Pour être passé quelques fois sur les lives d’Evanessor (à aller voir au passage, il prend le temps de répondre à toutes les questions sur le lore, calmement gentiment, c’est une mine d’information), je peux - pour ce que ça vaut - confirmer que Malganyr évoquait ce post sur le forum), et cherchait d’ailleurs un titre (je vois que la proposition a été retenue
).
Disclaimer :
J’ai assez peu joué à BFA, juste fait les quêtes et la campagne, par manque de temps, donc mon avis est nécessairement très biaisé. J’ai beaucoup plus appris sur le lore de BFA à travers l’univers étendu.
Parlons de l’univers étendu justement.
Il est excellent. Franchement, je ne m’étais pas autant régalé depuis que j’ai lu La Guerre des Anciens ou Le Jour du Dragon.
Un peu moins accroché à « Une Guerre Honorable » même s’il est très intéressant sur l’appréhension du contexte, des enjeux et des personnages, et donne la réplique à l’excellent « Elégie ». Mais à mon sens, en dessous d’Avant la Tempête ou de ce dernier. Les comics sont sympas mais pas extraordinaires mais comme c’est moins ma tasse de thé, c’est probablement assez subjectif ça.
Les personnages dans les romans ont vraiment pas mal de personnalité, le parangon de ça c’est réellement Anduin, qui finalement, a grandi avec WoW. Et quelque part, ça me fait énormément plaisir de voir un personnage plutôt récent (à l’échelle de la licence Warcraft) qui ait autant de profondeur, à un âge aussi peu avancé. C’est pas nouveau avec BFA, mais Avant la Tempête le sublime. Et le voir se construire en opposition avec un personnage un peu plus historique (ça date pas non plus d’Hérode hein, Warcraft 3, mais quand même, pré-wow disons) me donne le sentiment d’achever son adoubement en tant que personnage phare de la licence. J’étais loin de penser ça après avoir suivi les évènements de Légion, pour être franc, j’avais un peu la trouille de comment le personnage serait développé. C’est top.
Par contre, en jeu, on a moins l’occasion de suivre autant de développement de personnages de près. En tout cas c’est la sensation que j’en ai eue. A l’exception très notable de Jaina, il faut impérativement le souligner. Là c’est du tout bon, on raccroche enfin les wagons, c’est bien traité, on y prend part, c’est introduit juste ce qu’il faut hors-jeu (bande dessinée + 1 seul chapitre dans Avant la Tempête il me semble) pour laisser la place à la découverte en jeu, super.
Avec, pour ne rien gâcher, un rôle central et qui contraste un peu avec le traitement qu’avait eu le personnage aux alentours de MoP puis après. C’est presque une seconde vie d’adulte qui est offerte au personnage, après tout ce qu’elle a traversé, y’avait un réel plaisir à découvrir ça.
Côté horde, je suis plus mitigé. On va chercher l’aide des Zandalari oui, ok. Ca fait plaisir de pas les voir juste relégués au rang de « menace d’un patch » soit. L’histoire est plutôt plaisante, mais sa place dans l’intrigue générale m’a un peu moins emballé que de suivre Jaina a Kul’Tiras.
NB : mais le fait que y’ait un complot, qu’un nouveau personnage naisse, charismatique, qu’on fouille un peu autour des histoires de Loa et de la culture troll, c’est chouette. Pas de critique là-dessus. On en aurait voulu plus, forcément, c’est des trolls ! Soignez-les y’en a pas beaucoup au premier plan dans WoW (RIP…).
L’intrigue de chaque zone est plutôt bonne, et c’est assez éclectique. Là encore, y’a des trucs auxquels je n’ai pas accroché mais c’est plutôt les goûts et les couleurs (Drustvar j’arrive pas, pourtant c’est bien narré, immersif, y’a pas grand chose à critiquer). J’ai fini par aimer Chantorage mais ça a mis du temps à se mettre en route. Je me suis longtemps demandé à quoi cette zone allait bien pouvoir servir comme arc narratif, et surtout, comment. Mais c’est plutôt intéressant au final.
