Tout comme Reiwyn je me décide à partager avec vous le récit d’un de mes personnages…si vous ne trouvez pas ça moche j’en rajouterais…
⦁ Une rencontre fortuite?
Traaha était parti à l’endroit ou autrefois il faisait sa retraite chamanique. Kulldrash, le vieux chaman du clan lui avait vivement conseillé de reprendre quelques habitudes comme celles-ci. Il avait pris étant jeune l’habitude d’aller sur les hauteurs des Tarides. Il y avait trouvé une petite vallée cachée de tout, propice au recueillement et à la tranquillité que demande une retraite comme celle-ci. Il avait laissé une bonne partie de son armure au camp et même son épée était restée posée près de son matériel! il avait juste pris une dague au cas improbable ou il croiserait un malfrat et son sac. Il ne se souvenait plus très bien de son passé. Beaucoup de souvenirs avaient été broyés quand ils étaient liés aux êtres qui leur étaient chers. Une chose que la magie destructrice du roi Liche avait oublié, c’est son respect et sa loyauté envers son clan, tellement ancrés par sa volonté. Les pensées plus personnelles, elles, avaient été tellement malmenées qu’il n’en restait que des flashs à peine compréhensibles, sans lien les uns avec les autres. Un rocher lui servait de siège, Traaha s’en remettait aux esprits des éléments qui ne l’avaient pas abandonnés depuis sa mort. Mais le son de leur voix s’étaient tu ces derniers temps…
Traaha ne voit pas au loin cet oiseau qui descend en vol plané dans sa direction. Il ne fait pas plus attention à cela, jusqu’à ce qu’il reconnaisse un druide! Oui… en forme d’oiseau …mais celui-ci plonge directement sur lui!
Il se lève mais n’a pas le temps de réagir que l’oiseau est sur lui!
La jeune druidesse avait quelques fois accompagné son ami sur le lieu de sa retraite chamanique pour partager un moment spirituel. Mais là c’était aujourd’hui plus une façon de rendre hommage à l’homme qui l’avait accompagné un moment de sa vie. Elle vivait dans le souvenir de sa présence, une fois dans l’année à cette période ou la nature reprend de la vigueur et s’épanouis. Elle ne se rappelait plus très bien à quelle période il avait été tué. L’évocation de sa disparition la faisait encore souffrir. Mais quelle idée d’avoir eu des sentiments pour un orc? Se demandait-elle aujourd’hui. Elle se contentait de sa solitude depuis. La paix avait eu raison de son chagrin. Mais le souvenir de son aimé pouvait la rendre encore bien pensive. Elle arrivait sur le lieu de méditation quand elle aperçoit une forme qui ressemble à celle d’un orc.
Elle avait oublié la stature imposante de son orc en détail… mais celle de « son » orc était vite reconnaissable, plutôt trapus, droit et musclé sans excès… et là …ses yeux s’embuèrent de larmes, sa vision se troublait… perdant quelques instants le contrôle de son vol…
Traaha prend en pleine face l’oiseau qui semble désorienté…
Notre petite elfe, soigneuse, lance automatiquement une aura de guérison qui forme un cercle vert, typique des druides …elle a tout juste le temps reprendre sa forme d’elfe, elle et Traaha tombent inconscients au sol.
Notre druidesse est la première à reprendre ses sens doucement. Ses yeux ont du mal de s’adapter à la lumière, lentement les images s’affiment, elle peut remarquer le corps d’un orc sur le dos. Elle s’approche de lui. Elle ne peut s’empêcher de fixer son visage longuement, se mettant presque au-dessus de lui. Le choc est grand quand elle se rend compte que c’est bien son Gorn’Ha qui est allongé à coté d’elle! Mais quelque chose est différent chez lui… Elle en a la respiration coupée, incapable de se lever.
_« Nooooooon! » hurle-t-elle finissant par se rendre à l’évidence qu’il porte les stigmates des runiques. Pour eux la vie s’est terminé au combat, ils se sont battus comme des héros, relevés par un seigneur de la mort, le Roi Liche.
Ses larmes sont incontrôlables et inondent son visage.
⦁ Une inconnue.
Comprenant rapidement que ses soins ont fait leur travail sur elle, la druidesse interrompt son cercle. A ce moment, Traaha commence à reprendre cette aura bleuté caractéristique des runiques. Le travail de soins qu’elle se faisait entravait la magie du Chevalier de la Mort.
Traaha commence à reprendre ses esprits… à peine a-t-il vu une forme à coté de lui qu’il se jette dessus, tâtonne sa hanche pour attraper sa dague.
L’elfe comprend trop tard que l’orc qui s’est réveillé est prêt à en découdre. Elle a du mal de saisir ce qui se passe. Mais voyant le visage de Traaha devant le sien, elle ne peut s’empêcher de poser sa main sur la joue de l’orc.
« Gorn’Ha??? » lance-telle dans un souffle, la poitrine compressée par le poids de l’orc.
Indécis un instant, au lieu d’attraper sa dague, prend le poignet de l’elfe pour enlever sa main de son visage et la bloque au sol.
L’elfe en darnassien , sa langue se répète à nouveau mais cette fois en criant:
_« Gorn’Ha c’est toi??? »
L’orc reconnaît son nom et lui répond:
_« Oui!, tais-toi sale chienne de kal-dorei! » Là-dessus, il s’empresse de lui attraper l’autre poignet pour lui interdire tout mouvement au cas ou elle voudrait lancer à nouveau un sort.
_« Arrête tes soins! » lui dit-il d’une voix froide en darnassien. Il ne s’est même pas rendu compte qu’il lui a répondu dans sa langue. Il serre en secouant ses poignets ce qui fait grimacer l’elfe.
_« Je promet! » lui répond-t-elle tout de suite, pointant son visage vers celui de l’orc cherchant à capter ses yeux. Elle s’est vite rendu compte que si elle l’a reconnu, lui par contre ne semble pas du tout se souvenir d’elle. Elle sait ce qu’on fait aux Chevaliers pour qu’ils soient entièrement contrôlés. Son espoir de le voir aller vers elle s’effondre en même temps qu’elle se rend compte qu’elle est en danger et qu’en fait, l’orc va la tuer! Traaha l’attrape par le cou décidé à sortir sa dague. L’elfe lui attrape l’avant-bras en voulant limiter l’étranglement qui commence à lui faire perdre conscience.
Elle arrive à lancer alors un éclat lunaire puis deux, puis trois, quatre, cinq et trois autres sorts à incantation qui coupe Traaha dans son élan.
C’est au tour de Traaha de grimacer haletant, prenant un moment pour reprendre de l’énergie. Ses runes reviennent peu à peu. L’elfe en profite pour se dégager de l’étreinte de l’orc et rouler sur le coté. Elle essaye de lancer sa forme de vol pour s’enfuir, mais Traaha lui balance un coup de poing qui l’assomme…
⦁ Prisonnière
Il s’assoit à coté d’elle, soudain aspiré par le flash d’un souvenir… juste un rire…il ne sait plus qui… mais il semble être typique d’une voix d’elfe… il secoue sa tête, revenant à sa prisonnière. La main qui avait saisi la dague range l’arme et attrape alors une cordelette qu’il avait mise dans son sac. Il regarde fixement, longuement le visage de l’elfe inconsciente. Il ressuie d’un doigt plié, une larme qui n’avait pas fini de faire son chemin. Il revoit les quelques instants qui ont précédé le coup de poing magistral. Des questions commencent à lui venir à l’esprit. Comment pouvait-elle connaître son ancien nom? Et des larmes? Mais pourquoi avait-elle eu cet élan d’émotions? Son attention se porte à nouveau sur l’elfe qui commence à reprendre ses esprits. Il ne sait pas combien de temps il est resté là à attendre son réveil, assailli par toutes sorte d’images sans rapport les unes aux autres. Il secoue de nouveau sa tête comme si cela allait effacer tous ces flash avec en toile de fond la voix caverneuse du Roi Liche…Il savait qu’elle viendrait…« il n’y a plus personne… ». La voix tenace dans son esprit a eu raison de son passé mais quelque chose s’accroche…« je savais! » mais quoi? Voilà ce que le Roi Liche redoutait en déstructurant l’esprit de Traaha! Une conviction! et pas n’importe laquelle, liée au sentiment qu’elle viendrait le sortir de l’emprise de ce Roi démoniaque. Il avait lutté furieusement contre cette voix qui le voulait aussi froid que la glace qui lui servait de linceul. Mais être chevalier du Roi Liche lui permettait aussi de pouvoir continuer…mais à quoi? Tout s’embrouille tout à coup avec en leitmotiv, le son de cette voix cassée et caverneuse, autoritaire et sans âme, qui l’attire vers son destin de runique.
L’elfe cligne des yeux, et sent ses poignets liés. Elle est surprise de voir l’orc comme figé à coté d’elle. Il ne lui décroche même pas un regard. Au bout d’un moment seulement, il tourne la tête vers elle et lui pose une question:
_« Tu me connais? Comment connais-tu mon nom? » demande Traaha.
L’elfe tarde à lui lui répondre, sa tête résonne comme un courge vide séchée au soleil, seule la douleur la fait parler:
_« Hoooo. J’ai mal "
Elle se frotte le crâne endolori. Elle finit par essayer de se redresser, chancelle, arrive à peine à se tenir assise.
_« J’ai cru reconnaître quelqu’un … » L’elfe a du mal de finir sa phrase, pensant au fait bien étrange que seul Gorn’Ha pouvais venir ici pour ce genre moment chamanique qui lui était chère. Elle savait que son ami avait eu à choisir entre l’homme d’armes et le chaman qui faisait partie de lui. Beaucoup de ses ancêtre avaient dû avoir le même cas de conscience.
_ »…mais il est mort il y a longtemps, et tu lui ressembles tellement…il avait pris l’habitude de venir ici…" Elle partait dans ses souvenirs revoyant la mine souriante de l’orc qu’elle avait connu. Son visage se crispait se demandant soudain ce qu’il allait bien faire d’elle. Elle était en vie, mais pour combien de temps? Cela ne lui donnait pas l’envie de parler, tellement stressée de cette situation périlleuse dans laquelle elle était. Plus le temps passait plus elle se demandait s’il pouvait bien être son ami. Mais des gestes familiers, une façon de s’exprimer, et surtout un fait qui venait de lui venir frappant son esprit, il lui avait répondu dans sa langue! Quel orc pouvait avoir cette faculté? Traaha remarquait tout à coup qu’elle le fixait intensément.
