’avait promis qu’j’aurais une matière moins chiante !!! Ooooh…
Fradth avait fait avec ce qu’il a pu quand un autre candidat professeur s’était désisté.
Visiblement le nain n’avait pas préparé son cours avant de venir.
Alors il saisit un très lourd manuel, le manuel du bon professeur d’histoire-géographie et pendant que les élèves commençaient à chahuter il lut tout en marmonnant dans sa grande barbe bleue.
-Grmm…Ström…fondation du royaume d’Arathi…bouté les trolls hors de nos frontières…faire copain avec les Elfes….MAIS C’EST QUOI CES CONNER.IES !!! Beugla t’il si fort qu’il parvint à interrompre le chahut des élèves.
Cariss demanda :
-Ben qu’est ce qu’il y’a m’sieur Frost ?
Le Nain gronda, rouge de fureur et jeta son manuel au sol avec mépris.
-Ce livre y raconte rien que des menteries ! Par exemple il dit que dans l’Alliance plusieurs espèces différentes DONT LES ELFES !!! Se sont joints aux humains, pure bouffonnerie ! La vérité c’est que les Humains sont les rejetons les plus faibles et les plus bêtes des Vrykuls du Norfendre.
Les élèves se regardèrent entre eux.
Oui ça c’était une vérité connue et acceptée, où est ce qu’il voulait en venir ?
Frosthelm continua.
-Les Vrykuls après avoir procédé à un nettoyage ethnique des plus faibles de leurs descendants chassèrent avec un coup de pied aux fesses les couards humains sur les rives des royaumes de l’Est.
-HEY ! Se plaignit la Démoniste humaine Arygandis.
-Puis dans les forêts des Chants Eternels certains d’entre eux mutèrent et acquirent de longues oreilles à force de manger des légumes comme les lapins. Ils devinrent des elfes.
-HEY ! Se plaignit le Démoniste Elfe de sang Zemeno.
-Ceux qui continuèrent un peu plus au sud au royaume gris et froid de Gilnéas virent pousser des poils et devinrent des Worgen.
-HEY ! Se plaignit la Démoniste Worgen Sylmin.
Frosthelm venait de se mettre à dos tout le club des « Démorâleurs » aussi appelés les «Démo-ralisateurs ».
Le Nain conclu, ouvrant grand les bras.
-Vous l’aurez compris les enfants…dans l’Alliance au fond y’a que des variantes d’humains.
Simultanément Sargrim et tous les Orcs de la salle se levèrent et rugirent leur acclamation :
-On l’savait ! ON L’SAVAIT ! Qu’l’Alliance cété rien kun truk de zom !!! Hurla Sargrim.
Cariss était rouge de fureur, tellement empourprée qu’elle en avait perdu le souffle, le Nain avait osé dire que la noble race elfique n’était rien de plus qu’une variante de ces grossiers bipèdes à oreilles rondes ne vivant pas plus de soixante ans que sont les Humains ? Quelle infâmie !
Sul’Drin fit remarquer vicieusement :
-Et donc les Nains sont juste des zumains d’petite taille si on suis la logique, j’ai bon ?
Là ce fut Frosthelm qui se mit en colère.
-QUI A OSÉ DIRE ÇA ! QUI ?!
Les élèves se moquèrent bruyamment du Nain furax.
Le Nain auscûlta d’un regard d’ivrogne en colère les gradins remplis d’étudiants en uniforme se fichant de lui. Puis il prit une inspiration, et souffla un cône de vents gelés qui pétrifièrent dans le givre un étudiant à moins de deux mètres de Sul’Drin.
C’était le mort-vivant Dovakim, maintenant prisonnier d’un cercueil de glace. C’était le seul étudiant qui ne s’était pas moqué de Frosthelm et étudiait consciencieusement son manuel, bien qu’il eusse du mal à se concentrer.
Le silence revint dans la salle.
Frosthelm reprit.
-Si vous voulez tout savoir bande de mal-élevés, les Nains n’ont rien à voir avec les Humains. Les Nains sont une race mystique créée par les Dieux Nains eux-mêmes. On raconte qu’après avoir bu une pinte de trop dans la taverne de Bugmäne le Dieu Nain de la Brasserie et de la Bière, saint patron de la fête des Brasseurs, Dun Morgöt le Dieu Nain de la Forge, du Feu et de la Baston essaya de forger une arme à partir d’un morceau de pierre, mais il cassa la pierre avec son marteau sans se rendre compte qu’il ne s’agissait pas de métal, les éclats de pierre tombèrent sur Azeroth et devinrent les premiers Nains. Grinchard Barbe de Bronze, Gimnir Marteau-Hardi et Stonhelm le Sombrefer, pères de toute la race Naine.
Il y’eu des murmures pour savoir comment ces trois pères avaient bien pu procréer sans femme et si ça expliquait pourquoi il n’existe pas de femelle Naine, mais Frosthelm fit taire les mauvaises rumeurs d’un coup de poing sur son pupitre.
-ILS ONT TAILLÉ LES AUTRES NAINS DANS LA PIERRE !!! Non mais j’vous jure les gosses d’aujourd’hui. Enfin bref ils ont…
A ce moment là une équipe de quatre étudiantes Gobelines toutes mimi aux cheveux de différentes couleurs criardes et pétantes habillées elles aussi en étudiantes entrèrent dans la salle avec plusieurs banderoles avec marqué dessus des mots comme « Repentance ! » ou « Esclavagiste ! » ou encore « Voleurs de cavernes ! ».
Elles scandaient des trucs comme :
-A bas les nabots barbus !
-Ils ont volé nos terres et réduits nos ancêtres en esclavage !
-Et en plus ils puent de la gueule !
Leur dirigeante sauta sur le pupitre du prof avec son mégaphone et déclara aux élèves :
-Les nains sont d’affreux nabots barbus qui à l’aube des temps volèrent les cavernes aux paisibles Gobelins qui n’avaient jamais fait de mal à personne, ils réduisirent nos ancêtres en esclavage et perpétrèrent un véritable génocide. Les Nains sont très méchants et il faut lutter contre eux ! Nous réclamons qu’ils nous rendent Dun Morogh qu’ils ont volé à nos ancêtres.
Sul’Drin s’écria :
-Non mais hé l’prof, tu vas laisser la bouffer raconter n’importe quoi ? T’as bien gelé un étudiant parce qu’il avait dit la vérité.
Frosthelm saisit avec douceur la jeune Gobeline aux cheveux bleus sous les aisselles et la posa sur le parquet avec un grand sourire.
-Mais…elle a raison. D’ailleurs on parlait des ancêtres des Nains, voici Stönhelm Sombrefer mon vénéré ancêtre.
Il alluma le projo, montrant une statue en marbre d’un Nain Sombrefer présentant quelques ressemblances physiques avec Frosthelm sauf que sa barbe était enflammée qui écrasait fièrement, sa botte sur le dos d’un esclave Gobelin à quatre pattes, sa hache sur l’épaule, un sac d’or volé aux Gobelins dans sa main libre.
-Stönhelm Sombrefer, mon honorable ancêtre, grand voleur de caverne, surnommé le Tranche-Gobelin, on raconte qu’il avait mille esclaves Gobelins, uniquement des femelles à son service. Allez savoir pourquoi d’ailleurs. Et je suis fier et honoré par ses actes de bravoure et la richesse qu’il a apporté au clan et heureux que mes ennemis se souviennent de lui. MAINTENANT DU BALAIS LES GOBOS !!!
Et le Nain souffla à nouveau une Rafale Hurlante, mais qui cette fois fit s’envoler hors de la salle les manifestantes Gobelines avec leurs pancartes.
Ensuite Frosthelm continua sont cours que les mauvaises langues et les mages de l’Académie de Dalaran qualifieraient de « pures sottises sorties de l’esprit embrumé d’un ivrogne » mais qui curieusement parvenait à être un professeur captivant, son public pendu à ses lèvres, les élèves notant soigneusement chacune des billevesées sorties du cerveau de l’alcoolique.
Enfin Frosthelm termina son cours en ordonnant :
-Bon c’est la fin du cours les mioches, avant que la cloche ne sonne vous remarquerez que vous avez tous une bouteille sous vos pupitres, vous devez en boire une rasade à chaque fin de cours…ordre du directeur Fradth.
