[Comme convenu voici le teaser de mon traditionnel récit de la Sanssaint qui sortira dans un mois. Celui de cette année sera le plus effrayant possible, naturellement je sélectionnerais comme protagonistes, des habitués du forum, en somme j’écrirais votre mort. Je vous souhaite une…bonne, lecture. Nyéhéhéhé. Mais si quelqu’un veut volontairement mourir, qu’il fasse signe.]
C’était une soirée d’automne comme une autre dans les rues de Gilnéas. Les arbres d’or tournaient au carmin alors que le froid précédant l’hiver arrivait.
La cité Gilnéene était magnifique en automne. Mais en dehors de quelques maraudeurs Worgens il n’y avait plus âme qui vive depuis que les Réprouvés avaient envahi le pays retranché derrière ses hauts murs.
Histoires avance au milieu des rues sombres, encrassées par les années des ruines, ici la végétation ordonnée des parcs de la ville avait laissé la place aux mauvaises herbes. La bise glacée soufflait des feuilles mortes sous le ciel noir couvert de nuages d’orage. Tout magie et toute clarté semblait avoir déserté les lieux.
La seule lueur tranchant les ténèbres était celle de lampadaires noirs en fer forgé. Les réseaux de gaz et d’électricité, ce confort moderne qui avaient autrefois fait la fierté de la ville humaine fonctionnaient encore. Mais ils n’éclairaient et ne chauffaient plus personne.
L’elfe habillé d’un gilet à carreaux d’inspecteur du Commissariat d’Orgrimmar ainsi que d’un manteau brun et d’un chapeau couvrant ses longues oreilles pour l’abriter du vent s’engagea sur les quais sinistres par cette nuit froide du port.
Finalement au bout du ponton il s’arrêta et regarda au loin à travers la brume.
Il lui sembla entendre une mélopée funèbre et spectrale qui le fit grimacer, un frisson d’effroi remontant le long de sa colonne vertébrale. Il espéra ne pas voir surgir au loin ces affreuses lumières qu’il craignait tant d’apercevoir, mais heureusement, il ne vit que la brume.
-Par la Lumière, ce cauchemar ici prend fin.
Il sortit alors de sous son manteau un livre de cuir noir très propre avec sur la reliure un symbole étrange une tête de mort ricanant avec un serpent à trois tête sourdant de sa gueule.
Il projeta le bras en arrière, banda les muscles et d’une puissante torsion sèche jeta le livre aussi loin que possible.
-Et tant pis pour le Chef de Guerre ! Elle peut aller à Sargeras, j’en ai assez !!!
Le livre tomba au milieu des flots noirs. Histoires ramena les mains dans ses poches pour les isoler du froid. Puis il tourna les talons, quelque part soulagé de ce fardeau. Il s’éloigna du quai et entra à nouveau dans la ville morte de Gilnéas.
Il s’enfonça un moment dans les ruelles, ne désirant qu’une chose, s’éloigner au plus vite de ce lieu perdu et retrouver le confort de son foyer et de son quotidien tranquille de gardien de la paix d’Ogrimmar et ses amis, même le commissaire Horatio Loktar et sa gueule d’Orc mal embouché, le patron qui faisait tout son possible pour le virer.
Soudain il sentit un souffle froid dans son dos.
Quiiii suis-je ?
Susurra une voix grave et traînante, comme fatiguée et à bout de souffle.
Il se retourna avec un serrement de cœur.
Rien, à part une volute de brume au bout de la rue. C’était peut-être son imagination ?
Il continua son chemin. Mais tomba sur une impasse, un mur de brique rouges au bout d’une rue de maisons de style victorien. Il pesta et se retourna.
Son cœur rata un battement, puis la panique le saisit.
Il l’avait retrouvé.
Au bout de la rue se tenait immobile comme une statue un homme extrêmement grand presque trois mètres de haut, extrêmement mince, vêtu d’une redingote noire, un costume distingué, mais l’être exhalait une aura de malaise, et plus Histoires le regardait, plus il sentait le malaise empirer, cette créature n’avait pas de visage, juste une tête ronde semblable à celle d’un mannequin avec un chapeau haut de forme noir et au bout de ses longs bras graciles des mains au doigts très longs terminés de griffes. Mais comment cette… chose, faisait pour le retrouver systématiquement ?
Il prit un embranchement, prenant ses jambes à son cou, rompant le contact visuel, fuyant la créature.
-Mais qu’est ce que ça veut dire ! Je me suis débarrassé du livre ! Il ne devrait plus en avoir après moi !
S’écria l’elfe tâchant de juguler la panique. Il pouvait le fuir, il y était déjà arrivé, c’était simple, il suffisait de ne pas regarder la créature et…
Il tomba à nouveau sur une impasse.
-Par les Naarus ! Pesta Histoire en se retournant, la créature effrayante encore derrière lui, plus proche cette fois ci, à la moitié de la ruelle, d’une immobilité totale encore une fois.
Il prit encore un embranchement pour le fuir. Mais le dédale des rues ne ressemblait pas à la Gilnéas qu’il connaissait. Il tomba à nouveau sur un mur de briques rouges au bout d’une suite de maisons dans une rue suivant une courbe.
La voix infernale parvint à nouveau à ses oreilles, le paralysant.
Tu as brisé l’ultime tabou.
Il se retourna à la volée sur la créature.
Elle était à moins de cinq mètres maintenant. La main tendue en avant, sur ce qui avait été une tête sans visage ni traits distinctifs s’ouvrait maintenant une bouche avec des dents pointues à l’extrême par plusieurs rangées. L’aura de terreur et fatigue qu’elle exhalait était encore pire quand elle était proche.
-NOOON !!!
Il poussa un cri et prit encore un embranchement, la sueur dégoulinant de son front. Il voulut rentrer se réfugier dans une maison et essaya de forcer la serrure, mais elle résista sous sa main, ses jambes tremblaient, l’aura de fatigue était en train de le vaincre.
-Ouvre-toi ! OUVRE-TOI !!!
La main d’Histoires s’illumina et il lança un trait de magie sacrée brûlante pour démolir la porte.
Mais sans effet.
Il reprit sa fuite dans les rues de la ville, perdant son chapeau dans sa course, et tomba à nouveau sur une impasse. Paniqué il se retourna, et tomba immédiatement sur les fesses, perdant tout contrôle sur ses jambes, incapable de bouger, de ramper, de rien.
La gueule de la créature était juste au niveau de son visage, dessinant un rictus plein de crocs, derrière elle, un nouveau mur de brique rouges était apparu, enfermant le bourreau et sa proie dans un même espace confiné. Elle prononça les paroles les plus terrifiantes qu’Histoires eu jamais entendues.
La traque prend fin.
-NOOOOON !!!
Il poussa un hurlement d’effroi si atroce qu’une volée de corneilles non loin de là sur un clocher prirent leur envol.
Puis le calme revint.
Au beau milieu d’une rue sans impasse des deux côtés un squelette d’elfe se tient dans des vêtements d’inspecteur, la mâchoire ouverte sur un ultime hurlement d’horreur à jamais silencieux.
Un livre noir avec une effigie démoniaque sur la reliure dans les mains.