_« Dis-moi quel est ton nom? « lui demande-t-il, en plissant les yeux.
_« Je ne te donnerais pas mon nom! » L’elfe lui a répondu dans un souffle à peine audible, sa tête lui fait mal, elle grimace et ferme les yeux à cause de la douleur.
Elle reprend son souffle à réfléchir sur la situation qui lui a échappé:
_ » Je crois bien que tu peux le retrouver toi-même » rajoute-t-elle quelques temps plus tard.
L’orc qui s’était tourné vers elle attendant sa réponse exprime un rictus qui montre son mécontentement. Il croise les bras, puis lui répond:
_« Je t’emmène au clan, ils te livreront à la Horde à notre capitale Orgrimmar. »
⦁ Tu permet? Je termine!
Traaha n’est pas décidé à repartir tout de suite. Cela le dérange d’interrompre ce moment de pause dans sa vallée perdue. Il prend la décision d’emmener l’elfe seulement après sa retraite. Il ne reste là que deux ou trois jours, peut-être quatre … on verra. L’horizon commence à se teinter de lueurs orangées, signe que la nuit va bientôt tomber. L’elfe le regarde s’affairer. Elle commence à comprendre qu’il lui fait une couche en rassemblant avec son pied les quelques feuilles et plantes sèches qui sont sous l’arbre. Il l’attrape par le coude et la pousse sans ménagement sur le tas de plantes sèches qui dégagent une douce odeur de foin.
_« Couche-toi ici pour la nuit » fait Traaha d’une voix grave et d’un ton autoritaire.
L’elfe fatiguée a repris tous ses sens, même si le coup qu’elle a reçue au crâne lui fait encore mal. Elle l’observe se demandant ce qu’elle va faire. Il ne l’a même pas fouillé pour voir si elle n’avait pas une petite lame quelque part. Il ne faudrait pas grand chose pour qu’elle lui fausse compagnie. Elle sait qu’il en est conscient. Alors pourquoi la laisse-t-il avec une simple cordelette aux poignets?
_« Gorn’Ha! » lance l’elfe
_« Qu’est-ce que tu veux!?! » répond l’orc
_« J’ai soif! ma gourde est attachée à ma ceinture » L’orc qui s’était assis entre temps se relève en grognant. Il arrache la gourde de sa ceinture et lui fait boire. L’elfe boit en le fixant dans les yeux. L’orc la fixe à son tour attendant qu’elle ait fini.
_« Tu ne me reconnais toujours pas ? » lui demande-t-elle.
_« Non » est le seul mot que Traaha lui décrochera jusqu’à ce qu’elle s’endorme. Il ne répondra plus à aucune question que lui posera l’elfe ce soir là. L’elfe sombre dans un sommeil agité peuplé des souvenirs de guerres qui la hante durant ses cauchemars. Plusieurs fois Traaha la secoue pour la réveiller. Au petit matin l’elfe finit par se réveiller avec des courbatures à cause cette position désagréable, les poignets liés dans le dos. Elle aperçoit non loin d’elle, notre orc assis, les jambes croisées comme les orcs se plaisent à s’assoir, les mains sur les genoux. Ses cheveux ont blanchi, ses joues se sont creusées, même si sa peau s’est foncée et s’est teintée d’une touche bleutée violacée, ses traits se sont figés à l’age ou la mort l’a emporté. Son corps semble s’être momifié par les années et la magie runique qui l’anime. Rien de plus que le cuir et l’odeur des bêtes du clan n’émane de lui.
Traaha semble entré en /« stase »/ il ne bouge plus, en pleine introspection. Ses yeux bougent comme s’il suivait un mauvais film. Ses joues se gonflent comme sous l’effet d’une grande souffrance. Puis il reprend son calme. Après quelques temps il se rend enfin compte qu’elle est réveillée.
Il avait lancé un feu en milieu de la nuit et avait réussis à tuer une petite bestiole qu’il avait très rapidement dépecé et vidé. L’animal était traversé par un bâton qui le maintenait au-dessus des braises et commençait à rôtir doucement. C’est l’odeur appétissante qui avait réveillé l’elfe. Elle se tenait assise sans rien dire, regardant Traaha qui avait repris ses sens et qui s’affairait autour du feu. Lui qui ne boirait plus et ne mangerait plus jamais, il avait pris la peine de lui faire quelque chose.
_« C’est bientôt prêt " lance l’orc sans même lui jeter un coup d’œil.
L’elfe répond :
_« Il faut que tu me détaches pour que je puisse manger » Sans un mot l’orc lève l’elfe, dénoue la cordelette et la roule en boule pour la ranger dans son sac.
_« Quelque chose me dit que tu vas rester ici » rétorque l’orc en jetant cette fois un regard à notre Kal’Dorei. Puis rétorque presque à voix basse comme pour lui-même:
_ » Gorn’Ha…on ne m’a pas appelé ainsi depuis très longtemps"
L’elfe se contente de s’asseoir près du feu en évitant la fumée. Elle hésite un moment puis finit par demander:
_« Alors, tu ne te souviens pas de moi, des images, rien? » La réponse tarde à venir et l’attente semble interminable pour notre petite elfe. L’orc s’est assis et c’est comme une brume qui passe devant ses yeux semblant envahis d’images.
_« Je ne sais pas si… » « je ne suis pas sûre que » …« non » répond-t-il, en lutte avec lui-même semblant chercher au fond de sa mémoire. Traaha se renferme à nouveau.
L’elfe change de sujet et essaye de parler de chamanisme. Notre orc s’il parle peu, commence à accepter de répondre aux quelques questions que notre elfe pose à ce sujet. Un journée passe, puis deux.
⦁ Un runique
L’elfe s’est rapproché de l’orc non pas une amitié ou une relation naissante, non, il a juste étonnamment accepté la présence de l’elfe. De l’orc jovial riant à la moindre occasion il ne reste rien, juste une froide rigueur. Un soldat d’une extrême indifférence, il semble être devenu. L’elfe n’arrive pas à saisir un tel contraste entre l’orc d’autrefois et ce qu’est devenu Traaha.
Ce matin là elle décide de se rapprocher un peu plus de lui et de l’inspecter. Ses talents de soigneuse lui avait permis autrefois de faire les inspections des runiques elfes qui étaient revenus vers Darnassus. Elle et son équipe avaient recousu et travaillé sur ces corps mutilés. Ils étaient contents d’eux, même s’ils n’avaient pas eu d’avis de la part de leurs « patients ».
Notre amie se décidait de faire à Traaha les points de suture pour refermer de terribles balafres qu’il avait sur sa poitrine et dans son dos. Va-t-il se laisser faire?
Au petit matin le soleil est à peine levé sur les Tarides qu’il donne une chaleur vigoureuse et une luminosité unique d’ocre et de ton de jaune en harmonie avec les grands herbes sèches qui tapissent les vallées de la région. Notre kal’dorei se lève et fait chauffer un peu d’eau pour un thé tonifiant. Traaha est là, fidèle à son poste, assis en introspection. Il semble serein, en tout cas moins agité qu’au début de leur rencontre. Il se contente juste de tourner la tête vers elle et de grommeler un « Throm’ka » guttural qui finit dans un ton grave que peu d’orcs arrivent à faire qu’avec de l’âge. Elle boit doucement son thé à petites gorgées, les mains posée de chaque coté du pot de terre tauren, qu’elle a trouvé dans une des ruines, qui se dressent à proximité de leur campement. Elle s’amuse à regarder les petits dessins qui courent autour du petit pot. Elle se lève et viens se poser devant lui accroupie:
"Gorn’Ha? j’aimerais inspecter toutes ces marques sur toi, tu me laisses regarder? L’elfe n’obtient pas de réponse. Même pas de grognement négatif. Alors elle prend cela pour un oui. L’elfe se rapproche de l’orc et tend une main hésitante. L’épaule de Traaha lui semble tellement loin et proche à la fois. Sa main tremblante finit par se poser doucement sur la peau de mag’har bleutée de l’orc. Traaha se contente de tourner la tête vers elle.
_« Fais vite » A-t-elle comme simple réponse. Plusieurs grosse balafres demandent d’être recousues et surtout du matériel qu’elle n’a pas!
_« Gorn’Ha je fais l’aller-retour à Astranaar, je vais chercher de quoi refermer tout ça, tu me promet de m’attendre ici? »
Traaha le visage grave fais un simple signe de tête affirmatif. Il regarde en plissant les yeux, l’elfe transformée en oiseau s’éloigner à grands coups d’ailes nerveux. La peur au ventre de ne pas retrouver l’orc à son retour.
Si les druides du Cercle Terrestre dont elle fait partie sont neutres vis à vis des deux factions Horde et Alliance, il n’en n’est pas de même avec les gardes d’Astranaar qui sont intrigués de voir l’arrivée précipitée de notre amie, peinant à respirer, obligée de reprendre son souffle. Elle s’est précipitée dans sa petite maison attrapant un sac et le remplissant de biscuits de campagne et de quelques autres objets dont le nécessaire à suture.
_« Tout va bien ? » lui demande un garde. Notre elfe lui lance un:
_« Oui, oui, pas de soucis, juste une monture à soigner pour un ami! » Et elle repart comme une flèche, à grand coups d’ailes vigoureux. Un lieutenant lance un coup de tête à deux gardes à proximité et deux griffons décollent dans le sillage de notre amie.
Notre elfe file comme si elle devait gagner un marathon, mettant une demi-journée seulement pour faire l’aller retour, un record. Quand elle arrive dans leur petite vallée elle ne voit l’orc nulle part. Traaha est introuvable. En faisant le tour du petit camp elle remarque que le sac de Traaha est toujours là. Elle en conclue qu’il ne doit pas être très loin.
Traaha en bon soldat s’est mis à couvert, en position à quelques pas de là, attendant le retour de l’elfe. Il repère notre amie mais aussi ses poursuivants. Il se rend compte aussi que l’elfe n’a pas vu les deux gardes à ses trousses. Il la voit se préparer un thé décidée à attendre l’orc. Les deux gardes se posent à proximité et la surprennent.
_« Mais ou est cette monture que tu dois soigner? » lui lance le premier garde. Notre amie s’est levée tétanisée à l’idée d’avoir été suivie sans l’avoir remarqué. Le deuxième garde tombe sur le sac de Traaha et l’inspecte.
