Je me rappelle encore de l’expérience que j’ai vécue lors de la sortie de WOTLK durant l’hiver 2008-2009 - sans doute la meilleure expérience de jeu qui m’ait été donné de vivre.
La veille, j’étais descendu sur le port de Hurlevent, guettant du ponton l’arrivée du navire sur lequel je devrais embarquer, et cette attente même était délicieuse.
A l’heure dite, et vraisemblablement après un redémarrage que ma mémoire a escamoté, j’ai vu le fabuleux navire à quai, prêt à appareiller: comment décrire mon enthousiasme, le souffle épique que j’ai ressenti…? Des années de War3 TFT avaient travaillé mon imaginaire et je croyais déjà sentir la froide étreinte du continent dans lequel Muradin et Arthas étaient tombés - chacun à sa manière…
Je me suis précipité sur le navire, le cœur tout gonflé d’ardeur, et ce qui s’est produit après n’a démenti aucune de mes espérances: après un temps de chargement inévitable, j’ai vu apparaître, émergeant des brumes, pris dans le vent qui agitait les cordage et les cris des oiseaux marins, les côtes froides du continent maudit, les ciels troublés du grand nord (en plus, nous étions en hiver, l’accord était parfait!) et, enfin, un rocher émergeant des flots, couronné de quelques bâtisses humaines d’une façon qui m’était inconnue: le bastion humain dans ces terres inhospitalières.
Ce rocher se dressait à faible distance de la côte, s’arrimant et se gardant à la fois de cette terre hostile. Le message était clair: l’humanité avait pu prendre pied jusque-là, mais s’enfoncer plus avant relevait de l’héroïsme, était du domaine des aventuriers. Cette impression était décuplée par le siège que subissait le bastion, mené par les forces du fléau revêtant des apparences que je n’avais encore jamais imaginées (je m’étais soigneusement préservé de tout spoil - il faut dire que c’était plus facile à l’époque…).
C’est cette expérience, avant tout, que je souhaitais revivre ces jours-ci.
Bien sûr, « dix années se sont écoulées » depuis, comme le dit la cinématique, et j’ai parcouru ces terres en tous sens pendant les quelques temps que WOTLK a duré.
Bien sûr, je n’ignore rien des monstres et des merveilles qui m’attendent.
Mais je voulais revoir apparaître, une fois encore, après un rapide voyage et au milieu des brumes et dans la lueur douteuse d’un hiver sans fin, d’abord les côtes, puis le bastion si étrangement bâti, les recruteurs revêches et le DK donneur de quêtes au grand cœur, les fermes abandonnées sur la colline à l’herbe rare - bref, j’étais prêt à suspendre mon incrédulité pour vivre une expérience immersive.
C’est pourquoi, afin d’éviter les inévitables bugs que provoque la foule des grands soirs, je me suis sagement déconnecté hier soir et j’ai planifié mon voyage pour ce matin.
Et là… « En raison d’un problème technique, merci de vous faire téléporter directement dans la zone voulue en vous adressant au pnj sur le quai. »
La nostalgie soigneusement préparée, les rêves et les souvenirs, tout cela attendra.
Ne reste qu’un bateau réduit à faire des ronds dans l’eau du port de Hurlevent, oiseau captif incapable de prendre son envol.
J’espère que la résolution de ce bug interviendra rapidement.