Je continue cette série de petites histoires que je n’avais pas pu terminer à cause de la déprime de Noël. La canicule fait rêver de froid faut croire.
[Cette année nous aurons sept petites histoires anti-noël comme je les déteste tant avec pour conteur un Réprouvé qui n’aime pas le Voile d’Hiver et que la fête indécente a chassé de son confortable chez lui]
Prémices-Contes de Noël du Père Fradth
Une silhouette solitaire avance dans le blizzard, jurant et pestant contre ce temps de cochon qui gênait sa progression.
Le vieux Fradth se rendait chez son seul ami sur tout Azeroth pour lui réclamer l’asile durant les fêtes du Voile d’Hiver, l’Abominable Grinche.
Au loin il aperçut des lumières, une ville. Un instant il eu l’espoir de pouvoir au moins prendre une chambre dans une auberge et de pouvoir savourer tristement une bière près du feu.
Mais lorsque les contours de la ville se précisèrent, il s’aperçut qu’il s’agissait d’une ville de facture naine, somptueusement décorée pour l’hiver, guirlandes multicolores, sapins avec des cadeaux à leurs pieds, immondes néons de toutes les couleurs, effigies du Grand Père Hiver partout.
Kharanos.
Et le pire fut quand un immonde nain habillé de rouge sortit de la ville. Gauric.
-Hé tiens ? V’là ty pas un morbac de la Horde ?
Fradth sourit de ses dents pourries et cariées tout en mettant son bâton à l’horizontale entre ses mains, tuer un membre de l’Alliance allait lui faire faire de l’exercice en plus de constituer une activité plus saine pour les bonnes relations que fêter le Voile d’Hiver.
Hélas le nain ouvrit grand les bras.
-Bah c’est pas grave, c’est le Voile d’Hiver, y’a plus de guerre qui tienne durant cette trêve, viens la mon ami que je te fasse la bise.
Le visage du Réprouvé se décomposa de dégoût.
Scène d’après Fradth s’éloignait en pestant sur des choses telles que « de mon temps c’était mieux », là ou s’était tenu Gauric il n’y avait plus qu’un cratère avec des bottes de nains en feu desquelles dépassaient les os du tibia brûlés.
Le Réprouvé contourna la ville, l’ignorant avec morgue et rejoignit la montagne, dans une gorge sombre et enneigée connue de lui seul dont même les Nains ignoraient l’existence.
La gorge s’arrêtait en un cûl de sac, une falaise de pierre se dressait, noire et austère face à lui.
Le mort-vivant s’arrêta face à la falaise, il promena sa main squelettique sur des lignes que seul œil expert pouvait remarquer.
-Hmm…de l’ithyldrin, un métal rare dont seuls les Gnomes connaissent les propriétés. Il s’illumine quand surgit la lune.
Il regarda par-dessus son épaule. Une lune providentielle était en train d’éclairer la gorge enneigée alors que le blizzard se dissipait. Lorsque les rayons de la lune touchèrent la falaise. Des lignes de bleu faiblement luminescent apparurent sur la falaise, dessinant une grande porte ouvragée.
-Dites « ami » et entrez…pff…p’tain mais c’est quoi cette arnaque.
Le Réprouvé, le visage rouge de colère hurla vers le ciel.
-C’EST QUOI CETTE BLAGUE!!! TU VAS OUVRIR DE SUITE OU J’ENTRE DE FORCE ESPECE DE CONGRE!!!
Une voix de femme style standardiste se fit entendre dans le vide, détachant les mots de manière désincarnée.
-Individu reconnu. Bienvenue, Fradth Thadeus Cœur-Froid.
Puis avec un grondement, le pan de falaise se rétracta le long de rouages faisant coulisser la falaise de côté, révélant un intérieur mécanisé à la mode Gnome. Et une gigantesque silhouette menaçante se dirigea vers l’entrée du hall.