_« C’est du matériel orc ça! » crie-t-il à son compagnon!
_"Mais qu’est-ce que tu fais ici en plein territoire de la Horde?
_« Tu attends quelqu’un? » lui lance le deuxième garde. Notre amie frémis se sentant prise au piège dans l’impossibilité de répondre. La nuit commence à tomber les ombres grandissent autour des elfes accentuant le malaise de notre petite elfe, qui se voit déjà traduite en cours martiale pour espionnage ou pire encore…
Les deux gardes ne remarquent pas les deux yeux bleutés qui les observent. Traaha n’a pas le temps d’intervenir que le premier garde pousse notre elfe, la met en travers de la selle de son griffon et décolle. La situation est tendue dans la région. Les kal dorei sont nerveux. Après la fin de la Légion, la découverte de l’azérite, une nouvelle ressource prometteuse a enclenché des tensions palpables entre les deux factions. Traaha parti depuis la chute de la Légion n’est pas au courant des nouveaux enjeux qui se jouent entre l’Alliance et la Horde dont il fait partie.
L’elfe qu’il vient de croiser et qui semble le connaître est son objectif. Il doit la retrouver, il a bien l’intention de faire taire ces voix qui l’assaillent et le torturent et elle semble être la clé de son passé. Il attrape dans son sac un superbe cor de chasse sculpté en forme de dragon. Le son du cor retentit, grave, long et plaintif. Au bout de quelques minutes un bruit d’ailes sourd se fait entendre et sortant de l’ombre un immense dragon animé de la même énergie que lui se pose majestueusement, secouant sa tête soufflant un halo bleuté en direction de son maître.
Il sait qu’elle venait d’Astranaar. Traaha attrape la chaîne qui pend du cou de son wyrmm de givre et saute sur son dos. Sans un mot, le Wyrmm s’élance et prend son envol en prenant la même direction que les griffons.
⦁ Sauvetage
A quelques pas d’Astranaar Traaha se pose au petit matin, prenant soin de ne pas être repéré par les gardes de la cité Kal Dorei. Le temps doit être compté pour la jeune elfe. Dès que la nuit est tombée, nageant dans le fond de la rivière, il tente de s’approcher pour repérer l’endroit ou « son elfe » a été retenue. Par deux fois il manque d’être vu. Sans son épée et son armure il est vulnérable mais plus léger et plus agile. Par deux fois il tranche la carotide et empêche le garde d’appeler. Le troisième meurt dans un bruit sec de cou brisé.
Il doit très vite intervenir avant qu’on repère les cadavres qu’il a caché sous un véhicule elfe. Avec sa dague il arrive à ouvrir une fenêtre du petit bâtiment ou est retenue prisonnière son elfe. Seul un homme monte la garde à l’entrée. Entendant du bruit de vitre cassée il se précipite à l’intérieur. Traaha lui lance sa dague dans un œil. Sans un cri le garde s’effondre en convulsant. L’orc récupère sa dague, attrape le bras de la kal dorei prostrée et l’attire à l’extérieur. Elle se débat en larme repoussant l’orc.
_Non!!! va-t’en, va-t’en ils vont te tuer!!! Il la jette sur son épaule et repasse par la fenêtre en lui faisant signe de se taire. L’alarme d’une attaque sonne dans la cité. On a découvert les cadavres. Traaha s’arrête un instant en entrant dans la rivière et pose l’elfe dans l’eau lentement. Elle le prend par le cou le regarde dans les yeux en pleurant. Elle balbutie quelque chose que Traaha ne comprend pas.
_« Chuuut! » fait Traaha la serrant dans ses bras et l’entraînant vers le milieu de la rivière. Le courant les emportent et les mettent à découvert. Traaha montre des yeux à son amie qu’ils vont plonger et lentement ils s’enfoncent dans les eaux de la rivière laissant le courant les emporter hors de portée des flèches kal’dorei. Arrivés à un coude du cours d’eau il sort de l’eau se colle le dos à un tronc d’arbre en tenant toujours l’elfe contre lui, vérifie qu’ils ne sont pas suivis et siffle discrètement son wyrmm. L’orc pose l’elfe à l’avant de sa selle et monte derrière elle. La bête s’éloigne en planant et en donnant de lents coups l’aile évitant les branches et les arbres. Des éclaireurs de la Horde voient disparaître l’ombre noire du wyrmm en direction du sud poursuivis par des gardes, essayant de traquer l’ombre du dragon se mêlant à celle des arbres. Ainsi, ils arrivent à semer une partie des gardes. L’orc lance un cri d’alerte en passant au-dessus d’une garnison de la Horde et les derniers gardes lancés à la poursuite de nos deux amis sont abattus.
La tension, trempée et le froid nocturne font grelotter l’elfe qui n’arrive plus à parler. Elle se contente de s’agripper à son ancien compagnon et a fini par poser sa tête sur sa poitrine, les yeux fermés. Aucune chaleur ne se dégage du corps de l’orc mais l’étreinte vigoureuse du runique ont fini par apaiser les tremblements qui secouaient notre elfe. Ils s’arrêtent quelque part en Féralas après deux journées de vol. Plus que jamais isolés ils font un campement au pied d’un gros arbre, le wyrmm se perchant dans ses grosses branches pour se ressourcer.
Traaha avaient vu les ecchymoses sur le visage et les bras de l’elfe. Ils l’avaient frappé voulant savoir si elle avait donné des informations au sujet du transit de l’azérite vers Darnassus. Mais la pauvre elfe n’avait pas eu la possibilité de dire quoi que ce soit sur Traaha sous peine de se voir traitée comme une espionne. Il avaient fini par abandonner la laissant sous bonne garde. Si aucune sanction n’avait été retenue contre elle, il lui avait été interdit de sortir de la cité. L’intervention de Traaha avait scellé sa destinée à celle de son ancien compagnon. L’orc l’avait crue en danger de mort, alors pour lui une seule chose possible c’était d’intervenir. Il se sentait responsable et son honneur lui avait dicté de redresser cette situation dans laquelle cette elfe était à cause de lui. Bien une semaine voir presque deux étaient passées depuis qu’il était en retraite chamanique quand ils avaient respectivement croisé leurs chemins. Il était sur le point de rejoindre le camp du Clan. Son fils Kornosh venait de prendre les rênes du clan depuis peu de temps. Il se décidait à aller voir comment cela se passait. Son temps parmi les vivants semblait pour lui être sur le point de se terminer. Mais tous les événements survenus sur Azeroth et sa propre vie semblaient avoir donnée une autre tournure à sa destinée. Les esprits en avaient décidé autrement semblait-il. On ne pouvait pas dire qu’il s’attachait à cette elfe mais il se sentait responsable d’elle dorénavant. L’elfe le regardait plongé dans ces réflexions comme si elle comprenait le cheminement de ses pensées.
_« Bien, nous risquons d’avoir à faire quelques temps ensemble si je comprend bien » finit par dire l’elfe. Traaha penche la tête vers l’elfe la regardant sur le coté. Son visage aurait exprimé un rictus ressemblant à un sourire? notre amie n’aurait pas trop su le dire. Mais Traaha répliquait sur- le-champs un:
_« je crois bien! »
Là-dessus elle sortait le nécessaire à suture du sac que Traaha avait pris soin de mettre dans ses fontes avant de prendre son vol vers Astranaar. Même le pot tauren faisait partie des petits objets ramassés à la hâte. En tendant le pot à l’elfe, Traaha fit rire aux éclats notre amie qui se jetait à son cou. Il la serrait longuement dans ses bras. Une fois que l’elfe relâchait son étreinte il lui expliquait doucement:
_« Ce serais mieux que tu m’appelles Traaha c’est mon nom dorénavant. Le Gorn’Ha que tu as connu n’existe plus. » L’elfe acquiesçait d’un signe de tête. Puis l’orc répliquait à nouveau:
_« Je ne me rappelles pas de toi. Même si toi tu as encore pour moi des sentiments tu vas devoir les oublier, parce j’en aurais plus jamais envers toi »
L’elfe s’accroupit, silencieuse, quelques temps puis lui demande:
_« Alors pourquoi est-tu venu me chercher à Astranaar? »
_« Parce que je me suis senti responsable de ce qui t’arrivait. Il n’y avait pas d’honneur à t’abandonner ainsi sans réagir »
_« Ah oui l’honneur orc, il n’est pas toujours bien placé! Et cette fois vraiment mal placé!!! » Là-dessus elle se met en mode furtif et disparaît des yeux de notre orc.
Un moment stupéfait qu’elle se soit fâchée ainsi, l’orc reste sans rien dire. Il n’a aucune idée si elle s’est envolé un peu plus loin, ou si elle est resté dans leur campement. Traaha voit une de ses six runes partir pour reprendre de l’énergie mais au lieu de faire remonter sa barre, il perd une deuxième rune. Comment cette discussion aurait pu l’affecter ainsi? Il s’assoit en tailleur troublé. A voix basse comme pour lui-même:
« Je crois que ma destinée a été liée à cette elfe…mais comment, et pourquoi? »
Notre elfe qui est restée à proximité a entendu son monologue. Elle vient s’asseoir auprès de lui.« Désolée je me suis emportée je n’aurais pas dû, je connaît votre passage entre les mains du roi Liche, tout comme votre absence de …sentiments. Mais les runes que tu viens d’employer à cause de notre discussion m’intriguent. »
L’orc ne répond rien constatant juste ses deux runes revenues.
⦁ Azeroth!
_« Je vais être recherchée dans tout le territoire kal dorei. Je préfère me livrer aux miens pour qu’ils décident de mon sort. » L’elfe baisse la tête comme pour se résigner à un avenir funeste. L’orc évidemment tente de la dissuader, mais rien n’y fait . Elle décide donc de partir au petit matin.
_« Je viens avec toi " sort alors l’orc à l’elfe.
_« Je veux bien mais seulement une partie du chemin ». réplique-t-elle.
L’orc fait un signe de tête affirmatif.
Ils entreprennent de remonter en passant par Désolace. Ils prennent de la hauteur, l’elfe ayant accepté de prendre place sur le Wyrmm de Traaha. C’est montant assez haut dans le ciel qu’il aperçoivent cette immense épée plantée en Silithus, aussi haute qu’une montagne, s’enfonçant profondément!
Jamais ils n’avaient vu une telle chose. Et même en entendant parler, personne ne pouvait imaginer l’ampleur du désastre qui secouait Azeroth.