Les élèves sortirent de sous leurs pupitres avec étonnement une bouteille de Porto de Puperllyveros. La plupart tirèrent une mine dégoûtée, y compris les élèves Nains qui tous buvaient régulièrement depuis qu’ils savaient marcher.
Cariss tira la langue :
-Beuuurk. Mais m’sieur, le Porto de Puperllyveros, tout le monde sait que c’est dégueulasse.
Frosthelm insista :
-Celui là est spécial, il vous aidera dans vos études. Buvez. Tenez, je vous montre.
Finalement les élèves avec un bel ensemble débouchèrent leur bouteille et prirent une rasade en même temps que le Nain qui vérifia que tous les élèves regardaient ailleurs et cracha sa rasade d’alcool dans le pot d’une plante verte à proximité. Et Frosthelm ne recrachait JAMAIS de l’alcool normalement.
Étonnement lorsque Cariss but l’alcool il n’était pas dur et âcre avec un goût atroce imbuvable comme s’il avait macéré dans une cuve pleine de gorilles sales en train de nager. Au contraire, il était doux comme le miel, buvable comme de l’eau, chaud comme la braise, et il lui sembla que son esprit se clarifiait, c’était incroyable, elle avait l’impression que sa mémoire retenait chaque seconde de ce qu’elle voyait et que son attention était décuplée.
Sargrim commenta :
-Ma foi, c’est un excellent millésime messire.
Ses trois copains tournèrent une tête médusée vers l’Orc dont la diction et le tractus de pensée avaient drastiquement augmenté. Il leur retourna un regard étonné.
-Ben quoi ?
Frosthelm claqua dans ses mains :
-Allez c’est l’heure, votre prochain cours vous attend, le cours de cuisine.
Bloodedge la prof de cuisine, avec son tablier et sa toque faisait face à de nombreux élèves, en majorité de la Horde, dont des Trolls qui la regardaient comme si la Gnomette était non pas la cuisinière mais le plat à préparer.
Sul’Drin en particûlier la regardait en se pourléchant les lèvres.
-Hmm….Sul’Drin, Atal’aï qui a vu un en-cas. Cita t’elle.
La Gnomette ne semblait pas très bien dans son assiette.
-Pourquoi toujours moi ?
Une fois le soir venu pour une fois dans sa vie Cariss avait bien étudié et maintenant elle se faisait amoureusement les ongles dans le dortoir des filles qui était d’un goût gothique, mais contrairement aux garçons les filles n’avaient pas hésité un quart de seconde à modifier leurs lits et leurs petits espaces personnels selon leurs goûts.
Si Sul’Drin avait changé son lit à baldaquin en repaire de sorcière vaudou avec des fétiches et des totems aux masques grimaçant au-dessus d’une paillasse, Cariss elle avait refait toute sa literie en rose vif avec des petits cœurs et se refaisait amoureusement les ongles, vêtue d’un pyjama d’un ignoble goût nunuche à l’égal de la literie.
-C’était super sympa les cours en fait Sul’Drin. J’ai jamais appris autant de choses à l’école, ce matin je savais même pas que la principale différence entre un Gnome et un Gobelin, je croyais juste qu’il s’agissait d’affreux nabots.
Sul’Drin en train de prier entourée de la fumée d’encens de ses bâtons de prière lui rétorqua offusquée :
-Quoi ! Tu sais pas faire la différence longues-oreilles ! C’est pourtant évident. Le cerveau de Gnome, c’est délicieux, alors que le Gobo c’est dégueu c’est tout pollué au mazout, tous les trolls et tous les morbacs de la Horde y savent ça enfin.
A ces mots l’elfette verdit de dégoût et se repeignit toute la main d’un geste malheureux de son vernis à ongles de couleur…devinez…
-Heeey ! Sul’Drin arrête de raconter des horreurs pareilles j’ai ruiné mon vernis à ongle par ta faute !
La trollesse rit d’un air mesquin.
Cariss sortit une bouteille de ce délicieux Portos de Puperllyveros que curieusement tous les élèves avaient sous leur lit et qui leur était proposé après chaque cours…déjà au bout d’une première journée il y’avait des problèmes d’éthylisme au sein de l’école.
-N’empêche c’est grâce à cette merveilleuse boisson, qui eut que le porto de Puperllyveros permettait de si bien mémoriser ? Et en plus il est délicieux ?
Sul’Drin qui avait évitée d’y toucher eu une grimace dégoûtée.
-Ouais ben Sul’Drin elle trouve que c’est du mauvais mojo. Le porto de Puperllyveros c’est dégueulasse normalement, de ce que j’ai entendu à Baie du Butin, si un mystérieux Réprouvé n’en achetait pas couramment il aurait fait faillite depuis longtemps, les seules personnes qui veulent en acheter sont des tarés qui veulent apprivoiser les géants des mers.
Elle n’avait pas terminé sa phrase que la blonde se buvait une grande rasade de Porto.
C’est alors que le pion féminin qui était aussi Bloodedge ouvrit la porte et beugla.
-Extinction des feux les filles ! Au dodo sinon j’en parle au directeur !
Curieusement Sul’Drin obéit et se mit immédiatement au lit. Pas qu’elle craigne ses proies, mais le dirlo lui foutait la trouille, et puis y’avait pas Dovakim dans les parages pour faire parafoudre.
Sul’Drin s’endormit.
Un hurlement atroce, sépulcral la réveilla.
La trollesse se releva hors de ses draps en maugréant.
-Y’a un coyotte qui s’est introduit dans l’château ?
Mais Sul’Drin constata que bizarrement, elle n’était justement pas dans son lit, elle était dans le parc du château, entourée de tombes au bord de la forêt hantée de Tirisfal, la lumière éclatante de la lune éclairant la pénombre, elle tourna la tête, le château d’Hexengärd était dans son dos.
-Par les grigri du grand tout gris ! Mais qu’est ce que Sul’Drin elle fait là ! Quelqu’un lui a fait une sale farce ? Si jamais c’est Cariss elle va avoir un problème avec la malédiction des entrailles qui fuient…quoique non, l’est trop maigrelette l’elfe pour m’amener ici, c’est forcément un coup de Sargrim !..Mais comment il aurait fait pour entrer dans le dortoir sans être repéré ?
Elle était là de ses jérémiades quand elle entendit du mouvement derrière elle.
Elle se retourna, le cœur battant la chamade.
Oui, elle n’était pas folle, une silhouette sombre et voûtée aux griffes crochues et aux grandes oreilles d’elfe la dévisageait à une dizaine de mètres de distance dans le cimetière, deux yeux d’un blanc macabre scintillèrent dans la maigre lumière de la lune en se fixant sur Sul’Drin.
La seconde d’après une gueule humanoïde pleine de crocs se jetait sur la trollesse. Sul’Drin arma son poing et frappa de toutes ses forces dans l’horrible gueule de la créature qui venait de l’assaillir, heureusement comme son assaillant était très léger elle le fit partir à la renverse, mais avec un sifflement de serpent la créature se releva et se dissimula derrière les tombes, prête à attaquer Sul’Drin en embuscade. La trollesse dorlota sa main qui pulsait de douleur, le choc lui avait cassé le poignet elle l’avait sentie, elle n’avait pas intérêt à recommencer, heureusement elle se régénérait naturellement très vite de ses blessures, il ne faudrait que deux jours à son poignet pour être comme neuf.
-Par les loas ça fait mal. Et ça t’a pas suffi pourtant gueule d’amour ?
Elle entendit une brindille craquer derrière elle, elle se retourna, et elle vit qu’elle n’avait pas affaire à une créature, mais à toute une meute. Elle ne les distinguait pas bien dans le noir malgré la lumière de la lune, ses assaillants semblaient présenter des traits féminins, mais étaient trop rapides et agressifs pour être de simples morts-vivants, et ce n’étaient visiblement pas des banshee.
La trollesse déglutit, avec sa main intacte elle fit appel aux forces cosmiques qu’elle sentait autour d’elle en pleine nuit, la puissance même de la lune serait avec elle.
