[Voici la bande annonce en quelque sorte de mes traditionnelles Histoires anti-noël qui sortirons d’ici la mi-décembre…et je vomis à l’avance cette guimauve qu’est la Reine des Neiges 2, RAAAAH]
La grisaille de l’hiver, enfin.
Les arbres perdaient leurs feuilles, les fleurs étaient mortes, les passants maussades, bref, la vie désertait lentement Azeroth en même temps que le blanc de la neige faisait disparaître toute couleur en ce monde.
Tout le monde était-il malheureux à cette époque de l’année ?
Non, encore et toujours, résistant à l’envahissant hiver, un Réprouvé se réjouissait de cette magnifique saison, et la vie n’était pas facile pour les différentes garnisons de la Horde postées pour l’hiver à Cabestan.
Le père Fradth Thadeus Cœur-Froid dans son mausolée funeste, planté au pied d’un baobab surmontant la petite ville quitta son cercueil avec un sourire sur son immonde face nécrosée.
-Ah, une nouvelle magnifique journée d’hiver pour répandre la Peste et exterminer toute vie de cette terre, n’est ce pas mon fidèle homme de main ?
L’homme de main en question était plutôt un nain de main et certainement pas un Nain de jardin. Frostan Duro Helmen, alias Frosthelm, Nain Chevalier de la mort, tricheur, voleur, menteur, alcoolique, criminel depuis sa tignasse bleue et grasse jusqu’à ses orteils jaunes et sales en passant par sa barbe bleue hébergeant des restes de poulet de la veille sortit de sa niche, le seul endroit ou Fradth acceptait qu’il dorme qui ne soit pas à même le plancher.
Le nain lui était maussade et mécontent et s’étira dans son armure qu’il ne quittait jamais en grognant de douleur.
-Oui Patron. Répondit-il mollement en foudroyant son infect employeur du regard.
Fradth avec un sourire diabolique alla se servir dans une armoire.
-Qu’allons nous faire aujourd’hui. Travailler sur une nouvelle souche bactérienne que tu feras tester aux soldats de la Horde de la garnison locale ?..Hmm…non, ils vont bien finir par se rendre compte en haut lieu que la mortalité des Orcs de la région est moins due à la guerre qu’a ma présence, et puis une nouvelle épidémie qui tue les militaires de la région tous les mois, ça va finir par donner leur donner la puce à l’oreille. Un nouveau sortilège de Destruction de masse à peaufiner ? Oui…oui…pourquoi pas.
Il sortit divers grimoires, il travaillait sur une version du sortilège Trait du Chaos en version bombe de mana pour raser des villes entières en une fois, quel plaisir ce serait de la tester. Hélas, Garrosh avait anéanti le seul pâtelin humain à des centaines de kilomètres à la ronde il y’a quelques années déjà, mais quel enfoîré cet Orc !
C’est alors que dans les airs quelque chose résonna. Quelque chose qui figea le Réprouvé immédiatement.
-Non…
Les sons qui parvenaient à ses oreilles…mais oui, cette note atrocement joyeuse, véritable sacrilège envers la tristesse hivernale.
-Pas encore…
Le visage du Réprouvé se décomposa. Non mais littéralement, quelques lambeaux de peau morte lui en tombèrent du visage sur le parquet telles des larmes immondes.
Il fonça jusqu’à la porte d’entrée du mausolée.
-Ils n’ont pas osé ! Pas cette année !!!
Fulmina-t-il.
Il ouvrit à la volée la porte.
Des Gobelins emmitouflés dans d’épais manteaux de fourrure dont ne dépassaient que leurs gros nez et leurs longues oreilles vertes étaient en train de chanter joyeusement un refrain du Voile d’Hiver.
Jingle bells, jingle bells
Jingle all the way,
Oh what fun it is to ride
In a one-horse open sleigh,
Une jeune Gobbie toute mimi lui tendit une chope métallique pleine de pièces.
-A vot’ bon cœur m’sieur Cœur-Froid pour les pauvres.
Les Gobelins trop joyeux pour s’arrêter continuèrent à chanter, ne remarquant pas que le visage d’ordinaire gris du Démoniste était en train de virer au rouge cramoisi d’une colère phénoménale.
Il finit par exploser.
-FOUTEZ LE CAMP PICASSIETTES OU J’VOUS RÉDUITS EN CENDRES !!!
Hurla-t-il tout en vomissant flammes et fureur, roussissant le bonnet des Gobelins d’un chapelet de flammes rouges et noires directement sorties de sa gueule.
L’infernal chant de Noël s’arrêta, et les Gobelins s’égaillèrent comme une volée de moineaux en piaillant de terreur, fuyant les flammes de l’horrible Démoniste.
En relevant le regard le Réprouvé se figea.
Sous un magnifique manteau blanc, sous un ciel bleu, Cabestan était recouverte par la neige.