Il restaient un moment figés, horrifiés.
_« Comment est-ce possible? Pourquoi faire une chose pareille? gémit notre elfe ne pouvant détacher ses yeux de la terrifiante image qu’ils avaient devant eux.
_« Décidément j’ai raté des informations capitales moi » fait Traaha.
_« Je t’avance au plus prêt et je file rejoindre les miens » lâche alors Traaha mesurant la gravité de la situation.
Là-dessus il lance son wyrmm à bride abattue vers le nord. Le vent claque et cingle le visage de notre elfe. Une journée de vol les rapproche d’Orneval. Les dernières montagnes séparant Désolaces d’Orneval se profilent devant eux. Traaha demande alors à son wyrmm de prendre un peu de hauteur.
Une énorme masse nuageuse opaque et grise, chargée de cendres assombris tout le nord devant eux. L’odeur de la fumé leur arrive d’un seul coup dans un couloir ascendant qui les projette de façon vertigineuse plus haut dans le ciel…et là en bifurquant au-dessus de la mer pour sortir de ce couloir il découvrent une scène que jamais notre petite elfe aurait pu croire cela possible…c’est l’Arbre-Monde Teldrassil qui se consume en volutes gris assombrissant tout le nord de la région.
L’elfe hurle de rage et de chagrin et se débat dans les bras de Traaha qui tente de la garder contre lui. Un coup de pied dans la nuque du wyrmm de glace lui fait piquer du nez, étourdis. L’elfe s’est dégagée se transformant en oiseau les yeux agrandis et hypnotisée par l’image qu’elle a devant elle: la destruction d’une telle entité, essence même de la nation Kal Dore.
Cet arbre est tellement immense qu’il rempli le ciel comme une montagne, accueillant même la capitale des elfes de la nuit, Darnassus. Elle ne se rend pas compte du wyrmm de glace qui plonge en chute libre tournoyant sur lui même vers le sol a une allure vertigineuse, entraînant son cavalier vers la mort. L’elfe entend au loin le sifflement des ailes du wyrmm allant s’abîmer en pleine mer. En piquée l’elfe se jette à la poursuite du wyrmm qui essaye vainement de reprendre conscience en secouant sa tête. Traaha voit le sol arriver à lui.Tentant le tout pour le tout l’elfe envoie un éclat stellaire sur le wyrmm pour le réveiller. Au dernier moment le wyrmm se redresse rasant la mer et amerrissant dans une gerbe d’eau, d’éclat bleuté et de glace.
Traaha assommé par l’impact de l’eau coule comme une pierre, tout comme le wyrmm qui s’enfonce doucement dans les profondeurs abyssales. Notre Kal Dorei se jette dans l’eau se transformant en épaulard. Elle arrive tant bien que mal à tirer Traaha sur la plage à proximité de la garnison orque du sud d’Orneval. Au loin on entend la bataille qui fait rage entre la Horde et l’Alliance. Elle n’a jamais vu un tel déploiement de force de la part de la Horde. Des corps sans vie de soldats de la Horde et des elfes gisent sur la plage à quelques pas de là. Elle s’allonge épuisée, endormie ou inconsciente elle ne sait pas combien de temps.
Elle se redresse sur un coude. Au loin deux runiques rentrent au camps finissant leur patrouille le long du rivage. S’assurant que Traaha ne retourne pas dans les flots, l’elfe se lance sur les pas des runiques. Un des Chevalier l’aperçoit et lance son destrier dans sa direction. L’elfe se transforme en cerf et se jette ventre à terre en direction de l’orc qui n’est qu’un petit point sur la plage. La peur la tenaille qu’ils la rattrapent avant qu’elle rejoigne Traaha. Si elle se transforme en oiseau ils arrêteront leur poursuite. La course est inégale et les Chevaliers gagnent du terrain à chaque foulée. Notre petit cerf halète bientôt à bout de souffle. Elle entend maintenant le martellement des sabots des deux destriers juste derrière elle. Arrivée à la hauteur de Traaha elle s’arrête. La croyant en train de tuer Traaha ils chargent furieusement dégainant leurs épées. L’elfe retourne Traaha toujours inconscient. Elle leur hurle:
_« Sauvez-le !!! »
Descendus de leur montures ils s’approchent et lui demandent de s’éloigner. Après avoir constaté que Traaha est un des leurs, l’un des chevaliers enlève son gant et pose sa main sur la poitrine de notre orc. Une lueur bleutée irradie un moment la main du runique. Traaha commence à bouger reprenant petit à petit conscience. A peine les yeux ouverts Traaha cherche son wyrmm des yeux et tombe sur l’elfe. Il s’agrippe à un des runiques pour se relever en le remerciant.
L’un des deux runiques s’adresse à notre orc:
_« l’elfe nous a attiré ici pour qu’on s’occupe de vous Chevalier, elle vous a sauvé la vie en quelque sorte. Une espionne? Nous avons ordre de ne faire aucun prisonnier, vous vous en occupez? » Le runique pointe l’elfe du menton. Traaha répond d’un signe de tête affirmatif.
_ » Puisque tout va bien nous continuons notre patrouille, souffrez bien Chevalier! » Termine alors le runique remontant sur son destrier et s’éloignant."
Traaha finit de reprendre ses sens et siffle son wyrmm à plusieurs reprises. Mais celui-ci ne répond pas. Il se jette alors sur notre amie.
_« Ou est mon wyrmm? » A moitié étranglée par l’emprise de Traaha et étouffée par le poids de l’orc l’elfe n’arrive pas à répondre. Elle commence à sombrer dans l’inconscience quand l’orc relâche sa prise. Après avoir repris quelques grosses bouffées d’oxygène la kal’dorei lui répond haletante:
_« Il…il a sombré dans la mer après avoir heurté le niveau de l’eau… » La druidesse tousse, incapable de continuer sa phrase. Traaha la met debout violemment en la secouant:
_« Mon wyrmm! » lui hurle alors Traaha lui postillonnant dans la figure après l’avoir soulevée par le col et mise à hauteur de son propre visage. L’elfe essaye de tourner son visage sur le coté fermant violemment les yeux, ballottée comme une poupée de chiffon.
_« Mon dragon! » hurle encore Traaha. Notre druidesse les yeux dans le vague, le visage tourné vers Teldrassil flambant depuis plusieurs heures n’écoute plus Traaha, les larmes coulant sur ses joues, comme anesthésiée. Elle avait finit au bout d’un moment par agripper le bras Traaha. Il suit machinalement le regard de l’elfe et relâche son étreinte. Il s’assoit en la laissant choir sur la plage pour reprendre aussi un peu d’énergie. Traaha analyse la situation. Notre elfe essaye de reprendre son souffle en posant sa tête contre sa poitrine. L’orc la repousse, la prend par le bras et l’entraîne en dehors du rivage.
_« On ne reste pas ici, on va attirer les regards » En courant pour rejoindre les premiers contreforts rocheux de la montagne, Traaha ne peut s’empêcher de jeter des coups d’œils sur l’immense arbre pris par les flammes. Il en sort de telles volutes de fumée qu’on dirait un volcan en éruption. Un silence de mort a fait place aux bruits de la bataille. Pas un oiseau, pas une seule bête ne s’exprime. Seul le bruit de quelques engins volants gobelins déchirent ce silence pesant.
_« Saurcroc a donné cet ordre? » sanglote l’elfe recherchant un semblant d’explication.
_« Il n’y a aucun honneur à faire une telle chose » réplique Traaha les sourcils froncés.
_« Ce n’est pas le Saurcroc que je connais qui cautionnerait cela! Et de toute façon je n’ai pas assez d’éléments pour en sortir une explication rationnelle », sort l’orc courroucé. Puis Traaha se tait emplis de doutes, se posant autant de questions que notre elfe bouleversée. Son embarras est de ne pas avoir été auprès des siens pour les soutenir dans cette action qui, de toute évidence, ne peut avoir été réalisées dans des conditions honorables pour un orc.
Il sait Kornosh le chef de clan en plein milieu de la tourmente, peut-être même mort à l’heure qu’il est. Connaissant le clan il était sûre qu’ils étaient en mouvement proche des lignes de front. Et donc qu’il ne trouverait plus personne au campement. Sans son armure et accompagné d’une elfe ils n’avaient aucune chance de rester en vie tous les deux. La seule solution était d’aller croiser Kornosh là ou il avait l’habitude de poser ses armes quelques instants.
_« Je dois retourner à Orgrimmar, et passer à Lune d’Argent; il faut que je croise Kornosh, maintenant c’est mon honneur qui est en jeu. Et met toi en panthère, de loin, je passerais pour un chasseur avec son familier. L’oiseau des druides est trop facilement repérable » Notre elfe s’exécute. A intervalle régulier Traaha fait une rune de repérage au cas ou son wyrmm serait à sa recherche. Pour la druidesse rester en chat une journée complète s’avère désastreux pour ses pattes. Aux abords d’Orgi Traaha laisse l’elfe épuisée les pattes en sang dans un petit cabanon abandonné. L’orc en profite pour récupérer de l’armement runique et file à Lune d’Argent ou Kornosh a l’habitude d’aller faire un tour régulièrement. Eilthil est là avec Nirel qui tiennent la taverne des « Mille Soleils », une des plus célèbres taverne de la Horde. Traaha une grande cape de runique sur les épaules et le visage caché par sa capuche s’installe pendant une journée puis deux. Les tenanciers commencent à trouver leur hôte mystérieux, inquiétant. Traaha commande une pinte de bière qu’il ne touche pas, observant dans le coin de plus sombre de la taverne les allées et venues de la clientèle. Il reconnaît Grabuge le chef des Hurleurs Chanteguerre, Gorgash le chef Porte Rage ou Ryzzik Cognesou un des gobelins les plus connus du moment, quelques Elfes de Sang de noble lignée et quelques autres crapules connues pour leurs méfaits ou leur business douteux.
Kornosh le bras en écharpe, apparaît enfin à l’embrasure de l’entrée de la taverne, il est accompagné d’Amokar l’elfe de sang chasseur, du troll nommé Rooya et de son acolyte Körog. Ils s’installent saluant les habitués, discutant avec tout le monde. Discrètement Traaha fait signe à Nirel de venir vers lui. Après deux, trois secondes d’hésitation l’elfe de sang s’exécute s’approchant du runique pour prendre commande, pas vraiment rassurée. Enveloppé dans un chiffon Traaha lui donne sa dague.
