La Sanssaint Hantée

[Bilan des morts de cette année…seulement deux. Sul’Drin et Bloodedge, tous les autres personnages ont survécu, allez en paix les pires ennemis de toujours, le troll et sa proie]

Partie 1 : L’école

La rentrée des classes eu lieu à la fin de l’été et au début de l’automne quand toutes les autres grandes écoles d’Azeroth eurent terminé leurs examens d’entrée afin de ne recruter que les meilleurs élèves. Ne restaient donc que les cancres qui resteront sur le banc de touche et devront aller s’engager dans l’apprentissage au mieux…dans l’armée de la Horde au pire.

Mais cette année-là, ouvrit une école dévouée à instruire y compris les plus mauvais des cancres, l’école d’Hexengärd dans les clairières de Tirisfal dont le directeur était un sorcier Réprouvé avec un casier judiciaire long comme le bras, pour de nombreux élèves de la Horde âgés de plus de quinze ans, c’était la dernière chance d’obtenir le certificat d’études primaires.

Nous retrouvons donc parmi le flot des élèves se pressant devant les grilles du château gothique nos quatre protagonistes.

Cariss l’elfe de sang blonde.

-Salisalut.

Sargrim, l’Orc bête et méchant.

-Baston.

Sul’Drin la trollesse cannibale.

-Quand c’est qu’on mange ?

Et Anthony Shark le Gobelin magnat de la finance.

-Ah les bonnes affaires que je rate pendant que je perds mon temps à l’école.

Aucun n’était vraiment content de venir étudier, après avoir une énième fois redoublé dans leurs écoles respectives…enfin Sul’Drin et Sargrim c’était la première fois qu’ils mettaient les pieds dans une école, il y’avait encore beaucoup de progrès à faire pour convaincre les parents en Durotar que l’école c’est pas que pour les « gro naz eud’l’alliance ».

Finalement Shark n’y tint, pas le jeune Gobelin en costume d’homme d’affaire tourna les talons et essaya de fuir l’école.

-FROST !!! Chope-le ! Ordonna une voix rageuse.

Et un lasso de magie améthyste saisit le Gobelin à la gorge et le ramena de force avec les autres élèves devant l’estrade où se tenaient le directeur et les différents professeurs qui les accueillaient pour cette nouvelle année scolaire.

Fradth se racla la gorge, laissant échapper un bruit de tuyau d’échappement crevé et il commença son discours.

-Bienvenue chers étudiants à l’école d’Hexengärd, l’école qui se targue de donner son certificat d’études primaires à tous ceux prêts à étudier et à travailler dur ! Ici votre vie ne sera constituée que de discipline, de labeur, de peine et de souffrances, mais cela en vaudra la chandelle car…

Pendant que le dirlo faisait son grand débat tout seul Cariss bras croisés sous sa chemise blanche d’uniforme un peu trop révélatrice car elle avait déboutonné plusieurs boutons du haut et soufflant un chewing-gum d’un air très peu intéressé par le discours de bienvenue du directeur commenta pour sa bande d’amis improvisés.

-Pff…l’est relou le dirlo.

Sargrim répondit un « oué » plutôt mou et poussa un grand bâillement, il ne comprenait pas un mot sur deux du discours du directeur.

Sul’Drin pas plus intéressée non plus déclara :

-Hey les poto ça vous dit que j’fasse un truc pour rendre ça plus cool ?

Ses trois amis hochèrent la tête, la poussant à faire une bêtise.

La trollesse leva les mains, cibla le mort-vivant en costume distingué et haut de forme.

-Malédiction des os tous mous ! Déclama t’elle avec un sourire carnassier.

Fradth était en train de parler, quand brusquement son bras qui tenait sa feuille de note manuscrites courba bizarrement et s’effondra au sol élastiquement, faisant plus d’un mètre.

-Que !

Le mort-vivant s’interrompit alors que son corps sembla se changer en une pieuvre molle qui s’effondra en tas gélatineux dans sa redingote sur l’estrade.

Aussitôt les élèves se mirent à rire.

-Qu’est-ce que c’est que cette farce ! Qui a osé humilier le directeur !

Derrière lui les profs étaient pâles de terreur à l’exception de Frosthelm qui pour une fois était bien habillé et se marrait discrètement, étouffant son rire dans la manche de son tweed de prof qui ne lui allait vraiment pas.

Les rires des élèves recalés par toutes les autres écoles de l’univers ne diminuèrent pas devant la figure rouge de rage de leur provipieuvre de dirlo.

Fradth leva péniblement une main, son poignet se courbant comme si l’os était en caoutchouc, il incanta brièvement, et dans un flash de magie noire il récupéra sa haute stature squelettique, annulant le maléfice, et il toisa les élèves qui continuaient à se marrer tel un corbeau sinistre.

Le démoniste auscûlta la foule d’élèves ignares et hilares n’ayant pas le moindre respect, si petit soit-il pour leur directeur.

-Si je ne m’abuse le maléfice venait de…là !

Il tendit brusquement la main, et un élève Draenei du nom de Dovakim qui avait les larmes aux yeux tant il rigolait prit soudainement feu dans un brasier de flammes infernales. Le pauvre élève poussa un hurlement de douleur terrible qui déchira les cieux en agonisant, mais le sorcier fut impitoyable et l’élève fut réduit en un petit tas de cendre sur l’herbe du parc.
Il se tenait à moins de deux mètres seulement de Sul’Drin, Fradth n’était pas passé loin.
Il y’eu un grand silence terrorisé.

Fradth laissa tomber son discours officiel.

-Sachez qu’ici à Hexengärd nous recourrons à toutes les méthodes pour chasser l’illettrisme et l’irrespect, y compris les plus extrêmes, vos parents ont tous signé des décharges me donnant carte blanche pour vous faire subir TOUT ce qu’il faudra pour que vous leur retourniez éduqués et sages comme des images, y compris l’immolation dans les flammes de l’enfer.

Cariss pâlit.

-C’est légal ça ?!

Anthony Shark qui avait le règlement de l’école sous les yeux et le livre des lois d’Orgrimmar dans l’autre main…c’était un carnet…tout petit le carnet répondit :

-Euh…oui…il a raison c’est légal. Les châtiments extrêmes sur mineurs sont parfaitement autorisés depuis l’époque de Garrosh Hurlenfer.

A peine le Gobelin eut-il confirmé que la cruauté du Réprouvé était légale, que la plupart des élèves piaillèrent de terreur. Le directeur leva sa main au ciel, tendant l’index comme si son doigt était un revolver, il y’eu une puissante déflagration sonore et le calme revint.

-Dans les dortoirs et qu’ça saute ! Les cours commencent demain à 7h du matin ! Le programme sera affiché à la vie scolaire ! Faites un pas de travers et vous aurez affaire à moi c’est compris !

Et les élèves furent confinés dans leurs dortoirs, ne prenant que le temps de s’installer, de prendre connaissances des différents lieux d’enseignement, l’infirmerie, la cantine et de leurs emplois du temps.

Dans le dortoir des garçons Anthony Shark ne décolérait pas, il détestait tout dans cette école et assommait Sargrim de ses plaintes, et la seule chose qui empêchait l’Orc de lui tordre le cou était la pensée des châtiments sévères qu’infligerait le dirlo.

-J’déteste cette école ! Je déteste ces profs ! Je déteste la bouffe de la cantoche. Non mais regardez moi ce trou à rat ! Un vieux château pourri avec des statues baroques datant d’il y’a des siècles, des meubles nuls datant de l’époque des Menethil, ça craint ici ! Pourquoi P’pa m’a pas envoyé à Slap&Dope l’école des pimps, la meilleure école de Kezan, avec ses néons lumineux, ses pots d’échappements, son architecture moderne.

D’aucun auraient pu dire que le goût des Gobelins pour tout ce qui est bling-bling et leur manque le plus total de respect pour le classicisme était tout simplement une faute de goût, mais Sargrim était d’un avis totalement similaire.

-Oué, cé nul. Y’a pas de piques en métal. Les murs y sont ni en dakka de kodo ni en acier et y’a trop de franfreluches en pierre partout. Beuerk. Mé y’a un truk de bien…y’a des bouteilles eud’Porto sous le lit.

Sous le regard médusé du Gobelin l’Orc sortit une bouteille de Porto de Puperllyveros de sous son lit.

Curieux il fouilla sous son lit et trouva également une bouteille de Porto, en fait une fois que le mot fut passé tous les élèves du dortoir s’aperçurent qu’il y’avait une bouteille de porto de Puperllyveros sous leurs lits. Mais ce n’était pas spécialement une bonne nouvelle pour les élèves.

-Du porto !

-Et de Puperllyveros en plus, tout le monde sait que c’est dégueulasse !

-Même un géant des mers n’en voudrait pas.

Tony était tellement furieux qu’il décida d’aller prendre l’air.

-Je vais faire un tour sur les remparts, j’ai pas envie d’attaquer les cours demain en étant crevé.

Sargrim le retint par l’épaule.

-Hey minute Tony ! On a po l’droit d’se balader dans les couloirs la nuit. Si le dirlo l’apprend on est cuits.

Au sens premier du terme de plus.

D’autres élèves se joignirent au Gobelin.

-Ouais t’as raison Tony, on te suis.

Le Gobelin poussa la porte du couloir suivit d’une dizaine d’élèves, Sargrim hésita, puis avec un soupir l’Orc qui n’était pas du genre peureux suivit les autres élèves, il regretta de ne pas avoir le droit d’avoir sa hache avec lui, un Orc sans hache n’était plus un vrai Orc.

Le château d’Hexengärd, contrairement à l’avis du Gobelin et de l’Orc qui je le rappelle font partie de la HORDE dont les préférences architecturales sont on ne peut plus discutables était un magnifique château gothique mêlant le raffinement des Menethil à l’art gothique Gilnéen…mais de nuit son atmosphère était sombre et pesante, et c’était difficile de se repérer dans les couloirs, chaque gargouille et chaque statue d’un Roi Humain du passé semblaient nimbés de mystère et d’effroi.

Les élèves voulurent se rendre sur les remparts, mais ils se perdirent rapidement.

Soudain une lueur apparut dans les ténèbres, effrayés tous se cachèrent derrière les statues, à l’exception de Sargrim…Tony avec des geste furieux indiqua à l’Orc qu’il fallait se cacher et Sargrim mit longtemps à comprendre, se cacher c’était pour les lâches. Mais il finit par s’exécuter en marmonnant dans sa barbe.

Il commenta :

-Hey c’est pas l’un des profs qu’on a vu ce matin ?
C’était Frosthelm qui passait dans le couloir, le Nain semblait bizarrement tendu, il avait repris son ancienne armure d’Achérus et patrouillait le couloir, tenant une lanterne-tempête dans une main, son sabre de corsaire dégainé dans l’autre, le Nain était…chose rare sobre, et aux aguets.

Il dépassa les gargouilles représentant des Nathrezims sans voir les élèves, la lumière de sa lampe torche disparut dans le couloir.

Sargrim déclara :

-Ah bah il fé aussi pion çui-là ?

Tony commenta en se caressant son gros menton vert :

-C’est bizarre qu’un pion patrouille les couloirs, armé comme pour la guerre. Enfin tant qu’il ne nous remarque pas.

Et ils continuèrent leur petite balade nocturne, le frisson de l’interdit les motivant et les détendant après leur tyrannique première impression de l’école.

Mais rapidement ils rencontrèrent un problème.

-Tony t’es sûr du chemin ?

Le Gobelin pâlit.

-Je ne comprends pas, j’y ai été ce matin à la rentrée, normalement les remparts sont dans cette direction alors pourquoi est-ce qu’on descend au lieu de monter ?

Ils finirent néanmoins par tomber sur une échelle entre deux statues de chevaliers en armure lourde.

-Ah ben tiens voilà, une échelle on va enfin pouvoir monter.

Les élèves montèrent l’un après l’autre à l’échelle, et Tony passa en dernier, il entendit les élèves pousser des exclamations bizarres.

-Hey c’est étrange, comment ça se fait qu’on se retrouve dans les égouts ? Y’a du mauvais mojo dans l’air.

Le Gobelin mains sur les hanches observa l’échelle qui montait par un orifice richement décoré de fresques dans le plafond.

-Un égout là ? C’est quoi ce bins ?

Sargrim qui était monté répondit :

-Ben viens voir par toi-même Tony, c’est vraiment bizarre.

Le Gobelin monta à l’échelle.

Et il ne sut comment, il descendit effectivement dans un égout vaste et putride, un long tunnel d’eau boueuse, avec des murs lumineux, de la phosphorescence verte et sinistre éclairant chichement les parages.
Il regarda vers le haut…et vit par l’orifice le sol carrelé du couloir du château qu’ils venaient de quitter.

-Par le Grand Capitalisme ! Comment c’est possible ! La gravité s’est inversée ?

Un des élèves qui était un jeune Troll futur sorcier-docteur se pencha sur le sol de gadoue dans lequel ses pieds trempaient et posa sa main à trois doigts sur le sol.

-Y’a du mojo dans l’air, un mojo que j’avais croisé de toute ma vie. Les esprits sont terrorisés ici et ils sont…ils ont soif de sang ?

Ce qui avait démarré comme une sortie potache s’annonçait un peu plus effrayant que prévu. Tony tout en tremblant déclara :

-Bon vouloir sortir du dortoir c’était bien une idée pourrie, on dégage d’ici les gars et…mais…l’échelle !!! Où est l’échelle !!!

L’échelle avait disparue, les élèves gardèrent leur calme, mais un vent de panique s’empara d’eux, l’échelle et également l’orifice dans le toit de l’égout qui rejoignait le couloir du château avait disparu.

Sargrim gronda :

-Ma hache…pourkoi qu’j’ai po ma hache !

L’Orc jeta des regards rageurs dans toutes les directions du tunnel, craignant qu’un danger ne surgisse de l’obscurité, Tony se reprit.

-Bon on n’a pas le choix, il faut qu’on progresse là-dedans…en espérant en ressortir vivants.

Et les élèves progressèrent le long du vaste tunnel d’égout qui curieusement faisant une longue courbe.

Le silence était assourdissant.

Au bout de plusieurs minutes ils n’avaient croisé ni sortie ni embranchement à l’égout, certains élèves traînaient en arrière. Soudain Sargrim s’immobilisa. L’Orc renifla dans l’air.

-Snf…snf…tien…cé drôle. Ça sen l’clebs ki pue…et l’alcool. Un alcool trè for.

Et sans prévenir avec un aboiement monstrueux, une masse de griffes et de crocs bondit des ténèbres sur l’élève qui trainait en arrière et planta ses crocs dans sa gorge, l’élève hurla :

-Au secours !!! Sauvez-m…mlarbg !!!

Et la créature féroce l’emporta loin du groupe, le trainant par la nuque comme s’il ne pesait rien. Les élèves crièrent de terreur, mais leur masse était constituée principalement de jeunes crétins de la Horde avec plus de tripes que de cervelle, et à part regretter de ne pas avoir d’armes, la peur céda vite la place à la colère et ils coururent après la créature en hurlant de rage.

-Rends nous notre pote saloperie où on te fait la peau !!!

Ils finirent par rattraper plus loin la créature, la masse des élèves se stoppa en plein élan. Sargrim en tête.

-Mé…cé koi c’truk ?

Au-dessus du cadavre encore chaud et sanguinolent de l’élève se tenait un horrible garou, on aurait pu le confondre avec un Worgen, mais le plus gros de sa peau partait en lambeaux, ses os se dévoilaient par endroits, il saignait abondamment et avait les muscles à vif, ses yeux chassieux étaient blancs opaques, et sa mâchoire était distendue, déformée et pas droite et le monstre n’avait pas une, mais trois rangées de dent ce qui lui en faisait plus ou moins une centaine, des crocs noirs inégaux en longueur, mal rangés et cariés, jaunâtres rougis de sang, comme un monstre de cauchemar. Si la créature était un mort-vivant, cela ne pouvait être un Worgen, les Worgen sont immunisés contre la transformation en mort-vivant.

La créature gronda tout en relâchant le morceau d’intestin qu’elle était en train de dévorer et se dressa de toute sa masse au-dessus des élèves qui même désarmés étaient prêts à se battre.

La créature néanmoins lâcha quelques mots :

-Si……si….soif….

Elle semblait à la peine, la langue pendante, mort de déshydratation.

Il y’eu un long échange de regards entre les élèves et le garou.

Puis ce dernier fut le premier à charger dans le tas, les élèves essayèrent de le larder de coups de poings, mais avant de le toucher plusieurs d’entre eux furent éventrés par les griffes tranchantes comme des rasoirs.
Le monstre perpétra un carnage, mais enfin Sargrim qui était le plus fort du tas se jeta sur le monstre et parvint à nouer ses bras autour de son cou d’une clé solide afin de l’étrangler. Le monstre poussa un jappement étouffé et mordit dans le vide tout en se débattant comme un beau diable. La bête était terriblement puissante, Sargrim gronda, banda ses muscles, mais le monstre était si fort qu’il parvint à se livrer à un véritable massacre malgré l’Orc qui le ralentissait, Sargrim vit une tête verte voler devant ses yeux.

-Tony, non ! J’vais te kraser la faç sal’té !

L’Orc enragé étrangla d’un bras la bête et le larda de coups de poings de l’autre. Mais rien n’y fit, d’une dernière ruade la créature parvint à se débarrasser de l’Orc qui fit plusieurs embardées dans la boue avant de s’immobiliser la face dans l’eau puante du canal.

Il se retourna sur un bras épuisé.
Il était le dernier survivant, le monstre se dirigea vers lui, lâchant des colonnes de bave au sol depuis ses crocs cariés.

Puis il se jeta sur l’Orc.

Sargrim hurla en battant des bras dans le vide.

-NOOOON !!!

-Hey Sargrim ! Sargrim qu’est ce qui te prend ?!

Sargrim regarda à droite et à gauche.

-Hey koi ?

Il n’était plus dans l’égout, il était dans son lit dans les dortoirs des garçons, et Tony était bien vivant et lui parlait.

L’Orc calma sa respiration lourde.

-Tony, t’es pas mort ! J’ai cru…

-Tu faisais un cauchemar gros tas !

Ah ouais Tony était sacrément aimable. Le Gobelin se retourna dans son propre lit et plaqua un oreiller sur sa tête.

-Demain on a cours, tu ferais mieux de dormir, et de ne pas rameuter tout le château.

L’Orc réfléchit longuement, l’adrénaline lui fouettant encore les sangs.

Tout ça n’était qu’un rêve ?
Mais à quel moment s’était-il endormi ? Et à quel moment s’était-il réveillé.

Enfin c’était un mauvais rêve pas vrai ?

L’Orc souleva regarda son ventre.
Une longue marque de griffure lui barrait l’estomac et était encore sanguinolente et douloureuse. L’Orc la regarda longuement…puis il haussa les épaules et se réfugia sous la couette, dodo.

Le lendemain matin Tony et Sargrim rejoignirent Cariss et Sul’Drin après avoir mangé à la cantine…et c’était immonde, la cantine ne servait que du poisson pourri ce qui d’après le directeur était la meilleure nourriture de l’univers « après le pâté de tête » heureusement le café était correct.
Tony dont la tête verte était devenue grise à cause du manque de sommeil et du petit déjeuner horrible commenta :

-J’espère que tout n’est pas fait au goût de notre dirlo dans ce château, sinon je crois que je vais me passer de toute douche construite par un Réprouvé.

Sargrim était tout aussi gris, mais l’Orc rit mollement au commentaire de son copain, après tout, en tant qu’Orc il ne prenait jamais de douche.

Cariss et Sul’Drin toutes les deux habillées de tenues d’écolières comme leurs copains les saluèrent, Cariss avait eu le bon goût de déboutonner plusieurs boutons de son chemisier, Sul’Drin avait déchiré les manches du sien, se donnant un aspect mauvais genre. Ils arpentèrent les couloirs de l’école ensembles se rendant en cours.

-Hey coucou les garçons, alors la nuit a été bonne ?

-Mauvaise.

-Mauvaise.

Répondirent-ils de concert à croire qu’ils avaient eu un sommeil peuplé de mauvais rêves.

-Bon c’est koi l’premier cours. Demanda Sargrim.

Sul’Drin lui demanda :

-T’as pas lu le panneau des emplois du temps à la vie scolaire ?

-Chais pas lire.

La Trollesse rit à gorge déployée.

-AHAHAHAH…Sul’Drin qui sait pas lire non plus. Cita t’elle penaude après avoir ri aux éclats.

Ils regardèrent Cariss qui suçotait ses lunettes stylées d’un air absent.

-Ah désolée les garçons je faisais pas attention je notais mon emploi du temps des fêtes étudiantes des deux prochaines semaines, je suis trop occupée pour regarder les cours.

En désespoir de cause ils regardèrent tous les trois Tony…le seul qui savait lire, ou au moins ne lisait pas que Closer mag et le Garadan Times.

Le Gobelin fils d’un magnat de la finance soupira :

-Hhh…bon le premier cours c’est Histoire de l’Alliance avec Frosthelm.

A voir leurs mines désabusées, l’Histoire…a fortiori en plus de l’Alliance n’était pas du tout une matière qui les passionnait.

Sul’Drin proposa :

-Sul’Drin elle dit et si on séchait les cours les poto ? Y’a tellement mieux à faire qu’aller s’ennuyer à apprendre l’histoire des peaux-roses ‘croyez pas ?

Ils approuvèrent tous avec joie, à l’exception de Tony qui étant un peu la voix de la raison les arrêta dans leur élan :

-Je rappelle que si le dirlo nous prend à faire l’école buissonnière il nous tuera aussi certainement que ce pauvre Dovakim.

Cariss plaisanta :

-Allons ce cher Dovakim est vivant regarde.

Elle désigna le draenei près des armoires des élèves, le draenei incinéré la veille avait été réanimé par les soins du directeur, son corps était couvert de brûlures au quatrième degré. Ses membres avaient été recousus et il avait perdu le bleu de sa peau maintenant grise, il avait un visage complètement abruti, un filet de bave aux lèvres, deux vis plantées dans le crâne de part et d’autre et le draenei zombifié bataillait avec la serrure de son casier comme s’il ne se souvenait pas de la combinaison.

-Coucou Dova. Fit la blonde.

-Haaaluutt….Répondit Dovakim mollement.

Cette vision refroidit le groupe de cancres dans leurs projets d’école de la rue et ils allèrent en cours.

Dans un grand amphithéâtre ou plus d’une centaine d’élèves étaient entassés les quatre amis s’assirent côte à côte, il n’y avait que trois places de libres et un Gnome qui ronflait sur la quatrième. Cariss qui voulait sa place lâcha des « hem-hem » de noble offensé, exigeant implicitement que le Gnome lui laisse sa place.

-Zzz…hein quoi ?
Le Gnome regarda l’elfe court-vêtue et gronda à mi-voix.

-Vas voir ailleurs si t’y es conna …BLAM !

Sargrim applati son poing sur le haut du crâne chauve du Gnome et ce dernier laissa sa place en s’excusant.

-Oups, pardon mademoiselle, je vous laisse la place.

L’Orc poussa un ricanement bête et cruel.

-Heurk heurk heurk !

Ils étaient arrivés juste à temps.

D’une porte sur le côté de la salle, le professeur Frosthelm entra en titubant, le Nain semblait complètement bourré, mais il avait de nouveau un tweed à carreaux et un pantalon plutôt respectable de professeur, il tenait néanmoins une bouteille de porto de Puperllyveros à la main, il en but une grande rasade sur le trajet, verdit, cracha sur le côté, vacilla, tomba, arriva à quatre pattes à côté du pupille et de la commande du grand projecteur.