Partout des décorations du Voile d’Hiver, guirlandes multicolores émettant des étincelles, sapins de Noëls, faux traineaux sur les toits, sur la colline des canons à neige vomissaient de la neige, Cabestan n’étant pas assez froide même en hiver pour qu’il neige naturellement. Et partout des Gobelins pleins de joie et de vie reprenant le refrain des mendiants venus toquer à la porte du mort-vivant.
Dashing through the snow
In a one-horse open sleigh
Through the fields we go
Laughing all the way.
Partout, la joie et la bonne humeur, la vie défiant la mort, la couleur de Noël défiant le blanc de l’Hiver. Les Gobelins adoraient les Fêtes du Voile d’Hiver, pas seulement pour toutes ses couleurs clinquantes, mais parce que leur dieu Mar’quetingue était vénéré intensément à travers des tas de bidules clinquants à vendre durant les fêtes.
Le Réprouvé tomba sur les rotules, qu’il perdit d’ailleurs, dévalant la colline.
Et il hurla :
-NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !!!
Après s’être lamenté à souhait il rentra furieux dans son mausolée en claquant la porte avec une violence déchaînée, avant d’aller chercher des rotules de remplacement dans son laboratoire.
Son nain à tout faire lui était devant la fenêtre émerveillé.
-Le Voile d’Hiver…j’avais oublié que ça commençait aujourd’hui. C’est super cool.
Pour criminel qu’il soit, Frosthelm lui adorait Noël.
Il y’eu un silence dans son dos.
Frosthelm comprenant qu’il venait de dire une bêtise rentra la tête dans le col de son armure comme une tortue, et ce une seconde avant que le mort-vivant furieux ne le saisisse sous les aisselles et on ne sait comment, arriva à le soulever pour lui vomir sa fureur au visage.
-NON CE N’EST PAS COOL IMBÉCILE DE NAIN !!!
Frosthelm resta prudemment la tête planquée dans son armure afin que les flammes que vomissait Fradth à chaque mot ne lui brûlent pas le visage. Le Réprouvé finit par le lâcher.
Comme un sinistre vautour il alla se placer devant la fenêtre, obscurcissant la salle toute entière de son ombre.
-Chaque année c’est la même chose. Ce tapage diurne et nocturne, cette débauche de joie niaise, ces feignasses qui prennent des vacances au lieu de travailler pour enrichir les riches. Je ne supporte pas le Voile d’Hiver ! Cette fête de Sargeras mérite de disparaître avec toute son iniquité impie.
Frosthelm grimaça, sachant très bien ce que son affreux Patron allait faire, il allait encore essayer de gâcher Noël.
Mais fort heureusement pour lui. Ce fut à ce moment là que le Maire de Cabestan inaugurait sur la place publique une énorme enceinte musicale qui se mit à rugir ses deux cent décibels d’une version très rock’n’roll de :
OH MON BEAU SAPIN ROI DES FOR Ê TS YAAAAAAAY BABY !!!
Immédiatement Fradth se plaqua les mains sur ses oreilles, regrettant que la nécrose n’ait pas encore emporté son audition.
-Gniii !!! Je ne supporterais pas ce bruit une seconde de plus !!!
Nerveusement il fonça à la cave qui lui tenait lieu de chambre à coucher. Sous les yeux stupéfaits de Frosthelm, l’impensable était en train de se produire.
Son horrible patron faisait ses valises.
-Euh boss, vous faites quoi là ? Z’allez pas gâcher la fête cette année ?
Le Réprouvé remontant avec une valise sous une main et un balluchon à l’épaule, débordant de grimoires de magie noire.
-Nan ! Pas la force de faire régner le mal cette année, je fiche le camp, je vais prendre asile chez mon vieil ami le Grinche de Dun Morogh, lui aussi déteste cette maudite fête.
Le Nain le suivit en sautillant tandis que le Réprouvé se dirigeait à grands pas vers la porte.
-Mais et patron, qu’est-ce que je fais moi pendant que vous s’rez pas là ?
Fradth pressé de fuir la déferlante sonore fit alors une offre qu’il n’avait JAMAIS faite à aucun de ses employés.
-J’en sais rien ! Fais ce que tu veux, prend des congés, mais moi je me casse !
SLAM !!!
Et il s’en alla, claquant la porte avec violence.
D’ailleurs au bruit feutré qui résonna juste derrière, Frosthelm devina que la violence du mouvement avait fait tomber de la neige du toit du Mausolée sur la tête de son patron.
-Cochonnerie de poudreuse ! Je te hais !
Et l’affreux personnage s’en alla.
C’est alors que Frosthelm réalisa ce qu’il venait de se passer.
Pour la première fois en quinze longues années d’esclavage, son patron venait de lui offrir des congés payés.
Il leva les poings et exulta, la larme à l’œil, remerciant mentalement l’excessivité Gobeline qui lui valait ce merveilleux présent.
-YES !