_« Pouvez-vous apporter cela à Kornosh et lui indiquer qui lui a apporté? » Traaha a glissé une pièce dans la main de l’elfe en même temps. Nirel comme à son habitude sourit penche gracieusement sa tête en signe de politesse et va donner le couteau à Kornosh en lui murmurant les quelques mots que lui a dit le runique, puis montre l’endroit ou est Traaha. Kornosh regarde discretement sous le chiffon. Il reconnaît tout de suite la dague runique de son père. Il tapote l’épaule de Korog assis à ses cotés en lui glissant deux, trois mots à l’oreille, commande deux bières, les emportent, s’approche de la table et s’ installe à coté de Traaha. En sirotant sa bière, Kornosh rend la dague à son père et écoute le récit de celui-ci. A son tour Kornosh lui explique ce qui s’est passé pendant ses trois semaines d’absence et lui explique tous les evènements qui viennent de bouleverser le monde d’Azeroth. Traaha pique du nez abasourdis par toutes les nouvelles désastreuses qui n’annoncent rien de bon en ce qui concerne une paix possible entre les deux factions. L’elfe est plus que jamais en danger auprès de lui. Kornosh grimace en se levant pour rejoindre ses amis. Sa wyverne a été tuée sous lui. Il a chuté en se faisant des contusions un peu partout sur le corps, le bras transpercé par une branche de sapin, qui du reste l’a sauvé. Traaha file laissant derrière lui une taverne bruyante et animée.
⦁ Rendez-vous
Il reprend le chemin du cabanon. Enfin de ce qu’il en reste. Arrivé sur les lieux il constate que tout a été piétiné. Quelques morceaux de glace perlent en fondant. Des lignes de givre persistent encore sur deux arbres alentours. Pas de corps d’elfe non plus. Quelques taches de sang sont visibles proche de l’endroit ou se tenait la cabane. Il n’aurait pas su dire si c’était le sang des pattes de l’elfe ou autre chose. En tout cas le responsable du carnage était parti emportant peut-être notre elfe dans la foulée.
Traaha siffle de nouveau plusieurs fois son wyrmm mais rien ne répond à son appel. Il s’assoit quelques instants cherchant un début d’explication. Se remettant debout, il commençait à rechercher un peu partout un début de piste, jusqu’à ce qu’il remarque les traces d’un destrier de runique. Il trouvait enfin des marques de sabots s’éloignant en direction de l’est. Il aurait presque pu le croiser! Les traces avaient moins d’une heure. Le cheval semblait chargé, mais avait tout de même pris le galop. Traaha emboîtait le pas du destrier runique. Malgré son armure il s’était mis à courir. Il allait plus vite sans l’elfe, gérant l’énergie que lui coûtait cette allure.
Pourquoi s’était-elle mise à découvert?
Notre elfe avait soigné ses pattes en feu et se reposait le dos collé à un arbre juste devant la cabanon. Les grands arbres alentours rendaient cette partie de la forêt assez obscur. La nuit venait de tomber. Encore occupée à soigner ses plaies, son oreille repère le craquement de brindilles aux abords de la cabane. Un cheval ou quelque chose de lourd approche. Elle commence à perçevoir deux yeux bleutés de runique qui regardent dans sa direction. Il marque un temps d’arrêt et la repère. Une capuche cache son visage. Le cheval reprend son pas vers elle cette fois. Notre elfe s’approche du runique et pose sa main sur une des rênes du cheval.
Quand elle a compris son erreur il est trop tard, elle lance un:
_« Gorn’Ha c’est toi? » hésitante, mais il est si proche d’elle que cela la fait frissonner.
D’une main gantée le runique abaisse sa capuche et lui répond d’une voix encore plus grave que celle de Traaha:
_« Non! Ogorsh! » et sort ses deux épées en même temps.
L’elfe pousse un cri de terreur et se transforme en chat, sautant aux naseaux du destrier. Celui-ci se cabre fouettant l’air avec ses sabots manquant de peu la druidesse, manquant aussi de désarçonner son cavalier.
Se changeant en oiseau elle essaye de prendre son envol mais un souffle de glace alourdie ses plumes et l’empêche de décoller.
Le runique lance des coups d’épées dans le vide manquant à chaque fois de peu notre druidesse agile. Se transformant de nouveau en chat elle essaye d’échapper au runique en grimpant à l’arbre.
Un nouvelle onde de glace l’empêche de monter et la fait glisser au sol. Il essaye de l’attirer à lui avec une chaîne de glace. Elle se transforme alors en forme de cerf pour enlever la chaîne et le chapelet de glace qui la recouvre. Elle réussis à bondir derrière la cabane.
Le destrier se retourne suivant le saut de la druidesse en bousculant les poteaux du cabanon qui s’effondre. Puis le puissant cheval se jette en avant brisant ce qui reste encore debout de la masure. Un piquet vient frapper la druidesse au poitrail lui coupant le souffle.
Elle lui fait un sarment, les racines cloue au sol le destrier; le Chevalier descend de sa monture et lui lance un piège de glace qui finit de la bloquer sur place. Rengainant ses épées, le runique décide alors de ramener notre druidesse comme prisonnière, voulant en savoir plus sur celui qui était sensé l’accompagner et qui semblait être un Chevalier de la Mort aussi.
Il se jette sur elle, l’attrape par le cou, le serrant pour la contraindre à se coucher au sol.
_« Transforme toi en elfe ou je te tue! » lui dit alors le runique dans un souffle glacé sortant sa dague.
L’elfe finit par obéir cherchant quand même un moyen de s’échapper. Il la met à l’avant de sa selle et grimpe sur son destrier, la tenant fermement à la taille. Il lance son cheval au petit galop pour sortir de la zones souvent arpentée par de grosse araignées ou des loups. Arrivé sur la route principale il ralentit la cadence et continue au pas, sachant la route sûre et contrôlée par la Horde.
Déjà à ce moment Traaha l’a pris en chasse. Très vite notre ami réduit la distance qui les séparent marchant sur le coté puis prenant un petit chemin en parallèle de la route. Le bruit de ses foulées est rythmé par le son métallique de son armement. Cela résonne à ses oreilles comme un tambour de guerre. Atterrissant sur la route juste devant le runique et l’elfe il se plante au milieu de la route coupant le chemin.
_« Je me demandais quand tu montrerais ta tête toi! » Lance Ogorsh à Traaha.
L’orc comparé à Traaha est impressionnant, aussi large qu’il est grand le dépassant d’une tête. Il s’adresse à l’efle et lui dit d’une voix gutturale et cassée à voix basse dans l’oreille de l’elfe:
_« Si tu descend de cette bête, je le tue » montrant Traaha du menton. Puis lâchant l’elfe, il met doucement pied à terre. Il recule d’un pas, puis deux, trois et regarde l’elfe attendant sa réaction les bras croisés. Tour à tour elle regarde Traaha puis Ogorsh. Notre elfe reste sur la monture du runique. Il s’approche en reculant de Traaha en observant l’elfe toujours sur son cheval.
_« Mais je n’y crois pas, mon frère ! Elle a des sentiments pour toi! Et toi, mais qu’est-ce que tu fais? » Traaha décidé à récuperer l’elfe arrivait à sa hauteur. Il attrape Traaha par le bras et le retourne:
_« Tu es fou mon frère et tu risques de le payer chère, vous risquez de le payer chère tous les deux! »
_« C’est possible mais c’est trop tard » Lui répond Traaha d’une voix rauque. Ogorsh le retient par le poignet et le regarde dans les yeux. Notre orc sent la poigne vigoureuse d’ Ogorsh serrer son poignet. Il pourrait lui arracher la main! S’il devait se battre contre lui, il aurait un adversaire de taille et l’issue du combat semblait sûrement déjà scellée. Un orc ne recule jamais devant un combat. Même en étant runique.
_« Répond moi!, c’est toi qui t’es introduit dans la citée d’Astranaar en solo l’autre nuit? On a appris que ce devait être un runique, parce qu’il s’est échappé sur un wyrmm de givre en attirant au moins une bonne dizaine de gardes à ses trousses. Les tireurs d’élites trolls et les éclaireurs de la Horde ont pu quasiment tous les tuer! » Surpris par la question Traaha marque un temps de silence scrutant le visage d’Ogorsh.
_« Oui » fait Traaha en faisant un signe de tête à l’elfe pour qu’elle le suive.
_« Je n’ai pas saisi toutes tes motivations Chevalier, mais t’as foutu un sacré merdier, tu mérites une médaille frère, partez et que je ne vous croise plus par ici! » Là-dessus il siffle son destrier, grimpe dessus et met sa bête au petit galop en direction d’Orneval. Mais lui, que venait-il faire près de ce cabanon abandonné perdu au font de ce bois?
Traaha et notre druidesse repartent dans l’autre direction, se mettant à l’abri au creux d’un arbre, Traaha s’adresse alors à notre druidesse:
_« Je suis vraiment désolé pour toi. Ton peuple vient certainement de prendre une cuisante défaite sur les rives d’Orneval. Et beaucoup de Kal’Dorei ont perdu la vie ces derniers jours. D’Astranaar il ne reste rien. Si tu veux que je t’accompagne jusque Hurlevent peut-être que… » L’Elfe le coupe:
_"Nous avons tous les deux été en tord et nous avons manqué à notre devoir autant l’un que l’autre. Sauf qu’ en venant me délivrer, tu as obtenu beaucoup d’honneur dans cette action. Pour moi, des gens de mon peuple ont perdu la vie et j’en suis responsable. Et tout porte à croire que ceux que j’ai connus ne sont plus là. J’aimerais me racheter mais je ne sais pas comment.
_"Nous allons commencer par passer au campement Ombre Vol pour que je puisse récupérer mon armement. Nous déciderons après.
Là-dessus ils s’enfonçaient dans la forêt en direction des Tarides et de Cabestan ou le clan avait établis son campement, sous les ordres de Kornosh, juste après la destruction de Darnassus. Notre orc en avait déduit que son fils voulait prendre du recul vis à vis de la Horde actuellement sous les ordre de la banshee, chef des réprouvés Sylvanas. Elle semblait n’avoir pas eu le choix, mais il n’avait pas eu tous les éléments en main pour critiquer ses prises de positions et ces décisions macabres.
⦁ Le collier
Traaha avait pris l’habitude de lancer le petit feu quand il faisaient une pose pour la nuit. L’orc enlevait donc ses gants. C’est à ce moment que l’elfe remarque quelque chose qui s’était mis à se balancer sous le poignet gauche de l’orc.