Le Porto de Puperllyveros, c’est vraiment un alcool horrible, même le pire des alcooliques avait du mal à le boire.

Frosthelm parvint à se remettre debout, s’accrochant fermement au pupitre et tout en continuant à vaciller de droite à gauche tant il était bourré, le Nain lut péniblement ses papiers.

-Salut les mioches, bienvenue en cours de…c’est quoi déjà…HISTOIRE DE L’ALLIANCE !!! Bordel Fradth m’avait promis qu’j’aurais une matière moins chiante !!! Ooooh…

Fradth avait fait avec ce qu’il a pu quand un autre candidat professeur s’était désisté.

Visiblement le nain n’avait pas préparé son cours avant de venir.

Alors il saisit un très lourd manuel, le manuel du bon professeur d’histoire-géographie et pendant que les élèves commençaient à chahuter il lut tout en marmonnant dans sa grande barbe bleue.

-Grmm…Ström…fondation du royaume d’Arathi…bouté les trolls hors de nos frontières…faire copain avec les Elfes….MAIS C’EST QUOI CES CONNER.IES !!! Beugla t’il si fort qu’il parvint à interrompre le chahut des élèves.

Cariss demanda :

-Ben qu’est ce qu’il y’a m’sieur Frost ?

Le Nain gronda, rouge de fureur et jeta son manuel au sol avec mépris.

-Ce livre y raconte rien que des menteries ! Par exemple il dit que dans l’Alliance plusieurs espèces différentes DONT LES ELFES !!! Se sont joints aux humains, pure bouffonnerie ! La vérité c’est que les Humains sont les rejetons les plus faibles et les plus bêtes des Vrykuls du Norfendre.

Les élèves se regardèrent entre eux.

Oui ça c’était une vérité connue et acceptée, où est ce qu’il voulait en venir ?

Frosthelm continua.

-Les Vrykuls après avoir procédé à un nettoyage ethnique des plus faibles de leurs descendants chassèrent avec un coup de pied aux fesses les couards humains sur les rives des royaumes de l’Est.

-HEY ! Se plaignit la Démoniste humaine Arygandis.

-Puis dans les forêts des Chants Eternels certains d’entre eux mutèrent et acquirent de longues oreilles à force de manger des légumes comme les lapins. Ils devinrent des elfes.

-HEY ! Se plaignit le Démoniste Elfe de sang Zemeno.

-Ceux qui continuèrent un peu plus au sud au royaume gris et froid de Gilnéas virent pousser des poils et devinrent des Worgen.

-HEY ! Se plaignit la Démoniste Worgen Sylmin.

Frosthelm venait de se mettre à dos tout le club des « Démorâleurs » aussi appelés les «Démo-ralisateurs ».

Le Nain conclu, ouvrant grand les bras.

-Vous l’aurez compris les enfants…dans l’Alliance au fond y’a que des variantes d’humains.
Simultanément Sargrim et tous les Orcs de la salle se levèrent et rugirent leur acclamation :

-On l’savait ! ON L’SAVAIT ! Qu’l’Alliance cété rien kun truk de zom !!! Hurla Sargrim.

Cariss était rouge de fureur, tellement empourprée qu’elle en avait perdu le souffle, le Nain avait osé dire que la noble race elfique n’était rien de plus qu’une variante de ces grossiers bipèdes à oreilles rondes ne vivant pas plus de soixante ans que sont les Humains ? Quelle infâmie !

Sul’Drin fit remarquer vicieusement :

-Et donc les Nains sont juste des zumains d’petite taille si on suis la logique, j’ai bon ?

Là ce fut Frosthelm qui se mit en colère.

-QUI A OSÉ DIRE ÇA ! QUI ?!

Les élèves se moquèrent bruyamment du Nain furax.
Le Nain auscûlta d’un regard d’ivrogne en colère les gradins remplis d’étudiants en uniforme se fichant de lui. Puis il prit une inspiration, et souffla un cône de vents gelés qui pétrifièrent dans le givre un étudiant à moins de deux mètres de Sul’Drin.

C’était le mort-vivant Dovakim, maintenant prisonnier d’un cercueil de glace. C’était le seul étudiant qui ne s’était pas moqué de Frosthelm et étudiait consciencieusement son manuel, bien qu’il eusse du mal à se concentrer.

Le silence revint dans la salle.

Frosthelm reprit.

-Si vous voulez tout savoir bande de mal-élevés, les Nains n’ont rien à voir avec les Humains. Les Nains sont une race mystique créée par les Dieux Nains eux-mêmes. On raconte qu’après avoir bu une pinte de trop dans la taverne de Bugmäne le Dieu Nain de la Brasserie et de la Bière, saint patron de la fête des Brasseurs, Dun Morgöt le Dieu Nain de la Forge, du Feu et de la Baston essaya de forger une arme à partir d’un morceau de pierre, mais il cassa la pierre avec son marteau sans se rendre compte qu’il ne s’agissait pas de métal, les éclats de pierre tombèrent sur Azeroth et devinrent les premiers Nains. Grinchard Barbe de Bronze, Gimnir Marteau-Hardi et Stonhelm le Sombrefer, pères de toute la race Naine.

Il y’eu des murmures pour savoir comment ces trois pères avaient bien pu procréer sans femme et si ça expliquait pourquoi il n’existe pas de femelle Naine, mais Frosthelm fit taire les mauvaises rumeurs d’un coup de poing sur son pupitre.

-ILS ONT TAILLÉ LES AUTRES NAINS DANS LA PIERRE !!! Non mais j’vous jure les gosses d’aujourd’hui. Enfin bref ils ont…

A ce moment là une équipe de quatre étudiantes Gobelines toutes mimi aux cheveux de différentes couleurs criardes et pétantes habillées elles aussi en étudiantes entrèrent dans la salle avec plusieurs banderoles avec marqué dessus des mots comme « Repentance ! » ou « Esclavagiste ! » ou encore « Voleurs de cavernes ! ».

Elles scandaient des trucs comme :

-A bas les nabots barbus !

-Ils ont volé nos terres et réduits nos ancêtres en esclavage !

-Et en plus ils puent de la gueule !

Leur dirigeante sauta sur le pupitre du prof avec son mégaphone et déclara aux élèves :

-Les nains sont d’affreux nabots barbus qui à l’aube des temps volèrent les cavernes aux paisibles Gobelins qui n’avaient jamais fait de mal à personne, ils réduisirent nos ancêtres en esclavage et perpétrèrent un véritable génocide. Les Nains sont très méchants et il faut lutter contre eux ! Nous réclamons qu’ils nous rendent Dun Morogh qu’ils ont volé à nos ancêtres.

Sul’Drin s’écria :

-Non mais hé l’prof, tu vas laisser la bouffer raconter n’importe quoi ? T’as bien gelé un étudiant parce qu’il avait dit la vérité.

Frosthelm saisit avec douceur la jeune Gobeline aux cheveux bleus sous les aisselles et la posa sur le parquet avec un grand sourire.

-Mais…elle a raison. D’ailleurs on parlait des ancêtres des Nains, voici Stönhelm Sombrefer mon vénéré ancêtre.

Il alluma le projo, montrant une statue en marbre d’un Nain Sombrefer présentant quelques ressemblances physiques avec Frosthelm sauf que sa barbe était enflammée qui écrasait fièrement, sa botte sur le dos d’un esclave Gobelin à quatre pattes, sa hache sur l’épaule, un sac d’or volé aux Gobelins dans sa main libre.

-Stönhelm Sombrefer, mon honorable ancêtre, grand voleur de caverne, surnommé le Tranche-Gobelin, on raconte qu’il avait mille esclaves Gobelins, uniquement des femelles à son service. Allez savoir pourquoi d’ailleurs. Et je suis fier et honoré par ses actes de bravoure et la richesse qu’il a apporté au clan et heureux que mes ennemis se souviennent de lui. MAINTENANT DU BALAIS LES GOBOS !!!

Et le Nain souffla à nouveau une Rafale Hurlante, mais qui cette fois fit s’envoler hors de la salle les manifestantes Gobelines avec leurs pancartes.

Ensuite Frosthelm continua sont cours que les mauvaises langues et les mages de l’Académie de Dalaran qualifieraient de « pures sottises sorties de l’esprit embrumé d’un ivrogne » mais qui curieusement parvenait à être un professeur captivant, son public pendu à ses lèvres, les élèves notant soigneusement chacune des billevesées sorties du cerveau de l’alcoolique.

Enfin Frosthelm termina son cours en ordonnant :

-Bon c’est la fin du cours les mioches, avant que la cloche ne sonne vous remarquerez que vous avez tous une bouteille sous vos pupitres, vous devez en boire une rasade à chaque fin de cours…ordre du directeur Fradth.

Les élèves sortirent de sous leurs pupitres avec étonnement une bouteille de Porto de Puperllyveros. La plupart tirèrent une mine dégoûtée, y compris les élèves Nains qui tous buvaient régulièrement depuis qu’ils savaient marcher.

Cariss tira la langue :

-Beuuurk. Mais m’sieur, le Porto de Puperllyveros, tout le monde sait que c’est dégueulasse.

Frosthelm insista :

-Celui là est spécial, il vous aidera dans vos études. Buvez. Tenez, je vous montre.

Finalement les élèves avec un bel ensemble débouchèrent leur bouteille et prirent une rasade en même temps que le Nain qui vérifia que tous les élèves regardaient ailleurs et cracha sa rasade d’alcool dans le pot d’une plante verte à proximité. Et Frosthelm ne recrachait JAMAIS de l’alcool normalement.
Étonnement lorsque Cariss but l’alcool il n’était pas dur et âcre avec un goût atroce imbuvable comme s’il avait macéré dans une cuve pleine de gorilles sales en train de nager. Au contraire, il était doux comme le miel, buvable comme de l’eau, chaud comme la braise, et il lui sembla que son esprit se clarifiait, c’était incroyable, elle avait l’impression que sa mémoire retenait chaque seconde de ce qu’elle voyait et que son attention était décuplée.
Sargrim commenta :

-Ma foi, c’est un excellent millésime messire.

Ses trois copains tournèrent une tête médusée vers l’Orc dont la diction et le tractus de pensée avaient drastiquement augmenté. Il leur retourna un regard étonné.

-Ben quoi ?

Frosthelm claqua dans ses mains :

-Allez c’est l’heure, votre prochain cours vous attend, le cours de cuisine.

Bloodedge la prof de cuisine, avec son tablier et sa toque faisait face à de nombreux élèves, en majorité de la Horde, dont des Trolls qui la regardaient comme si la Gnomette était non pas la cuisinière mais le plat à préparer.

Sul’Drin en particûlier la regardait en se pourléchant les lèvres.

-Hmm….Sul’Drin, Atal’aï qui a vu un en-cas. Cita t’elle.

La Gnomette ne semblait pas très bien dans son assiette.

-Pourquoi toujours moi ?

Une fois le soir venu pour une fois dans sa vie Cariss avait bien étudié et maintenant elle se faisait amoureusement les ongles dans le dortoir des filles qui était d’un goût gothique, mais contrairement aux garçons les filles n’avaient pas hésité un quart de seconde à modifier leurs lits et leurs petits espaces personnels selon leurs goûts.

Si Sul’Drin avait changé son lit à baldaquin en repaire de sorcière vaudou avec des fétiches et des totems aux masques grimaçant au-dessus d’une paillasse, Cariss elle avait refait toute sa literie en rose vif avec des petits cœurs et se refaisait amoureusement les ongles, vêtue d’un pyjama d’un ignoble goût nunuche à l’égal de la literie.

-C’était super sympa les cours en fait Sul’Drin. J’ai jamais appris autant de choses à l’école, ce matin je savais même pas que la principale différence entre un Gnome et un Gobelin, je croyais juste qu’il s’agissait d’affreux nabots.

Sul’Drin en train de prier entourée de la fumée d’encens de ses bâtons de prière lui rétorqua offusquée :

-Quoi ! Tu sais pas faire la différence longues-oreilles ! C’est pourtant évident. Le cerveau de Gnome, c’est délicieux, alors que le Gobo c’est dégueu c’est tout pollué au mazout, tous les trolls et tous les morbacs de la Horde y savent ça enfin.

A ces mots l’elfette verdit de dégoût et se repeignit toute la main d’un geste malheureux de son vernis à ongles de couleur…devinez…

-Heeey ! Sul’Drin arrête de raconter des horreurs pareilles j’ai ruiné mon vernis à ongle par ta faute !

La trollesse rit d’un air mesquin.

Cariss sortit une bouteille de ce délicieux Portos de Puperllyveros que curieusement tous les élèves avaient sous leur lit et qui leur était proposé après chaque cours…déjà au bout d’une première journée il y’avait des problèmes d’éthylisme au sein de l’école.

-N’empêche c’est grâce à cette merveilleuse boisson, qui eut que le porto de Puperllyveros permettait de si bien mémoriser ? Et en plus il est délicieux ?

Sul’Drin qui avait évitée d’y toucher eu une grimace dégoûtée.

-Ouais ben Sul’Drin elle trouve que c’est du mauvais mojo. Le porto de Puperllyveros c’est dégueulasse normalement, de ce que j’ai entendu à Baie du Butin, si un mystérieux Réprouvé n’en achetait pas couramment il aurait fait faillite depuis longtemps, les seules personnes qui veulent en acheter sont des tarés qui veulent apprivoiser les géants des mers.

Elle n’avait pas terminé sa phrase que la blonde se buvait une grande rasade de Porto.

C’est alors que le pion féminin qui était aussi Bloodedge ouvrit la porte et beugla.

-Extinction des feux les filles ! Au dodo sinon j’en parle au directeur !

Curieusement Sul’Drin obéit et se mit immédiatement au lit. Pas qu’elle craigne ses proies, mais le dirlo lui foutait la trouille, et puis y’avait pas Dovakim dans les parages pour faire parafoudre.

Sul’Drin s’endormit.

Un hurlement atroce, sépulcral la réveilla.

La trollesse se releva hors de ses draps en maugréant.

-Y’a un coyotte qui s’est introduit dans l’château ?

Mais Sul’Drin constata que bizarrement, elle n’était justement pas dans son lit, elle était dans le parc du château, entourée de tombes au bord de la forêt hantée de Tirisfal, la lumière éclatante de la lune éclairant la pénombre, elle tourna la tête, le château d’Hexengärd était dans son dos.

-Par les grigri du grand tout gris ! Mais qu’est ce que Sul’Drin elle fait là ! Quelqu’un lui a fait une sale farce ? Si jamais c’est Cariss elle va avoir un problème avec la malédiction des entrailles qui fuient…quoique non, l’est trop maigrelette l’elfe pour m’amener ici, c’est forcément un coup de Sargrim !..Mais comment il aurait fait pour entrer dans le dortoir sans être repéré ?

Elle était là de ses jérémiades quand elle entendit du mouvement derrière elle.
Elle se retourna, le cœur battant la chamade.

Oui, elle n’était pas folle, une silhouette sombre et voûtée aux griffes crochues et aux grandes oreilles d’elfe la dévisageait à une dizaine de mètres de distance dans le cimetière, deux yeux d’un blanc macabre scintillèrent dans la maigre lumière de la lune en se fixant sur Sul’Drin.
La seconde d’après une gueule humanoïde pleine de crocs se jetait sur la trollesse. Sul’Drin arma son poing et frappa de toutes ses forces dans l’horrible gueule de la créature qui venait de l’assaillir, heureusement comme son assaillant était très léger elle le fit partir à la renverse, mais avec un sifflement de serpent la créature se releva et se dissimula derrière les tombes, prête à attaquer Sul’Drin en embuscade. La trollesse dorlota sa main qui pulsait de douleur, le choc lui avait cassé le poignet elle l’avait sentie, elle n’avait pas intérêt à recommencer, heureusement elle se régénérait naturellement très vite de ses blessures, il ne faudrait que deux jours à son poignet pour être comme neuf.

-Par les loas ça fait mal. Et ça t’a pas suffi pourtant gueule d’amour ?

Elle entendit une brindille craquer derrière elle, elle se retourna, et elle vit qu’elle n’avait pas affaire à une créature, mais à toute une meute. Elle ne les distinguait pas bien dans le noir malgré la lumière de la lune, ses assaillants semblaient présenter des traits féminins, mais étaient trop rapides et agressifs pour être de simples morts-vivants, et ce n’étaient visiblement pas des banshee.

La trollesse déglutit, avec sa main intacte elle fit appel aux forces cosmiques qu’elle sentait autour d’elle en pleine nuit, la puissance même de la lune serait avec elle.

Sa main s’illumina d’un bleu argenté couleur de lune, d’un geste Sul’Drin pourrait carboniser les créatures dans le feu des étoiles.

Mais la lueur diminua au lieu d’augmenter alors qu’elle se concentrait au maximum.

-Hey, ça c’est pas normal.

Une première créature se jeta sur elle, semblant n’être qu’une énorme gueule vorace pleine de crocs et de longues griffes ballotant au bout de longs bras malingres.

Sul’Drin brandit le bras et fit feu.

Le rayon de feu bleu, mince mais concentré cueillit la créature au vol et la catapulta en arrière, l’incendiant dans des flammes bleues, ce fut le signal pour la curée, et Sul’Drin dû tirer à la volée sur chaque créature horrible qui l’attaquaient sans se soucier de leurs propres vies, malheureusement, si elle parvenait à les blesser, le peu de magie qu’elle était parvenu à invoquer était insuffisant à les achever et les monstres brûlés se contentaient de rejoindre à nouveau la mêlée dès que les flammes bleues s’étaient éteintes sur elles.

Sul’Drin fut rapidement en sueur devant l’effort colossale qu’elle devait faire pour tirer un peu de magie astrale de son environnement et le canaliser sous une forme offensive, les loas ils aimaient pas qu’on utilise leur pouvoir sans leur demander la permission. La lueur autour de la main de Sul’Drin faiblit, et elle avait de plus en plus de mal à envoyer bouler ses adversaires au loin, et impossible de fuir.
Finalement l’une des horribles créatures l’arracha au sol, et elles roulèrent dans l’herbe du cimetière, dévalant la pente.

Pendant quelques secondes son assaillant fut sonné, mais Sul’Drin ne se sentait guère mieux, mais maintenant qu’elle était si proche, maintenant Sul’Drin bloquée sous son poids et que la lumière de la lune l’éclairait, la trollesse horrifiée reconnut la créature.

-Cariss ! Par tout le mauvais mojo du Père Laferraille ! Mais qu’est ce qui t’es arrivée !

La créature ressemblait à une version déformée et monstrueuse de Cariss dont la mâchoire serait devenue énorme, distordue et pleine de rangées de dents, ses yeux étaient blancs, sans pupilles, sa peau était devenue brune et parcheminée comme celle d’une très vieille harpie, ses magnifiques cheveux blonds qui la rendaient si fière n’étaient plus que des mèches de cheveux blancs filasses.

Le monstre se reprit très vite et jaillit sur la gorge de Sul’Drin.
La trollesse poussa un hurlement, qui se transforma en gargouillit quand elle s’étouffa dans son propre sang, les crocs lui déchirant la trachée.

Sul’Drin agonisante trouva l’énergie de s’arracher à la poigne de Cariss et roula hors de son lit en hurlant.

-Hey Sul’Drin tu veux bien arrêter de crier, y’en a qui essayent de dormir ici !

-Hein quoi ?!

Sul’Drin jaillit sur ses pieds, la poitrine se soulevant en rythme. La jeune trollesse se palpa.

Elle était intacte, elle n’avait pas été égorgée, et Cariss la regardait d’un air furieux depuis son propre lit rose, l’elfe dormait avec un masque de nuit également rose sur les yeux.

-Cariss, t’es pas un monstre ?

Cariss sursauta :

-Que…qu’est ce que tu viens de dire ?

Sul’Drin secoua la tête alors que les lumières étaient rallumées dans le dortoir par les élèves et leurs bougies, elle n’était visiblement pas la seule à avoir fait un horrible cauchemar, nombre d’amies se serraient entre elles pour se rassurer, mais entre elfes et trolls on ne se serre pas dans les bras l’un de l’autre…le plus cannibale étant un danger pour le mangeur de carottes. Sul’Drin avait vachement honte de dire ça, mais son instinct lui disait de dire la vérité.

-J’ai rêvé qu’t’étais un monstre horrible…et a vrai dire t’étais pas la seule, j’crois que beaucoup des monstres que j’ai vues dans mon rêve c’était les copines autour de nous.

Cariss secoua la tête, mais elle était pâle, comme si elle-même semblait avoir fait un mauvais rêve.

-Pff, tu racontes des bêtises Sul’Drin, moi un monstre ? Une fille de la noblesse de Lune d’Argent, ha ! Je suis 943e en ligne à la succession de notre bon Roi Kael Thas Haut Soleil, mon sang est tellement pur que je suis sans doute plus proche des Dieux que des Monstres.

-Ouais…c’est ça…c’est ça.

Sul’Drin peut rassurée se remit au lit, mais hésita longtemps avant de fermer les yeux.

Frosthelm et Bloodedge étaient en train de progresser dans un horrible tunnel sorti des pires cauchemars du poète Réprouvé Cronenberg et de son pote Draenei Giger, les colonnes étaient faites d’os, le sol était intégralement recouvert d’une mare de sang, des côtes humaines formaient des arcs comme dans une cathédrale au-dessus de leurs têtes.

Les deux Chevaliers de la mort avançaient, arme au clair, Bloodedge tenant une épée runique à deux mains tandis que Frosthelm plus ambidextre tenait une lampe-tempête dans une main pour s’éclairer, tenant un sabre runifié dans l’autre.

-Eh beh, cette fois ci on n’a pas mis longtemps à trouver ce foutu tunnel dont l’emplacement change toutes les nuits ! Mais ça me rassure pas d’être ici. T’as fait fuir les bestiaux ce soir la Gnome ?

Bloodedge peu rassurée acquiesça doucement.

-J’ai fais fuir des sortes de goules bizarres dans le cimetière, je n’ai croisé aucun monstre ce soir.

Frosthelm maugréa :

-Pff…j’ai dû botter le train de plusieurs garous ce soir. Ça serait plus simple si on avait le droit de les tuer, mais allez savoir pourquoi, le patron ne veut pas.

-Moi je m’étais engagée pour être prof et enseigner le noble art de la cuisine ! Pas pour me retrouver à sécuriser un château hanté tous les soirs ! Protesta la Gnomette.

Elle regarda les piliers d’ossements autour d’elle :

-C’est curieux, mais j’ai l’impression qu’a chaque soir qui passe on a besoin de fouiller moins longtemps avant de trouver ce couloir maudit.

Le Nain frémit et s’arrêta de marcher une seconde dans le sang.

-Ah…je crois qu’on y est arrivés.

Ils étaient arrivés auprès d’une fontaine macabre faite d’un marbre blanc, surmonté d’une statue d’une sorte de dragon à sept têtes, endormi, dont les sept bouches crachaient une sorte de liquide translucide qui s’écoulait dans le bassin.

Frosthelm sortit une gourde de sa besace et la remplit du liquide à la fontaine.

-C’est bon…on a la récolte de ce soir, rebroussons chemin.

Le Nain se retourna, mais soudain il entendit un grognement grave au fond du tunnel de barbaque. Bloodedge frissonna et se mit en garde, tendant sa lame runique vers l’origine du bruit.

-Je crois qu’on a été suivis.