Sa main s’illumina d’un bleu argenté couleur de lune, d’un geste Sul’Drin pourrait carboniser les créatures dans le feu des étoiles.
Mais la lueur diminua au lieu d’augmenter alors qu’elle se concentrait au maximum.
-Hey, ça c’est pas normal.
Une première créature se jeta sur elle, semblant n’être qu’une énorme gueule vorace pleine de crocs et de longues griffes ballotant au bout de longs bras malingres.
Sul’Drin brandit le bras et fit feu.
Le rayon de feu bleu, mince mais concentré cueillit la créature au vol et la catapulta en arrière, l’incendiant dans des flammes bleues, ce fut le signal pour la curée, et Sul’Drin dû tirer à la volée sur chaque créature horrible qui l’attaquaient sans se soucier de leurs propres vies, malheureusement, si elle parvenait à les blesser, le peu de magie qu’elle était parvenu à invoquer était insuffisant à les achever et les monstres brûlés se contentaient de rejoindre à nouveau la mêlée dès que les flammes bleues s’étaient éteintes sur elles.
Sul’Drin fut rapidement en sueur devant l’effort colossale qu’elle devait faire pour tirer un peu de magie astrale de son environnement et le canaliser sous une forme offensive, les loas ils aimaient pas qu’on utilise leur pouvoir sans leur demander la permission. La lueur autour de la main de Sul’Drin faiblit, et elle avait de plus en plus de mal à envoyer bouler ses adversaires au loin, et impossible de fuir.
Finalement l’une des horribles créatures l’arracha au sol, et elles roulèrent dans l’herbe du cimetière, dévalant la pente.
Pendant quelques secondes son assaillant fut sonné, mais Sul’Drin ne se sentait guère mieux, mais maintenant qu’elle était si proche, maintenant Sul’Drin bloquée sous son poids et que la lumière de la lune l’éclairait, la trollesse horrifiée reconnut la créature.
-Cariss ! Par tout le mauvais mojo du Père Laferraille ! Mais qu’est ce qui t’es arrivée !
La créature ressemblait à une version déformée et monstrueuse de Cariss dont la mâchoire serait devenue énorme, distordue et pleine de rangées de dents, ses yeux étaient blancs, sans pupilles, sa peau était devenue brune et parcheminée comme celle d’une très vieille harpie, ses magnifiques cheveux blonds qui la rendaient si fière n’étaient plus que des mèches de cheveux blancs filasses.
Le monstre se reprit très vite et jaillit sur la gorge de Sul’Drin.
La trollesse poussa un hurlement, qui se transforma en gargouillit quand elle s’étouffa dans son propre sang, les crocs lui déchirant la trachée.
Sul’Drin agonisante trouva l’énergie de s’arracher à la poigne de Cariss et roula hors de son lit en hurlant.
-Hey Sul’Drin tu veux bien arrêter de crier, y’en a qui essayent de dormir ici !
-Hein quoi ?!
Sul’Drin jaillit sur ses pieds, la poitrine se soulevant en rythme. La jeune trollesse se palpa.
Elle était intacte, elle n’avait pas été égorgée, et Cariss la regardait d’un air furieux depuis son propre lit rose, l’elfe dormait avec un masque de nuit également rose sur les yeux.
-Cariss, t’es pas un monstre ?
Cariss sursauta :
-Que…qu’est ce que tu viens de dire ?
Sul’Drin secoua la tête alors que les lumières étaient rallumées dans le dortoir par les élèves et leurs bougies, elle n’était visiblement pas la seule à avoir fait un horrible cauchemar, nombre d’amies se serraient entre elles pour se rassurer, mais entre elfes et trolls on ne se serre pas dans les bras l’un de l’autre…le plus cannibale étant un danger pour le mangeur de carottes. Sul’Drin avait vachement honte de dire ça, mais son instinct lui disait de dire la vérité.
-J’ai rêvé qu’t’étais un monstre horrible…et a vrai dire t’étais pas la seule, j’crois que beaucoup des monstres que j’ai vues dans mon rêve c’était les copines autour de nous.
Cariss secoua la tête, mais elle était pâle, comme si elle-même semblait avoir fait un mauvais rêve.
-Pff, tu racontes des bêtises Sul’Drin, moi un monstre ? Une fille de la noblesse de Lune d’Argent, ha ! Je suis 943e en ligne à la succession de notre bon Roi Kael Thas Haut Soleil, mon sang est tellement pur que je suis sans doute plus proche des Dieux que des Monstres.
-Ouais…c’est ça…c’est ça.
Sul’Drin peut rassurée se remit au lit, mais hésita longtemps avant de fermer les yeux.
Frosthelm et Bloodedge étaient en train de progresser dans un horrible tunnel sorti des pires cauchemars du poète Réprouvé Cronenberg et de son pote Draenei Giger, les colonnes étaient faites d’os, le sol était intégralement recouvert d’une mare de sang, des côtes humaines formaient des arcs comme dans une cathédrale au-dessus de leurs têtes.
Les deux Chevaliers de la mort avançaient, arme au clair, Bloodedge tenant une épée runique à deux mains tandis que Frosthelm plus ambidextre tenait une lampe-tempête dans une main pour s’éclairer, tenant un sabre runifié dans l’autre.
-Eh beh, cette fois ci on n’a pas mis longtemps à trouver ce foutu tunnel dont l’emplacement change toutes les nuits ! Mais ça me rassure pas d’être ici. T’as fait fuir les bestiaux ce soir la Gnome ?
Bloodedge peu rassurée acquiesça doucement.
-J’ai fais fuir des sortes de goules bizarres dans le cimetière, je n’ai croisé aucun monstre ce soir.
Frosthelm maugréa :
-Pff…j’ai dû botter le train de plusieurs garous ce soir. Ça serait plus simple si on avait le droit de les tuer, mais allez savoir pourquoi, le patron ne veut pas.
-Moi je m’étais engagée pour être prof et enseigner le noble art de la cuisine ! Pas pour me retrouver à sécuriser un château hanté tous les soirs ! Protesta la Gnomette.
Elle regarda les piliers d’ossements autour d’elle :
-C’est curieux, mais j’ai l’impression qu’a chaque soir qui passe on a besoin de fouiller moins longtemps avant de trouver ce couloir maudit.
Le Nain frémit et s’arrêta de marcher une seconde dans le sang.
-Ah…je crois qu’on y est arrivés.
Ils étaient arrivés auprès d’une fontaine macabre faite d’un marbre blanc, surmonté d’une statue d’une sorte de dragon à sept têtes, endormi, dont les sept bouches crachaient une sorte de liquide translucide qui s’écoulait dans le bassin.
Frosthelm sortit une gourde de sa besace et la remplit du liquide à la fontaine.
-C’est bon…on a la récolte de ce soir, rebroussons chemin.
Le Nain se retourna, mais soudain il entendit un grognement grave au fond du tunnel de barbaque. Bloodedge frissonna et se mit en garde, tendant sa lame runique vers l’origine du bruit.
-Je crois qu’on a été suivis.
Frosthelm rangea la gourde dans son sac et posa la lampe-tempête sur le rebord de la fontaine, il sortit son deuxième sabre.
-Impossible ! Les monstres fuient ce tunnel d’ordinaire.
Mais le Nain en armure d’Achérus avait tort, brusquement une masse de crocs, de griffes, d’os et de muscles à nu se jetèrent voracement sur lui.
Bloodedge inspira à fond, et souffla une rafale hurlante si concentrée qu’elle en était un rayon de givre qui plutôt que de geler, transperça de part en part la bête, la catapultant sur un pilier d’os qui s’effondra sous sa masse, la bête se tordit frénétiquement, faisant voler le sang autour d’elle et se redressa furieusement.
Frosthelm gronda :
-Allez fuis le cabot ! Sinon je te découpe en rondelle !
Pour une raison étrange, seuls les Chevaliers de la mort parvenaient à utiliser leurs pleins pouvoirs contre les monstres du château la nuit, tous les autres types d’art du combat ou de la magie devenaient curieusement inefficaces, Frosthelm confiant avança.
Le garou se jeta voracement sur le Nain.