Elle prend doucement sa main gauche et regarde ce qui a attiré son attention. C’était autour de son poignet, soigneusement enroulé et s’incrustant dans la chair de l’orc, son collier en mithryll était toujours là. Le petit croissant lunaire, symbole druidique, se balançant au bout de sa chaîne, ternis, noircis par le sang de l’orc et la terre.
Oui, la goule qui déshabillait les corps des futurs chevaliers avait bien essayé de lui enlever, tailladant les chaires du poignet, mais sans succès. L’orc lui-même avait-il fait attention à ce détail, portant toujours de gros gants protégeant ses mains, ne les enlevant que très rarement?
Traaha s’était assis tenant l’elfe dans ses bras, le dos de la druidesse contre sa poitrine et elle, tenant la main de l’orc contre son cœur, incapable d’arrêter les sanglots et le flot de larmes qui l’assaillaient. Traaha avait fermé les yeux et semblait figé comme une statue.
Oui elle pleurait ce qu’elle avait perdu à jamais, l’amour de son compagnon. Elle pleurait le bonheur de l’avoir retrouvé. Elle pleurait toutes ces années ou elle pensait l’avoir perdu à jamais. Elle pleurait tous ces morts, qui jonchaient les rives d’Orneval, ses amis disparus aussi, l’arbre qui n’en finissait pas de se consumer. L’elfe de la nuit s’endormait dans les bras de l’orc, épuisée par le chagrin.
Elle se réveillait dans un lit de feuilles au creux d’un vieil arbre qui sentait les champignons. Traaha lui avait préparé une bestiole qui cuisait remplie d’herbes. Elle cherchait l’orc des yeux, elle était seule. Après avoir grignoté deux morceaux de viande elle se transformait en ours et retournait dans l’amas de feuilles que lui avait préparé le runique.
Il avait lavé le petit collier qui luisait maintenant à son poignet. Il était resté un moment à le frotter machinalement cherchant quelque chose qui aurait pu lui rendre une partie de sa mémoire. Il se mettait à hurler serrant de toutes ses forces ce petit croissant lumineux mais ses cordes vocales le trahissaient, le laissant sans voix, à genoux dans la boue, la tête baissée, ses nattes trempant dans l’eau. Ses mains dans le courant laissaient virevolter le petit croissant lunaire qui arrivait à faire de petits éclats de lumière à travers les herbes aquatiques.
Traaha retrouvait notre druidesse sous forme d’ours une grosse patte sur son nez en plein sommeil.
C’est au tour de l’elfe de se réveiller et de trouver Traaha assis les yeux fermés agité comme les premiers jours ou ils se sont retrouvés. Doucement elle l’appelle en posant sa main sur son épaule. Traaha sursaute et ouvre à moitié ses paupières, cherchant des yeux quelque chose, haletant. Il semble ne pas la remarquer. Elle ne l’avait jamais vu comme ça. Il se couche sur le flanc pour se ressourcer, attendant que ses runes reviennent. Dans un murmure il dit:
_« Enlève moi ce collier » laissant tomber son avant-bras au sol.
L’elfe attrape sa main et essaye de voir comment l’enlever. Mais il est totalement incrusté dans l’articulation, la fermeture n’est plus visible. Insister à l’enlever détruirait son poignet. L’elfe lui fait un signe de tête négatif. Traaha referme les yeux, collant son avant-bras contre lui.
_« Alors c’est ainsi » dit-il à peine audible en guise de réponse.
⦁ Enfin au camps
Traaha lance le départ, ils ramassent le peu d’affaires qu’ils ont et nos deux amis se remettent en marche vers les Tarides puis Cabestan et son petit port. Ils évitent de passer trop près de La Croisée et se dirigent vers le sud de la bourgade maritime, à l’endroit que lui a indiqué Kornosh.
Le camp se dresse à mi-hauteur d’une petite montagne, d’où on peut voir en contre bas, Cabestan et une mer calme, reflétant les derniers rayons de la journée. Seuls les blessés, les jeunes, les anciens et quelques femmes avec des enfants en bas âge sont présents. Les gamins bruyants et toniques accueillent nos deux amis. Kulldrash, le dos voûté par les années, les cheveux aussi blancs que ceux de Traaha vient vers lui, son bâton de chamane lui servant de canne.
_"Thram’ka chevalier! Enfin te revoilà! On te croyais perdu! Le vieil orc se penche un peu et repère enfin l’elfe, juste derrière le runique. Celle-ci esquisse un sourire au vieux chamane qui la reconnaît.
_« Belle prise de guerre dis-donc!« Lance-t-il à Traaha.
_« Thram’ka elfe! »
_« Allez, venez vous restaurer, j’ai un petit alcool qui va vous réchauffer…enfin toi l’elfe » Ils suivent le chamane dans sa hutte. S’adressant à l’elfe le vieux chamane dit:
_ » Je ne m’attendais pas à te voir ici, je ne pensais pas que tu serais encore vivante » Il servait une rasade d’alcool dans un pot en terre et le tendait à notre druidesse.
_« Cela fait si longtemps » Il restait silencieux à dévisager notre elfe un sourire satisfait et hochant la tête, lui serrant affectueusement la main, après l’avoir mise dans les deux siennes. « Et toi Traaha, ta retraite chamanique t’as-t-elle permis d’avancer? » Traaha commence par grogner puis répond:
_« J’aurais dis que j’ai eu une retraite plutôt active, chamane! » Il expliquait au vieux chamane ses péripéties, finissant par un:
_« Et voilà de croiser une Kal’Dorei dont je ne me rappelle même pas le nom! »
_« Ho si tu ne te souviens même pas jusqu’à son nom c’est qu’elle devait compter pour toi. Le Roi Liche n’aurait pas effacé autant d’informations sur elle s’il n’y avait pas eu cette nécessité. Et tu as changé Traaha. Je ne peux pas te dire comment mais cette rencontre n’est pas le fruit du hasard. »
Le runique grommelle regardant l’elfe qui lui décroche un petit sourire à la fois gêné et amusé. Cela a pour conséquence de le faire secouer la tête.
_« Je pense que tu dois être fatiguée mon amie, suis moi, j’ai une hutte pour toi. Quant à toi Traaha nous avons à parler un peu tous les deux »
Le runique penche la tête en signe d’acquiescement. Notre druidesse se sentant en sécurité est à peine la tête posée sur sa couche qu’elle s’endort d’un sommeil lourd.
⦁ Souvenir de runique
A chaque fois qu’il revenait au camps il ne pouvait s’empêcher de se rappeler la première fois qu’il était rentré au clan. C’était un jour comme celui-là qu’il était revenu, ne sachant trop comment allait être l’accueil. Il savait que les gens de sa race ne voyaient pas d’un très bon œil les réprouvés, et tous ceux qui morts, avaient eu le malheur ou l’extrême chance d’avoir été relevés. Mais les circonstance de son retour n’était pas du tout ce à quoi il s’attendait…
flash back
C’était un jour d’automne au petit matin alors qu’une brume épaisse couvrait le camp Ombre Vol, un des orcs de garde vit soudain se dresser à l’entrée du camp une forme fantomatique. La forme était là figée ressemblant à une immense carrure d’orc. Sachant qu’aucun des membres du clan n’était à l’extérieur le garde sonne le cor d’alerte.Tout le camp se réveille d’un coup prêt à en découdre même si les yeux peinent à s’ouvrir. Tout faisait penser à un orc à part ses yeux! Ses yeux perçaient l’obscurité d’un halo bleuté c’est même toute sa stature qui irradiait d’un halo bleuté tenant de toute évidence à une magie. Cela avait tellement terrorisé l’orc en faction à la porte, que le cor avait porté à plusieurs lieux à la ronde!
L’homme en faction lance une phrase de mise en garde. Après un silence insoutenable la forme lui répond par un « Throm’ka » lent, caverneux et guttural semblant venir de la brume elle-même. La fraîcheur laissait voir la respiration du garde qui s’accélérait à mesure que les secondes passaient. Les guerriers s’amassaient maintenant à l’entrée prêts à charger. Kulldrash le vieux chamane s’approchait aussi, devancé par Krah’Meyrah qui posait ses totems au sol prête à soigner et seconder les guerriers.
_« Un esprit, un esprit faites venir les chamanes » lancent les guerriers indécis. Seuls les quelques guerriers revenus de Norfendre commencent à comprendre à quoi ils ont à faire. Borgosh, un vétéran, lance alors d’une voix grave et presque à voix basse:
_« Non les gars! ça c’est un runique, un Chevalier de la Mort, une engeance du Roi Liche, un monstre revenu d’entre les morts » Là-dessus les hommes reculent d’un pas serrant encore plus fort les manche de leurs armes prêt à lancer l’assaut.
Le runique s’est avancé, il arrive à peine à passer l’entrée du camp qu’il est assaillis de tous cotés. L’impressionnante forme a rejeté sur ses épaule une cape qui le couvrait jusqu’au sol et a dégainé son immense épée qui irradie tout comme lui cette lueur bleutée. Il arrive à peine à repousser le premier assaut. Quand il a une seconde, de répit, il enlève son casque et hurle:
_« Je suis Traaha!, je suis Traaha! » Mais personne ici ne le connaît sous ce nom. Les guerriers font pleuvoir sur lui le métal. Le bruit du combat est étouffé par une brume lourde et humide qui empêche les hommes de voir à plus de quelques pas. Le runique pare les coups qui pleuvent. Son épée de saronite finit par se briser sous les coups répétés de la dizaine de guerriers qui font pleuvoir sur lui des dizaines d’impacts de métal.
_« Je suis un orc, je suis un frère! Laissez moi parler!!! » hurle encore le runique se mettant à genoux. Les hommes s’arrêtent surpris de l’avoir à leur merci. Il l’empoignent. Korrok lui hurle:
_« Que fais-tu ici runique? Ta place n’est plus parmi les vivants! »
Korrok lève sa hache pour lui donner le coup de grâce quand Kulldrash s’approche levant la main pour arrêter le geste du guerrier. Le vieux chamane Long-Voyant arrive à la hauteur du runique. Les guerriers se regardent indécis.