Un yéti, immense, à la fourrure d’un blanc cassé sale et pleine de poux, aux pieds pourvus de pouces opposables comme ses mains et à la face de primate enragé avec une bouche pleine de crocs et des petits yeux bêtes et méchants luisant de malveillance. Il possédait également une magnifique paire de cornes spiralées comme c’elles d’un bouc. Et surtout il était entouré d’une masse obséquieuse d’horribles Gnomes lépreux à la peau verte engoncés dans de toutes aussi laides tenues de lutins vertes et sales, les Lutins de l’Abominable Grinches, dévoué à leur maître qui les réduisait en esclavage et les forçait à fabriquer des jouets atroces pour faire pleurer les enfants durant Noël.
Son visage colérique parut se calmer quand il reconnu le Réprouvé. Il ouvrit ses énormes battoirs et serra Fradth à lui faire mal dans ses bras, mais curieusement le Réprouvé d’ordinaire haineux de toute forme de câlins lui rendit son étreinte avec affection.
-Mon vieil ami, toujours prêt à gâcher le Voile d’Hiver ?
-Pour sûr, ces affreux petits nains m’ont encore chassé de leurs pâturages. C’est ma faute si leurs boucs sont si bons à manger ? Allez rentre Thadeus, viens te réchauffer près du feu.
La messe fut dite et le mort-vivant accueilli comme un hôte de marque, ou lui donna le meilleur vin de chancre du Norfendre, les mets à tables furent délicieusement faisandés, cervelle pourrie, cartilages en croûte, cervelle de babouin en sorbet au dessert. La compagnie du Grinche fut plus que charmante et lui et le Réprouvé parlèrent en riant de tous les sales coups qu’ils avaient fait dans l’année.
Puis vint le moment de la veillée, lorsque les Gnomes lépreux eurent terminé leur travail de la journée.
Assis au coin du feu, faisant un cercle autour du fauteuil de Fradth qui avait ouvert un livre.
-Mes chers amis. Nous connaissons tous les méfaits qui se passent durant les fêtes du Voile d’Hiver, il n’y a pas que joie et bonne humeur, fort heureusement, c’est donc pour cela que ce soir, je vais vous conter sept histoires sur d’affreuses créatures aux défauts si énormes que le monde autour d’eux semblait se corrompre et devenir fou. Ce soir mes chers petits, je vais vous conter l’histoire des Sept Pêchés Capitaux durant le Voile d’Hiver.
Et il ouvrit le recueil des Contes de Noël du Père Fradth au premier chapitre.
1-Envy Gnoumette.
Il était une fois dans un pays pas si lointain, puisqu’il s’agissait des Hinterlands, une tribu de Trolls sauvages des forêts qui se faisaient appeler les Atal’aï et qui malheureusement avaient été contaminés par la folie du Voile d’Hiver.
Et désormais ces sauvages se prosternaient devant d’immondes idoles du Grand Père Hiver, ils imitaient les guirlandes électriques Gobelines en la taillant du bois et en les colorant. Ils sacrifiaient des rennes pour que l’esprit du Grand Père Hiver massacre leurs ennemis avec son vaudou.
Et pour leur repas du 21 décembre tous les ans ils dégustaient un Gnome bien juteux. Le malchanceux avorton cette année s’appelait Gnoumette et était présentement ficelée à une broche qu’on mettrait à rôtir bientôt.
-HELP ! Je vous en prie me laissez pas là ! J’veux pas crever. Pitié, dites-moi qu’ils plaisantent et qu’ils ne mangent pas vraiment les Gnomes, c’est juste que les Trolls aiment plaisanter à ce sujet sur le Fôr’Hum non ?
La Gnome remarqua alors un squelette de Gnome portant encore autour de lui une armure de Chevalier de la mort, attaché par une chaine reliée à son cou à un pilori. Le Gnome avait taillé dans le bois du pilori avec une pierre « Bloodedge was here ».
Gnoumette déglutit nerveusement.
-Oooh, c’est tellement injuste ! Tout ce que je voulais moi, c’est qu’on me reconnaisse à ma juste valeur comme l’excellente bricoleuse que j’étais et qu’on me donne enfin un poste supérieur. Mais il a fallu que j’aille prospecter moi-même dans l’arrière-pays toute seule et sans expédition pour récolter des métaux pour faire avancer mes inventions.