Frosthelm était un poivrot, mais quand il était sobre, c’était un plus qu’excellent bretteur, alors il esquiva sans peine la gueule pleine de multiples rangées de crocs et ses sabres découpèrent les tendons d’une patte de la créature qui alla s’écraser dans une mare de sang dix mètres plus loin.
Bloodedge inspira à nouveau et souffla un nouveau cône de vent gelés qui commencèrent à piéger le monstre dans un cône de glace tinté de rouge par le sang. La Gnome avait beaucoup plus de mal avec les armes du fait de sa petite taille, mais sa maîtrise des diverses magies nécromantiques compensaient largement sa faiblesse physique.
Le garou fut immobilisé dans le givre.
Frosthelm se moqua de lui.
-AHAHAHARH ! Bien fait sac à puces. Ça t’apprendra à lever le regard sur un Chevalier du Fléau !
Bloodedge se râcla la gorge de façon ostensible.
-Hrm-hrm, d’Achérus, des Chevaliers d’Achérus, on ne sers plus le Roi-Liche ce monstre esclavagiste, alors que Fradth au moins il me paye.
Frosthelm tira la langue.
-Prrrttt parle pour toi demi-portion, pour moi le seul big boss qui compte c’est le Roi-Liche.
-Ben et Fradth alors ?
-Lui c’est pas pareil il m’a réduit en esclavage, alors qu’Arthas lui il me payait et pas qu’en porto et en coups de bâton.
Bloodedge écarquilla les yeux devant cette inversion du sort habituel des morts-vivants réanimés par le Roi-Liche, des simples goules jusqu’à l’élite de ses chevaliers de la mort.
-Arthas ce monstre !
-Arthas n’a rien fait de mal à part poutrer les longues-oreilles des Chant éternels et de souiller leur puits de magie pour les fillettes !
Les deux Chevaliers de la mort en étaient là de leur dispute quand soudain le cône de glace de Bloodedge se fissura, interrompant leur débat.
-Ohoh…Fit un Frosthelm pâle.
Le garou brisa la glace et se jeta avec une telle force sur les deux comparses qu’il jeta Frosthelm au sol et catapulta Bloodedge contre une colonne d’ossements, la détruisant comme si elle était un boulet de canon.
Frosthelm à deux mains luttait pour éloigner les crocs qui claquaient près de son cou et s’arc-boutait sur ses jambes pour empêcher le monstre de le griffer avec ses griffes.
Le Nain ne frimait plus, il luttait pour sa non vie, ses cheveux bleus s’imbibant du sang qui reposait dans le couloir en flaques.
Dans un sursaut de désespoir, Frosthelm parvint à coller une beigne surpuissante au monstre qui gémit, interrompant pendant une seconde ses assauts.
Frosthelm saisit un de ses sabres et alors que le garou repartait à l’attaque, il lui empala la gorge. Et ça ne suffit pourtant pas, le Nain lutta pendant encore presque une minute contre le monstre à la gorge pourtant tranchée qui lacérait son armure de ses griffes.
Le garou finit par faiblir…et s’effondra sur le nain qui le repoussa de toutes ses forces et se releva, couvert de sang et son armure de plaques d’acier bleu en saronite écornée, déchirée par endroits et complètement cabossée.
Bloodedge se remit péniblement d’aplomb.
-Frost ! T’as tué le monstre ! Fradth va pas être content.
Le nain était penaud.
-Oh la boulette…on n’a qu’a pas en parler hein ! Tu fermes ta bouche sur cet incident.
La gnomette hocha la tête :
-Un peu mon neveu, j’ai pas envie d’être virée…et de retourner nettoyer les fosses aux Goules d’Achérus.
Les deux complices s’entendirent ainsi et filèrent en catimini cet endroit maudit, laissant derrière eux le cadavre de leur victime.
Le lendemain Tony, Sargrim, Sul’Drin et Cariss s’étaient retrouvés dans l’amphithéâtre juste avant le cours de littérature.
-J’vous dis que ces cauchemars ils étaient pas nets ! Regardez bon sang, mon bras il est cassé ! Et Sargrim tu vas pas me dire que cette cicatrice que t’as sur le bide tu te l’es faite en tombant du lit ?
Asséna Sul’Drin à l’Orc en soulevant sa chemise d’uniforme pour montrer l’estafilade bien visible de griffe de monstre qui barrait son ventre musclé.
-Béééé…chais pa. Si j’tombai du li sur mon worg à la maison, j’avais l’bide dan en pelure aussi.
L’Orc saisit une bouteille de porto de Pupperllyveros et se l’envoya cûl sec. Il poussa un soupir de contentement, l’on put presque entendre des cliquetis d’engrenages se mettant en marche dans sa tête alors que curieusement son élocution s’améliorait.
-Mais je dois vous avouer mes chers confrères que Sul’Drin jette le doute sur mon esprit, ces blessures n’ont pas pu se faire par accident et nous ne sommes pas les seuls à avoir fait des cauchemars depuis notre arrivée. Tous les élèves en font, c’est même le principal sujet de discussion ici.
En effet les élèves étaient maussades, et si la première nuit ils n’en avaient pas tenu compte, mettant les cauchemars sur le dos du changement d’école, ça faisait maintenant plusieurs jours que ça se répétait et ils étaient tous atteint, les langues se déliaient, et la peur se propageait.
Sul’Drin compléta :
-Y’a pas que ça, ma magie l’est super faible depuis que je suis dans ces murs, c’est comme si l’air était souillé d’un truc qui perturbait toute forme de magie.
Cariss dans sa tenue d’écolière un peu trop courte assise directement sur le pupitre chassa les inquiétudes légitimes de ses compagnons d’un revers de la main.
-Allons Sul’Drin, tout ça ce ne sont que des coïncidences, nous faisons tous des cauchemars ces temps-ci, ça arrive, c’est parce que cette école est lugubre le soir c’est tout. Mais au moins il y’a cet excellent porto pour nous remonter le moral, j’suis accro.
Sul’Drin et Tony secouèrent la tête.
-Ouais ben pas moi.
Le Gobelin croisa les bras.
-Puis il y’a un truc que je trouve bizarre, y’a de plus en plus de bagarres dans le dortoir des garçons le soir.
Sargrim ricana.
-Ouais et c’est chouette.
Le Gobelin foudroya l’Orc du regard :
-Et tu trouves ça normal ?
-Se battre entre copains c’est anormal ? Lui demanda l’Orc le plus sérieusement du monde.
Mais la prof de Littérature entra dans l’amphithéâtre, mettant fin aux discussions entre élèves.
C’était une elfe de sang blonde habillée d’une tunique blanche de prêtresse et avec…sigh…d’imposants traités de poésie sous les bras. Tous les élèves verdirent de dégoût en voyant les ouvrages.
Dovakhim qui s’était installé non loin de là répondit d’un « greeuh » très inspiré. Le Draenei était désormais zombifié, brûlé, et sa peau présentait des engelures du souffle de la veille.
-Salisalusalut les enfants, je suis Sinan Kahlaan Kainen, ou plus simplement Sinnka, alors prêts à découvrir les merveilles de la lecture ?
Les réponses furent très molles et très tristes.
-Yeees m’dame……
L’elfe de sang tout sourires étala les bouquins sur son pupitre et déclama :
-Aujourd’hui nous allons étudier quelques ouvrages de philosophie de la Horde.
Là il y’eu un blanc parmi les élèves, depuis quand la Horde possédait le moindre philosophe ?
Depuis quand la Horde possédait le moindre écrivain ?
Depuis quand la Horde possédait quoique ce soit en dehors du monopole des haches ?
L’elfe sortit un carnet…très petit le carnet et récita :
-Voici un célèbre ouvrage d’un des plus grands philosophes de la Horde le célèbre Aristorc, quelqu’un en a déjà entendu parler ?
Alors là Sargrim se releva brusquement en levant la main.
-Moi ! Moi m’dame ! J’connais tous les bouquins de ce brave Orc ! Je les connais par cœur !
Sinnka enchantée voulu mettre les connaissances de Sargrim à l’épreuve.
-Fort bien jeune Orc, alors qu’est ce que notre philosophe a dit dans son célèbre « Mon poin dan ta gueul » à propos du conflit ?