_« Je t’attendais Gorn’Ha » s’exprime le chamane d’une voix étonnamment calme contrastant tellement avec la fébrilité qui agitait les combattants. Pointant sa hache vers le runique, Korrok hurlait au chamane:
_« C’est Gorn’ha? Mais pourquoi il ne l’a pas dit? » Sans quitter le runique des yeux Kulldrash lui répond:
_« Simplement parce qu’il a oublié jusqu’à son propre nom. Mais pas son clan. C’est pourquoi il est là » s’adressant alors au runique, le chamane lui dit:
_« Les esprits m’avaient avertis de ta venue. Suis moi, nous devons savoir si tu es totalement libéré de l’emprise du Roi Liche et de la Légion Ardente. Tu ne dois opposer aucune résistance. Tu reviens parmi les tiens oui, un orc ne se sent bien que dans son clan, mais il y a des conditions. »
Ils partent jusqu’à Oshu’Gun. Un Chant du Vent chamanique va commencer pour notre runique. Les chamanes psalmodient des jours entiers mettant Gorn’Ha en transe. Plusieurs fois le runique manque de peu de rejoindre ses ancêtres. L’épreuve spirituelle s’achève libérant le Chevalier de la Mort d’une bonne partie des liens qui l’unissaient à son ancien maître. Le chamane, pas totalement satisfait lui dit alors:
_« Les esprits ont décidé de te laisser encore dans ta non-vie temporairement. Tu dois accomplir des actions que les esprits n’ont pas révélés …pas encore. …Gorn’Ha n’est plus.
Tu t’es nommé Traaha, soit! Tel sera ton nom aux yeux de tous dorénavant. »
Là-dessus le chamane le laisse à sa souffrance de runique.
Traaha ne sera pas acclamé comme le sont tous les guerriers à leur retour de combat. Qu’importe comment, il est tombé. Tout au contraire les membres du clan sont mal à l’aise en sa présence préférant s’éclipser dès qu’il approche. Seuls sa fille Krah’Meyrah et Kulldrash accepteront sa présence. Même son jeune fils, Kornosh, sera distant vis à vis de son père dans les premiers temps. Ceci plus pour cacher sa tristesse que de la méfiance. L’ancien chef du clan n’était pour lui que l’ombre de lui-même.
…Traaha posait ses affaires près de son matériel qui n’avait pas bougé depuis son départ.
⦁ La Lame d’Ébène
Un des premiers souvenirs du clan de Traaha c’était l’arrivée au petit camps dans les Tranchantes ou le clan avait l’habitude d’aller au moment de la reproduction des Drakes. Tannk’Ha les attendait toute recroquevillée sur sa canne, la petite vieille cette année là cherchait du regard Gorn’Ha. Il était le dernier à atterrir lentement sur son immense wyrmm de givre. Alors que tout le monde était déjà affairé à poser leur sacs, elle attendait à l’entrée, scrutant avec ses yeux bleutés, quasi aveugle, l’arrivée du runique. Traaha était arrivé à sa hauteur et s’était mis un genoux en terre, la vieille lui attrapait la main qu’elle portait jusqu’à sa poitrine, comme cherchant à faire le lien avec l’esprit du runique
_« La destinée n’est pas un sentier tout droit, à chaque courbe, tu découvres des choses que tu ne croyais pas imaginables. Même pour toi, la Destinée te réserves des aventures qui te permettront peut-être bien de trouver des réponses à tes questionnements. Ne te décourages pas » Là-dessus Traaha ne devait plus jamais la revoir. L’été d’après la vieille chamane avait rejoint ses ancêtres.
Depuis cette histoire que les chamanes aiment encore raconter à la veillée, Traaha avait fini par se faire accepter. Mais si au clan Traaha y avait trouvé sa place jusqu’à reprendre pendant une période les rênes du clan, il n’en n’était pas de même avec les autres clan orcs réticents à l’idée de se réunir avec lui. Dès qu’il avait senti son fils apte au commandement, Kornosh avait pris le relai.
Au petit matin quand notre elfe se lève Traaha n’est plus là. Le portail donnant accès à Achérus était encore visible. Il avait reçu un appel venant du grand vaisseau servant de base à tous les Chevaliers de la Mort, ceux qui avaient eu le privilège d’être relevés par la magie des runes. Kulldrash l’invite à prendre un thé avec lui, toujours aussi curieux de comparer les recettes médicinales des potions de guérison. Si Tannk’Ha lui avait appris pas mal de chose sur la manière de guérir des chamanes orcs, Kulldrash approfondissait ses connaissances, ce qui lui procurait beaucoup de satisfactions.
_« Tu sais, quand Traaha part pour Achérus on ne sait jamais pour combien de temps il s’absente. Ce peut être que quelques heures, parfois des jours voir des mois. Je préfère que tu sois au courant »
_« Et combien de temps faut-il pour y accéder en monture volante? » s’enquiert l’elfe.
_« Je dirais bien une bonne semaine avec deux jours de vol en pleine mer, Achérus étant toujours en bordure des Îles Brisées » Kulldrash voit notre elfe froncer le nez.
_« Donc il en a pour un moment à revenir alors, c’est ce que je voulais savoir. »
_« Oui mais il peut refaire son portail dans l’autre sens aussi alors tout est possible, enfin cela ne pose pas de problème pour ta présence ici, tu sais que tu es la bienvenue ».
Le commandant de la Lame d’Ébène Darion Mograine accueille Traaha, lui met une main sur l’épaule:
_" Je sais que que tu as l’habitude de soutenir ton clan à cette heure. Mais aujourd’hui nous devons savoir si tu es toujours un Chevalier de la Lame d’Ébène, frère. Tu vas devoir faire un choix. Nous n’avons pas pris position dans une faction en particulier, nous avons même pris nos distances. Je te laisse peu de temps pour décider."
_"Ha! au fait! Pourras-tu récupérer ta furie là? " Le commandant montre du doigt un wyrmm enchaîne lançant des coups de patte à celui-ci qui s’approche d’un peu trop près, faisant cliqueter, à chaque mouvement, les chaînes qui le maintenait prisonnier.
_« Il volait en boucle au sud d’Orneval juste au-dessus de la garnison. Pas très commode ta bête, je ne sais pas comment ils ont pu la maîtriser sur place »
Traaha siffle. Instantanément son wyrmm se fige reconnaissant son maître et se calmant aussitôt. Chaque coup de sifflets qu’il avait fait régulièrement avaient été comme des éclats d’énergie ramenant le wyrmm à la conscience. Un filet télépathique les reliaient grâce à cette magie runique dont ils étaient baignés tous les deux. Peut-être que le wyrmm aurait fini par retrouver son maître comme un limier remonte sa piste.
En rentrant Traaha a une discussion avec Kulldrash:
_"Je me suis libéré de mes obligations avec la Lame d’Ébène, Kulldrash "
_"Comment est-ce possible mon ami? " rétorque le chamane.
_« La voie que je mène depuis quelques temps semble ne plus être en phase avec la ligne de conduite des runique leur semble-t-il. Je me suis donc détaché de leur objectifs de base »
_« Tu ne répondras plus à l’appel de Bolvar? »
_« Je serais par contre toujours à ses ordres, quoique je fasse »
⦁ Une mission à deux
Traaha, est revenu au camp une semaine plus tard, le temps de revenir en vol d’Achérus.
Au clan orc initial, de ses membres à la peau cuivrée, venu d’Outre-Terre à la même période que Garrosh,de ceux qui avaient passé la porte des ténèbres suivant leur ancien chef Garn’Agash le démoniste et ancien chef de clan verdissant leur peau sous l’emprise du sang du démon Mannoroth, s’était ajouté ceux qui avaient rejoint petit à petit les unités d’élite en vol.
On pouvait y voir à peu près toutes les races qui composaient la Horde aujourd’hui même si les orcs étaient tout de même en majorité.
A intervalles réguliers le chef de clan rentrait avec ses hommes, ramenant des vivres, des cadeaux et de la bonne humeur. Ils revenaient pour réparer ou changer le matériel et les armes, faisaient tourner leurs magnifiques wyvernes et drakes qui méritaient une séquence de repos.
Seuls restaient à demeure les forgerons plus que jamais sollicités, frappant inlassablement le métal chauffé à blanc. Ce soir là au son des cliquetis des armes et des armures, les orcs rentraient appelants leurs proches à grands cris de guerre et de cors de chasse. Le camps s’était remplis d’un coup. Curieusement le wyrmm n’avait pas perdu les sacs de nos deux voyageurs.
Notre elfe si elle avait retrouvé à peu près tous ses objet avait sorti de son sac une bouillie infâme, tout ce qui restait des biscuits qu’elle avait emportée. Le wyrmm de Traaha posé un peu plus loin semblait ricaner, la voyant en sortir des doigts pleins de biscuits pâteux.
Fossoyeuse, la capitale de la Banshée Sylvanas était tombée. L’Alliance avait fait une offensive qui avait fait perdre à la Horde une grande partie des territoires en Terres de l’Est. Les Elfes de Sang tout au Nord devaient se sentir bien seuls dorénavant. Saurcroc le grand seigneur de guerre orc sur lequel s’appuyait le clan se trouvait dans les geôles de l’Alliance. Sylvanas n’avait même pas négocié un éventuel retour du leader orc. Cela donnait une ambiance d’insurrection autour du feu, quand le sujet était abordé, dans les rangs du clan.
C’était le moment de la veillée, tous s’étaient réunis autour du grand feu qui brûlait au centre du camps, crépitant, teintant et donnant à tous les visages la même couleur orangée.
De voir le runique en permanence sous son immense cape, depuis son passage à Orgrimmar, l’étonnait. Notre elfe se décidait de demander à l’oreille de Traaha:
_« Je peux ranger ta cape? » Traaha surpris par une telle question avait mis quelques instants avant de faire un signe de tête hésitant, faisant glisser la capuche sur ses épaules, la laissant dégrafer la cape de sa poitrine. En enlevant la lourde pelisse, elle avait machinalement laissé glisser une de ses nattes entre ses doigts. L’elfe le gratifiait d’un sourire discret presque gêné.
C’était au tour des membres du clan de faire soudain silence, à se retourner et fixer de runique, certains n’ayant pratiquement jamais vu son visage. Traaha baissait la tête semblant regretter son geste.
Un jeune orc assis à coté de Kulldrash lui demandait alors:
_« Qui est l’elfe à coté de Traaha, chamane? » Embêté par cette question qui devait bien sortir un jour, il balbutie:
_« Heu…c’est…son …aide-de-camp! Oui son aide-de-camp! » Se redressait-il fière d’avoir pu trouver un rôle improvisé à notre elfe.