Frosthelm rangea la gourde dans son sac et posa la lampe-tempête sur le rebord de la fontaine, il sortit son deuxième sabre.

-Impossible ! Les monstres fuient ce tunnel d’ordinaire.
Mais le Nain en armure d’Achérus avait tort, brusquement une masse de crocs, de griffes, d’os et de muscles à nu se jetèrent voracement sur lui.

Bloodedge inspira à fond, et souffla une rafale hurlante si concentrée qu’elle en était un rayon de givre qui plutôt que de geler, transperça de part en part la bête, la catapultant sur un pilier d’os qui s’effondra sous sa masse, la bête se tordit frénétiquement, faisant voler le sang autour d’elle et se redressa furieusement.

Frosthelm gronda :

-Allez fuis le cabot ! Sinon je te découpe en rondelle !

Pour une raison étrange, seuls les Chevaliers de la mort parvenaient à utiliser leurs pleins pouvoirs contre les monstres du château la nuit, tous les autres types d’art du combat ou de la magie devenaient curieusement inefficaces, Frosthelm confiant avança.
Le garou se jeta voracement sur le Nain.
Frosthelm était un poivrot, mais quand il était sobre, c’était un plus qu’excellent bretteur, alors il esquiva sans peine la gueule pleine de multiples rangées de crocs et ses sabres découpèrent les tendons d’une patte de la créature qui alla s’écraser dans une mare de sang dix mètres plus loin.

Bloodedge inspira à nouveau et souffla un nouveau cône de vent gelés qui commencèrent à piéger le monstre dans un cône de glace tinté de rouge par le sang. La Gnome avait beaucoup plus de mal avec les armes du fait de sa petite taille, mais sa maîtrise des diverses magies nécromantiques compensaient largement sa faiblesse physique.

Le garou fut immobilisé dans le givre.
Frosthelm se moqua de lui.

-AHAHAHARH ! Bien fait sac à puces. Ça t’apprendra à lever le regard sur un Chevalier du Fléau !

Bloodedge se râcla la gorge de façon ostensible.

-Hrm-hrm, d’Achérus, des Chevaliers d’Achérus, on ne sers plus le Roi-Liche ce monstre esclavagiste, alors que Fradth au moins il me paye.

Frosthelm tira la langue.

-Prrrttt parle pour toi demi-portion, pour moi le seul big boss qui compte c’est le Roi-Liche.

-Ben et Fradth alors ?

-Lui c’est pas pareil il m’a réduit en esclavage, alors qu’Arthas lui il me payait et pas qu’en porto et en coups de bâton.

Bloodedge écarquilla les yeux devant cette inversion du sort habituel des morts-vivants réanimés par le Roi-Liche, des simples goules jusqu’à l’élite de ses chevaliers de la mort.

-Arthas ce monstre !

-Arthas n’a rien fait de mal à part poutrer les longues-oreilles des Chant éternels et de souiller leur puits de magie pour les fillettes !

Les deux Chevaliers de la mort en étaient là de leur dispute quand soudain le cône de glace de Bloodedge se fissura, interrompant leur débat.

-Ohoh…Fit un Frosthelm pâle.

Le garou brisa la glace et se jeta avec une telle force sur les deux comparses qu’il jeta Frosthelm au sol et catapulta Bloodedge contre une colonne d’ossements, la détruisant comme si elle était un boulet de canon.

Frosthelm à deux mains luttait pour éloigner les crocs qui claquaient près de son cou et s’arc-boutait sur ses jambes pour empêcher le monstre de le griffer avec ses griffes.

Le Nain ne frimait plus, il luttait pour sa non vie, ses cheveux bleus s’imbibant du sang qui reposait dans le couloir en flaques.

Dans un sursaut de désespoir, Frosthelm parvint à coller une beigne surpuissante au monstre qui gémit, interrompant pendant une seconde ses assauts.
Frosthelm saisit un de ses sabres et alors que le garou repartait à l’attaque, il lui empala la gorge. Et ça ne suffit pourtant pas, le Nain lutta pendant encore presque une minute contre le monstre à la gorge pourtant tranchée qui lacérait son armure de ses griffes.

Le garou finit par faiblir…et s’effondra sur le nain qui le repoussa de toutes ses forces et se releva, couvert de sang et son armure de plaques d’acier bleu en saronite écornée, déchirée par endroits et complètement cabossée.
Bloodedge se remit péniblement d’aplomb.

-Frost ! T’as tué le monstre ! Fradth va pas être content.
Le nain était penaud.

-Oh la boulette…on n’a qu’a pas en parler hein ! Tu fermes ta bouche sur cet incident.

La gnomette hocha la tête :

-Un peu mon neveu, j’ai pas envie d’être virée…et de retourner nettoyer les fosses aux Goules d’Achérus.

Les deux complices s’entendirent ainsi et filèrent en catimini cet endroit maudit, laissant derrière eux le cadavre de leur victime.

Le lendemain Tony, Sargrim, Sul’Drin et Cariss s’étaient retrouvés dans l’amphithéâtre juste avant le cours de littérature.

-J’vous dis que ces cauchemars ils étaient pas nets ! Regardez bon sang, mon bras il est cassé ! Et Sargrim tu vas pas me dire que cette cicatrice que t’as sur le bide tu te l’es faite en tombant du lit ?

Asséna Sul’Drin à l’Orc en soulevant sa chemise d’uniforme pour montrer l’estafilade bien visible de griffe de monstre qui barrait son ventre musclé.

-Béééé…chais pa. Si j’tombai du li sur mon worg à la maison, j’avais l’bide dan en pelure aussi.

L’Orc saisit une bouteille de porto de Pupperllyveros et se l’envoya cûl sec. Il poussa un soupir de contentement, l’on put presque entendre des cliquetis d’engrenages se mettant en marche dans sa tête alors que curieusement son élocution s’améliorait.

-Mais je dois vous avouer mes chers confrères que Sul’Drin jette le doute sur mon esprit, ces blessures n’ont pas pu se faire par accident et nous ne sommes pas les seuls à avoir fait des cauchemars depuis notre arrivée. Tous les élèves en font, c’est même le principal sujet de discussion ici.

En effet les élèves étaient maussades, et si la première nuit ils n’en avaient pas tenu compte, mettant les cauchemars sur le dos du changement d’école, ça faisait maintenant plusieurs jours que ça se répétait et ils étaient tous atteint, les langues se déliaient, et la peur se propageait.

Sul’Drin compléta :

-Y’a pas que ça, ma magie l’est super faible depuis que je suis dans ces murs, c’est comme si l’air était souillé d’un truc qui perturbait toute forme de magie.

Cariss dans sa tenue d’écolière un peu trop courte assise directement sur le pupitre chassa les inquiétudes légitimes de ses compagnons d’un revers de la main.

-Allons Sul’Drin, tout ça ce ne sont que des coïncidences, nous faisons tous des cauchemars ces temps-ci, ça arrive, c’est parce que cette école est lugubre le soir c’est tout. Mais au moins il y’a cet excellent porto pour nous remonter le moral, j’suis accro.

Sul’Drin et Tony secouèrent la tête.

-Ouais ben pas moi.

Le Gobelin croisa les bras.

-Puis il y’a un truc que je trouve bizarre, y’a de plus en plus de bagarres dans le dortoir des garçons le soir.

Sargrim ricana.

-Ouais et c’est chouette.

Le Gobelin foudroya l’Orc du regard :

-Et tu trouves ça normal ?

-Se battre entre copains c’est anormal ? Lui demanda l’Orc le plus sérieusement du monde.

Mais la prof de Littérature entra dans l’amphithéâtre, mettant fin aux discussions entre élèves.

C’était une elfe de sang blonde habillée d’une tunique blanche de prêtresse et avec…sigh…d’imposants traités de poésie sous les bras. Tous les élèves verdirent de dégoût en voyant les ouvrages.

Dovakhim qui s’était installé non loin de là répondit d’un « greeuh » très inspiré. Le Draenei était désormais zombifié, brûlé, et sa peau présentait des engelures du souffle de la veille.

-Salisalusalut les enfants, je suis Sinan Kahlaan Kainen, ou plus simplement Sinnka, alors prêts à découvrir les merveilles de la lecture ?

Les réponses furent très molles et très tristes.

-Yeees m’dame……

L’elfe de sang tout sourires étala les bouquins sur son pupitre et déclama :

-Aujourd’hui nous allons étudier quelques ouvrages de philosophie de la Horde.

Là il y’eu un blanc parmi les élèves, depuis quand la Horde possédait le moindre philosophe ?

Depuis quand la Horde possédait le moindre écrivain ?

Depuis quand la Horde possédait quoique ce soit en dehors du monopole des haches ?

L’elfe sortit un carnet…très petit le carnet et récita :

-Voici un célèbre ouvrage d’un des plus grands philosophes de la Horde le célèbre Aristorc, quelqu’un en a déjà entendu parler ?

Alors là Sargrim se releva brusquement en levant la main.

-Moi ! Moi m’dame ! J’connais tous les bouquins de ce brave Orc ! Je les connais par cœur !

Sinnka enchantée voulu mettre les connaissances de Sargrim à l’épreuve.

-Fort bien jeune Orc, alors qu’est ce que notre philosophe a dit dans son célèbre « Mon poin dan ta gueul » à propos du conflit ?

Sargrim sûr de lui répondit :

-Il a dit « L’Alliance cé rien kdé mauviettes et on devrai tousse leur kraser la faç ».

Sinnka continua :

-Et sa rhétorique sur les peuples non-Orcs mais unis contre l’Alliance ? Quelle pensée cela vous inspire.

-Il a dit « Gork é Mork y zon fai les Gobos pour kon leur botte le cu.l ». Et cela m’inspire la pensée profonde que la Horde c’est avant un truc d’Orcs comme le pensait ce célèbre dirigeant Orc nommé Garrosh Hurlenfer et qu’on n’a pas besoin d’aide pour kraser les crétins.

Sinnka hocha la tête, tout sourires devant les énormes bêtises issues de la pensée Orque.

-Bien jeune homme, vous recevrez un bon point.

Tony, écarlate de rage avec ce que son copain venait de dire se leva et tendit la main vers lui, furieux.

-Alors comme ça on n’a pas besoin des Gobelins dans la Horde sombre crétin ! Et qu’est ce que t’en fais de nos machines ! Sans nous plus de Déchiqueteurs ! Sans chars d’assaut ! Sans lance-roquette, ni fusil de précision, ni bombes, ni fusées !

L’Orc bailla semblant très intéressé par la colère de Tony.

-Boarf, tu dis ça juste parce que t’es Anthony Shark, fils d’un magnat des armes, en réalité une bonne vieille hache dans la tronche d’un humain ça a toujours fait l’taf.

Ecarlate et oubliant que l’Orc pesait dix fois son poids en muscles, le petit peau verte se jeta sur le grand et ils entreprirent de se battre. Sul’Drin se leva.

-Bon allez les mecs, assez rigolé arrêtez d’vous taper sinon…AÏEUH !!!

Sargrim sans faire exprès lui mit une torgnole qui lui laissa un œil au beurre noir.

La prof s’énerva :

-Monsieur Sargrim, monsieur Shark ! Cessez immédiatement cette dispute ou vous serez convoqués chez le directeur !

Cela suffit heureusement à stopper la lutte entre les deux peaux-vertes qui en grommelant et couverts d’ecchymoses se rassirent à leur place tandis que Cariss se moquait d’eux à gorge déployée ainsi que le reste de l’amphithéâtre que la question philosophique avait passionné.

Sinnka un regard plein de compassion sur la jeune trollesse blessée et boudeuse.

-Oooh, pauvre petite trollesse, il t’a fait bobo le vilain Orc ? Ce n’est pas grave, un petit sort de soin et il n’y paraîtra plus.

Pour Sul’Drin s’était un peu la honte de se faire soigner par une longues-oreilles, mais elle avait un mal de chien sur tout le côté gauche de son visage alors elle accepta. Sinnka leva les mains et pria la Lumière.

-Ô sainte Lumière, guérit les maux !

Et elle projeta une salve d’énergie guérisseuse droit sur Sul’Drin…mais Sinnka avait toujours eu des problèmes pour viser et la salve de boules d’énergie lumineuses ratèrent Sul’Drin de deux mètres pour toucher Dovakhim.

Le zombi Draenei, cramé engelé récupéra immédiatement son apparence normale de Draenei, guéri de toutes ses blessures.

-Ça alors ! Je suis vivant ! Je suis vivant ! Merci m’dame Sinnka.

Sul’Drin protesta :

-Mais…et moi ?

Sinnka leva à nouveau les mains prête à lâcher une nouvelle salve guérisseuse.

-Pardon ma petite, patiente deux secondes et…oups…je n’ai plus de mana. Désolée. Hrm-hrm…je te conseille de te rendre immédiatement à l’infirmerie.

Pendant que Sul’Drin mécontente quittait l’amphi Sinnka accueillit deux goules habillées en groom d’hôtel poussant devant eux une longue table à roulette en argent sur laquelle était disposée des dizaines de bouteilles de porto.

-Qui veut son porto du jour les enfants ? Après interro.

Il y’eu des cris de joie pour les ados appréhendant l’idée de se saouler.

Sul’Drin elle, toujours en colère et le visage douloureux cherchait l’infirmerie en marchant d’une démarche colérique, si elle avait pu shooter dans un caillou elle l’aurait fait, mais il n’y avait pas de cailloux dans ce château d’mercre !

La jeune trollesse gaspilla son propre mana pour accélérer la guérison de sa joue endolorie et lentement le noir autour de son œil redevint bleu troll.

Elle entendit soudain du bruit dans les couloirs vides, et elle se cacha derrière une statue de chevalier.
Elle vit la tête à barbe bleue du prof d’histoires, Frosthelm surgir du coin d’un couloir.

-Okay…c’est bon la Gnome, y’a personne on peut y aller.

Et le Nain s’engagea dans le couloir, tirant presque sans efforts par la patte un monstre effroyable abattu, salissant le carrelage précieux de son sang Bloodedge derrière lui contrôlait ses goules, maniant seaux et serpillères pour qu’elles nettoient le sang du monstre au fur et à mesure de leur progression.

-Faut qu’on aille l’enterrer dans les bois et fissa. Déclara la Gnome.

Frosthelm rajouta :

-En fait on devrait p’têt mettre les bouts, tu as vu comme moi l’état du sceau ? Et le fait qu’il y’en ai de plus en plus de ces machins la nuit ? Encore une nuit ou deux et il va se rompre moi je te le dis et alors on sera tous dans le dakka de kodo bien profond.

Sul’Drin avait bien écoutée leur conversation, une fois les deux horribles nabots eurent disparu au loin, elle s’engagea dans le couloir qu’ils venaient d’emprunter curieuse, et même si le sang avait été nettoyé sur le sol, l’odeur était encore présente.

Sul’Drin changea juste son nez en truffe de tigre et s’en servit pour suivre l’odeur à la trace.

Les couloirs propres et lumineux du château devinrent progressivement plus sombres, plus sinistres, elle s’engagea dans une aile qui ne semblait jamais été nettoyée du château, la poussière et les toiles d’araignées ayant envahi les lieux.

La magie dans l’air était étrange, comme durant ces affreux cauchemars qu’elle faisait la nuit.

L’air commença à sentir mauvais, il sentait la crasse, la maladie et…le sang ?

Finalement Sul’Drin arriva dans une impasse, le couloir sale était bloqué par un mur miroir qui reflétait la trollesse en uniforme d’écolière, un sceau de sang était gravé sur le miroir, et Sul’Drin pouvait sentir l’air vibrer autour de lui.

Un grondement horrible émana de la porte à l’approche de la trollesse, le miroir vibra au rythme du grondement.

Une voix sinistre et profonde résonna dans les airs, mêlant des centaines de voix en une seule :

-Approche trollesse.

Sul’Drin frémit, une partie d’elle-même lui hurlait de tourner les talons et de s’enfuir, mais curieusement son corps ne lui obéit pas et elle se rapprocha du sceau.

-Qui…qui êtes-vous ? Demanda Sul’Drin en essayant de reprendre ses esprits.

-Je suis la fin de la réalité, le père des mensonges, le démon aux mille visages. Reconnait le père de tes ancêtres et libère-moi.

Sul’Drin serra les dents et parvint à s’immobiliser.

-Par les Loas JAMAIS !

Le visage en sueur, avec un effort de volonté immense elle parvint à tourner les talons et à fuir cette porte. La voix enragée derrière le sceau hurla de toutes ses forces :

-Toi et les tiens ! Esclaves n’échapperez pas à notre courroux !

Sul’Drin couru à en perdre haleine, elle essayait de débarrasser son cerveau de l’ordre infâme de la hantise derrière cette porte, elle rejoignit les couloirs lumineux du château.

Il fallait qu’elle parle de sa trouvaille à ses copains et fissa, ils devaient fuir ce château de malheur.

Pendant ce temps dans le bureau de Fradth le mort-vivant consultait les résultats des premiers examens des étudiants d’un air étonnement gourmand.

-Voyons voir comme prévu les effets du porto mélangé avec mon petit « produit spécial » ont eu un effet foudroyant. Même les crétins de la Horde les plus obtus ont eu des notes en nette progression, voyons voir, on va prendre un en-cas…euh je veux dire un « cas » duquel je ne me préoccuperais jamais d’ordinaire, une elfe de sang blonde. Alors parmi celles dont les résultats ont le plus augmenté après la première prise de porto…Tristana…Epidemie…Sharea…hhmmm…ah voilà.

Il saisit son micro et donna un ordre qui fut retransmis dans tout le bâtiment.

-La jeune Cariss est convoquée auprès du directeur pour examen approfondi de son cerv…euh je veux dire de ses notes. Ces si délicieuses notes. Hmpffr…hmmfpp…ahahah…AHAHAHAAARHH !!!

Et le Démoniste parti d’un grand rire démoniaque.
Mais l’un de ses nains de main, en l’occurrence la naine Alice qui lui servait de secrétaire fit irruption dans son bureau.

-Monsieur ! Vous êtes à l’antenne ! Lâchez le bouton !

Fradth verdit et constata que pendant son grand rire démoniaque il avait gardé le doigt appuyé sur le bouton « On » de son micro.

Dans les salles de classe, tous les élèves avaient la tête tournée vers les mégaphones qui transmettaient la voix du directeur et ils entendirent.

-Et mer#’@)é»ç(‘à)1 »é((« ù*^$@é&’é_ de mordius fatalis de #’@)é`é »ç!!!

Cariss déclara fière à ses amis :

-Vous voyez je suis convoquée chez le directeur pour mes excellents résultats scolaires, encore une fois l’excellence de la noblesse elfique l’emporte sur les bas du front primitifs à peaux vertes.

Tony avec une moue inquiète lui répondit :

-Euh…je serais toi, je me ferais porter pâle, il ne m’inspire pas confiance ce dirlo.

Sargrim encore furieux contre Tony grincha :

-Moi y me paraît très bien le dirlo, il sait comment traiter l’indiscipline.

L’elfe de sang blonde eu un reniflement méprisant entre ses lèvres soigneusement peinturlurées au rouge bombasse et se dirigea vers la sortie de la salle de classe d’une démarche fière.

-Vous êtes surtout jaloux.

Cariss sans se douter de rien monta dans la tour du directeur.

La secrétaire Alice tout en rangeant avec discipline ses papiers depuis son pupitre tendit un doigt vers la porte du bureau du directeur à la jeune elfe.

-Je serais toi j’écrirais mes dernières volontés avant d’entrer là-dedans jeune crétine à longues oreilles.

Cariss eu un nouveau reniflement méprisant.

-Hmpf ! Les nains, vous êtes si jaloux de nous autres elfes.

La naine eu un sourire cruel et lui ouvrit avec un sourire faussement affable la porte du bureau du dirlo.

-Si madame veut bien se permettre.

-Ah enfin des bonnes manières.

Alice laissa la porte entrouverte, les ombres du Réprouvé et de l’elfe se détachant nettement sur la porte permettant d’entrevoir ce qu’il allait se passer à l’intérieur sans réellement entrer.

L’elfe entra dans le bureau, le directeur la fit s’asseoir dans une chaise.

-Asseyez-vous ici jeune fille.

-Vous vouliez parler de mes notes.

-Oui en effet elles sont admirables, ne bougez pas pendant que je serre les liens.

-Je savais qu’un jour je recevrais des louanges pas juste pour mon corps parfait et ma tenue à la dernière mode de chez Harris Pilton mais aussi pour mon excellence scolaire. Mais qu’est-ce que vous faites ?

Demanda Cariss alors que l’ombre du Réprouvé une scie à la main sciait le haut de la tête de l’elfe.

-Oh rien je vous rabote un peu le front, il y’avait une petite tâche dessus.

-Oh et bien faites. Répliqua la blonde comme si elle ne ressentait pas la douleur.

On vit une boîte crânienne sauter avec un scalp de cheveux blonds.

-Hé mais ça fait mal ! Arrêtez !

Elle se mit à crier et se débattre dans ses liens. Alice tranquillement agrafait divers documents comme une parfaite secrétaire alors que son patron était visiblement en train de trépaner une élève.

Cariss eu beau crier les liens qui l’attachaient à sa chaise étaient trop serrés. On vit l’ombre du Réprouvé saisir une paille, la faire pénétrer dans la boîte crânienne ouverte et aspirer goulûment avec des bruits de succion dégoûtants.

Quand Fradth eu fini son repas il poussa un soupir suivit d’un rôt satisfait.

-Aaaah…burrrp !!!

Ce fut à ce moment-là que Cariss déclara, faisant sursauter le Réprouvé.

-Vous avez fini vos bêtises ?

Le Démoniste n’en crut pas ses oreilles et ne sut quoi répondre à part :

-Euh…ouais…ouais.

-Alors laissez-moi partir, je ne m’attendais pas à être abusée de la sorte, même si curieusement je me sens un peu plus légère.

Fradth désorienté en mode automatique, ramassa le scalp de Cariss, et on vit son ombre sur la porte sortir une aiguille, du fil à suture et il raccorda la boîte crânienne de la blonde à sa tête et la jeune elfe sortit d’une démarche de marquise offensée du bureau devant une Alice qui parut perplexe.

-Ben ça…

Elle regarda à l’intérieur du bureau du directeur :

-Alors monsieur ? Qu’est-ce que vous avez fait, je croyais que vous vouliez manger son cerveau ?

Le Réprouvé parut soudain assez mal.

-Ben oui c’est ce que je voulais faire…mmmbl….’me sens pas bien d’un coup.

Cariss rejoignit ses camarades à la fin de l’heure de classe, l’air fière, Tony et Sargrim furent étonnés de la revoir intacte.

-Ben ça alors Cariss, je croyais qu’il t’avait convoquée juste pour manger ton cerveau, c’était évident.

La blonde sourit :

-Manger mon cerveau ? Allons Tony, notre bon directeur ne ferait jamais ça, il s’est simplement contenté de masser et de raboter un peu ma tête avec une scie. Tiens regarde.

L’Orc et le Gobelin poussèrent des cris de petite fille quand Cariss en relevant ses longs cheveux dorés laissa entrevoir sur tout le tour de sa tête et de son front des marques de sutures.
C’est alors que le mégaphone crachota depuis le secrétariat du directeur.

-Le directeur est malade, il aurait vraisemblablement attrapé une variante elfique de la maladie de la vache folle, vous savez, ce machin qui vous ronge le cerveau comme un rien ? En conséquence les cours de cet après-midi sont annulés quartier libre pour tous les étudiants.