Nazjatar : ça démarrait super bien et j’ai tellement aimé Vash’Jir, qu’un « tout sous l’eau » m’aurait même pas dérangé, mais je comprends que ce ne soit pas apprécié. L’ambiance était chouette, le côté naufragés à côté des dirigeants, m’a plutôt plu. Par contre plus on avançait, plus j’ai été déçu. Là où Vash’Jir, justement, améliorait de + en + son intrigue au fur et à mesure de son avancement, Nazjatar m’a totalement déçu.
Pourtant on n’était pas loin… Quand j’ai vu Shandris m’accompagner dans les ruines de Zin’Azshari j’étais à fond… Je m’imaginais déjà un nouveau Suramar, une ville à laquelle on aurait pu redonner vie petit à petit, blindée de lore elfe de l’époque, d’histoire sur la transformation des nagas, etc. : vraiment un truc que j’adore et attends depuis Frozen Throne et ma lecture de la guerre des Anciens NB : la palme à la musique de cette zone d’ailleurs, qui s’élève pour moi au rang des « Nighsong », « Light in darkness », extraordinaire !
Mais aïe aïe aïe grosse déception pour moi 
Mechagone : je passe. La BD était correcte, rien de pertinent à dire sur la zone et l’histoire franchement.
Azshara-N’Zoth : à mon avis un gros gros reflet d’un problème de l’extension : le traitement du sujet : la guerre totale.
La guerre a été vraiment bien amenée (guerre des épines, le livre et surtout les deux nouvelles) mais elle a patiné. Je pense que les fronts de guerre (en jeu) ont sans doute pas bien servi l’histoire. Alors que le coup du premier raid était sacrément bien pensé.
Alors, est-ce-que c’était pas jouable de faire toute l’extension sur le même mode ? (raids == fronts de guerre, en gros). C’est clair que c’est ce qui aurait sans doute le mieux mêlé gameplay / narration / immersion. J’ai ressenti que l’histoire de la 4ème guerre s’est engluée petit à petit, là où dans un RTS ça aurait été la fête de narration, forcément, avec des campagnes et des missions dans tous les sens.
On sent que les tentatives étaient là (fronts de guerre; clairement, missions sur le bateau) mais que ça ne fonctionne pas bien. En tout cas pour moi. J’ai besoin d’aller me poser devant, de regarder ce qui s’y passe, d’écouter les PNJs pour capter ce qui se passe réellement.
Le débarquement (dans l’histoire) d’Azshara et de la menace N’Zoth me semble être le parfait révélateur d’un arc qui s’essouffle plus vite qu’il n’aurait dû (preuve, la cinématique en CGI de la fin de la campagne de guerre est clairement pour moi LA cinématique de fin de BFA, pas celle d’un avant-dernier patch).
Et à partir de là, BFA dérape un peu pour moi. Il va falloir conclure proprement 2 arcs narratifs, et c’est pas facile (même si franchement, c’est plutôt habile comme rattrapage et ça a dû cravacher).
Point positif : mener 2 arcs principaux c’est nouveau et j’espère que ça les invitera à le faire correctement (pas à la va-vite) à l’avenir. Et au final ça se raccroche quand même pas si mal à l’intrigue de départ (merci Magni, c’est pas que l’orateur d’Azeroth, c’est aussi un expert en collages-scénaristiques) pour boucler la boucle.
Mais forcément, ça va beaucoup trop vite pour un truc teasé depuis des années, un truc dont les joueurs, moi le premier, fantasment (l’Empire Noir c’était quoi ? Ca ressemblait à quoi ? genre y’avait des pyramides partout ? Ils vivaient comment les serviteurs des DTA ?) depuis qu’on a entendu le mot. Nous montrer Ny’Alotha c’était nous donner enfin l’occaz d’en avoir un aperçu. Ca, c’est quand même une occasion un peu gâchée, tristement.