Sargrim sûr de lui répondit :
-Il a dit « L’Alliance cé rien kdé mauviettes et on devrai tousse leur kraser la faç ».
Sinnka continua :
-Et sa rhétorique sur les peuples non-Orcs mais unis contre l’Alliance ? Quelle pensée cela vous inspire.
-Il a dit « Gork é Mork y zon fai les Gobos pour kon leur botte le cu.l ». Et cela m’inspire la pensée profonde que la Horde c’est avant un truc d’Orcs comme le pensait ce célèbre dirigeant Orc nommé Garrosh Hurlenfer et qu’on n’a pas besoin d’aide pour kraser les crétins.
Sinnka hocha la tête, tout sourires devant les énormes bêtises issues de la pensée Orque.
-Bien jeune homme, vous recevrez un bon point.
Tony, écarlate de rage avec ce que son copain venait de dire se leva et tendit la main vers lui, furieux.
-Alors comme ça on n’a pas besoin des Gobelins dans la Horde sombre crétin ! Et qu’est ce que t’en fais de nos machines ! Sans nous plus de Déchiqueteurs ! Sans chars d’assaut ! Sans lance-roquette, ni fusil de précision, ni bombes, ni fusées !
L’Orc bailla semblant très intéressé par la colère de Tony.
-Boarf, tu dis ça juste parce que t’es Anthony Shark, fils d’un magnat des armes, en réalité une bonne vieille hache dans la tronche d’un humain ça a toujours fait l’taf.
Ecarlate et oubliant que l’Orc pesait dix fois son poids en muscles, le petit peau verte se jeta sur le grand et ils entreprirent de se battre. Sul’Drin se leva.
-Bon allez les mecs, assez rigolé arrêtez d’vous taper sinon…AÏEUH !!!
Sargrim sans faire exprès lui mit une torgnole qui lui laissa un œil au beurre noir.
La prof s’énerva :
-Monsieur Sargrim, monsieur Shark ! Cessez immédiatement cette dispute ou vous serez convoqués chez le directeur !
Cela suffit heureusement à stopper la lutte entre les deux peaux-vertes qui en grommelant et couverts d’ecchymoses se rassirent à leur place tandis que Cariss se moquait d’eux à gorge déployée ainsi que le reste de l’amphithéâtre que la question philosophique avait passionné.
Sinnka un regard plein de compassion sur la jeune trollesse blessée et boudeuse.
-Oooh, pauvre petite trollesse, il t’a fait bobo le vilain Orc ? Ce n’est pas grave, un petit sort de soin et il n’y paraîtra plus.
Pour Sul’Drin s’était un peu la honte de se faire soigner par une longues-oreilles, mais elle avait un mal de chien sur tout le côté gauche de son visage alors elle accepta. Sinnka leva les mains et pria la Lumière.
-Ô sainte Lumière, guérit les maux !
Et elle projeta une salve d’énergie guérisseuse droit sur Sul’Drin…mais Sinnka avait toujours eu des problèmes pour viser et la salve de boules d’énergie lumineuses ratèrent Sul’Drin de deux mètres pour toucher Dovakhim.
Le zombi Draenei, cramé engelé récupéra immédiatement son apparence normale de Draenei, guéri de toutes ses blessures.
-Ça alors ! Je suis vivant ! Je suis vivant ! Merci m’dame Sinnka.
Sul’Drin protesta :
-Mais…et moi ?
Sinnka leva à nouveau les mains prête à lâcher une nouvelle salve guérisseuse.
-Pardon ma petite, patiente deux secondes et…oups…je n’ai plus de mana. Désolée. Hrm-hrm…je te conseille de te rendre immédiatement à l’infirmerie.
Pendant que Sul’Drin mécontente quittait l’amphi Sinnka accueillit deux goules habillées en groom d’hôtel poussant devant eux une longue table à roulette en argent sur laquelle était disposée des dizaines de bouteilles de porto.
-Qui veut son porto du jour les enfants ? Après interro.
Il y’eu des cris de joie pour les ados appréhendant l’idée de se saouler.
Sul’Drin elle, toujours en colère et le visage douloureux cherchait l’infirmerie en marchant d’une démarche colérique, si elle avait pu shooter dans un caillou elle l’aurait fait, mais il n’y avait pas de cailloux dans ce château d’mercre !
La jeune trollesse gaspilla son propre mana pour accélérer la guérison de sa joue endolorie et lentement le noir autour de son œil redevint bleu troll.
Elle entendit soudain du bruit dans les couloirs vides, et elle se cacha derrière une statue de chevalier.
Elle vit la tête à barbe bleue du prof d’histoires, Frosthelm surgir du coin d’un couloir.
-Okay…c’est bon la Gnome, y’a personne on peut y aller.
Et le Nain s’engagea dans le couloir, tirant presque sans efforts par la patte un monstre effroyable abattu, salissant le carrelage précieux de son sang Bloodedge derrière lui contrôlait ses goules, maniant seaux et serpillères pour qu’elles nettoient le sang du monstre au fur et à mesure de leur progression.
-Faut qu’on aille l’enterrer dans les bois et fissa. Déclara la Gnome.
Frosthelm rajouta :
-En fait on devrait p’têt mettre les bouts, tu as vu comme moi l’état du sceau ? Et le fait qu’il y’en ai de plus en plus de ces machins la nuit ? Encore une nuit ou deux et il va se rompre moi je te le dis et alors on sera tous dans le dakka de kodo bien profond.
Sul’Drin avait bien écoutée leur conversation, une fois les deux horribles nabots eurent disparu au loin, elle s’engagea dans le couloir qu’ils venaient d’emprunter curieuse, et même si le sang avait été nettoyé sur le sol, l’odeur était encore présente.
Sul’Drin changea juste son nez en truffe de tigre et s’en servit pour suivre l’odeur à la trace.
Les couloirs propres et lumineux du château devinrent progressivement plus sombres, plus sinistres, elle s’engagea dans une aile qui ne semblait jamais été nettoyée du château, la poussière et les toiles d’araignées ayant envahi les lieux.
La magie dans l’air était étrange, comme durant ces affreux cauchemars qu’elle faisait la nuit.
L’air commença à sentir mauvais, il sentait la crasse, la maladie et…le sang ?
Finalement Sul’Drin arriva dans une impasse, le couloir sale était bloqué par un mur miroir qui reflétait la trollesse en uniforme d’écolière, un sceau de sang était gravé sur le miroir, et Sul’Drin pouvait sentir l’air vibrer autour de lui.
Un grondement horrible émana de la porte à l’approche de la trollesse, le miroir vibra au rythme du grondement.
Une voix sinistre et profonde résonna dans les airs, mêlant des centaines de voix en une seule :
-Approche trollesse.
Sul’Drin frémit, une partie d’elle-même lui hurlait de tourner les talons et de s’enfuir, mais curieusement son corps ne lui obéit pas et elle se rapprocha du sceau.
-Qui…qui êtes-vous ? Demanda Sul’Drin en essayant de reprendre ses esprits.
-Je suis la fin de la réalité, le père des mensonges, le démon aux mille visages. Reconnait le père de tes ancêtres et libère-moi.
Sul’Drin serra les dents et parvint à s’immobiliser.
-Par les Loas JAMAIS !
Le visage en sueur, avec un effort de volonté immense elle parvint à tourner les talons et à fuir cette porte. La voix enragée derrière le sceau hurla de toutes ses forces :
-Toi et les tiens ! Esclaves n’échapperez pas à notre courroux !
Sul’Drin couru à en perdre haleine, elle essayait de débarrasser son cerveau de l’ordre infâme de la hantise derrière cette porte, elle rejoignit les couloirs lumineux du château.
Il fallait qu’elle parle de sa trouvaille à ses copains et fissa, ils devaient fuir ce château de malheur.
Pendant ce temps dans le bureau de Fradth le mort-vivant consultait les résultats des premiers examens des étudiants d’un air étonnement gourmand.
-Voyons voir comme prévu les effets du porto mélangé avec mon petit « produit spécial » ont eu un effet foudroyant. Même les crétins de la Horde les plus obtus ont eu des notes en nette progression, voyons voir, on va prendre un en-cas…euh je veux dire un « cas » duquel je ne me préoccuperais jamais d’ordinaire, une elfe de sang blonde. Alors parmi celles dont les résultats ont le plus augmenté après la première prise de porto…Tristana…Epidemie…Sharea…hhmmm…ah voilà.