Les trois amis allèrent dans le parc du château pour glandouiller joyeusement toute l’après-midi, même si en automne, et en hiver…et au printemps et…bon en fait tout le temps, le ciel était noir et brumeux dans les Clairières de Tirisfal comme si la région ne connaissait pas le bleu du ciel.

Tony et Sargrim se faisaient encore la gueule, mais Cariss assise sur un drôle de tumulus de terre fraiche qui détonnait sur l’herbe verte du parc, essaya de rabibocher les deux amis.

-Rôh Sargrim, Tony, vous n’allez quand même pas restés fâchés pour des sottises sorties de l’esprit d’Orcs ils sont champions en la matière.

-Hey fait gaffe à ce que tu dis la blonde ! Rétorqua Sargrim vexé.

C’est alors que Sul’Drin surgit des portes du château au milieu des élèves se détendant et jouant dans le parc, échevelée.

-Les mecs, z’allez pas croire Sul’Drin quand elle vous dira ce qui se passe dans ce château ! Y’a un machin magique qui met des voix bizarres dans la tête qui vous font agir contre votre gré !

Le Gobelin, l’Orc et l’Elfe regardèrent la Trollesse un instant d’un air hébété, puis avec un bel ensemble ils éclatèrent de rire.

-Un machin magique qui fait des voix, Sul’Drin ma chère tu n’aurais pas encore abusé de la Feuillerêve ? Lui demanda Cariss les larmes aux yeux.

Sul’Drin verte de rage répondit :

-Un peu, mais qu’est ce que ça a à voir avec ça ? Pis y’a pas que ça, j’ai vu le prof d’histoire, le nain moche à barbe bleue et le repas à pattes trainer discrétos un cadavre de monstre comme un gros worgen déchiqueté vers le parc pour l’enterrer, y z’ont dit qu’y allait s’passer un truc grave d’ici un jour ou deux et qu’ils prendraient la poudre d’escampette avant.

Cariss croisa les bras :

-Ben voyons, tu l’as vu le parc, il n’y a que de l’herbe si quelque chose avait été enterré pas loin ça se serait de suite vu que quelqu’un a creusé un peu comme…

-Un peu comme le machin sur lequel tu poses tes fesses l’elfe. Regardez-moi ça.

Sul’Drin fit quelques signes cabalistiques dans l’air, et des racines poussèrent autour du petit tumulus de terre fraichement retournée sur lequel Cariss était assise, l’elfe se leva en catastrophe, les racines déblayèrent la terre révélant…la gueule atroce du monstre occis par Frosthelm la veille.

Les trois élèves incrédules sursautèrent, Sul’Drin croisa les bras, victorieuse.

-J’vous l’avais dit les mecs. Y se passe quelque chose de pas normal, et puis ça a un lien avec les cauchemars non ? Vous faites des cauchemars tous les soirs dans lesquels y’a ces atrocités qui vous poursuivent non ?

Cariss tenta péniblement :

-Arrête Sul’Drin tu nous fais marcher, il ne se passe rien de bizarre dans ce château c’est juste qu’on est désorientés parce que c’est nouveau ici et que la bâtisse est effrayante.

Sargrim et Tony se regardèrent, les deux peaux-vertes ne semblaient pas convaincus. Tony proposa :

-Bon écoutez les filles, on a qu’à se retrouver ce soir devant le « machin magique » que tu as vu Sul’Drin, on va visiter le château et si jamais il y’a un truc bizarre qui se passe on prendra la poudre d’escampette.

Ils furent tous d’accord avec ce plan, même si Cariss n’aimait pas l’idée de se balader dans les couloirs d’un château effrayant la nuit.

Le soir venu ils sortirent de leurs dortoirs respectif, Tony et Sargrim s’éclairant d’une lampe torche confectionnée à la hâte par le Gobelin et qui lâchait fréquemment des étincelles électriques.

-Okay Sargrim, les filles nous ont donné rendez-vous devant le réfectoire, allons-y.

-Héhéhé…rendez-vous. Déclara l’Orc avec un sourire lubrique, le Gobelin lui donna un coup sur la cuisse.

-Pas ce genre de rendez-vous abruti, t’as déjà oublié pourquoi on brave le couvre-feu ce soir ?

-Grmm…non Sargrim pas avoir oublié.

Dès que Sargrim n’était plus sous l’influence du Porto son intelligence diminuait drastiquement. En fait il avait très soif, mais il avait déjà fini la bouteille de porto glissée sous son lit pendant la journée par quelque serviteur et ce depuis longtemps, il désirait le porto.
Et puis il était très en colère, ses muscles noueux se crispant comme s’il s’imaginait étrangler l’affreux Gobelin qui osait lui donner des ordres.

Néanmoins il suivit Tony, curieux de savoir ce que Sul’Drin avait à leur montrer.

Ils retrouvèrent les filles devant le réfectoire où les élèves prenaient leur repas et une nouvelle rasade de porto, aussitôt Sul’Drin prit les devants :

-Suivez-moi les mecs, je connais le chemin. A peu près.

La trollesse les emmena dans le dédale des couloirs, se repérant avec sa mémoire et grâce à l’odeur de sang du matin qui n’avait pas encore disparu.
Ils arpentèrent l’aile interdite du château, Cariss fit une mine dégoûtée alors que ses souliers blancs un peu trop précieux pour une écolière se prenaient dans les toiles d’araignées.

-Mais euuuh, c’est dégoûtant Sul’Drin, tu ne connais pas un endroit moins sale ou nous emmener, genre une boîte de nuit ?

La trollesse plaqua un doigt sur ses défenses.

-Shhht.

Elle montra d’un signe du doigt l’angle du couloir.
Les quatre élèves passèrent juste la tête pour voir le fond du couloir, c’est alors qu’ils le virent, l’impasse semblable à un grand miroir d’argent sur lequel était tracé avec du sang un cercle magique, qui luisait dans le noir d’une lumière d’un rouge malveillant.
Des voix dans une langue inconnue psalmodiaient, semblant venir du portail.

Ils revinrent dans l’angle et se concertèrent à voix basse.

-Ok Sul’Drin, t’avais raison il se passe clairement un truc pas normal. Qu’est-ce qu’on fait ?

-C’est évident non, on retourne dans nos dortoirs, on prend nos bagages et on se barre le loktar d’ici en vitesse ! Répondit la trollesse.

-Mais et les autres élèves ? Demanda Cariss.

-Ce truc magique a pas l’air loin du point de rupture, t’as envie de réveiller le château et de te faire pincer par le dirlo ? Non on les prévient pas.

-Mais alors les autorités ?

Sul’Drin se rendit :

-Okay okay, tu préviendras les autorités si tu veux, mais ce sera sans moi et quand on se sera barrés d’ici. Allez, on y va.

Et les écoliers s’apprêtèrent à rentrer dans leurs dortoirs récupérer leurs affaires pour s’enfuir de l’école.

Mais c’est alors qu’un rire sinistre, démoniaque se fit entendre dans les airs.

-Vous ne pouvez rien contre la main implacable du destin, enfants des usurpateurs. Le temps est venu. Le temps… LE TEMPS !!!

Hurla la voix alors qu’au loin la grande horloge d’Hexengärd sonnait le premier des douze coups de minuit.

C’est alors que tout le château sembla trembler sur lui-même, les quatre amis s’accrochèrent aux statues et les uns aux autres pour ne pas être jetés à terre par le tremblement.
-Mais qu’est ce qui se passe nom d’une roquette ! Hurla Tony.

Lorsque les tremblements s’arrêtèrent, une brume froide, un véritable brouillard inonda les couloirs, répandant un malaise diffus au sein de la petite bande.

Sargrim avait la chair de poule et un drôle d’appétit soudain dans son estomac.

Il avait faim…de sang.

-J’aime pô ça les copain. On f’rait mieux de se tirer en vitesse !

Et ils s’enfuirent, prenant leurs jambes à leur cou, leur plan venait de perdre une étape, leurs affaires dans leurs dortoirs pourraient bien aller au diable.

Une véritable cacophonie se faisait entendre dans le château, des cris d’élèves, mais aussi de bêtes furieuses.

Alors que les quatre amis sortaient du couloir maudit pour se retrouver dans une des allées connues du château ils rencontrèrent des monstres hirsutes, mais bipèdes, désarmés, mais possédant des griffes effrayantes et vêtues de vêtements d’écoliers en lambeaux.
Les monstres se jetèrent sur eux, et bizarrement Sargrim fit la chose la plus sage, il s’enfuit. Sul’Drin lui demanda :

-Mais pourquoi tu fuis l’Orc ! J’croyais qu’t’aimais te battre ?

Sargrim pas fou répondit :

-Si les trucs que j’ai vu dans mes cauchemars sont vrais, ces trucs sont plus forts que moi, c’est pas la peine.

Sul’Drin pesta, elle se rappela ses propres cauchemars, ses pouvoirs bizarrement y avaient été tellement affaiblis qu’elle n’avait rien pu faire contre les monstres.

Ils arrivèrent enfin à la porte d’entrée.

Cariss exulta :

-Enfin ! On va s’en sortir, on est libres !

Ils coururent vers la porte, puis bizarrement ils coururent droit vers les monstres qui les poursuivaient.

-Quoi !!!

Sargrim freina des quatre fers, emboutit par Sul’Drin, puis par Cariss puis par Tony.

Cariss tourna la tête pour regarder derrière.

-La porte est derrière nous ! Demi-tour !

Ils se retournèrent avec l’ensemble d’une bande de gamins détectives qui se mêlent de ce qui ne les regarde pas, accélérant deux secondes dans le vide puis ils chargèrent vers la porte et…à moins d’un mètre de la toucher, sans explications ils se dirigeaient à nouveau vers les monstres.

Ils hurlèrent tous de terreur et s’éparpillèrent dans les couloirs poursuivis par les abominations velues pleines de griffes et de crocs. Cariss avec Sul’Drin, Tony avec Sargrim.

-J’comprend pas ! Chouina l’elfe. Pourquoi est-ce qu’on n’arrive pas à se rapprocher de la porte ?

Sul’Drin répondit :

-P’têt de la même façon qu’on arrive pas à savoir quand on dort et quand on se réveille.

De leur côté Tony et Sargrim étaient arrivés à la même conclusion.

Le Gobelin et l’Orc s’étaient réfugiés dans une armoire.

-Si c’est un rêve je veux me réveiller ! Frappe moi Sargrim !

Aussitôt l’Orc lui envoya une énorme baffe dans la tronche suivie d’un ricanement débile.

-Heurk heurk heurk !

Le Gobelin les yeux larmoyants et toute une moitié du visage rougie par la baffe ramassa une de ses dents à terre.

-Ça marche pas.

Soudain la main de l’Orc lui enserra le cou, le Gobelin s’étouffa alors que l’Orc le soulevait de terre comme un poulet.

Tony pétrifié de peur vit alors que la moitié du visage de Sargrim s’étaient changé en celle d’un monstre à son tour, apparaissant velu, le nombre de crocs dans la moitié droite de sa gueule ayant doublé et étant tous cariés, son œil étant devenu rouge et bestial, il avait l’écume aux babines et un regard empli d’une rage féroce, et la main avec laquelle il crochetait son ami s’était changée en griffe aux poils d’un ridicûle vert pomme.

-S…Sargrim ! Qu’est ce que t’es devenu ! Ergota le Gobelin rougis par le manque d’oxygène.

Sargrim hésita, il secoua la tête, reprenant son apparence normale l’espace d’un instant.
Il desserra sa main, laissant le Gobelin tomber au sol.

-Moi avoir comme un vide dans la tête, ça bizarre, y s’est passé quequ’chose ? Demanda t’il au Gobelin terrifié qui rampa loin de l’Orc qui parut étonné par la réaction du Gobelin.

-Qu’esse ki y’a Tony ? J’ai un truc sur les crocs ?

Dans la tête du Gobelin les pensées s’enfilaient sans queue ni tête, pire que lors d’un trip à la kajamite.
Mais il était sûr d’une chose, désormais, même avec ses amis il n’était plus en sécurité.

Le Gobelin poussa la porte de l’armoire et s’enfuit loin de Sargrim en hurlant de terreur, laissant là un Orc étonné se grattant son crâne brun d’un air stupide.

-Moi pas comprendre.

Dans les couloirs de l’école c’était le chaos, les élèves encore sains se faisaient attaquer par leurs congénères transformés en monstres, et leur résistance était futile, ceux qui eurent le plus de chance furent ceux qui se barricadèrent dans les salles de classe, les portes de chêne solides de l’institution résistant aux coups de griffes et aux gueules des créatures avides de sang.

Cariss et Sul’Drin s’étaient réfugiés dans une salle de classe avec les autres élèves, chacun s’était préparé comme il le pouvait contre les monstres, les mages incantaient leur magie, mais les combattants plus désorganisés avaient dû abandonner leurs précieuses armes avant d’aller en cours, moralité de l’histoire, le port d’arme citoyen, surtout au sein de la Horde c’est bien (Garrosh Hurlenfer avait proposé d’interdire le NON-port d’arme citoyen mais il n’en a pas eu le temps=).

Cariss tremblait comme une feuille dans un coin de la salle pendant que Sul’Drin s’entretenait avec les autres élèves barricadés.

-Alors comme ça vous aussi z’avez jamais bu de Porto ? Et tous ceux qui se sont changés en monstres n’arrêtaient pas de boire du porto que le dirlo donnait gratos. Okay c’est super intéressant, mais qu’est-ce qu’il a foutu dans ces bouteilles pour rendre le porto buvable et qu’il change les gens en monstres !

Personne ne savait, donc impossible de savoir s’il y’avait un moyen de guérir les infectés.

Sul’Drin soupira :

-Bon, attendons le matin, à chaque fois que le soleil se levait la situation semblait se calmer, on en profitera pour fuir le château.

Les monstres finirent par se lasser de griffer aux portes, néanmoins personne ne fut assez stupide pour ouvrir la porte étant donné qu’ils entendaient toujours les hululements sinistres des monstres qui rôdaient dans les couloirs.

Finalement ils n’eurent pas d’autre choix que de dormir tous ensemble dans la salle de classe vidée de son mobilier, plaqué intégralement contre la porte.

Trouver le sommeil fut difficile pour Sul’Drin, néanmoins elle s’endormit.

La trollesse rouvrit un œil dans le silence feutré de la salle de classe, elle constata une chose étrange.

Elle était toute seule dans la salle de classe.
Mais où étaient passés les autres élèves ?

-Hey z’êtes où les mecs ? Cariss ? T’es où la blonde ! Car…

Sul’Drin s’interrompit en regardant droit devant elle.

Cariss se tenait devant elle, mais elle n’avait plus rien de la jeune elfe de sang amatrice de mode et si hautaine.
Désormais vêtue d’une simple robe de toile blanche qui couvrait tout son corps mais était sale et intégralement couverte de sang, l’elfe émettait une lueur lunaire et il faisait extrêmement froid autour d’elle, ses mains possédaient de longs ongles sales et noirs couverts de croûtes.

Sul’Drin lentement leva les yeux vers le visage de l’elfe.
Mais ce n’était plus la Cariss qu’elle connaissait, devant elle se tenait une immonde banshee à la peau d’un gris terne et squelettique affreusement laide aux traits ne rappelant que de loin ceux de Cariss, sa chevelure comme celle des nagas était constituée d’une multitude de serpents qui sifflaient, son regard était vide et jaunâtre comme celui d’un mort-vivant, absent de toute volonté.

-Cariss…je crois que t’as abusée du porto toi aussi ?

L’elfe plaqua les mains sur les hanches et prit la pose d’un air précieux :

-Oui et maintenant grâce à cette boisson j’ai un super look d’enfer comment tu me trouves ?

-Franchement ?

Sul’Drin eu le malheur d’être honnête.

-Affreuse.

L’horrible créature spectrale se raidit, sa mâchoire inférieure se distendit, son air devint obscur, en fait le peu de lumière qui pénétrait dans la salle de classe par la fenêtre sembla diminuer en intensité alors qu’elle poussait un horrible hurlement de banshee et se jetait sur Sul’Drin, les vipères de ses cheveux mordant la trollesse partout.
-NOOOON !!! Sul’Drin Atal’Aï qui veut pas crev….AAAAAARGH !!!

Et ce fut la fin pour elle.

Le réveil matin de Fradth sonna les huit heures avec fébrilité, sa sonnerie vrillant le cerveau dégénéré du mort-vivant de pointes de fer rouge chauffées à blanc.

Le Réprouvé vêtu d’une chemise de nuit blanche et d’un bonnet se réveilla en sursaut et d’une main fit exploser le réveil dans une déflagration de flammes rouges.
Il se caressa les tempes des doigts.

-Oooooh…ma têêête. Dire que la première chose qu’apprend un mort-vivant au réveil c’est de ne pas bouffer de cerveau de blonde. Beuark…moi qui pensais que le porto arrangerait le cerveau y compris des pires crétins de la Horde.

Nauséeux il se leva et se dirigea vers la fenêtre de sa chambre qui donnait sur le parc du château, il l’ouvrit et se retrouva devant une ville gothique d’un style très époque Victorienne typique de Gilnéas avec ses lampadaires répandant une chiche lumière argentée sur les rues embuées de brouillard.

Et il faisait nuit noire, même si on y voyait parfaitement bien grâce à une énorme pleine lune.

-Hein ? Depuis quand le château a déménagé à Gilnéas ? Enfin je ne reconnais pas tout à fait Gilnéas.

Il saisit le cadran de son réveil.

-Huit heures du matin et il fait toujours nuit ?..Bah, je suppose qu’il était mal réglé je retourne dormir moi. Faudra que je demande à Frosthelm de doubler les rations de porto auprès de tous les élèves ça leur fera pas de mal.

Et le directeur inconscient du chaos qui avait saisi son établissement retourna se coucher comme si de rien n’était alors que son château avait été englouti tout entier dans un cauchemar vivant, la cité de Ny’Arhnam.

15 mentions « J’aime »

NAAAAAAN susu reviens !

État des élèves à l’issue de la première partie:
-Dovakim : Vivant
-Sargrim : Monstrifié.
-Cariss : Monstrifiée et la tête creuse.
-Tony Shark : Vivant.
-Sul’Drin : Décédée, on la reverra plus.

Etat des profs et pions:
-Fradth: Affaibli et malade, le cerveau de blonde ça ne passe pas bien la digestion.
-Frosthelm: Vivant et coincé dans le château.
-Bloodedge: Vivante et coincée dans le château.
-Sinnka: Fait semblant d’être un monstre juste parce qu’elle croit que c’est la mode du moment.
-Alice: Troque son uniforme de secrétaire pour son armure de Chevalier de la mort en attendant de briller pour autre chose que ses compétences dactylographiques.

2 mentions « J’aime »

Merci pour le fou rire, franchement tu devrais te lancer dans des roman en tant que écrivain. :rofl:

Merci le casse-dalle sur pattes, je me demande si Sul’Drin sera vexée de ne pas t’avoir survécue sur ce coup là=)

Un Gnome crevé a surpassé Susu, je demande réparation !

( sinon j’ai pas eu l’air kon a glousser au taf, bravo hein :joy:)

1 mention « J’aime »

Personnellement j’adore la scène ou Fradth mange le cerveau de Cariss, mais est tellement surpris que l’elfe soit encore vivante et puisse fonctionner malgré l’absence de cerveau, qu’en mode automatique il lui recoud la boîte crânienne et la renvoie…deux secondes avant de tomber malade suite à l’ingestion du dit cerveau=)

C’est normal ca, les nefles ca se fait cuire longuement pour enlever toute cette magie qu’il sni… Absorbent.
Mais c’est pas grave il s’en remettra !

Euh… les nefles sont les fruits du neflier :stuck_out_tongue:

Partie 2 : Le Cauchemar.

Peu de gens le savent, mais il existe bien quelques journalistes sur Azeroth, la plupart sont détestés car ce sont des mythomanes complets prêts à tout pour faire de l’argent en vendant du scandale.

Et le Garadan Times n’échappait pas à la règle ainsi que le stipulait le credo de son directeur Garadan Greed « Si tu trouves pas d’scoop, inventes-en un mec. »

Garadan Greed était un horrible Troll vêtu en permanence d’un imperméable brun de journaliste dissimulant son grand corps longiforme et d’un chapeau pour dissimuler ses traits, et la précaution n’était pas bénigne, le troll avare s’était retrouvé plus souvent qu’à son tour à devoir se cacher de nombreux détracteurs sur lesquels il mentait éhontément dans sa feuille de chou qu’on appelle un journal. Il possédait également une émission d’informations sur la Gnomotéloche appelée « Le Garadan Soir » mais il avait vite constaté que les reportages qu’il effectuait avec sa trombine étaient dangereux pour lui quand il mentait car tout le monde connaissait alors son visage, il en était très vite venu à engager dans son équipe de production plusieurs reporter elfiques et des Caméra’Orcs.
Pourquoi des Elfes comme journalistes et pourquoi des Orcs comme caméraman ? Ne cherchez pas trop loin, l’essentiel pour l’elfe était d’avoir un décolleté bien rembourré pour éteindre le cerveau du spectateur et l’Orc pour porter la caméra, car bizarrement ils avaient une forte tendance à mourir à chaque reportage, et que les Tarides ne manquent pas de familles de péons Orcs paysans avec de nombreux rejetons à envoyer mourir qu’importe la manière tant que ça fasse une bouche de moins à nourrir.

Le van du Garadan Soir avec les kodos qui le tiraient était garé devant les grilles du château d’Hexengärd à la lisière des bois hantés, un mois s’était écoulé depuis la rentrée et les parents n’avaient plus de nouvelles de leurs rejetons depuis la première semaine de cours, tous les Nécrogardes de Fossoyeuse ayant pénétré le bâtiment n’étaient jamais ressortis et c’était devenu une affaire d’état. Déjà que l’état des écoles de la Horde n’était pas brillante, il était hors de question pour le Conseil de la Horde de laisser se propager la nouvelle qu’emmener son gosse à une école au sein de la Horde c’est de risquer de ne plus jamais le revoir.

-Patron j’ai pas été payée depuis deux mois ! Chouina la reporter du jour une elfe Sacrenuit aux cheveux argentés scintillants habillée d’un imperméable en latex rose de journaliste avec un beau décolleté du plus mauvais goût, un Orc brun massif tenant une caméra SELFIE posté derrière la journaliste, se curant son gros nez avec son gros doigt pendant que sa patronne marchandait, brandissant son micro sous le nez du troll avare.

-Continue de protester et t’auras que dalle un troisième mois consécutif ! Je te rappelle que je t’ai retiré ta paye pour faute professionnelle le mois dernier, on ne SNIFFE PAS de cristaux de mana quand on est à l’antenne en direct crétine !

La Sacrenuit chouina encore :

-Mais et mon caméra’Orc, comment je vais le payer lui ? Il a besoin de manger et puis il me regarde bizarre quand il a faim.

-C’est pas mon problème t’as qu’a le payer avec ton corps !

-Ah non pas encore !

-Allez en piste ou t’es virée !

Et l’affreux troll claqua la porte du van, tirant un bâillement du kodo qui dormait encore sanglé pour tirer la carriole.

La Sacrenuit en maugréant alla se tenir pile devant les portes massives du château.
La caméra s’alluma :

-Bonsoir Azeroth, ici votre reporter de terrain préférée Rina Kalhaan Kainen ou Rinnka pour les intimes accompagnée d’un nouveau Caméra’Orc Varlenzh, dit coucou Varlenzh.