Une petite parenthèse sur Tyrande-Malfurion :
Enfin !! Mais là aussi, BFA est trop mou du genou / en éternelle suspension. C’est bien parti (même super bien en fait). Tyrande passe à l’action, dans SON style : à fond, à l’action, la tête la première. Ca donne la réplique à Elégie, où vraiment, y’a un choix déterminant et stratégique à faire. Et il va falloir une revanche.
En plus de ça, une cinématique avec un Malfurion qui FAIT des trucs (et de Druide en plus). Bref, on retrouvait nos héros de la Guerre des Anciens et, et, et, …
… Le soufflet est retombé. Parce qu’on sait pas quoi en faire de nos héros de guerre mythiques. Soit ils fracassent tout (mais faut que ce soit un ennemi commun du coup) soit bah, ils s’arrêtent en chemin…
Globalement, BFA souffre de ça : ne pas réussir à aller à fond dans le thème annoncé. Y’a cette double idée de Battle FOR Azeroth (Pour son contrôle, et Pour la sauver) sauf que si les joueurs participent activement à son sauvetage, bah son contrôle c’est pas aussi immersif que ça l’est dans les romans où là : dépeindre une guerre, ses stratégies, ses retournements, ses batailles, ça fonctionne parfaitement. Ou dans des cinématiques CGI (idem : montrer la guerre, ça marche).
Après, ça aussi c’est sans doute subjectif, le thème ne me chauffait pas tant que ça à la base.
« Boarf, ils nous ressortent un conflit bleu/rouge, meh ». (mais on pourrait dire ça aussi pour la Légion, remarque) alors que l’idée de combattre pour le sauver la planète après le sacré coup qu’elle avait reçue me hypait pas mal : « quid des Aspects alors ? Et toute la cosmogonie ? Les copains du Panthéon ils pourraient nous filer des tuyaux sur le sujet ? on pourrait même potentiellement cuisiner Sargeras sur le titan qu’il a détruit, bref, tout restant chez nous, mais en faisant intervenir la cosmogonie histoire de faire vivre un peu Chronicles vol. 1. »
En fait, je me demande presque si ça n’était pas totalement ce qui était prévu : Magni, complexes titaniques, D.A.M.E, Irion, on a eu TOUS les ingrédients, et c’est pas si mal (c’est bien), mais il manque juste un truc pour qu’on soit totalement dedans. L’Azerite symbolise aussi ça : on l’exploite d’un côté pour faire la guerre, on s’en sert pour détruire un DTA de l’autre. Y’a toujours ce « ni-ni » (ou ce « et-et ») qui a été maladroitement traité alors que, sur le papier, jouer sur les deux tableaux c’était génial.
Voilà, c’est un peu de la redite d’un commentaire YouTube que j’avais posté je crois, mais ça résume va vision : partielle forcément. Je n’ai ni tout vu, ni tout fait et forcément aussi super subjective, de BFA.
En espérant qu’avec un petit peu de vrai dans pas mal d’avis différents vous puissiez monter une vidéo qui retient le plus objectif de chacun des points, ça pourra être top.
Bon courage !
EDIT : en me relisant, je voudrais préciser quand même que je ne reproche pas à BFA de lancer des intrigues, surtout pas.
Elégie et la guerre des épines lance une des intrigues qui m’a le plus emballé de ces dernières années. Et c’est logique qu’elle ne se clôture pas trop vite, aussi, bien sûr. Mais ce qui m’a déplu, c’est le fait de les mettre trop rapidement de côté pour passer à autre chose. De ne pas s’en servir plus, ou mieux : pour le coup l’idée des Loyalistes est à creuser scénaristiquement. Quid des elfes qui auraient, après Elégie, pu presque remettre en question tout leur mode de vie ? Se chercher un foyer, constituer une nouvelle armée (on y est presque avec Tyrande, il manque pas grande chose), bref. Quid de l’impact géo-graphique d’une guerre mondiale ? Quid du cercle cénarien ou du cercle terrestre, ils doivent franchement être à bout de souffle. Tout ça (en jeu) est trop « lancé en l’air, en attendant que ça retombe ».