Se lamenta-t-elle.
C’est alors que le vieux Sorcier Docteur de ces Trolls des forêts s’approcha d’elle, il était presque nu et ne portait qu’un pagne fait de paille et un masque de cérémonie effrayant en bois mimant quelque esprit avec la peinture.
-Allez, c’est l’heure du casse-dalle ma p’tite. On va t’embrocher, t’inquiètes pas ça fera pas mal quand on te plantera un pieu par derrière et qu’il ressortira par ta bouche, promis.
La gnome pâlit. Dans son cerveau bien ordonné elle fit travailler ses méninges à toute allure, il s’agissait quand même de primitifs des Forêts n’ayant pas inventé le savon et qui croyaient que l’aimable et doux Grand Père Hiver était une sorte d’esprit de la guerre.
Elle fronça les sourcils, grinça des dents et finalement eu une idée. Elle souffla à l’oreille du Sorcier-Docteur.
-Hey Doc, dis-moi, ta place te convient dans cette tribu ?
Le Troll se prit au jeu et répondit :
-Ouep, chuis plutôt content de servir les esprits dans cette grande et magnifique tribu. Mais j’avoue que j’envie un peu nos voisins les Jigoal’aï, y sont plus gras que nous, leurs chasses sont bien meilleures, leurs totems sont plus beaux et leurs femelles plus sexy.
La Gnome appuya :
-Tu sais, j’ai visité leur tribu avant que vous…hrm ne me capturiez et mangez mon âne et mes provisions. Je sais quelle est la raison pour laquelle ils sont plus puissants que vous. Ils vénèrent mieux l’esprit du Grand Père Hiver, et il les a favorisés en leur accordant ses bienfaits.
Le Troll s’indigna :
-Mais qu’est-ce-que tu racontes mec, c’est pas possib’, y a personne qui révère mieux que nous le Grand Père Hiver.
-Vraiment ? Alors comment ça se fait que leur sort soit meilleur que le vôtre ? Vous êtes sûr qu’ils n’ont pas volé les faveurs du Grand Père Hiver ?
Le Troll réfléchit, c’est vrai que tout cela faisait sens. Gnoumette appuya :
-Vous savez, je peux vous enseigner comment mieux vénérer le Grand Père Hiver ?
-Nan mec, j’vois bien ou tu veux en venir, t’as envie d’échapper à la broche, mais désolé, t’y échappera pas, la tribu a faim et tu vas remplir leurs estomacs.
Gnoumette pesta intérieurement, ça n’allait pas être si simple, mais elle devait persévérer.
-Fort bien, ne me détache pas, mais laisse-moi parler au reste de la tribu tu veux bien ?
Le Sorcier Docteur ne vit pas ce qu’elle pourrait bien faire s’il la laissait parler au reste de la tribu tout en restant ligotée. Le Docteur planta donc le pieu auquel la Gnome était ligotée juste en face du grand feu du centre du village.
-Hé les mecs, le casse-dalle l’a envie de causer avant qu’on la becte. Z’allez écouter, sinon ce sera du mauvais mojo pour tout le monde.
Les villageois approchèrent alors, cessant de se prosterner devant des idoles ou de vaquer à leurs activités. Gnoumette frémit en voyant leurs lances acérées, elle se racla la gorge et leur parla.
-Noble peuple des Atal’aï, avant que vous ne me mangiez, je voulais vous révéler la grande injustice dont vous êtes les victimes. N’êtes vous pas de bons Trolls qui ont toujours respecté les coutumes de vos ancêtres et correctement adoré les esprits ?
Un murmure appréciateur passa dans les rangs, les mots de la Gnome leur plaisait. Elle eu un sourire perfide…elle les tenait.