-….Baston…Fit l’Orc qui portait la caméra en filmant le décolleté de l’elfe.

Rinnka se rapprocha de la caméra avec son micro pour chuchoter :

-Je sais que les Orcs ne sont pas du genre brillant, mais je crois que celui-là en tiens une couche.

On entendit un « Hey, cé pa gentil ça. » provenant du porteur de la caméra.

La Sacrenuit impénitente continua :

-Je me trouve présentement devant l’école d’Hexengärd qui a ouvert il y’a un mois seulement sous l’égide de son nouveau directeur Fradth Thadeus Cœur-Froid, mais dont on n’a plus de nouvelles depuis maintenant trois semaines, tous les enfants, les professeurs, les pions semblent avoir disparus, écoutez-moi ce silence de mort. C’est pourquoi nous avons été envoyés sur le terrain pour découvrir les évènements qui se sont déroulés dans ce lieu sinistre. Commençons par entrer dans le bâtiment.

Et elle ouvrit la porte d’entrée du château et s’y glissa avec son Caméra’Orc, une fois dans le hall ils furent assaillis par des nécrogardes Réprouvés aux armures en pièces et visiblement blessés pour nombre d’entre eux.

-Enfin quelqu’un vient nous secourir.
Celui qui était en tête de groupe tendit une main vers la Sacrenuit et supplia :

-Pitié ne fermez pas cette porte !

Clac.

Surprise, Rinnka lâcha la poignée et l’énorme porte de chêne massif se referma, aussitôt les Nécrogardes se lamentèrent, leur capitaine plaquant ses mains sur sa tête.

-C’est pas vrai !

-Oh non mais quelle blonde c’est pas possible !

L’elfe plaqua son micro sous la mâchoire à moitié décrochée du capitaine.

-Une petite interview pour le Garadan soir mon cher monsieur, savez-vous ce qu’il a bien pu arriver dans cette école ?

La tête du capitaine Réprouvé passa par diverses couleurs comiques toutes dans des teintes morbides et vitupéra plein de colère :

-Toute l’école est hantée ! Victime d’une malédiction sombre idiote ! Quiconque rentre dans le bâtiment ne peut plus en sortir une fois la porte fermée, vous venez de gâcher notre seule voie de sortie et notre seule chance de survie.

La journaliste parut surprise :

-Survie ? Comment ça, mais qu’est ce qui peut bien menacer nos vies ?

Un cri s’éleva à l’arrière des rangs :

-DES MOOONSTRES !!!

Le capitaine pâlit :

-Ils ont dû entendre nos voix, on est morts. Enfin…re-morts. Précisa t’il.

Des hurlements d’agonie s’élevèrent ainsi que des bruits d’armes qui s’entrechoquent, Rinnka pâlit mais ordonna à son Caméra’Orc :

-Filme le carnage Varlenzh ! Filme !

-Euh on devrait pô les aider ?

-Et le professionnalisme journalistique ? Pas question d’intervenir !

Les soldats Réprouvés se faisaient tailler en pièces, quand les rangs des défenseurs furent brisés, Rinnka et Varlenzh purent alors voir que les assaillant ressemblaient presque à des goules décharnées, des êtres à mi-chemin entre l’humain et la bête, hirsutes, vêtus d’habits rapiécés et d’armes rouillées ainsi que pour certains de fusils de chasse de mauvaise facture. Certains d’entre eux tenaient en laisse en guise de chiens d’attaque d’énormes garous, des lycanthropes aux os et aux muscles apparents par endroits comme s’ils étaient gravement malades et possédant plusieurs rangées de crocs cariés dans leurs gueules difformes.
L’un des monstres s’approcha des journalistes, il proféra d’une voix rendue rauque comme s’il souffrait :

-D…donnez nous-en. J’ai…si….SOIF !

-De quoi ? Demanda la Sacrenuit ?

La créature rugit l’écume aux babines en levant une scie rouillée au bout d’un long manche en bois.

-DU PORTOOOOO !!!

L’Orc et la Sacrenuit les cheveux dressés sur la tête hurlèrent de terreur comme deux fillettes et tournèrent les talons pour s’enfuir loin de la meute d’enragés.

-Vite à la porte de sortie !

Ils chargèrent droit vers la porte…puis soudainement ils chargèrent droit vers les monstres.

-Que ? Pourquoi on court vers eux, on ne devait pas s’en éloigner ?

Varlenzh rendu fou de terreur par les monstres leva la caméra et sans pouvoir s’arrêter les chargea et heureusement d’ailleurs, les renversa comme des quilles sous sa masse, sa patronne en imper rose véritable faute de goût sur les talons et les deux journalistes prirent la fuite dans les couloirs.

C’est alors qu’en sortant par une porte dérobée, espérant fuir le bâtiment ils tombèrent sur un spectacle incroyable.
L’extérieur du château donnait sur une immense ville de style victorien rappelant Gilnéas.

-Chers téléspectateurs c’est incroyable ! Ici au beau milieu des clairières de Tirisfal s’étend une ville ancienne et oubliée. Comme vous avez pu le constater un sombre maléfice semble avoir été jeté sur les environs, mon Caméra’Orc et moi-même allons maintenant nous aventurer en pleine ville, tu as des armes Varlenzh ?

L’Orc boudeur répondit :

-A part la caméra ? Nan. M’ont été confisquées quand j’ai été engagé. Et t’as de la magie patronne ?

Rinnka sourit et répondit avec un petit battement de la main :

-Allons moi, Rinnka de la célèbre famille de la noblesse Kainen, je n’ai pas besoin de connaître le moindre sort, j’ai toujours eu une haie de gardes du corps pour me protéger, et plus si affinités.

-Z’êtes nulle patronne. Ronchonna l’Orc agacé par le comportement de chipie précieuse de la Sacrenuit.

Et les deux compères s’enfoncèrent dans la ville hantée, résonnant du cri des monstres affamés. Chose curieuse la ville était pleine d’œuvres d’arts. Des statues difformes toutefois taillées dans le marbre précieux représentant des humains la plupart du temps figés dans une posture d’horreur, se cachant les yeux comme s’ils voulaient fuir une quelconque vérité interdite, de nombreuses ordures et barricades de fortune étaient dressées un peu partout, des signes de vandalisme évidents avaient été perpétrés contre de nombreuses maisons. Rinnka et Varlenzh durent se cacher à plusieurs reprises pour éviter une patrouille de monstres assoiffés de sang gémissant comme des âmes en peine, réclamant du porto allez savoir pourquoi.

Les fenêtres et les portes des maisons étaient barricadées mais de la lumière se voyaient sous les fenêtres. Rinnka toqua à une fenêtre.

-Coucou, il y’a du monde ici ?

-FICHEZ LE CAMP OU JE SORS LE FUSILS SALES MONSTRES !!! Hurla t’on derrière la fenêtre.

Rinnka alla toquer à une autre fenêtre.

-Euh bonsoir, on aurait besoin d’un petit abri pour la…

-Ben voyons, comme si qui que ce soit allait ouvrir sa porte tant que ce cauchemar dure ! Dehors ! Je ne laisserais pas d’infecté entrer ici !

Elle toqua une fenêtre :

-Bonsoir nous sommes du Garadan Times…

Et là, la réaction fut différente.

-QUOI ! Encore des paparazzo du Garadan Times !

Cette fois la fenêtre s’entrebâilla et le canon scié d’un tromblon Gobelin fut brandit sous le nez de Rinnka, qui ignorant totalement ce qu’était une arme à feu en réponse tendit son micro au Gobelin qui avait néanmoins entrouvert sa fenêtre pour détailler les deux journalistes dans la rue.

-En effet nous sommes de ce merveilleux journal qu’est le Garadan Times vous êtes un lecteur ?

Le Gobelin répondit :

-Je suis Anthony Taulard Shark ! Fils du magnat des armes de Kezan propriétaire des Shark Industries! Vous avez raconté à la presse du monde entier que mon père vendait des bombes pour bébé alors que c’était l’usine Krackboum premières bombes pour bébés qui en vendaient, on a été obligés de dépenser dix milliards de radis en « humanitaire » beuark pour se refaire une réputation ! Je devrais vous zigouiller sur le champ, mais si vous êtes des journalistes c’est que vous venez de l’extérieur, donc que vous n’êtes pas « contaminés » alors entrez, et éteignez cette foutue caméra où je l’explose d’un coup de tromblon !

Et il déverrouilla l’entrée de sa maison ce qui lui prit du temps et les deux journalistes purent entrer. La maison était équipée de façon assez moderne comme Gilnéas en son temps, il y’avait même des ampoules électriques, mais visiblement ça ne devait pas fonctionner car le Gobelin s’éclairait à la chandelle, le salon avait été mis sans dessus dessous et était jonché de matériel de bricolage, de câbles, de tuyaux et d’engrenages couverts d’huile hydraulique, le Gobelin était lui-même habillé comme un bricoleur et avait une paire de lunettes grossissantes sur le front, ils allèrent dans la cuisine et en pestant Tony sortir quelques boîtes de conserves des maigres réserves qu’il avait et une bouteille de gin…non pas du porto, il en avait par-dessus la tête du porto.
Les deux journalistes mangèrent, timidement pour la Sacrenuit, végétarienne, voracement pour l’Orc, et quand ils eurent fini le Gobelin tendit une main.

-C’était pas gratuit ce dîner. Aboulez le fric.

Rinnka sourit en levant les deux mains, de même que Varlenzh.

-Navrée monsieur Shark, nous n’avons pas un radis sur nous, le patron est trop avare.

Shark dirigea le tromblon d’un air menaçant vers le décolleté outrageux de la Sacrenuit et tristement Rinnka sortit une broche en mythril qu’elle laissa tomber dans la patte pleine de cambouis du Gobelin.

-J’aime mieux ça. Bon je suppose que vous voulez savoir ce qu’il s’est passé ici, vous êtes toujours comme ça vous les gratte-papiers.

Rinnka dirigea son micro devant les lèvres du Gobelin avec un grand sourire.

-Oh oui, cela nous ferait grandement plaisir !

Tony sembla se détendre dans sa chaise, il se racla la gorge tout en ravivant sa mémoire avec un verre de gin.

-J’étais étudiant dans cette école avec trois amis, mais les ennuis ont commencé dès la première nuit. D’abord c’était discret, nous avions simplement pensé que nous faisions de mauvais rêves, des rêves dans lesquels nous nous retrouvions ici, dans cet « endroit », les monstres l’appellent « Ny’Arnham », pourchassés par des monstres sanguinaires et qui puent l’alcool, nous étions blessés parfois tués, et je peux vous garantir de première main que maintenant je sais ce que c’est de se sentir mourir. Mais on n’y a pas prêté attention plus que ça, et le jour nous avions cours comme si de rien n’était, au départ la journée, l’école d’Hexengärd était à peu près normale. Mais, nuit après nuit les cauchemars ont empiré, certains d’entre nous se réveillaient avec d’étranges blessures le matin. En parallèle étrangement le directeur Fradth et ses professeurs nous proposaient fréquemment du porto de Puperllyveros à boire à la fin de chaque cours, on en avait même sous nos lits.

-Yerk ! Fit la Sacrenuit, sachant pertinemment à quel point le porto de ce Gnome ivrogne de Baie du Butin était immonde.

Rinnka réfléchit :

-Maintenant que j’y pense…les monstres réclamaient du Porto il me semble ?

Le Gobelin émit un rire fatigué :

-Le porto du dirlo était trafiqué, je ne sais pas ce qu’il y’a dedans, mais d’après mes amis qui y ont goûté non seulement il était délicieux mais il élevait l’esprit, au point de permettre à un Orc d’avoir une élocution correcte. Je suppose qu’il était censé nous rendre intelligent. Seulement voilà, non seulement les cauchemars ont empiré chaque nuit, mais le soir ou tout a pété, tous ceux qui avaient bu du Porto de Pupperllyveros se sont changés en monstres…même mes amis. Je ne sais plus où ils sont, mais je sais que si je les rencontre à nouveau, ils auront droit à un coup de tromblon en pleine poire.

Rinnka continua :

-Mais, et la malédiction, qu’est-ce que le porto a à voir avec ça ?

Tony réfléchit soigneusement avant de répondre, puis secoua la tête :

-Aucune idée, mais dans une aile du château, quelque chose était enfermé derrière des sceaux magiques, quelque démon repoussant j’imagine, car tout a changé avec sa libération, déjà vous l’avez peut-être constaté, on ne peut pas sortir du château, et cette ville n’est pas censée être là, du moins tant qu’on reste en dehors d’Hexengärd, c’est comme si Ny’arhnam n’était pas sur Azeroth. De plus la nuit est éternelle, ça fait un mois qu’il fait nuit, ça fait un mois que tous les élèves ayant survécu au massacre initial se sont planqués comme moi dans les maisons de la ville et essaient de survivre comme ils peuvent. Nous avons des réserves de conserves…mais pour combien de temps encore ? Les monstres griffent à nos portes chaque nuit. Et…

Brusquement des bruits de coups retentirent contre la porte, la lumière de torches allumés par les enragés passa sous les carreaux, des voix monstrueuses rugirent.

-On veut du porto ! On veut du porto !

-On sait que t’en cache ici Tony ! Allez soit sympa avec les copains et files nous en ! Sinon tu vas passer un sale quart d’heure !

Tony chuchota aux deux journalistes :

-Prenez la porte de derrière, rendez vous à l’hospice de Sinnka elle en sait un peu plus sur cette affaire, traversez les faubourgs de la ville.

Et le Gobelin équipé de son tromblon le passa par un carreau de la fenêtre et lâcha un coup de tromblon dans le tas.

-Tirez-vous les pauvres ! Sinon z’allez tâter d’un bon coup de tromblon Gobelin en pleine face !

La Sacrenuit et l’Orc prirent congé, en passant dans le salon, curieuse, Rinnka tira un pan du voile qui cachait l’engin que le Gobelin bricolait avant qu’ils n’arrivent, révélant un soleret rouge et or de déchiqueteur de Baille-Fond.

Ils s’enfuirent discrètement dans les rues de Ny’arhnam en slalomant entre les différents groupes de monstres.

Rinnka chuchota à la caméra, tenant son micro devant ses lèvres un peu trop fardées pour être de bon goût.

-Chers téléspectateurs, dans cette ville maudite la tension est palpable, des monstres parcourent les rues, mutés par un porto trafiqué par un alchimiste Réprouvé, criminel de guerre multirécidiviste de la Horde et…en fait je viens de me rendre compte que les parents qui ont confiés leurs enfants à un pareil malade mental devaient être complètement stupides…ou désespérés.

-Hey on dit pas du mal de maman ! Renchérit un monstre sur le chemin de Rinnka qui occupée à parler à la caméra n’avait pas vue qu’elle et son caméra’Orc se dirigeaient droit vers un groupe.

La journaliste s’immobilisa à dix centimètres de l’enragé la bave aux lèvres tandis que tels des brigands de grands chemins, ses amis les entouraient dans la ruelle obscure, leur tendant une embuscade. Rinnka brandit son micro sous les crocs du monstre qui avait autrefois été un élève d’Hexengärd.

-Je suis Rinnka du Garadan Soir, voudriez-vous monsieur…

-Bajan. Bajan l’elfe de la nuit.

-On vous appellera « machin » dans ce cas. Fit Rinnka comme si elle n’avait pas entendu la réponse. Elle inspira et posa sa question.

-Alors monsieur le machin plein de crocs et de griffes. Qui étiez-vous avant de devenir ce tas de fourrures puant le porto et le sang et pourquoi aviez-vous été inscrit à l’école d’Hexengärd.

La créature qui présentait de vagues traits elfiques, comme de longues oreilles et une haute taille fine se cura le nez avec une griffe, en sortit un truc qu’il jugea intéressant, le goba et répondit :

-C’est bizarre je crois avoir été un elfe de la nuit, mais j’ai de vagues souvenirs d’une citadelle du Fléau volant dans les Maleterres et d’un homme en armure qui me disait « Trop c’est trop capitaine Bajan ! Vos rapports sont si mal écrits qu’on dirait le papier des toilettes des Goules ! Vous allez retourner à l’école apprendre à lire et écrire et fissa si vous ne vous voulez pas faire un tour dans les geôles d’Achérus ! » A bien y réfléchir, je crois que j’aurais préféré les geôles à cet endroit de cauchemar où la seule forme de réconfort que nous avons moi et les copains c’est de boire ce délicieux, si délicieux porto qui ouvre les sens…ça et de manger des peaux, d’ailleurs vous avez besoin de votre peau ?

-Oui j’en ai besoin ! Tu viens Varlenzh on y va. Essaya la Sacrenuit avec un grand sourire alors qu’une hache rouillée lui barrait la route, faisant pâlir les deux journalistes.

-J’attendais pas vraiment de réponse les journaleux, maintenant abandonnez vos peaux et après on vous laisse repartir tranquilles.

Etait-ce la fin des haricots pour les deux journalistes ? Un dernier mot avant de se faire dévorer par de monstrueux enragés ?

En fait trois :

-Fus….RÔ DAH !!!

Avec un claquement de tonnerre une déferlante d’air compressée cueillit les enragés et les aplatit avec brutalité contre le mur d’une maison alors qu’un Chaman Draenei tenant deux marteaux de guerre se dressait au milieu de l’allée, Dovakim lâcha un rire bonhomme et harangua les monstres :

-Par Talos partez immédiatement manant ! Laissez donc cette jeune demoiselle au fort joli décolleté et son moche ami brun tranquilles, sinon vous allez tâter le fer de l’Enfant de Dragon ! Allez mes mignons ! A l’attaque !

Et une bande d’anciens élèves apparemment encore sains d’esprits d’Hexengärd, Trolls, humains, Orcs, Elfes, pas de Nains tous les Nains du château servant un maître maléfique se jetèrent sur les monstres, armes au clair et se battirent férocement, les hurlement des monstres succédant aux cris de guerre des humanoïdes.

Le monstre qui avait été Bajan résista le mieux, en deux coups de hachoir rouillé il extermina deux des assaillants humains et se jeta sur Dovakim, le Draenei pesta et riposta de son marteau en Saronite les claquements de métal retentissant avec force dans les ruelles, les éclats de foudre des coups de marteau succédant aux coups de hachoir enveloppés d’échardes de glace du monstre. Dovakim commença à perdre pied.
C’est alors que Varlenzh eu la bonne idée de lui taper sur la tête avec la caméra comme s’il s’agissait d’un marteau, assommant le monstre.

Le marteau en Saronite de Dovakim écrasa enfin pour de bon la tête de Bajan, la réduisant en purée, le Draenei reprit péniblement son souffle, son torse se soulevant au rythme de sa respiration rapide.

-Celui-là…devait être un ancien Chevalier de la mort pour être aussi résistant. Suivez-moi, on s’est réfugiés dans une église non loin de là.

Ils menèrent les deux journalistes dans une église en ruine de la vieille ville brumeuse, l’endroit avait été fortifié et barricadé et était tenu par d’anciens élèves, si certains possédaient des armes conventionnelles, d’autres possédaient des armes en saronite, la couleur de ce métal était changeante mais pas sa propriété qui était de rendre fou ceux exposés trop longtemps à son influence.

Rinnka bien sûr interviewa Dovakim.

-Comment ça je suis un Draenei ? Non je suis l’Enfant de Dragon, celui qui a vaincu Alduin, maîtrisé tous les arts du combat et de la magie de Bordeciel.

Visiblement le Draenei était déjà complètement fou, jamais Rinnka n’avait entendue parler de ce fameux « enfant de dragon ».

-Vous disiez que les monstres qui étaient d’anciens Chevaliers de la mort semblaient plus forts et plus résistants ?

Le Draenei secoua la tête et répondit à l’interview :

-C’est que l’on a d’abord pensé, mais c’est inexact. J’ignore pourquoi, mais tous les arts du combat et de la magie sont grandement affaiblis entre ces murs, contre un monstre, même les boules de feu d’un puissant archimage n’occasionnent que de faibles dégâts. Quand les monstres ont envahi le château, seuls les élèves qui étaient des Chevaliers de la Mort ont pu se dresser devant eux et les combattre avec efficacité, mais nous avons rapidement compris que ce n’était pas tant l’art du combat et la magie des runes des Chevaliers de la Mort qui était si efficace contre les monstres, que les armes en Saronite que nombre d’entre eux utilisent.

-Mais ce métal rend complètement fou ceux qui y sont exposés pourtant ? Contredit Rinnka.

Le Draenei hocha la tête, dans son cas c’était fait depuis longtemps.

-Les armes en saronite percent plus facilement la chair des monstres, les armures en saronite résistent mieux à leurs coups, quand on revêt de la saronite curieusement la magie est renforcée et retrouve son niveau de puissance originelle. Mais a vrai dire cela m’inquiète un peu. Car la saronite n’est pas du métal à proprement parler, vous n’ignorez pas qu’il s’agit en réalité…de sang. Le sang d’un Dieu Très Ancien.

Pendant ce temps entre les murs du château.
Fradth était mécontent.
C’est peu de le dire.

Son porto trafiqué était un échec monumental. Oui il augmentait l’intelligence et la mémoire du buveur. Mais l’effet n’était que temporaire et n’apportait aucun bénéfice au cerveau du sujet qui n’en devenait pas plus délicieux. En effet pour un mort-vivant, tous les cerveaux ne se valent pas et il est considéré que plus la proie était intelligente, meilleur sera son goût.
Mais on n’y pouvait rien, il devait maintenant fuir l’endroit, même si c’était impossible pour le moment, et effacer toutes les preuves de ses crimes en attendant.

Fradth son bâton de mage noir en main s’engagea dans les couloirs, il allait devoir récupérer de l’énergie avant d’entamer le carnage.

Le Démoniste regarda brièvement à droite et à gauche pour vérifier que personne ne le suivait, précaution guère utile, le château ayant déserté de toute vie en dehors des monstres. Puis il ouvrit une porte dérobée dans le panneau d’un mur donnant sur un sinistre couloir de pierre nue qui déboucha sur un laboratoire secret enfoui dans les tréfonds du château, il avait entreposé là l’essentiel de son matériel d’alchimie pour se livrer à ses expériences interdites, mais surtout il avait entreposé ici les cobayes de ses expériences. Plusieurs humains de la Croisade écarlate, hommes, femmes, mais également enfants étaient menottés à la chaîne contre le mur, ils se recroquevillèrent de terreur en voyant leur tortionnaire débarquer, les fanatiques avaient le corps perclus de brûlures au troisième degré les défigurant, ils avaient perdu toute velléité d’insulter le cruel mort-vivant qui alla à une table consulter ses notes de recherche :

-Première expérience : Injection du liquide céphalorachidien dans le porto puis distribution aux sujets. Résultat par rapport à l’échantillon-test, accroissement de la mémoire et des capacités de concentration, légère augmentation de la cognition. Goût du cerveau…dégueulasse, j’ai dû utiliser une de mes précieuses pierres de soin pour faire passer la fièvre, je n’en ai plus que deux. Seconde expérience, ingestion directe du liquide céphalorachidien purifié…

A ce moment-là une prêtresse écarlate couverte de blessures gémit :

-Ayez pitié…

Fradth tendit négligemment un doigt osseux vers l’écarlate et projeta un carreau de gangrefeu acéré qui la transperça sous la clavicûle non loin du cœur. Elle poussa un hurlement terrible alors que la plaie était aussitôt cautérisée par le gangrefeu.