Il saisit son micro et donna un ordre qui fut retransmis dans tout le bâtiment.
-La jeune Cariss est convoquée auprès du directeur pour examen approfondi de son cerv…euh je veux dire de ses notes. Ces si délicieuses notes. Hmpffr…hmmfpp…ahahah…AHAHAHAAARHH !!!
Et le Démoniste parti d’un grand rire démoniaque.
Mais l’un de ses nains de main, en l’occurrence la naine Alice qui lui servait de secrétaire fit irruption dans son bureau.
-Monsieur ! Vous êtes à l’antenne ! Lâchez le bouton !
Fradth verdit et constata que pendant son grand rire démoniaque il avait gardé le doigt appuyé sur le bouton « On » de son micro.
Dans les salles de classe, tous les élèves avaient la tête tournée vers les mégaphones qui transmettaient la voix du directeur et ils entendirent.
-Et mer#’@)é»ç(‘à)1 »é((« ù*^$@é&’é_ de mordius fatalis de #’@)é`é »ç!!!
Cariss déclara fière à ses amis :
-Vous voyez je suis convoquée chez le directeur pour mes excellents résultats scolaires, encore une fois l’excellence de la noblesse elfique l’emporte sur les bas du front primitifs à peaux vertes.
Tony avec une moue inquiète lui répondit :
-Euh…je serais toi, je me ferais porter pâle, il ne m’inspire pas confiance ce dirlo.
Sargrim encore furieux contre Tony grincha :
-Moi y me paraît très bien le dirlo, il sait comment traiter l’indiscipline.
L’elfe de sang blonde eu un reniflement méprisant entre ses lèvres soigneusement peinturlurées au rouge bombasse et se dirigea vers la sortie de la salle de classe d’une démarche fière.
-Vous êtes surtout jaloux.
Cariss sans se douter de rien monta dans la tour du directeur.
La secrétaire Alice tout en rangeant avec discipline ses papiers depuis son pupitre tendit un doigt vers la porte du bureau du directeur à la jeune elfe.
-Je serais toi j’écrirais mes dernières volontés avant d’entrer là-dedans jeune crétine à longues oreilles.
Cariss eu un nouveau reniflement méprisant.
-Hmpf ! Les nains, vous êtes si jaloux de nous autres elfes.
La naine eu un sourire cruel et lui ouvrit avec un sourire faussement affable la porte du bureau du dirlo.
-Si madame veut bien se permettre.
-Ah enfin des bonnes manières.
Alice laissa la porte entrouverte, les ombres du Réprouvé et de l’elfe se détachant nettement sur la porte permettant d’entrevoir ce qu’il allait se passer à l’intérieur sans réellement entrer.
L’elfe entra dans le bureau, le directeur la fit s’asseoir dans une chaise.
-Asseyez-vous ici jeune fille.
-Vous vouliez parler de mes notes.
-Oui en effet elles sont admirables, ne bougez pas pendant que je serre les liens.
-Je savais qu’un jour je recevrais des louanges pas juste pour mon corps parfait et ma tenue à la dernière mode de chez Harris Pilton mais aussi pour mon excellence scolaire. Mais qu’est-ce que vous faites ?
Demanda Cariss alors que l’ombre du Réprouvé une scie à la main sciait le haut de la tête de l’elfe.
-Oh rien je vous rabote un peu le front, il y’avait une petite tâche dessus.
-Oh et bien faites. Répliqua la blonde comme si elle ne ressentait pas la douleur.
On vit une boîte crânienne sauter avec un scalp de cheveux blonds.
-Hé mais ça fait mal ! Arrêtez !
Elle se mit à crier et se débattre dans ses liens. Alice tranquillement agrafait divers documents comme une parfaite secrétaire alors que son patron était visiblement en train de trépaner une élève.
Cariss eu beau crier les liens qui l’attachaient à sa chaise étaient trop serrés. On vit l’ombre du Réprouvé saisir une paille, la faire pénétrer dans la boîte crânienne ouverte et aspirer goulûment avec des bruits de succion dégoûtants.
Quand Fradth eu fini son repas il poussa un soupir suivit d’un rôt satisfait.
-Aaaah…burrrp !!!
Ce fut à ce moment-là que Cariss déclara, faisant sursauter le Réprouvé.
-Vous avez fini vos bêtises ?
Le Démoniste n’en crut pas ses oreilles et ne sut quoi répondre à part :
-Euh…ouais…ouais.
-Alors laissez-moi partir, je ne m’attendais pas à être abusée de la sorte, même si curieusement je me sens un peu plus légère.
Fradth désorienté en mode automatique, ramassa le scalp de Cariss, et on vit son ombre sur la porte sortir une aiguille, du fil à suture et il raccorda la boîte crânienne de la blonde à sa tête et la jeune elfe sortit d’une démarche de marquise offensée du bureau devant une Alice qui parut perplexe.
-Ben ça…
Elle regarda à l’intérieur du bureau du directeur :
-Alors monsieur ? Qu’est-ce que vous avez fait, je croyais que vous vouliez manger son cerveau ?
Le Réprouvé parut soudain assez mal.
-Ben oui c’est ce que je voulais faire…mmmbl….’me sens pas bien d’un coup.
Cariss rejoignit ses camarades à la fin de l’heure de classe, l’air fière, Tony et Sargrim furent étonnés de la revoir intacte.
-Ben ça alors Cariss, je croyais qu’il t’avait convoquée juste pour manger ton cerveau, c’était évident.
La blonde sourit :
-Manger mon cerveau ? Allons Tony, notre bon directeur ne ferait jamais ça, il s’est simplement contenté de masser et de raboter un peu ma tête avec une scie. Tiens regarde.
L’Orc et le Gobelin poussèrent des cris de petite fille quand Cariss en relevant ses longs cheveux dorés laissa entrevoir sur tout le tour de sa tête et de son front des marques de sutures.
C’est alors que le mégaphone crachota depuis le secrétariat du directeur.
-Le directeur est malade, il aurait vraisemblablement attrapé une variante elfique de la maladie de la vache folle, vous savez, ce machin qui vous ronge le cerveau comme un rien ? En conséquence les cours de cet après-midi sont annulés quartier libre pour tous les étudiants.
Les trois amis allèrent dans le parc du château pour glandouiller joyeusement toute l’après-midi, même si en automne, et en hiver…et au printemps et…bon en fait tout le temps, le ciel était noir et brumeux dans les Clairières de Tirisfal comme si la région ne connaissait pas le bleu du ciel.
Tony et Sargrim se faisaient encore la gueule, mais Cariss assise sur un drôle de tumulus de terre fraiche qui détonnait sur l’herbe verte du parc, essaya de rabibocher les deux amis.
-Rôh Sargrim, Tony, vous n’allez quand même pas restés fâchés pour des sottises sorties de l’esprit d’Orcs ils sont champions en la matière.
-Hey fait gaffe à ce que tu dis la blonde ! Rétorqua Sargrim vexé.
C’est alors que Sul’Drin surgit des portes du château au milieu des élèves se détendant et jouant dans le parc, échevelée.
-Les mecs, z’allez pas croire Sul’Drin quand elle vous dira ce qui se passe dans ce château ! Y’a un machin magique qui met des voix bizarres dans la tête qui vous font agir contre votre gré !
Le Gobelin, l’Orc et l’Elfe regardèrent la Trollesse un instant d’un air hébété, puis avec un bel ensemble ils éclatèrent de rire.
-Un machin magique qui fait des voix, Sul’Drin ma chère tu n’aurais pas encore abusé de la Feuillerêve ? Lui demanda Cariss les larmes aux yeux.
Sul’Drin verte de rage répondit :
-Un peu, mais qu’est ce que ça a à voir avec ça ? Pis y’a pas que ça, j’ai vu le prof d’histoire, le nain moche à barbe bleue et le repas à pattes trainer discrétos un cadavre de monstre comme un gros worgen déchiqueté vers le parc pour l’enterrer, y z’ont dit qu’y allait s’passer un truc grave d’ici un jour ou deux et qu’ils prendraient la poudre d’escampette avant.