-Et pourtant, regardez vos voisins, la tribu des Jigoal’aï, mais pas qu’eux. Les Porfarsi, les Bid’ongra, les Aman’ger, les Zul’loukoum, chacune de ses tribus est prospère, a le ventre bien gonflé des produits d’une bonne chasse, leurs femmes sont couvertes d’or et de bijoux, leurs huttes ne sont pas faites de boue et de branchages mais de pierre et de métal. N’est-ce pas là une grande injustice ? Comment se fait-il que ces parvenus aient un meilleur sort que le vôtre ?
Les Trolls parlèrent entre eux, des mots de colère et de jalousie.
-La raison est qu’ils ont trouvé le moyen de s’attirer les faveurs du Grand Père Hiver, l’esprit qui domine les vallées enneigées et qu’il leur a offert ses bienfaits.
Les Trolls frissonnèrent, la perspective d’avoir mal vénéré une idole les effrayait, sa vengeance pouvait être terrible.
-Et comment qu’on fait pour réparer notre bévue la bouffe qui parle ? Demanda une jeune Trollesse un peu naïve.
Gnoumette eu un sourire rassurant de vendeur prêt à vous arnaquer.
-N’ayez crainte mes amis, j’ai la solution à votre problème. Il faut que tout le village génère le Grand Père Hiver, mais il ne faut pas lors des rituels allumer des encens normaux, ils ne conviennent pas, il vous faut une herbe particulière, que fort heureusement je suis disposée à vous livrer.
Un Troll moins bête que les autres lui rétorqua :
-En échange de ta vie c’est ça l’avortonne ? Tu nous auras pas, on n’a pas l’intention de t’épargner, y comptes pas.
Gnoumette le rassura :
-Non. J’ai promis à votre Sorcier-Docteur que je n’essayerais pas d’échapper à mon sort, être sacrifiée au nom du Grand Père Hiver est un honneur, et en gage de ma bonne volonté, je vous laisse sans rien réclamer les herbes qui étaient dans ma besace pour allumer l’encens. Servez-vous généreusement.
Cette proposition de bonne foi enchanta les Trolls qui abandonnèrent la Gnome là pour aller fouiller dans ses affaires qu’ils lui avaient volées. Ils trouvèrent les herbes et allèrent allumer des encens. Le village tout entier commença à se prosterner dans la fumée d’herbes magiques devant les totems à l’effigie du Nain habillé en rouge qu’était le Grand Père Hiver.
Gnoumette elle, prit soin de retenir son souffle et de respirer uniquement à travers son foulard de voleuse.
Car bien sûr l’herbe que les Trolls avaient naïvement accepté de fumer en guise d’encens était de la Feuillerêve.
Peu de temps après le début de la prière collective, les visages se détendirent, les rires nerveux se mirent à fuser ainsi que les phrases débiles.
-Hey mec, tu t’es jamais demandé pourquoi on appelle ces doigts les pouces, alors que ça pousse pas pourtant ?
-Ouaaiiis grave, j’y avais jamais pensé, t’es un vrai philosophe mec.
Les Trolls commencèrent à relâcher leur vigilance, le Sorcier-Docteur qui continuait à se prosterner déclara mollement :
-Hé vous sentez la bénédiction les gars ? J’crois que l’avenir sera plus rose pour nous.
La Gnome en profita que tous les Trolls soient défoncés et ne fassent plus attention à elle pour ronger ses liens avec une pierre un peu aiguisé. Ça lui prit beaucoup de temps, mais elle finit par se libérer. Alors sans faire de mouvements brusques elle s’enfonça dans le village, retourna à la hutte ou étaient entreposées ses affaires, les prit, et quitta le village en marchant comme si de rien n’était.
Elle fit un salut des deux doigts sur sa tempe vers les Trolls avant de partir vers la plaine enneigée.
-Je vous souhaite un bon repas du Voile d’Hiver les bouffons.
Fradth termina ainsi le premier chapitre :
-La morale de cette histoire est qu’il ne faut jamais envier son voisin, car ses biens ne sont les nôtres d’aucune façon que ce soit. Et cette leçon valut à tribu des Atal’aï de connaître la faim cet hiver à cause de leurs superstitions ridicules envers un esprit de noël.