-Silence pendant que je consulte mes notes le bétail. Je reprends, ingestion directe du liquide céphalorachidien purifié, hypercéphalie menant en moins de quinze minutes à l’explosion de la boîte crânienne du sujet. Ma curiosité scientifique et de gourmet ne fut pas suffisante pour me risquer à manger les restes. Troisième expérience inocûlation sous cutanée du liquide…

Les gémissements de l’écarlate diminuèrent petit à petit à intensité alors qu’elle agonisait, ce qui interrompit le démoniste, non pas qu’il éprouva la moindre petite parcelle de pitié si petite soit-elle envers la vermine humaine, mais il ne pouvait pas gaspiller des ressources précieuses.

Il tendit la main vers l’humaine alors que ses congénères étaient pâles de terreur et que les enfants se retenaient de toutes leurs forces de pleurer, elle remua faiblement dans ses chaînes en voyant la main de squelette tendue dans sa direction, elle protesta faiblement :

-Non…non…messire…

-Ah, maintenant que je suis le bourreau on me donne du messire ? C’est cocasse…

Avec un bruit de déchirure des rais de force vitale pure s’extirpèrent de force du corps de l’écarlate mourante qui retrouva la force de hurler alors que son âme sortait par sa bouche et ses yeux avec le reste de sa vie pour se concentrer dans la main du Démoniste, la jeunesse de ses traits s’effilocha comme une toile usée, ses traits vieillissant à l’accéléré, avant qu’il ne reste plus dans les liens qu’un squelette recouvert de peau parcheminée pendant dans les menottes. Le Démoniste referma sa poigne sur la force de vie volée à l’écarlate et eu un sourire pervers en sentant la force de vie brûler comme du bois pour alimenter le gangrefeu en lui. Les enfants fondirent enfin en pleurs bruyants, mais le Démoniste heureux de sa cruelle action se délecta de leur terreur et poussa un hurlement de joie mauvaise.

-Aaah…j’ai bien ri mais cela m’a distrait, troisième expérience…

Alors qu’il s’apprêtait à lire le compte rendu de sa troisième expérience il entendit un chuintement dans l’air. En hâte il brandit une main et créa un mince voile de magie noire défensive, et ce juste avant qu’un trait de flammes bleues ne s’abatte sur lui. Fradth gronda de rage et avant même de s’intéresser à qui était son adversaire il brandit son bâton vers le couloir secret d’où provenait l’attaque, et une tête de mort noire se forma rapidement dans la gueule de son bâton et jaillit dans un dégagement de fumée noire et opaque fondant sur l’adversaire qui esquiva d’un bond agile dans les airs l’explosion brutale et sèche du trait de l’ombre.

Fradth se retrouva alors face à une elfe de la nuit habillée d’une armure de cuir assombrie lui formant un manteau protecteur possédant un chapeau tricorne sur ses longs cheveux argentés, et deux yeux en amande pleins de colère se fixant dans ses yeux rouges.

-Cela faisait longtemps, monstre du Fléau.

Un pli moqueur se forma au coin de la bouche du Démoniste, révélant des dents cariées.

-Et à qui ai-je l’honneur ?

Avant d’avoir terminé sa question il levait à nouveau son bâton, les orbites du crâne de bois rougeoyèrent, puis le crâne ouvrit la gueule et projeta un torrent concentré de flammes virulentes.

-Remarque je m’en fiche.

L’elfe exécuta une sarabande dans les airs, de la lumière dorée s’amoncela entre ses doigts qui dansaient formant une sphère semblable à un petit soleil et elle la projeta à l’intérieur du sort d’incinération qui fondait sur elle et la boule d’énergie, plus petite mais concentrée traversa les flammes et emboutit le bras libre du mort-vivant avec une telle violence qu’elle le lui arracha, le sort de colère embrasant au passage le bras squelettique, Fradth gronda de rage suite à la perte de son bras, mais il n’éprouvait depuis longtemps aucune douleur physique.

-Tu n’as aucun souvenir des atrocités commises à Sombrivage par toi et tes compagnons alchimistes ? Combien de citoyens innocents avez-vous réduit en esclavage pour vos ignobles expériences. Je suis Kalendras Aubefeuille et je suis venue libérer les miens de ton joug monstre !

Le Démoniste réfléchit brièvement :

-Kalendras ? Non ça ne me dit rien, navré mais si je devais me souvenir de tous les cloportes que j’écrase sous mes bottes il faudrait me balader avec un dictionnaire pour m’y aider. En tout cas je reconnais que tu as bien choisie ton moment pour essayer d’attenter à ma non-vie, je n’ai plus d’énergie que pour un seul sort. Néanmoins il fera la différence.

Il tapa du pied de son bâton au sol, et aussitôt d’horribles créatures assaillirent l’elfe, des chauve-souris, des goules, d’affreux démons qui se jetaient sur elle, la chauve-souris s’entortillant dans ses cheveux, elle poussa un hurlement de terreur pure et irraisonnée en essayant de se défendre contre les monstres, mais du point de vue de Fradth elle était juste en train de se battre contre des ennemis invisibles, sujette à un sort de terreur.
Le Démoniste profita du désarroi de l’elfe pour se tourner vers ses prisonniers enchaînés contre le mur. Il se mit à exposer comme dans un cours magistral en marchant comme une ombre menaçante devant ses prisonniers tremblants de peur.

-Petite leçon de sorcellerie sur le tas mes chers amis. Voyez-vous il existe une différence majeure sur le fond entre Mages et Démonistes même si notre sorcellerie est proche de la leur dans les formes. Un mage ne stocke pas d’énergie dans son corps, il est tributaire de l’énergie arcanique dans l’air et dans les lignes telluriques sous ses pieds, la puissance d’un mage est fonction de sa capacité à utiliser ce mana ambiant et à l’attirer en lui. Pour un Démoniste c’est le contraire, il stocke de l’énergie gangrenée ou de la magie noire en lui par le biais de la ponction démoniaque pour la première, de rituels occultes pour la seconde. Présentement dans cette dimension de poche il m’est impossible d’ouvrir une faille vers le Néant Distordu pour recharger mon énergie, mais qu’à cela ne tienne, il y’a une deuxième solution pour nourrir le gangrefeu et vous êtes cette solution.
Les humains hurlèrent d’une même terreur et poussèrent des cris de supplication quand le sorcier maléfique leva une main qui s’illumina d’un vert malsain.
Kalendras assistant à ce spectacle hurla à son tour, elle essaya de se convaincre :

-Ils ne sont pas réels, ce n’est qu’un sort, ces monstres ne sont pas réels.
Et à force d’autopersuasion, elle parvint à vaincre le sort de peur qui la maintenait impuissante et elle se jeta sur le démoniste griffes en avant.

-NON !

Trop tard, dans une moisson infernale les humains, hommes, femmes et enfants malgré leurs larmes et leurs cris se changèrent en squelettes parcheminés alors que leurs vies allaient nourrir les pouvoirs de leur geôlier. Fradth avec un sourire démoniaque se tourna brutalement vers Kalendras, sa main intacte braquée vers l’elfe. Le vert passa au rouge et un surpuissant torrent de flammes en jaillit, cueillant l’elfe au vol. Fradth avec un rire sadique incendia une bonne partie de son laboratoire avant de couper la pression de ses flammes avec un chuintement bref. Il vit une traînée de sang fumant sur le parquet noirci par les flammes s’éloignant vers le tunnel obscur, le matériel et les bibliothèques sur le chemin du torrent de feu avaient été carbonisés, le démoniste pesta.

-Je l’ai touchée, mais elle a réussi à s’enfuir. Qu’à cela ne tienne. ESCOUADE DES NAINS DÉMONIAQUES ICI !!!

Aussitôt d’une porte dérobée surgirent les nains maléfiques qui servaient le sorcier :

-Frosthelm, présent !

-Alice présente !

-Baroux présent !
-Tireauflanc présent !

-Bloodedge présente !..Mais minute je suis pas une naine moi ? Fit remarquer la seule Gnomette du tas d’avortons maléfiques qui servaient le sorcier.

Fradth tituba avec rage vers une armoire à bocaux énormes contenant des organes il en fit tomber un au sol le brisant, et récupéra à l’intérieur ce qu’il semblait être un bras de rechange pour remplacer celui que Kalendras avait désintégré et il entreprit de le recoudre avec sa main libre et ses dents avec un complet à suture qu’il gardait en permanence sur lui.

-Retrouvez-moi cette elfe et fissa ! Je crois savoir pourquoi elle est ici, sauver le bétail humain ne l’intéressait probablement pas. Elle cherche la « source ». Allez mes minions, retrouvez là, et tuez-la !

Ordonna le Démoniste. Et aussitôt les Nains maléfiques, pétris de haine envers la gente elfique poussèrent un « hourra » retentissant devant cette tâche exaltante et ils filèrent sans demander leur reste arme au clair, sur les talons de l’elfe.

Revenons aux deux journalistes en pleine interview.

-C’était donc Dovakim, l’Enfant de Dragon et défenseur de Tamriel qui nous dit qu’on va tous mourir. Euuuh…dans combien de temps déjà ? Demanda la journaliste Sacrenuit.

Le Draenei hésita :

-Oh…ça peut être dans aujourd’hui comme dans un mois, on a quand même tenu trois semaines dans cet enfer, peut-être qu’on pourra tenir encore un peu.

C’est alors qu’un Elfe de sang en habits de travailleur et passant le balais dans la chapelle en ruine déclara :

-Ah ça m’étonnerait j’ai vu les monstres se radiner depuis le haut du clocher. Ils vont lancer une attaque de masse, on va tous mourir.

Rinnka plaqua son micro devant son nez.

-Merci pour cette information, monsieur ?

-Nightwing, j’suis le concierge, j’devais être prof d’histoire, mais apparemment le boulot a été prit par un gros nain moche. Et je tiens à mourir en faisant ce que j’aime avec ma Loadrena.

Il désigna son balai et se remit à balayer comme si nettoyer les lieux avait la moindre importance, vu qu’ils allaient tous mourir sous peu. Varlenzh éteignit la caméra et nerveusement tira sa patronne en imper rose bonbon par la manche.

-Euh patronne, z’avez entendue on f’rait mieux d’filer é vite !

-Attend j’essaye d’avoir le patron.

La Sacrenuit tendit sa main libre devant son oreille la refermant comme s’il s’agissait d’un téléphone et elle contacta son avide patron par télépathie, il y’eu un bruit de sonnerie et puis quelqu’un sembla décrocher à l’autre bout du fil.

-Garadan Greed, si z’avez un scoop je suis preneur, et si c’est les flics vous m’prendrez jamais vivant !

-Euh non patron, c’est moi Rinnka, on va tous mourir ici, les monstres affluent vers le bâtiment, on…euh…mon caméra’Orc voudrait interrompre le tournage.

Le troll à l’autre bout du fil hurla si fort que la coiffure d’argent scintillant de l’elfe vola sous les rafales de son :

-HORS DE QUESTION !!! TERMINEZ-MOI CE REPORTAGE OU VOUS ÊTES VIRÉ TOUS LES DEUX !!!

Et il raccrocha, laissant la une Sacrenuit en larmes et désemparée.

-Beuuh…mauvaise nouvelle Varlenzh, on continue.

L’Orc gronda :

-Ecoutez patronne, j’sé ke tous les Orcs qui ont filmé ‘vec vous sont morts. Comme Gruk, Muche, Brox, Brax et Mokr. Alors Varlenzh l’est plus dans l’coup, Varlenzh il prend une hache et il vous laisse là et avec vot dakka d’reportage.

Et il laissa tomber la lourde caméra dans les mains de la Sacrenuit, ai-je précisé qu’elle était très lourde, l’elfe finit au sol avec les bras écrasés sous la caméra et en larmes.

L’ex Caméra’Orc démissionnaire qui en avait marre d’être payé en cacahuètes et le charme de sa patronne ne suffisant plus à le retenir, prit une hache en Saronite dans une caisse et salua les chasseurs.

-Bye lé gro naz.

Et il s’enfuit par une porte de derrière.
Trente secondes plus tard les portes de la chapelle étaient brisées par une meute de monstres affamés…ou plutôt assoiffés de porto.

-ON VEUT DU PORTOOOO !!!
Et l’assaut commença entre les défenseurs et les monstres, le sang gicla par hectolitres et au milieu de la mêlée, la pauvre journaliste essayait de s’enfuir.

Avec beaucoup de peine Rinnka tint la caméra pour filmer son propre visage angoissé pendant qu’elle fuyait :

-Chers téléspectateurs, la situation est critique, votre reporter préférée est actuellement en danger de mort ! Rien ne pourrait être pire qu’un assaut des monstres !

Elle sortit de la chapelle au milieu du flot des monstres, c’est alors qu’au loin surgirent une troupe de cinq nabots au détour d’une ruelle. Frosthelm tendit un sabre runique d’un air victorieux droit vers les grosses miches de Rinnka :

-Là ! On a trouvé l’elfe qu’on doit buter ! A l’assaut les compagnons pour l’honneur des Nains !

-OUAAAIS ! Rugirent Alice, Tireauflanc et Baroux tout aussi remontés envers les elfes que Frosthelm.

-OUAAAIS ! Mais…je suis une Gnome, moi j’ai rien contre les elfes ! Déclara Bloodedge, la plus avortone des nabots.

Et ils se jetèrent dans la mêlée droit vers Rinnka. Frosthelm et Alice en tête découpant les monstres de leurs lames runiques, Bloodedge sur les talons, criant « Laissez-les moi ! Laissez-les moi ! »

Tireauflanc ajusta son fusil et s’écria :

-Tiens la lapine ! Ça c’est pour tous les honnêtes nains bossant pour Nessingwary harcelés par les longues-oreilles de la SDPA !

BANG !

Rinnka baissa la tête en catastrophe et un enragé monstrueux qui s’était approché discrètement derrière l’elfe pour l’éventrer eu la tête explosée par la balle. Le nain pesta, raté ! Et en plus il avait sauvé la vie d’une elfe, la honte !

Et enfin Baroux, très peu concerné par la baston pillait les cadavres en ricanant, voleur un jour, voleur toujours.

Rinnka tourna les talons et la pauvre journaliste s’enfuit bras en l’air, tenant la lourde caméra à bout de bras comme si elle ne pesait rien, talonnée par des monstres, mais aussi par l’escouade des Nains maléfiques qui s’étaient trompés de cible.

-Ausecouuuuuurs !!! A l’aide SuperTroll !!!

De son côté Kalendra s’était enfuie de la colère du Démoniste, elle titubait dans une ruelle heureusement déserte, elle entendait le vacarme des monstres dans la ville, mais ils semblaient assez loin. Son bras droit et tout le côté droit de son corps était brûlé au troisième degré, son manteau de cuir n’avait pas résisté une seconde aux flammes, la peau avait prise une teinte marron horrible à voir et un de ses yeux avait fondu, la douleur était extrême, mais elle ne pouvait pas lâcher, pas maintenant, elle devait survivre.

Ses jambes faiblirent sous elle et elle s’étala dans la rue de tout son long son corps n’étant plus qu’une grande douleur.

Pourquoi avait-elle fait tout ça ? Il aurait été si simple d’oublier, de passer à autre chose. Mais c’était impossible.

Elle se rappela où tout avait débuté, dans un petit village Kaldoreï de Sombrivage, le front d’Orneval était assez loin, elle avait toujours vécu avec ses parents et sa petite sœur une vie paisible, elle n’était même pas formée pour la guerre à l’époque, ni elle ni personne dans son village a part les deux Sentinelles affectées.

Puis la Horde était venue, de nombreux villages étaient tombés sous la hache et le désir des Orcs, la Horde dans toute sa barbarie avait déchaînée toute sa force sur des innocents incapables de se battre. Mais les pires de tous avaient été les Réprouvés. Ils avaient pris le contrôle du village en moins de dix minutes, les deux Sentinelles de garde n’avaient pas la moindre chance, au moins les Orcs barbares tuaient simplement leurs victimes, une mort rapide. Mais les morts-vivants, menés par des alchimistes de la Société Royale des apothicaires avaient été bien plus cruels, ils avaient établi un périmètre d’expérimentation autour du village et avaient commencé à empoisonner les habitants avec leurs dernières concoctions pour les voir agoniser dans d’atroces souffrances. Tremblants de peur, son père, sa mère, sa sœur et elle-même n’avaient pas pu se dérober. Elle avait vue de ses yeux son père mourir carbonisé quand ils lui avaient injecté un virus produisant une chaleur terrible, déclenchant une combustion spontanée, sa mère s’était vue inoculée une variante du choléra qui l’avait laissée pâle et agonisante dans ses propres déjections, morte de déshydratation, puis son tour était venu. Mais sa petite sœur s’était interposée entre elle et l’alchimiste qui pratiquait ses expériences ignobles. Il avait assommé l’enfant d’une gifle violente et pour l’empêcher elle de bouger il lui avait tiré une Gangreflamme au-dessus du cœur, c’était sa manière préférée d’immobiliser une victime.
Elle revoyait encore son visage gris et percé dans ses cauchemars.

Fradth Thadeus Cœur-Froid.

L’Alliance était intervenue juste à temps et le village allait être reprit d’une seconde à l’autre, les Réprouvés reçurent l’ordre de repli. Alors le Démoniste avait prit sa sœur comme un bagage sous le bras et s’était retiré tout simplement, Kalendra avait rampée hors du village à sa suite, essayant vainement de le rattraper, mais le Démoniste s’était retourné.
Il ne devait pas laisser de preuves de son crime.

Un claquement de doigt.

C’est tout ce qu’il avait suffi pour que son village ne soit réduit en cendres d’une colonne de flammes. Alors que Kalendra perdait connaissance une deuxième colonne de flammes, bien plus importante s’élevait à quelques kilomètres en mer.

Teldrassil.

Kalendra sortit de sa rêverie morbide. La douleur de son côté brûlait la jetait à deux doigts de l’inconscience. Si seulement elle n’avait pas poursuivie sa vengeance, elle ne serait pas là, à sentir les griffes infâmes du Geôlier se rapprocher de son âme. Tout ce qu’elle désirait, c’était abandonner, se laisser aller aux ténèbres.

En dehors de l’impasse un groupe de monstres enragés, recherchant des victimes à égorger et du porto défilèrent en grognant. L’un d’eux s’arrêta et déclara d’une voix féminine étonnement gentille et naïve :

-Je vous rejoins les gars, si je trouve du porto je vous le ramène !

-Ouais…

-Ouais…

-Ouais…

Grognèrent les monstres et Kalendra horrifiée vit la silhouette hirsute vêtue de haillons d’un monstre s’approcher d’elle. Quand le monstre fut à moins de deux mètres d’elle, l’elfe de la nuit fit de son mieux pour ramper hors de sa portée, mais la créature hideuse s’agenouilla et souleva les haillons sales qu’elle avait sur le visage, révélant malgré un maquillage monstrueux le visage doux de Sinnka.

-Salisalut chérie. Chttt…calme toi je ne suis pas un monstre. Je fais juste semblant, c’est dingue comme la mode du moment est bizarre.

L’elfe de sang, au moins aussi blonde que Cariss leva ses deux mains et les apposa avec précaution sur la portion de chair brûlée de l’elfe de la nuit et elle pria doucement.

-Ô mère Lune, répandant ta lumière sacrée au cœur du crépuscule, j’invoque ta face la plus claire, accorde guérison à ton enfant perdue dans les ténèbres.

Les mains de l’elfe de sang se nimbèrent de magie curatrice couleur argentée, aussitôt Kalendra sentit la douleur refluer, puis disparaître comme une onde de fraîcheur alors que ses blessures se refermaient et que sa peau redevenait lisse et violette, elle sentit son globe oculaire détruit se reformer et sa paupière fondue reprendre son apparence, elle rouvrit l’œil droit, recouvrant sa vue pleine et entière, elle s’adossa péniblement à un tonneau.

-Merci sœur Sin’Doreï, j’étais à deux doigts de mourir.

Kalendra reprit son souffle.

-Qu’est ce que vous faisiez…avec ces monstres ?

Sinnka mit un peu de temps à répondre. Puis elle désigna son maquilla lui donnant un teint pâle et de fausses cicatrices, ses haillons et sa fausse tignasse hirsute en fourrure.

-Des monstres ? Ah oui les copains ! Ils sont plutôt agressifs, mais si on se met à la mode comme eux et qu’on fait comme eux, ils ne vous font rien de mal et sont même plutôt sympa.

Dans ce cauchemar éveillé, dans cette nuit éternelle, alors que tous dans cette ville étaient en proie à la peur, au manque, à la faim et à la folie, Sinnka avait su rester calme et joviale et survivre de surcroît sans mal, c’était un petit exploit en soi. Ce qui tira un sourire de l’elfe de la nuit découragée.

-Je vous envie cette sérénité ma sœur. Comment avez-vous fait ? Vous êtes Bien-née, le royaume de Quel Thalas a été presque détruit par le Fléau mort-vivant. Pardonnez-moi cette question indiscrète, mais comment faites-vous pour être…comme ça ?

Sinnka eu ce qui était rare pour elle, un petit sourire mélancolique.

-Garder la foi. Et savoir chérir les miracles quand ils se produisent, c’est ce que m’a enseigné quelqu’un de très important pour moi que jamais je n’aurais espéré revoir un jour, mais qui est néanmoins revenu vers moi.

Kalendra poussa un soupir alors qu’elle plongeait lentement dans un sommeil imprudent mais réparateur.

-Alors vous pensez que je pourrais retrouver ma petite sœur ?

L’elfe de sang haussa les épaules avec un grand sourire.

-Pourquoi pas ? Les voies d’Elune sont impénétrables.

Kalendra sourit à son tour.

-Elle aurait dû devenir prêtresse d’Elune elle aussi…

Et elle s’endormit contre le tonneau. Sinnka déchira un morceau de tissu de son costume et s’en servit pour camoufler l’elfe de la nuit avant de prendre congé.

-Je retourne avec les copains, bonne chance dans ta quête chérie.

Varlenzh s’était enfui, il avait fait la ruse et ça c’était lâche, Gork, ou peut-être Mork y z’allaient pas être contents, un Orc normalement ne fuit pas le danger.

Mais équipé d’une hache il se sentait un peu plus confiant, d’autant plus que la hache en Saronite faisait des merveilles, les monstres avaient beau être forts, la hache les tranchait en deux avec efficacité, sur son chemin vers le château ou il savait au moins trouver la porte d’entrée du cauchemar il avait occis des dizaines de monstres et ses bras fatiguaient.
S’était une sensation si exaltante, d’être libéré du joug de cette caméra, de ce patron avare et ignoble, de sa stupide partenaire…qui avait un fort joli cûl il faut avouer, ça il le regretterait.

Varlenzh avait oublié que la sortie du château était barrée par une espèce de maléfice qui empêchait ceux voulant sortir d’approcher de trop près la porte, comme si la réalité se tordait pour faire rebrousser chemin à celui qui se dirigerait droit vers la porte.

Puis soudain au détour d’une ruelle il entendit un cri qui se rapprochait.
Un cri qu’il reconnaître entre mille.

-Oh noooon….Fit l’Orc.

Du détour d’une ruelle surgit Rinnka dans son imper rose, la Sacrenuit fuyant une horde de nains enragés qui hurlaient à l’unisson « Revient ici longues-oreilles on va juste te faire la peau ! »

La Sacrenuit en arrivant sur lui, lui jeta la caméra dans les bras, faisant à nouveau de Varlenzh un Caméra’Orc.

-Vite grouille toi ! Ces nains sont méchants !

Et par automatisme et honteux il suivit sa patronne qui le micro aux lèvres continuait le reportage.