Cariss croisa les bras :
-Ben voyons, tu l’as vu le parc, il n’y a que de l’herbe si quelque chose avait été enterré pas loin ça se serait de suite vu que quelqu’un a creusé un peu comme…
-Un peu comme le machin sur lequel tu poses tes fesses l’elfe. Regardez-moi ça.
Sul’Drin fit quelques signes cabalistiques dans l’air, et des racines poussèrent autour du petit tumulus de terre fraichement retournée sur lequel Cariss était assise, l’elfe se leva en catastrophe, les racines déblayèrent la terre révélant…la gueule atroce du monstre occis par Frosthelm la veille.
Les trois élèves incrédules sursautèrent, Sul’Drin croisa les bras, victorieuse.
-J’vous l’avais dit les mecs. Y se passe quelque chose de pas normal, et puis ça a un lien avec les cauchemars non ? Vous faites des cauchemars tous les soirs dans lesquels y’a ces atrocités qui vous poursuivent non ?
Cariss tenta péniblement :
-Arrête Sul’Drin tu nous fais marcher, il ne se passe rien de bizarre dans ce château c’est juste qu’on est désorientés parce que c’est nouveau ici et que la bâtisse est effrayante.
Sargrim et Tony se regardèrent, les deux peaux-vertes ne semblaient pas convaincus. Tony proposa :
-Bon écoutez les filles, on a qu’à se retrouver ce soir devant le « machin magique » que tu as vu Sul’Drin, on va visiter le château et si jamais il y’a un truc bizarre qui se passe on prendra la poudre d’escampette.
Ils furent tous d’accord avec ce plan, même si Cariss n’aimait pas l’idée de se balader dans les couloirs d’un château effrayant la nuit.
Le soir venu ils sortirent de leurs dortoirs respectif, Tony et Sargrim s’éclairant d’une lampe torche confectionnée à la hâte par le Gobelin et qui lâchait fréquemment des étincelles électriques.
-Okay Sargrim, les filles nous ont donné rendez-vous devant le réfectoire, allons-y.
-Héhéhé…rendez-vous. Déclara l’Orc avec un sourire lubrique, le Gobelin lui donna un coup sur la cuisse.
-Pas ce genre de rendez-vous abruti, t’as déjà oublié pourquoi on brave le couvre-feu ce soir ?
-Grmm…non Sargrim pas avoir oublié.
Dès que Sargrim n’était plus sous l’influence du Porto son intelligence diminuait drastiquement. En fait il avait très soif, mais il avait déjà fini la bouteille de porto glissée sous son lit pendant la journée par quelque serviteur et ce depuis longtemps, il désirait le porto.
Et puis il était très en colère, ses muscles noueux se crispant comme s’il s’imaginait étrangler l’affreux Gobelin qui osait lui donner des ordres.
Néanmoins il suivit Tony, curieux de savoir ce que Sul’Drin avait à leur montrer.
Ils retrouvèrent les filles devant le réfectoire où les élèves prenaient leur repas et une nouvelle rasade de porto, aussitôt Sul’Drin prit les devants :
-Suivez-moi les mecs, je connais le chemin. A peu près.
La trollesse les emmena dans le dédale des couloirs, se repérant avec sa mémoire et grâce à l’odeur de sang du matin qui n’avait pas encore disparu.
Ils arpentèrent l’aile interdite du château, Cariss fit une mine dégoûtée alors que ses souliers blancs un peu trop précieux pour une écolière se prenaient dans les toiles d’araignées.
-Mais euuuh, c’est dégoûtant Sul’Drin, tu ne connais pas un endroit moins sale ou nous emmener, genre une boîte de nuit ?
La trollesse plaqua un doigt sur ses défenses.
-Shhht.
Elle montra d’un signe du doigt l’angle du couloir.
Les quatre élèves passèrent juste la tête pour voir le fond du couloir, c’est alors qu’ils le virent, l’impasse semblable à un grand miroir d’argent sur lequel était tracé avec du sang un cercle magique, qui luisait dans le noir d’une lumière d’un rouge malveillant.
Des voix dans une langue inconnue psalmodiaient, semblant venir du portail.
Ils revinrent dans l’angle et se concertèrent à voix basse.
-Ok Sul’Drin, t’avais raison il se passe clairement un truc pas normal. Qu’est-ce qu’on fait ?
-C’est évident non, on retourne dans nos dortoirs, on prend nos bagages et on se barre le loktar d’ici en vitesse ! Répondit la trollesse.
-Mais et les autres élèves ? Demanda Cariss.
-Ce truc magique a pas l’air loin du point de rupture, t’as envie de réveiller le château et de te faire pincer par le dirlo ? Non on les prévient pas.
-Mais alors les autorités ?
Sul’Drin se rendit :
-Okay okay, tu préviendras les autorités si tu veux, mais ce sera sans moi et quand on se sera barrés d’ici. Allez, on y va.
Et les écoliers s’apprêtèrent à rentrer dans leurs dortoirs récupérer leurs affaires pour s’enfuir de l’école.
Mais c’est alors qu’un rire sinistre, démoniaque se fit entendre dans les airs.
-Vous ne pouvez rien contre la main implacable du destin, enfants des usurpateurs. Le temps est venu. Le temps… LE TEMPS !!!
Hurla la voix alors qu’au loin la grande horloge d’Hexengärd sonnait le premier des douze coups de minuit.
C’est alors que tout le château sembla trembler sur lui-même, les quatre amis s’accrochèrent aux statues et les uns aux autres pour ne pas être jetés à terre par le tremblement.
-Mais qu’est ce qui se passe nom d’une roquette ! Hurla Tony.
Lorsque les tremblements s’arrêtèrent, une brume froide, un véritable brouillard inonda les couloirs, répandant un malaise diffus au sein de la petite bande.
Sargrim avait la chair de poule et un drôle d’appétit soudain dans son estomac.
Il avait faim…de sang.
-J’aime pô ça les copain. On f’rait mieux de se tirer en vitesse !
Et ils s’enfuirent, prenant leurs jambes à leur cou, leur plan venait de perdre une étape, leurs affaires dans leurs dortoirs pourraient bien aller au diable.
Une véritable cacophonie se faisait entendre dans le château, des cris d’élèves, mais aussi de bêtes furieuses.
Alors que les quatre amis sortaient du couloir maudit pour se retrouver dans une des allées connues du château ils rencontrèrent des monstres hirsutes, mais bipèdes, désarmés, mais possédant des griffes effrayantes et vêtues de vêtements d’écoliers en lambeaux.
Les monstres se jetèrent sur eux, et bizarrement Sargrim fit la chose la plus sage, il s’enfuit. Sul’Drin lui demanda :
-Mais pourquoi tu fuis l’Orc ! J’croyais qu’t’aimais te battre ?
Sargrim pas fou répondit :
-Si les trucs que j’ai vu dans mes cauchemars sont vrais, ces trucs sont plus forts que moi, c’est pas la peine.
Sul’Drin pesta, elle se rappela ses propres cauchemars, ses pouvoirs bizarrement y avaient été tellement affaiblis qu’elle n’avait rien pu faire contre les monstres.
Ils arrivèrent enfin à la porte d’entrée.
Cariss exulta :
-Enfin ! On va s’en sortir, on est libres !
Ils coururent vers la porte, puis bizarrement ils coururent droit vers les monstres qui les poursuivaient.
-Quoi !!!
Sargrim freina des quatre fers, emboutit par Sul’Drin, puis par Cariss puis par Tony.
Cariss tourna la tête pour regarder derrière.
-La porte est derrière nous ! Demi-tour !
Ils se retournèrent avec l’ensemble d’une bande de gamins détectives qui se mêlent de ce qui ne les regarde pas, accélérant deux secondes dans le vide puis ils chargèrent vers la porte et…à moins d’un mètre de la toucher, sans explications ils se dirigeaient à nouveau vers les monstres.
Ils hurlèrent tous de terreur et s’éparpillèrent dans les couloirs poursuivis par les abominations velues pleines de griffes et de crocs. Cariss avec Sul’Drin, Tony avec Sargrim.
