Dans la pénombre vacillante d’une taverne de Dornogal, la pluie frappe les vitres avec la patience d’un vieux marin. Des voix bourrues s’élèvent par vagues, rythmées par les chopes qui s’entrechoquent.
Au fond de la pièce, près d’un brasero éteint, une silhouette solitaire demeure immobile. Son manteau, brodé d’un fil sombre aux reflets changeants, porte les traces du sel, du sang et du temps.
Il ne dit rien. Il observe.
Lorsqu’un vagabond, éreinté mais curieux, vient s’asseoir non loin, le silence semble se tendre comme une voile avant la tempête. Le Capitaine tourne lentement la tête, laissant apparaître un visage marqué par les vents et les décisions trop lourdes. Ses yeux, d’un bleu abyssal, brillent sous le tricorne orné d’un sigil ancien.
« Tu ne viens pas ici par hasard. »
Sa voix est calme, grave, comme si elle provenait d’une coque en bois lointaine.
« Je suis Mesca. Capitaine du Nautilus. Ce navire n’est pas un simple bâtiment… c’est un pacte, une promesse scellée entre les étoiles et l’abîme. Il choisit ses routes, et parfois… il choisit son équipage. »
Il sort de sa poche une petite boussole fendue, dont l’aiguille tourne sans jamais s’arrêter.
« Nous poursuivons une odyssée… Celle de l’Œil d’Abysea, du Cœur du Nautilus, du Chant de l’Encre. Des noms anciens, effacés des cartes. Nous avons affronté des fantômes, des dieux noyés, et les fragments de nos propres passés. Tout ça pour une seule vérité : ce monde est creux, et en dessous, quelque chose attend. »
Son regard se fait plus perçant, plus doux aussi.
« Mais l’Odyssée n’est pas terminée. Et elle réclame des âmes assez folles pour croire encore aux chants oubliés. Alors je te le demande : es-tu là pour t’échouer… ou pour larguer les amarres ? »