-La situation s’est encore dégradée ! Me voilà maintenant poursuivie par une bande d’affreux nains, les pires créatures d’Azeroth. Ce château hanté est vraiment ignoble ! Mais nous ignorons toujours par quel miracle sombre cet endroit a été maudit même si on suspecte l’intervention de quelque divinité malveillante.

C’est alors que défonçant un mur, surgit un enragé colossal, il avait été un Orc autrefois, cela pouvait se voir à sa peau verte, il était grand, au moins quatre mètres de haut et devait bien peser deux tonnes de muscles fulminant, son visage n’était qu’une gueule pleine de crocs bien trop longs et désordonnés par rapport à la petitesse de ses yeux rouges et malveillants placés sous un front court et fuyant. Il hurla à la lune :

-SARGRIM VOULOIR PORTOOOOO !!!

Rinnka glissa avec agilité sous les jambes de l’Orc monstrueux et Varlenzh le contourna, échappant de peu à un battoir gros comme son thorax, heureusement Sargrim était devenu très lent en étant monstrifié, sa grande taille s’accompagnant d’une certaine lenteur de réaction qu’il n’avait pas autrefois. Les Nains chargèrent néanmoins, Frosthelm en tête de file.

-La cible nous échappe ! Vite, c’est pas monstre à peau verte qui va nous barrer la route ! YAAARGHH !!!

Le coup de poing monstrueux de Sargrim écrabouilla le gros pif d’alcoolique du nain à barbe bleue et le catapulta en arrière contre un mur qu’il enfonça profondément, Frosthelm groggy, le visage de travers et les dents cassée leva un doigt…

-Euh…et si on lui demandait poliment le passage en fait ?

Alice son marteau de guerre a la main esquiva plusieurs moulinets féroces de l’Orc monstrueux, la naine se glissa derrière Sargrim et avec habileté abattit son marteau derrière son genou, le force à mettre un genou à terre malgré sa taille immense, l’Orc colossal se protégea le visage des doigts tandis que Tireauflanc le mitraillait à distance d’une grêle de balles qui s’enfonçait dans la peau verte avant de rebondir comme si elle était élastique. Le chasseur Nain finit par tomber à court de munitions.

-Ça ne sert à rien, il est insensible aux balles. Baroux va lui donner des coups de dague.

Mais le voleur Nain s’était planqué dans un tonneau, il en fit surgir un doigt mouillé avec une forte odeur d’alcool, et non ce n’était pas du porto, il avait réussi à trouver un tonneau de bière intacte.

-Hic…chertainement pas ! Je suis très bien planqué ici !

Bloodedge soupira elle inspira une grande goulée d’air.

-Hey le monstre !

Sargrim qui essayait d’attraper Alice qui le lardait de coups de marteau inefficaces tourna sa grosse tête de monstre vers la Gnomette dix fois plus petite que lui.

-Oué koi ?

-Rafale Hurlante !

La Gnomette en armure d’Achérus décocha un souffle de vent gelé fin mais surconcentré au visage de l’Orc, figeant toute sa tête dans un bloc de glace. Elle réitéra l’exploit en visant son bras, chaque trait de froid et d’échardes de gel acéré étant si puissant qu’ils arrivaient à faire marquer un peu de recul à l’Orc monstrifié à chaque fois. Mais Sargrim avec un mouvement d’humeur se cogna de son poing de glace sur son visage gelé, brisant la glace, puis d’un geste vif, parvint à choper la Gnome.

-Hé hé…kasse-kroût…Déclara t’il la bave aux lèvres en tenant la Gnome dans son poing fermé, la rapprochant de ses crocs. Bloodedge pâlit.

-Ah non mais qu’est ce qu’ils ont tous à vouloir me mang…

Glom. L’Orc la jeta dans sa gueule grande ouverte et l’avala tout rond avec armure sans mâcher, sa gorge gonflant sous la descente du casse-croûte en armure, un instant les nains horrifiés s’immobilisèrent.

Puis Sargrim devint encore plus vert.
-Oumpf…moi pas me sentir bien…BROOOOOOTTT !

Et il rôta si fort qu’en plus du vent il catapulta hors de son estomac un squelette de Gnome enveloppé dans une armure avec assez de force pour assommer Tireauflanc sous la masse de ce qui avait été trente secondes plus tôt Bloodedge.

Alice se cramoisi de rage :

-Alors ça tu vas le payer peau-verte !

Elle leva son marteau, mais cette fois ci, Sargrim l’intercepta, puis il saisit la Naine par les pieds, et avec de grands gestes des bras, utilisant la Naine comme un sac à secouer, la fracassa à plusieurs reprises en de grands mouvements contre les pavés de la cité, sonnant l’affreuse naine.

L’Orc rugit à nouveau sa colère à la lune après avoir défait ses adversaires.
C’est alors qu’un bruit lourd retentit derrière lui.

Une énorme armure mécanisée de déchiqueteur de Baille-Fond couleur rouge et or venait de se poser derrière lui, ses réacteurs pulsant avec puissance et aux commandes c’était Tony Shark qui pilotait l’engin.

-Comme on se retrouve Sargrim mon vieux copain. J’ai rien contre toi, mais tu es sur le chemin de la sortie de cette ville pourrie et j’entends bien m’en sortir. Allez, Superdéchiqueteurdemonstres mark I en avant !

Et un combat de titans s’engagea entre l’armure mécanisée de Tony Shark et Sargrim monstrifié. L’Orc avait une puissance colossale, mais les poings d’acier du Super déchiqueteur parvenaient à rivaliser avec sa force.

Pendant ce temps Varlenzh et Rinnka étaient parvenus à un canal immense, sur plusieurs étages qui semblait s’enfoncer dans les profondeurs de la ville.

-Après plusieurs minute de fuite, mon Caméra’Orc et moi-même sommes tombés sur ce grand aqueduc qui a l’air de plonger loin dans les profondeurs de la ville, et si je ne m’abuse au fond de ce canal il y’a….

La Sacrenuit frissonna.

-Un tentacule immense, qui semble surgir d’une sorte d’Arcavia, vous le voyez remuer dans les profondeurs ?

Varlenzh qui filmait à nouveau avec désespoir espéra que sa patronne ne proposerait pas d’aller mener l’enquête dans cet égout, heureusement sa chipie de patronne n’était pas spécialement courageuse.

-La présence de cet élément nouveau au milieu de cette cité maudite et mystérieuse veut probablement dire…qu’il n’y a rien d’intéressant dans les égouts et que pour la sécurité du casting il est temps pour nous de trouver la sort….ATTENTION VARLENZH !!! S’écria soudain Rinnka.

Le Caméra’Orc se retourna, et beugla de terreur, car Sargrim chargeait droit vers eux en poussant l’armure rouge et or de Tony Shark avec tellement de force que les solerets d’acier de l’armure mécanisée creusaient les pavés de la ville sous la puissance de la bourrade.
Les deux belligérants heurtèrent la rambarde qui se dressait entre la rue et le canal avec tellement de violence qu’ils défoncèrent la rambarde, ils chutèrent dans le vide, la journaliste et son Caméra’Orc criant de terreur plaqués contre le cockpit de l’armure de Shark qui les avait emportés dans leur chute au passage.

Une chute apparemment sans fond.

Et enfin revenons à Fradth.

Le Démoniste était en train de marcher dans un long tunnel de chair morbide, ses souliers de mage noir se salissant dans le sang répandu alors qu’il marchait sur les langues qui tapissaient le sol, le Démoniste s’éclairant à l’aide d’une flamme qui brûlait les orbites du crâne de son bâton.

Il arriva au niveau de la fontaine représentant un monstre à sept têtes qui crachaient du liquide clair que Frosthelm et Bloodedge étaient venus prélever régulièrement.

-Un sceau pour retenir l’esprit, une source pour ponctionner le corps masqué derrière un voile d’irréalité.

Il ausculta du regard ce tunnel de chair qui semblait être sorti droit des cauchemars d’un peintre cinglé, une altération de la réalité. La fontaine pas plus que ce tunnel n’existaient vraiment, du moins ce n’était pas leur véritable forme. Fradth retroussa ses manches :

-Arracher la source à sa « greffe » ne sera pas chose aisée, mais je ne peux pas laisser une si bonne source de matériel occulte se perdre.

Il se concentra à fond. Lentement ses mains pulsèrent de magie noire. Les murs de chair semblèrent se gondoler.

-Vous n’êtes pas réels…

Fradth accentua avec effort la pression de sa magie noire sur celle qui imprégnait déjà les lieux, distordant la réalité. Les murs regimbèrent, comme animés d’une volonté propre qui résistait à celle du Démoniste.

-VOUS N’ÊTES PAS RÉELS !!!

Il donna un coup de bride à son pouvoir, et comme un ballon crevé, le paysage sinistre disparut pour en révéler un tout autre.

Il se tenait à présent dans une cathédrale gigantesque au fond des égouts au fond d’un puit immense.

Une gigantesque créature d’où émergeait des dizaines de tentacules immenses d’une couleur olivâtre à vomir reposait au centre de la cathédrale à la croisée des chemins d’eau, chaque tentacule immense s’enfonçait dans l’un des tunnels d’égouts parcourant toute la ville.
Mais à la base de cet énorme tas de chair poulpesque se tenait une tâche de blancheur dans un océan de noirceur.
Une enfant Kaldoreï en tunique blanche dont le dos et les bras semblaient avoir fusionné avec l’immense tas de chair maudit, des dizaines de tuyaux étaient plantés dans sa chair et répandaient dans les canaux non pas de l’eau, mais un liquide translucide.

Fradth sourit en voyant son échantillon le plus précieux sous ses yeux, cachés sous le château et qui rêvaient ce cauchemar qu’était Ny’Arhnam.
La source et sa greffe.

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La dernière partie arrive, désolé ça m’a prit un peu de temps.

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Partie 3 : La Fuite

Lorsque Kalendras se réveilla quelques heures plus tard elle était pleinement reposée, alerte et guérie grâce aux soins de la prêtresse qui se faisait passer pour un monstre. La Kaldoreï s’engagea prudemment dans les rues de la ville maudite utilisant ses talents naturels pour la furtivité pour slalomer entre les bandes de monstres.

Néanmoins elle n’était pas du tout sortie d’affaire. Elle s’était attaquée à Fradth dans un moment où il était affaibli, à court d’énergie et il l’avait malgré cela complètement dominée même si elle avait pu le blesser. Il y’a trois ans en arrière elle n’était pas combattante et suite à la destruction de son village elle était entrée en apprentissage auprès des maîtres Druides survivants de Teldrassil, elle s’était concentrée au maximum sur les sorts de guerre, délaissant de nombreux aspects civils de l’art du Druidisme comme faire pousser les récoltes ou lire l’avenir dans les étoiles. Mais même ainsi c’était un temps beaucoup trop court pour faire face à un sorcier de guerre expérimenté, il lui aurait fallu au moins dix années de plus pour constituer une menace pour le Démoniste. L’avoir par la brutalité était exclu, elle allait devoir ruser. Elle s’était informée sur son ennemi durant l’année où elle l’avait traqué. Fradth avait toutes les qualités d’un sorcier de guerre, il était travailleur, rusé, puissant, tacticien, méfiant. Mais il avait aussi de très nombreux défauts. Il était avare, impatient, colérique, égoïste, incapable de se contrôler, comme de nombreux démonistes il était imbu de sa personne, mais son pire point faible reposait probablement dans ses serviteurs.
Fradth avait tendance à s’entourer de serviteurs Nains passablement incompétents et alcooliques qui le poussaient à bout.

-Baroux était rusé mais lâche. Donc il l’envoyait pour les missions de récolte et d’espionnage principalement. Apparemment il l’avait réduit en esclavage quand le Nain avait essayé de voler son trésor personnel.

-Alice était disciplinée mais affreusement têtue, il lui reléguait le travail administratif de son mausolée. C’était la seule qu’il avait engagée en lui faisant signer un contrat en bonne et due forme…et qui était payée avec autre chose que du porto de Puperllyveros, de l’argent sonnant et trébuchant.

-Frosthelm était bon combattant, mais sans arrêt sous l’emprise de l’alcool, il lui refilait les travaux de force et les missions d’assassinat.

-Et Tireauflanc allait tuer les animaux pour prélever les composants alchimiques recherchés par Fradth. Le Démoniste avait surpris le braconnier en train de piller discrètement les terres autour du château.

-Quant à Bloodedge ? Fradth lui-même ne savait pas trop pourquoi ni comment elle s’était retrouvée à son service.

Cette bande de nabots ne coopéraient pas du tout bien ensemble et avaient tendance à rater toutes leurs missions à partir du moment où ils ne bossaient pas en solo. Si elle parvenait à les réunir tous au même endroit que Fradth et à se débrouiller pour qu’ils énervent un maximum le Démoniste, il dévoilerait tellement de failles en s’énervant qu’elle pourrait porter le coup de grâce.

Mais il fallait commencer par les retrouver.
Kalendras changea son nez en truffe de félin et s’en servit pour humer l’air. Elle fronça ses longs sourcils avec dégoût, ouais, l’odeur d’alcool fort, de crasse et d’entêtement, les Nains n’étaient pas loin.

Elle alla les retrouver dans une place où visiblement une bagarre avait eu lieu…et les bras cassés de nabots n’étaient pas sortis vainqueurs. Kalendras étudia les dégâts du regard, les Nains semblaient avoir eu affaire à une force brute extraordinaire qui les avait salement brutalisés. Frosthelm était encastré dans un mur défoncé par sa masse et il semblait groggy. Alice le visage en miettes reposait dans un cratère à côté de la fontaine, un second cratère à proximité et ses jambes cassées témoignant que la créature l’avait projetée d’un côté à l’autre sur les pavés comme si on essayait de casser un hochet pour bébé par terre. Tireauflanc était tout simplement assommé sous une armure vide contenant un squelette de Gnome, et enfin Baroux ronflait paisiblement contre un tonneau de bière d’un air satisfait, soufflant des bulles d’alcool de temps à autre.

Elle commença par Alice, elle apposa les mains au-dessus de son corps se concentra, et dans une brume émeraude de magie guérisseuse elle lui rendit ses forces, dissipant son malaise, réparant ses muscles et ses os. La naine papillonna des yeux, puis eu un cri de dégoût :

-Argh ! Ne m’approche pas longues-oreilles !

Kalendras tout en allant soigner Frosthelm encastré dans le mur répondit avec ironie :

-Et bien quelle gratitude, dites moi qu’est-ce que vous étiez en train de faire ?

La naine se releva en s’appuyant sur son marteau de guerre en tremblant.

-On pourchassait une elfe sur ordre de monsieur Cœur-Froid pour lui faire la peau.

Kalendras sursauta, elle n’avait pas entendu l’ordre que Fradth avait jeté aux nains après leur court affrontement donc elle n’était pas au courant, mais elle rusa :

-Et cette elfe ce n’était pas moi j’espère ? Demanda t’elle.
Alice réfléchit soigneusement puis répondit :

-Euuuhhh…

Mais c’est Froshtelm qui répondit :

-Nan, nous c’est une Sacrenuit journaliste en ridicule imper rose bonbon qu’on pourchassait et elle courait vite cette idiote en lançant de ces piaillements énervants grrr ! Et elle était du Garadan Times ! Fradth déteste le Garadan Times ! Une fois ce maudit journal a dit qu’il était responsable de l’épandage d’une souche de virus à couronne dans les Tarides, une maladie dangereuse uniquement pour les vieillards, et il y’a presque pas de vieillards dans la Horde, résultat Fradth a été temporairement radié de la Société Royale, une maladie aussi nulle c’était une vraie honte !

Ouf, merci à ce nain alcoolique le groupe de nabots était en train de croire qu’elle n’était pas leur ennemie, maintenant elle devait se débrouiller pour les amener à Fradth.

-Si vraiment cette journaliste est ici, c’est probablement pour relater tout ce qu’il s’est passé ici, comment cet endroit a fini par devenir hanté, et elle voudra probablement interviewer le responsable de tout cela, c’est-à-dire Fradth. Nous devrions peut-être le retrouver et vite, avant que la journaliste ne l’importune.

Tireauflanc qui se réveillait tout juste tripota la crosse de son fusil d’un air méfiant :

-Hey minute, t’es qui toi pour nous donner des ordres la bouffeuse de salades ?

Kalendras inventa un mensonge :

-Je suis l’une des recrues qui travaillent pour le Démoniste, Kalendras Aubefeuille, j’ai été engagée pour assurer la sécurité des élèves sur le campus.

Tireauflanc réfléchit, toujours suspicieux, puis voyant que Baroux ronflait toujours d’un sommeil éthylique il réveilla son comparse bourré d’un coup de pied dans le derrière :

-Allez debout bois sans soif ! T’as déjà bien mêrdé avec ta lâcheté contre ce monstre.

-Quoi ? J’ai pas le droit de boire une petite bière en plein combat ? Protesta Baroux en se tenant sa tête migraineuse après toute la bière qu’il avait engloutie et n’appréciant pas de se faire engueuler avec la gueule de bois qu’il tenait.

Les Nains se concertèrent.

-D’après vous on devrait retourner auprès du patron ?

-Ben oui, on trouvera la journaliste sur le chemin !

-Moi j’aime pas ça, imaginez qu’on revienne sans la tête de l’elfe, Fradth nous fera la tête au carré !

-Il va nous cramer nos barbes !

-Moi je m’en fiche j’ai pas de barbe !

Finalement les quatre nains maléfiques se tournèrent vers Kalendras et firent un signe de tête vers le château.

-Allez suis nous la nouvelle, on va retrouver le boss.

Kalendras dissimula un sourire victorieux ; Fradth allait être très en colère que les Nains reviennent sans leur proie, et pendant qu’il serait au sommet de sa fureur, elle savait qu’il serait le plus vulnérable contre une attaque, le moment idéal pour exécuter ce bourreau.

Où était la fameuse journaliste pendant ce temps ?

Elle chutait dans le vide avec son Caméra’Orc Varlenzh plaquée sur le cockpit d’un déchiqueteur Gobelin rouge et or aux prises avec un énorme Orc monstrifié tout vert. Ils chutaient dans un canal traversé de plusieurs passerelles et d’étages comme si la ville de Ny’Arhnam était construite sur plusieurs étages. Néanmoins ils allaient mourir au fond du puits écrabouillés au sol.

Néanmoins ils atterrirent sur un matériel caoutchouteux qui au lieu de les écrabouiller les fit rebondir et atterrir au sol sans le moindre dommage. Ils étaient tombé sur un immense tentacule de chair qui se rétracta comme si la chute des intrus lui avait mal, libérant un immense tunnel d’égout suintant de liquide.

Aussitôt qu’ils se furent rétablis sur leurs pieds, Tony Shark dans son armure, Sargrim avec ses propres muscles qu’ils s’apprêtaient à se jeter à nouveau à la gueule l’un de l’autre, grognant et se montrant les crocs, l’Orc monstrueux appuyant sa grosse tête contre le cockpit du déchiqueteur augmenté de Tony.

Rinnka protesta en se relevant dans l’eau sale :

-Hey ! Mon imper il est tout sale ! Je ne suis plus filmable comme ça !

Elle se tourna vers les deux belligérants et l’elfe furieuse tendit deux mains et parvint à pincer avec force l’oreille de l’Orc et du Gobelin en même temps. Ils pâlirent tous les deux et gémirent de douleur, à la merci de la Sacrenuit :

-AÏE AÏE AÏE !!! Arrêtez m’dame ! Ça fait mal !

-OUIIILLLEEE !!! Pas pincer n’oreille de Sargrim ! OUILLLE !!!

-Vous allez arrêter vos bêtises immédiatement ! Vous avez ruiné mon imper avec vos conneries ! Est-ce que vos mamans vous ont inculqué de souiller toutes les jeunes filles de bonne famille qui passent !

Tony essaya de se défendre pitoyablement.

-On vous jure qu’on n’a pas fait attention m’dame, c’est Sargrim, il voulait se battre alors AAAAAIIIEEE !!! Il hurla quand la Sacrenuit lui tordit l’oreille encore plus fort.

-On ne se bat pas entre amis !

L’Orc se marre de la déconfiture du Gobelin, puis il glapit de douleur alors que Rinnka augmentait sa prise sur son oreille.

-AOUIILLLEEE !!! Pitié mamzelle !

-Vous êtes amis ? Et bien faites la paix immédiatement ! Ordonna la Sacrenuit.

Sargrim tendit son gros doigt vers de monstre vers Tony.

-Avec ce Gobo ? Jamé….

-Avec cette brute ? Jamais !

Mais une petite lueur de terreur passa dans ses petits yeux porcins une seconde avant qu’il ne crie au martyre, de même que Tony quand la Sacrenuit furieuse les tortura derechef. Finalement elle les relâcha et tendit un index autoritaire vers eux :

-Faites la paix !

-Beuuh…

Le Gobelin et l’Orc boudèrent, croisant les bras.

-De suite ! Ordonna Rinnka.

Alors mollement et sans trop y croire Sargrim secoua la main du déchiqueteur de Tony, concluant une paix éphémère.

-Bien.

Rinnka se tourna vers Varlenzh, qui pour une fois éprouva du respect envers sa tyrannique patronne férue de mode.

-Bon, la caméra a tenu le coup ?

-Euh…ouais, ouais…hélas, elle a tenu le coup.

-Alors filme.

La caméra se ralluma :

-Pardonnez notre équipe pour cette coupe publicitaire, les Bananes de Tel’Abim, les fruits qui vous donnent une bonne mine. Nous nous retrouvons ici au milieu des égouts sous Ny’Arhnam ou se terre une sinistre créature aux tentacules de poulpe gigantesques. Mon caméra’Orc et moi-même allons nous aventurer dans ces tunnels à la recherche d’indices sur le secret de cette ville maudite.

Et elle avança dans l’égout avec Varlenzh. Sargrim et Tony se regardèrent, puis ils coururent après la journaliste et son caméra’Orc.

-Attendez nous m’dame !

-Nous laissez pas tous seuls !

Le tunnel dans lequel ils s’engagèrent avait les murs couverts de glyphes et de représentations picturales. Tony Shark dans son armure déclara :

-Je n’ai jamais vu cette écriture, on dirait une langue morte.

Rinnka s’insurgea.

-Une langue morte ? Elle n’a que 12 000 ans je l’ai apprise à l’école en primaire, c’est du Nerubi la langue des Nerubiens.

A part les Sacrenuits combien de races originaires d’Azeroth vivent assez longtemps pour considérer la langue des races insectoïdes comme une langue actuelle ?

Varlenzh orienta la caméra vers les glyphes, nombre d’entre eux représentant des tentacules.

-Il est dit que cet endroit est un « lieu de repos » une chambre entre les dimensions utilisées par un « Très Ancien » pour que son esprit et son âme sommeillent loin d’Azeroth où leur chair est enfermée.

Tony qui était le seul à peu près au courant de l’histoire des conflits récents demanda :

-Euh une seconde…est ce que ces fameux « lieux de repos » ne s’appelleraient pas par hasard Ny’Arhnam ou Ny’Alotha ?

La journaliste sourit au Gobelin.

-Entre autres pourquoi ?

Tony déjà pâle devant blanc.

-On est tous morts. J’ai compris ce qu’est cette ville ! Ce cauchemar ! Ce fameux lieu de repos, c’est la dimension d’un Dieu Très Ancien !!!