-J’comprend pas ! Chouina l’elfe. Pourquoi est-ce qu’on n’arrive pas à se rapprocher de la porte ?
Sul’Drin répondit :
-P’têt de la même façon qu’on arrive pas à savoir quand on dort et quand on se réveille.
De leur côté Tony et Sargrim étaient arrivés à la même conclusion.
Le Gobelin et l’Orc s’étaient réfugiés dans une armoire.
-Si c’est un rêve je veux me réveiller ! Frappe moi Sargrim !
Aussitôt l’Orc lui envoya une énorme baffe dans la tronche suivie d’un ricanement débile.
-Heurk heurk heurk !
Le Gobelin les yeux larmoyants et toute une moitié du visage rougie par la baffe ramassa une de ses dents à terre.
-Ça marche pas.
Soudain la main de l’Orc lui enserra le cou, le Gobelin s’étouffa alors que l’Orc le soulevait de terre comme un poulet.
Tony pétrifié de peur vit alors que la moitié du visage de Sargrim s’étaient changé en celle d’un monstre à son tour, apparaissant velu, le nombre de crocs dans la moitié droite de sa gueule ayant doublé et étant tous cariés, son œil étant devenu rouge et bestial, il avait l’écume aux babines et un regard empli d’une rage féroce, et la main avec laquelle il crochetait son ami s’était changée en griffe aux poils d’un ridicûle vert pomme.
-S…Sargrim ! Qu’est ce que t’es devenu ! Ergota le Gobelin rougis par le manque d’oxygène.
Sargrim hésita, il secoua la tête, reprenant son apparence normale l’espace d’un instant.
Il desserra sa main, laissant le Gobelin tomber au sol.
-Moi avoir comme un vide dans la tête, ça bizarre, y s’est passé quequ’chose ? Demanda t’il au Gobelin terrifié qui rampa loin de l’Orc qui parut étonné par la réaction du Gobelin.
-Qu’esse ki y’a Tony ? J’ai un truc sur les crocs ?
Dans la tête du Gobelin les pensées s’enfilaient sans queue ni tête, pire que lors d’un trip à la kajamite.
Mais il était sûr d’une chose, désormais, même avec ses amis il n’était plus en sécurité.
Le Gobelin poussa la porte de l’armoire et s’enfuit loin de Sargrim en hurlant de terreur, laissant là un Orc étonné se grattant son crâne brun d’un air stupide.
-Moi pas comprendre.
Dans les couloirs de l’école c’était le chaos, les élèves encore sains se faisaient attaquer par leurs congénères transformés en monstres, et leur résistance était futile, ceux qui eurent le plus de chance furent ceux qui se barricadèrent dans les salles de classe, les portes de chêne solides de l’institution résistant aux coups de griffes et aux gueules des créatures avides de sang.
Cariss et Sul’Drin s’étaient réfugiés dans une salle de classe avec les autres élèves, chacun s’était préparé comme il le pouvait contre les monstres, les mages incantaient leur magie, mais les combattants plus désorganisés avaient dû abandonner leurs précieuses armes avant d’aller en cours, moralité de l’histoire, le port d’arme citoyen, surtout au sein de la Horde c’est bien (Garrosh Hurlenfer avait proposé d’interdire le NON-port d’arme citoyen mais il n’en a pas eu le temps=).
Cariss tremblait comme une feuille dans un coin de la salle pendant que Sul’Drin s’entretenait avec les autres élèves barricadés.
-Alors comme ça vous aussi z’avez jamais bu de Porto ? Et tous ceux qui se sont changés en monstres n’arrêtaient pas de boire du porto que le dirlo donnait gratos. Okay c’est super intéressant, mais qu’est-ce qu’il a foutu dans ces bouteilles pour rendre le porto buvable et qu’il change les gens en monstres !
Personne ne savait, donc impossible de savoir s’il y’avait un moyen de guérir les infectés.
Sul’Drin soupira :
-Bon, attendons le matin, à chaque fois que le soleil se levait la situation semblait se calmer, on en profitera pour fuir le château.
Les monstres finirent par se lasser de griffer aux portes, néanmoins personne ne fut assez stupide pour ouvrir la porte étant donné qu’ils entendaient toujours les hululements sinistres des monstres qui rôdaient dans les couloirs.
Finalement ils n’eurent pas d’autre choix que de dormir tous ensemble dans la salle de classe vidée de son mobilier, plaqué intégralement contre la porte.
Trouver le sommeil fut difficile pour Sul’Drin, néanmoins elle s’endormit.
La trollesse rouvrit un œil dans le silence feutré de la salle de classe, elle constata une chose étrange.
Elle était toute seule dans la salle de classe.
Mais où étaient passés les autres élèves ?
-Hey z’êtes où les mecs ? Cariss ? T’es où la blonde ! Car…
Sul’Drin s’interrompit en regardant droit devant elle.
Cariss se tenait devant elle, mais elle n’avait plus rien de la jeune elfe de sang amatrice de mode et si hautaine.
Désormais vêtue d’une simple robe de toile blanche qui couvrait tout son corps mais était sale et intégralement couverte de sang, l’elfe émettait une lueur lunaire et il faisait extrêmement froid autour d’elle, ses mains possédaient de longs ongles sales et noirs couverts de croûtes.
Sul’Drin lentement leva les yeux vers le visage de l’elfe.
Mais ce n’était plus la Cariss qu’elle connaissait, devant elle se tenait une immonde banshee à la peau d’un gris terne et squelettique affreusement laide aux traits ne rappelant que de loin ceux de Cariss, sa chevelure comme celle des nagas était constituée d’une multitude de serpents qui sifflaient, son regard était vide et jaunâtre comme celui d’un mort-vivant, absent de toute volonté.
-Cariss…je crois que t’as abusée du porto toi aussi ?
L’elfe plaqua les mains sur les hanches et prit la pose d’un air précieux :
-Oui et maintenant grâce à cette boisson j’ai un super look d’enfer comment tu me trouves ?
-Franchement ?
Sul’Drin eu le malheur d’être honnête.
-Affreuse.
L’horrible créature spectrale se raidit, sa mâchoire inférieure se distendit, son air devint obscur, en fait le peu de lumière qui pénétrait dans la salle de classe par la fenêtre sembla diminuer en intensité alors qu’elle poussait un horrible hurlement de banshee et se jetait sur Sul’Drin, les vipères de ses cheveux mordant la trollesse partout.
-NOOOON !!! Sul’Drin Atal’Aï qui veut pas crev….AAAAAARGH !!!
Et ce fut la fin pour elle.
Le réveil matin de Fradth sonna les huit heures avec fébrilité, sa sonnerie vrillant le cerveau dégénéré du mort-vivant de pointes de fer rouge chauffées à blanc.
Le Réprouvé vêtu d’une chemise de nuit blanche et d’un bonnet se réveilla en sursaut et d’une main fit exploser le réveil dans une déflagration de flammes rouges.
Il se caressa les tempes des doigts.
-Oooooh…ma têêête. Dire que la première chose qu’apprend un mort-vivant au réveil c’est de ne pas bouffer de cerveau de blonde. Beuark…moi qui pensais que le porto arrangerait le cerveau y compris des pires crétins de la Horde.
Nauséeux il se leva et se dirigea vers la fenêtre de sa chambre qui donnait sur le parc du château, il l’ouvrit et se retrouva devant une ville gothique d’un style très époque Victorienne typique de Gilnéas avec ses lampadaires répandant une chiche lumière argentée sur les rues embuées de brouillard.
Et il faisait nuit noire, même si on y voyait parfaitement bien grâce à une énorme pleine lune.
-Hein ? Depuis quand le château a déménagé à Gilnéas ? Enfin je ne reconnais pas tout à fait Gilnéas.
Il saisit le cadran de son réveil.
-Huit heures du matin et il fait toujours nuit ?..Bah, je suppose qu’il était mal réglé je retourne dormir moi. Faudra que je demande à Frosthelm de doubler les rations de porto auprès de tous les élèves ça leur fera pas de mal.
Et le directeur inconscient du chaos qui avait saisi son établissement retourna se coucher comme si de rien n’était alors que son château avait été englouti tout entier dans un cauchemar vivant, la cité de Ny’Arhnam.