L’immense tas de tentacules sembla se dérouler et une masse sombre surplomba la silhouette du Démoniste, de multiples visages, de multiples gueules faisant visages, un faciès de folie, un traumatisme pour tous les soldats ayant combattu à Ulduar il y’a plusieurs années.
Le faciès sans cesse changeant, comme irréel d’un Dieu Très Ancien.

Yogg Saron.

Sa voix démente résonna, semblant n’être qu’un écho lointain d’un millier de voix entremêlées chacune ajoutant une nuance différente, mais cruciale aux mots de l’être plus ancien que le temps.

-Nulle folie n’échappe à mes regards, déchet, cadavre ambulant. Ton arrogance de mortel sera punie ! Nul ne peut séquestrer un DIEU !!!

Un tentacule fut projeté sur le Démoniste avec une puissance d’apparence extraordinaire, mais avec une lenteur qui témoignait en réalité d’un grand état de faiblesse, Fradth leva simplement la main et en projeta une boule de gangrefeu explosive, une version affaiblie mais rapide du Trait du Chaos et la boule de gangreflammes ardentes provoqua une puissante explosion qui découpa l’énorme tentacule, répandant du sang vert pâle dans toute la salle.

-Oh pitié Yoggy, arrête un peu ton char, tu as été vaincu il y’a six ans de cela à Ulduar et même alors les chaînes des Titans t’affaiblissaient suffisamment pour que vingt-cinq abrutis à moitié bourrés et avec un stuff pourri puissent t’achever. Dans ton état de faiblesse actuelle tu n’es qu’une pâle étincelle du pouvoir d’un véritable Dieu Très Ancien. Provoque-moi encore et je m’assurerais de détruire le peu qu’il reste de toi. De toutes manières si tu voulais vraiment m’affronter il te faudrait rappeler tous tes tentacules qui serpentent sous la ville et qui contrôlent ta dimension de poche. Ce qui causerait la fin de Ny’Arhnam et toi avec, tant que tu es ici, c’est le seul endroit où tu puisses être détruit pour de bon.

Un grondement d’une fureur colossale résonna entre les murs de la cathédrale d’égouts. Fradth impavide continua.

-Maintenant écarte tes tentacules, tu t’es assez nourri des cauchemars de cette petite Kaldoreï comme ça. Je parts, mais pas sans elle. Navré mais tu vas de nouveau souffrir de la faim éternelle.

-NON !!!

La créature d’outre-réalité déploya plusieurs tentacules pour les abattre sur Fradth, le Démoniste n’était pas doué pour l’esquive avec son corps tout pourri et nécrosé, quand quelque chose l’attaquait il était obligé de le détruire ou d’encaisser, et sans magie il encaissait mal.

Le premier tentacule percuta avec une violence terrible la mince couche de magie noire protectrice qui l’enveloppait, d’un geste des deux doigts il l’enflamma. Un tentacule s’enroula autour de la coquille de magie noire, Fradth la fit partir en fumée.

Il commença à avancer vers la créature tout en détruisant consciencieusement tous les appendices hideux couverts de griffes et d’yeux qui se projetaient vers lui. Fradth fanfaronnait, mais sa puissance n’était pas illimitée et n’était pas sûre d’utilisation même pour lui, une mauvaise gestion de l’énergie et il se ferait exploser un membre lui-même. Mais petit à petit il vainquit.

Lorsqu’il fut devant la jeune fille qui tremblait comme une feuille, ses yeux sous ses paupières roulant follement comme si elle était assaillie par des cauchemars, le mort-vivant était entouré de dizaines de tentacules prenant feu et son propre bras fumait de façon anormale. Les tuyaux enfoncés dans les bras de l’elfe coulaient en continu d’un fluide clair comme de l’eau s’écoulant dans toute la ville.

Fradth saisit la jeune elfe par les épaules d’un geste violent l’arracha à la masse gélatineuse qui avait fusionné avec la peau de son dos et de ses bras ce qui ne se fit pas sans douleur et réveilla la petite fille qui poussa un hurlement de terreur pure quand la première chose qu’elle vit fut l’horrible tête cruelle du sorcier démoniaque qui sourit d’un air pervers.

-TOIIII !!!

-Ah…mon ingrédient favori.

A la seconde où elle fut arrachée au fragment déchu de Yogg Saron les canaux sur ses bras et ses côtes cessèrent de produire ce liquide clair. Elle voulut s’enfuir, mais elle était trop faible, de toutes manières le cruel démoniste fit apparaître un collier de magie noire à son cou qui la contraignit à obéir à la volonté de son cruel maître.

-On fiche le camp d’ici, allez en avant esclave, je te ferais à nouveau produire de ce si délicieux fluide cérébro-spinal avec d’autres moyens une fois hors d’ici….maintenant que tu n’alimentes plus ce cher Yoggy ce cauchemar va commencer à s’écrouler sur lui-même.

A la surface la bataille entre les monstres et les élèves battait son plein.

Les monstres étaient menés par une horrible banshee elfique à la chevelure de serpents qui était probablement Cariss. Elle était en train d’essayer d’étrangler Dovakim dirigeant les élèves résistants, quand soudain un tremblement de terre secoua la place de l’église où se battaient les élèves.

Un éclat de ce qu’il semblait être du verre tomba à côté des deux belligérants.

-Par Talos mais que se passe t’il encore dans cet endroit maudit ! Protesta Dovakim en desserrant les serpents de Cariss qui essayaient de l’étrangler et en levant les yeux vers le ciel.

Le ciel s’était fissuré au niveau de la lune comme du verre, certains morceaux en étaient tombés, révélant au-delà du ciel…rien.

Rien du tout, juste la blancheur du néant.

Cariss commenta :

-C’est comme si cet endroit s’autodétruisait.

Elle regarda Dovakim dans les yeux et de concert, ils s’écrièrent tous les deux.

-On se tire !

Et aussitôt, élèves et monstres prirent la fuite vers le château, là où était la porte d’entrée de ce cauchemar en piaillant de terreur.

Dans les égouts Rinnka et sa bande progressaient quand soudains ils virent la silhouette comme un beau diable de Fradth surgir du tunnel au même moment où la terre se mettait à trembler.

Aussitôt la Sacrenuit brandit son micro sous les lèvres du Démoniste poussant devant lui une enfant apeurée.

-Bonjour, Rinnka du Garadan Times, vous êtes monsieur Cœur-Froid le directeur de l’école d’Hexengärd ? Nous…

Mais le visage de Fradth se cramoisi de fureur.

-LE GARADAN TIMES !!!

Il vomit un chapelet de flammes par la bouche sur la pauvre Sacrenuit qui se réfugia de la lueur des flammes derrière ses bras.

-FICHUS GRATTES-PAPIER ! A cause de vous tout le monde croit que j’ai créé ce pétard mouillé qu’est le Coronavirus !!! Je devrais…non JE VAIS vous incinérer tous sur le champ !

A ce moment la petite elfe que Fradth tenait par son collier de magie noire parvint à crier, brisant temporairement le contrôle mental :

-Fuyez ! C’est un monstre !

Et Rinnka et ses peaux-vertes tournèrent les talons et fuirent juste à temps le torrent de flammes que Fradth faisait surgir de ses mains, il poursuivit la bande de la Sacrenuit en leur hurlant des insanités au visage.

Ils remontèrent dans le tunnel de chair qui débouchait sur les quartiers de Fradth, devant une bande de nains étonnés de voir leur patron poursuivre l’elfe qu’ils croyaient devoir poursuivre.

Frosthelm tenta pauvrement :

-Euh patron, vous savez au sujet de l’elfe euh et bien…

-ESPECE DE CORNICHON !!! C’est pas elle que vous deviez poursuivre !

L’ensemble des Nains sursautèrent :

-Attendez…mais alors l’elfe qu’on devait tuer c’est ?..

Ils se tournèrent avec un bel ensemble vers Kalendras…laquelle avait prise la poudre d’escampette.

Les quatre nains, l’air piteux rentrèrent la tête dans les épaule comme une bande de tortues, s’attendant à être punis par leur irascible maître. Alice d’habitude la plus disciplinée déclara aux trois autres :

-Je crois qu’on ferait mieux de prendre la poudre d’escampette.

Et ils s’enfuirent hors du laboratoire secret du Démoniste, poursuivis par les flammes et ils se mêlèrent au flot des monstres et des élèves qui fuyaient alors que tout le château tremblait sur ses bases, la poussière tombant des plafonds baroques. L’école toute entière était en train de s’auto-détruire. Fradth trainant toujours la jeune fille résistant de son mieux à sa poigne de bourreau leva le poing en direction des nains qui se mêlaient au flot des fuyards :

-Revenez ici tout de suite mécréants ! Vous serez privés de salaires ! Vous m’entendez ! Privés de salaire !

Il entendit un cliquètement discret et esquiva d’un bond sur le côté juste à temps et la lame de la lance de Kalendras heurta les dalles du carrelage au lieu d’étaler la cervelle du mort-vivant comme une horrible citrouille. L’elfe de la nuit pesta, elle avait encore une fois perdu sa chance. La petite fille la reconnut.

-Grande sœur !

-Ithylnïn ! Grâce soit rendue à Elune tu es vivante !

Les yeux mesquins de Fradth passèrent de Kalendras à Ithylnïn rapidement, puis il plaqua la petite elfe contre son torse et brandit son bâton sous son cou, il en fit surgir une lame flamboyante pas loin de mordre la chair tendre.

-Plus pour très longtemps si tu ne fais pas exactement ce que je dis.

Kalendras s’immobilisa :

-Non ! Laisse-la tranquille !

Fradth resserra sa prise, faisant mal à la jeune fille.

-Vas-y, continue de désobéir bétail, donne-moi une bonne raison de lui trancher la gorge. Jette ton arme sur le côté.

Kalendras frémit, mais obéit, ce n’était pas très grave, pour un Druide être armé ou non n’avait guère d’importance, il lui restait encore sa magie, et elle pouvait voir avec sa vue aiguisée que l’un des bras du Démoniste fumait, il avait dû trop abuser de ses pouvoirs, encore un peu et il se fera sauter le bras tout seul. Kalendras essaya de gagner du temps :

-Pourquoi l’avoir enlevée ! Je pensais…

Elle regarda sa sœur la gorge serrée :

-J’étais venue te venger, j’avais perdue tout espoir de te revoir.

Fradth soupira et répondit tout en reculant lentement, se dirigeant visiblement vers la sortie du château en train de s’écrouler.

-Quelle question stupide…je l’ai enlevée pour une raison très simple, la même qui anime tout être sur Azeroth….manger…

Il se pourlécha avec gourmandise les lèvres, sa proie entre ses bras osseux verdit de dégoût. Kalendras écarquilla les yeux, elle répondit, mobilisant discrètement son pouvoir sans ses mains, faisant appel aux forces qu’elle sentait dans le sol sous ses pieds.

-Pour une raison aussi futile ? C’est pour cette raison que tu as détruit mon village et torturé ses habitants ?

Fradth renifla avec mépris :

-Pff, vous autres Kaldoreï qui vénérez cette idiote qu’est la nature, vous ne pourrez jamais comprendre l’ambition d’un gourmet Réprouvé. Vois-tu, certains Elfes de la nuit ont une particularité physiologique très rare, leur fluide cérébrospinal augmente l’intelligence de ceux qui le consomment, ta sœur possède cette particularité, je suppose que son lien avec les forces cosmiques comme Elune est puissant. Mais un être vivant en produit une quantité très limitée. Mais a force de recherches j’ai constaté que les effets de la terreur induits par les parasites originaire du Vide augmentent la production de fluide cérébrospinal dans des proportions irréelles.

Adorant écouter ses thèses, Fradth partit dans de grandes explications tout en reculant, ne sentant pas à cause du tremblement de terre le dallage sous ses pieds remuer sous la volonté de Kalendras qui le suivait pas à pas, gardant une distance prudente.

-J’ai été dans les ruines d’Ulduar prélever une étincelle du pouvoir d’un Dieu Très Ancien puis j’ai inséré ce parasite cosmique dans mon sujet de test ici présent et il s’est développé, se repaissant de la terreur infligée à cette petite elfe et créant petit à petit cette dimension de poche où il reprenait des forces, et la production du liquide a augmenté. C’est alors que j’ai ouvert mon école afin d’avoir un maximum de bétail à faucher et de faire un festin. J’ai mélangé le fluide cérébrospinal dans le porto bas de gamme que je fournissais à ces jeunes crétins incultes. Hélas, je suppose que le porto a dénaturé le goût du cerveau, mon expérience a hélas été un échec. Mais ce n’est pas grave…il n’y a qu’a recommencer avec une autre boisson et d’autres cobayes pourquoi pas du vin cénarien distribué aux survivants de Teldrassil !

Il partit d’un rire cruel. Mais Kalendras était prête.

-Je ne crois pas, espèce de monstre. HAN !

Elle donna un coup de pied sur le carrelage, et brusquement des vrilles de lierre épais en surgirent et séparèrent le Réprouvé de sa proie, l’enserrant dans leurs liens. Kalendras et Ithylnïn se serrèrent dans les bras l’une de l’autre.

-Grande sœur !

-Ithyl !

Fradth rugit de rage, il explosa de flammes violentes qui commencèrent à brûler les vrilles. Kalendras et sa petite sœur tournèrent les talons.

-Vite, fuyons cet endroit maudit !

Et elles prirent leurs jambes à leur cou, fuyant la colère du Réprouvé qui ne tarda pas à se libérer de ses liens végétaux pour les poursuivre. Heureusement pour elles, le mort-vivant n’était pas très rapide à la course. L’état du château se dégradait de plus en plus vite, durant leur fuite elles durent esquiver des bas reliefs et des statues qui s’effondraient au sol.
Du plafond cette même blancheur de néant apparut par endroits alors que la réalité mourrait avec la dernière étincelle d’un Dieu.

Enfin elles parvinrent à la porte, mais celle-ci était fermée. Kalendras pria :

-Pitié pourvu qu’on puisse sortir.
Elles touchèrent les gonds, oui, le maléfice n’était plus actif, restait à pousser cette énorme porte de chêne massif. Elles s’y mirent à deux, la petite faiblit rapidement et s’effondra :

-Pardon grande sœur, mais par Elune je n’ai plus la moindre force.

Kalendras mobilisa toute la puissance d’Ursoc, déployant toute la force de ses muscles, se rendant temporairement forte comme dix hommes et la porte enfin coulissa sur ses gonds. Fradth surgit à l’autre bout du couloir comme un diable hors de sa boîte.

-AHAH ! Vous ne fuirez pas comme cela esclaves !

Il se dirigea vers eux, ses deux bras s’embrasant de flammes, prêts à les déchaîner, il était déjà quasiment à portée de tir et Kalendras commença à perdre espoir.
C’est alors qu’un bas-relief en tombant du plafond écrabouilla la moitié du corps du mort-vivant qui rugit de rage. Mais également de terreur, il allait être emporté dans le néant.

Kalendras sourit. Avec un dernier effort, elle entrebâilla enfin la porte haute de dix mètres et elle tira sa sœur en dehors de cet endroit maudit sous les rugissements de colère du mort-vivant piégé et désespéré :

-NOOOOON

En dehors du château, dans le parc des véritables Clairières de Tirisfal, des dizaines et des dizaines d’élèves se tenaient, hébétés, tous ayant reprit leur apparence normale, y compris ceux qui avaient été changés en monstre. Les autorités de la Horde étaient présentes et la journaliste du Garadan Times était occupée à interviewer les élèves rescapés aussi bien que les secours tandis que son Caméra’Orc filmait d’un air particulièrement heureux. Il faut bien se rendre compte qu’il était le premier Caméra’Orc que Rinnka ne faisait pas malencontreusement tuer lors d’un de ses reportages.
Une lueur fantomatique perça les fenêtres du château, la lumière s’intensifia, le bâtiment tout entier sembla se gondoler sur lui-même et puis….il disparut comme un mauvais rêve.

Kalendras et Ithylnïn se serrèrent dans les bras l’une de l’autre, la petite fondant en larmes, et Kalendras ne pouvant pas non plus retenir les siennes.

-Tout est terminé, tout est terminé. Déclara t’elle n’arrivant pas à y croire.

Vous vous demandez ce qui arriva par la suite ?
Et bien il suffit de lire le Garadan Times pour en avoir un aperçu, les gros titres du jour étaient particulièrement savoureux. « Un château hanté reconverti en école, ça se passe mal ». « Les écoles de la Horde tuent les gosses ». « Qui a pu laisser un Réprouvé malade mental devenir directeur d’école ? ».

Plusieurs des anciens élèves furent interviewés.
Rinnka commença par Sargrim dans ce qu’il semblait être un champ de bataille au milieu des Tarides face à un Sargrim habillé en grunt et armé d’une énorme hache.

-Et donc si je comprends monsieur Sargrim vous ne mettrez plus jamais les pieds dans une école ?

-Ça non. P’pa à moi toujours dire qu’école être pour gro naz eud’l’Alliance, mais P’pa jamais dire qu’école ça être dangereux en plus. Nan Sargrim l’être soldat de la Horde et kraser des krân. Maintenant si vous permettez….WAAAAAAAGHHHH !!!

Et le soldat Orc leva sa hache à deux mains et se jeta dans la mêlée en hurlant.

Le second élève que Rinnka interviewa fut Cariss, dans ce qu’il semblait être un atelier de haute couture de Lune d’Argent.

-Mademoiselle Cariss cette expérience horrible en tant qu’élève changée en monstre par les expériences du directeur Fradth vous a-t-elle apportée quelque chose de positif ?

L’elfe une épingle dans la bouche, en train de repriser une robe de luxe avec soin secoua vivement la tête :

-Ah ça non ! J’ai néanmoins compris à Hexengärd que j’étais très bien telle que j’étais et que je n’ai nul besoin d’une quelconque « éducation » mon bon sens inné de noble de Lune d’Argent et mon goût de la mode sont tout ce dont j’ai besoin dans la vie.

Le troisième élève fut Anthony Shark…dans une rue crasseuse pleine de néons à Kezan. Le jeune Gobelin était habillé extrêmement blinb-bling, portant fourrures, lunettes, bagues, chapeau et canne et il était entouré de Gobelines et de jeunes trollesses en tenues plus qu’indécentes.

-Monsieur Shark vous avez fait preuve d’une grande bravoure dans les rues de Ny’Arhnam, est-ce que cela a changé quelque chose à vos ambitions ?

-Et bien je dirais modestement qu’avant d’être obligé par mon père d’aller à Hexengärd ma plus grande ambition s’était d’être major à Slap&Dope l’école des Pimp et je dois dire…que j’avais raison depuis le début, je n’ai jamais été aussi heureux depuis que je suis sorti major de cette école de la rue. Et maintenant veuillez m’excusez j’ai de jeunes futures mannequin à manager, mais elles ont intérêt à être « gentilles » avec les producteurs que je vais leur faire voir, pas vrai les filles ?

-Oui Daddy. Répondirent en chœur les greluches croyant les mensonges de leur mac.

La Sacrenuit conclu la caméra filmant une dernière fois son décolleté avantageux.

-C’était Rinnka Kalhaan Kaïnen du Garadan Soir qui vous dit « bonne nuit Azeroth ! »

Frosthelm éteignit la Gnomotéloche dans le laboratoire, avec un certain malaise dans sa posture, il se tenait devant son patron, en chaise roulante si couvert de bandage qu’il en ressemblait à une momie. Il avait réussi à s’extraire de justesse des décombres du château avant qu’il ne s’effondre sur lui-même dans une autre réalité ou dans le néant qui sait. Le mort-vivant était rouge de fureur sous les bandages, mais heureusement réduit à l’impuissance.

-Euh c’était pas si mal patron.

-Une vraie catastrophe tu veux dire. Toutes mes expériences réduites à néant et en plus la Société pour l’Instruction Royale me convoquent, je m’attends au pire. Je vais être déchu de mon rang de doyen et renvoyé je le sens.

Le Nain poussa la chaise de convalescence de son patron dans les couloirs de Fossoyeuse se dirigeant vers l’amphithéâtre où les membres de la SIR se réunissaient.
Fradth s’attendait à tout, mais pas à une véritable fête.
L’alcool de chancrevin coulait à flot, tout l’amphithéâtre avait été décoré avec des citrouilles et un véritable buffet de cerveaux, rôtis, crus, en sauce, tartare et autres mets immondes de la Sanssaint tant affectionnée par les Réprouvés étaient distribués le long de longues tables de banquet servies par des serviteurs Goules et Gnomes lépreux.

Les confrères de Fradth vinrent joyeusement saluer leur collègue convalescent.

-Mon cher Fradth, c’est un magnifique coup que vous avez réussi ce coup-là. Déclara l’un.

-C’est formidable ! Nos plans vont faire des avancées gigantesques ! Ajouta un autre.
Le Démoniste était dérouté par tous les compliments qu’il reçu sur son passage poussé par son serviteur Nain.

-Quelqu’un veut bien m’expliquer ? Mon école a été un désastre ! Tous les élèves rescapés d’Hexengärd ne veulent plus entendre parler d’école en peinture ! Et le commerce des haches au sein de la Horde a parallèlement encore plus fructifié qu’il ne le faisait déjà avec la masse de crétins s’engageants dans l’armée.
L’un des morts-vivants en toge et chapeau de lecteur tout en secouant vigoureusement la main plâtrée de Fradth expliqua :

-Mais cette expérience a eu des effets aussi inattendus que bénéfique, vous avez réussi maître Cœur-Froid, la Horde n’a plus le monopole du crétinisme !

-Comment ça ?

Le mort-vivant fit amener la carte d’Azeroth qui il y’a deux mois était couverte de lauriers d’excellence pour les terres de l’Alliance, de bonnets d’ânes pour la Horde.

Maintenant le tableau était entièrement couvert de pins à l’effigie d’un bonnet d’âne.

-Votre école a tellement décrédibilisé l’éducation dans tout Azeroth que le niveau scolaire des écoles de l’Alliance a chuté drastiquement ! Les humains préfèrent désormais envoyer leurs enfants à la mine ou aux champs plutôt qu’a l’école.

Fradth n’en crut pas ses yeux.

-Mais…mais…mais…

-Grâce à vous mon cher, Azeroth n’est peuplée plus que de crétins ! Des crétins manipulables ! Les Réprouvés n’auront aucun mal à dominer cette bande de demeurés ! Gloire aux Réprouvés !

Et l’ensemble de l’assistance de lever son verre de chancrevin en direction d’un Fradth étonné que son échec se soit changé en réussite :

-Gloire aux Réprouvés !

FIN

3 mentions « J’aime »

diantre j’ai encore fini gobé :smiley:

2 mentions « J’aime »

C’est logique, une fin méritée !

Et recraché néanmoins=)

Pour la dernière partie de l’histoire j’avoue avoir eu du mal à l’écrire, mais j’adore l’épilogue avec Rinnka qui interview les élèves protagonistes du début qui tous expriment leur désamour de l’école et qui ont bien fini malgré tout (sauf Sul’Drin hélas), et Fradth blessé et convalescent qui s’attend à perdre son poste de Doyen de la SIR pour son échec magistral, mais qui se transforme en réussite du même type que si on se félicitait dans la vraie vie de l’augmentation du taux de réussite au bac en oubliant de préciser que c’est parce que les correcteurs et les professeurs ont obligation de remonter manuellement un maximum les notes, donnant le bac à une génération de crétins. (Dont je reconnais faire partie, mon bac avec mention passable acquis en 2011 ne vaut strictement RIEN, je n’ai vraiment appris à étudier qu’a la fac, en sciences dures et après un gros ratage)

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