_« Ho! c’est la première fois que je vois un runique avec un aide-de camp » réplique alors l’adolescent trouvant l’elfe à son goût.
_« On fait comment pour être runique ? » Lui lance alors le gamin d’un sourire malicieux. Le chamane lui jette alors un long regard plein d’éclairs le faisant fuir.
_« Druidesse suis moi, nous devons parler. » Notre elfe suis Traaha dans une hutte, puis lui montre une buche habillée d’une peau de mouton.
_« Assied toi » Tous les deux s’assoient, l’elfe attentive à ce que va dire notre runique. Angoissée à l’idée que l’orc lui déclare qu’ils doivent se séparer. Elle se rendait compte que le clan était en train de devenir une famille. D’autres druides du Cercle Terrestre étant aussi présents justifiaient sa présence au camps. Traaha en était conscient.
_« Kornosh a besoin d’un, voir plusieurs bateaux pour la Pandarie. Je lui ai proposé de m’occuper de cela avec toi. Es-tu partante? Je ne peux pas t’en dire plus » Dit-il presque dans un murmure. L’elfe, les yeux ronds étudie à peine la proposition, qu’elle fait un signe de tête positif en guise de réponse.
_« Bien, nous partons demain matin au lever du jour ».
_« Nous partons ou? » demande alors l’elfe. Traaha fait un :
_ « Chuuuuut! » Là-dessus,il s’éclipse rapidement.
⦁ Cabestan
Au petit matin ils prennent tous les deux le départ, avant que le camps ne s’anime. Seul Kornosh ayant à peine soulevé la tenture de sa hutte fait un signe pour leur souhaiter une bonne route. Traaha en plus d’un gros sac a attaché une immense épée à deux mains dans son dos. Plus de cape ni d’armure de Chevalier de la Mort qu’il a troqué avec du matériel de guerrier. Il n’a plus rien de runique cachant même ses yeux avec des lunettes gobelines et un casque masquant une bonne partie du visage. Ils se dirigent vers Cabestan.
Dans la nuit un conseil de clan avait été fait, à l’ abris des oreilles indiscrètes. On savait que certains pouvaient approuver les décisions de la banshée Sylvanas. Ce n’était pas le cas des orcs du clan. Ils avaient pris la décision de se détacher discrètement de la Horde de temps d’y voir plus clair. Il fallait trouver un lieu ou éloigner le camp sans éveiller les soupçons. Ils avaient l’idée de partir de la région. Traaha expliquait cela, dans les grandes lignes, en chemin à notre elfe. Le but était de trouver des bateaux pour débarquer une partie du clan le plus loin possible des capitales de la Horde.
Arrivés au bourg ils prennent le ponton pour Baie-du-Butin. Du monde se presse, beaucoup de gobelins toujours en pleines discussions commerciales, quelques trolls avec leurs tenues chatoyantes visitant leurs familles sont l’essentiel des passagers. Enfin notre bateau arrive débarquant des passagers et des caisses de toutes sortes. Personne ne remarque vraiment le runique. Traaha se sent rassuré.
Le flot des dockers et des passagers partis, ils montent rapidement à bord attendant le départ. Traaha et l’elfe s’installent dans le bateau à une table fixée au sol tout comme les tabourets…ils finissent par arriver en vue du port.
Petit bourg tout au sud du continent Baie-du-Butin se voulait une enclave neutre ou les deux factions pouvaient commercer. Lieu d’histoires plus terribles les une que les autres, on pouvait y entendre plus que partout ailleurs autant de légendes sur des trésors que sur des actes de pirateries . Une cité de gobelins comment voulez-vous que ce soit autrement? Tout y était dans ce petit port de pêche; rançons, règlements de comptes, pêches miraculeuses. Quand ils débarquent ils font le tour de la bourgade, repérant les quelques bateaux à quai.
_« Nous devons trouver les capitaines de ces bateaux » dit Traaha prenant le pas en direction de la taverne. L’elfe le suit s’imprégnant de l’ambiance plus qu’animée du quai un peu plus loin, quand elle reconnaît l’un des deux gardes d’Astranaar qui l’ont arrêté, à quelques pas d’eux.
_« Traaha le garde, là, il m’a arrêté…! »
_« Viens dans l’ombre! » Traaha la tire alors dans un endroit discret. L’elfe se cache dans les bras de Traaha lui attrapant la nuque. Traaha en voulant poser sa joue contre la sienne pour faire croire à un flirt, effleure les lèvres de l’elfe. Il s’embrassent. Le garde s’en va, ils ne l’ont même pas remarqué.
_« Excuse moi » murmure Traaha dans un souffle, relâchant doucement son étreinte, cherchant du regard le garde qui n’est plus là.
_« Ouiiii tu n’as plus de sentiments, moi non plus » lui répond notre elfe en lui prenant le bras. Traaha la regarde une onde d’incompréhension sur son visage.
_« Tu sais déjà que les hommes ne comprennent pas toujours les femmes… » Rajoute-elle encore. Elle voit notre orc secouer sa tête comme si une grosse mouche l’agaçait.
_« Bon passons à la taverne pour voir s’il les capitaines traînent dans le coin » Traaha prend la direction de la taverne. L’elfe lui emboîte le pas. Ils s’installent pour prendre une boisson.
Le tavernier, un gobelin un peu grincheux envoie ses commandes d’une voix nasillarde et un parler direct . En réponse à la demande de l’elfe pour prendre une chambre, elle et notre runique, il s’appuie sur son avant-bras pointant son nez vers eux, l’autre main, le poing fermé sur le comptoir:
« Dites voir! Un couple tous les deux? Vous me la faites pas, j’en ai tellement vu ici. J’finirais par connaître la raison de votre présence dans l’coin! Mais toi le runique oui, j’t’ai repéré, évite de l’égorger dans la nuit j’veux pas d’histoires, ni de sang à gratter pendant des heures. »…« Et pas d’entourloupes ici, vous payez AVANT consommation, je veux voir vos Pièces d’Or sur le comptoir! » là-dessus il claque un « Ranza! une chambre pour cette et dame et… » il montre Traaha en secouant une main et ramassant de l’autre les pièces. Traaha qui ne s’attendait pas à un accueil comme celui-ci monte l’escalier menant aux chambres en se retournant plusieurs fois pour lancer des coups d’œils au tavernier. Dans la chambre l’elfe s’assoit sur le lit le menton sur les genoux en souriant.
_" Alors comme ça tu vas m’égorger dans la nuit" Traaha met un moment à répondre posant ses affaires sur une chaise bancale, puis se contente de tourner la tête dans sa direction sans même la regarder, en lui répondant:
_« Il a raison de se méfier de moi, il n’y a pas si longtemps, j’aurais égorgé mon propre fils » puis il s’assoit en tailleur dans le coin le plus sombre de la pièce, les bras croisé sur la poitrine.
L’elfe se demandait s’il n’avait pas été un peu vexé de l’accueil que lui avait fait le tavernier. Mais si notre Chevalier avait voulu la tuer ce serait fait depuis longtemps, vu le nombre de fois ou elle s’était endormie dans ses bras ou à coté de lui. Sur cette réflexion l’elfe s’endormait difficilement, le bruit des clients en-dessous, les activités du port finissant tard dans la nuit, et les propos du gobelin l’empêchant de fermer l’œil.
Le lendemain au moment de partir le tavernier toujours aussi aimable avec eux leur lance un :
_« Bon vent! »
En guise de réponse Traaha s’approche de lui, le soulève d’une main dans les airs, le passant par-dessus le comptoir et mettant son visage à la hauteur du sien. Le gobelin gesticule en pinchant des choses incompréhensibles. Notre runique plonge sa main quelque part derrière lui, ce qui fait hurler et gesticuler le gobelin encore plus vivement.
_« Merci pour ton accueil, gobelin ».
Le runique lui enfile une Pièce d’Or dans la bouche et lui sort un:
_« Voilà un petit pourboire ».
Le runique, avec un petit rictus, lâche d’un coup le gobelin qui tombe assis sur son comptoir. Le tavernier en se frottant les fesses commence à grommeler puis hurler un:
_« Si ça c’est de l’humour runique…qu’est-ce que vous regardez AU BOULOT » Dans la foulée il prend une craie pour marquer sur son tableau à l’entrée « Les chiens et les runiques INTERDITS ICI! »
En se retournant l’elfe s’adresse à Traaha:
_« Ho, je crois bien qu’on ne pourra plus s’arrêter ici » montrant alors à Traaha le panneau.
_« Ha ha! » Fait Traaha le visage restant inexpressif. C’était la première fois qu’elle voyait notre Chevalier exprimer un semblant de rire. Cela emplissait son cœur de joie. Une journée qui commençait ainsi…elle se demandait comment elle allait finir!
Deux elfes de sang discutent aux abords du quai. Ils regardent en coin nos deux amis. Un matelots s’approche de Traaha et lui dit:
_« On a su que vous étiez à la recherche d’un bateau à affréter. Mon capitaine vous attend. » l’elfe de sang fait un signe de tête à Traaha. Celui-ci s’approche
_« Je peux vous parler en toute discrétion? »
_"Suivez moi sur mon navire alors on sera tranquille dans ma cabine.
Ils montent à bord du « Voie d’Argal »
Traaha a tenu à parler seul à seul avec le capitaine. Notre elfe attend donc un pont au-dessus avec le second. Du pont on entend la capitaine crier:
_« Mais trois navires? avec l’Alliance qui s’amuse à réquisitionner nos bateaux dès qu’ils s’approchent un peu trop près de leurs cotes? PAS QUESTION! »
La discussion semble animée. La capitaine finit par sortir de la cabine suivi par un Traaha grimaçant.
⦁ En avant « Hissez-haut »!
Il prend notre elfette à part.
_« Elle veut bien accepter mais à une condition, qu’on remplisse pour elle une mission. »
_"…Hmmm …et c’est quelle sorte de mission?"
_« un emprunt! » Traaha la regarde dans les yeux.
_« et sans toi je ne pourrais pas l’accomplir ».
_« Haaaa je vois, t’as besoin d’une petite druidesse qui peut se faufiler partout hein? »
_« C’est quelque chose chose ça oui, alors t’es partante? »
_« Et je suppose que je dois donner ma réponse tout de suite! » Traaha hoche la tête. Notre elfe fulmine, le regarde avec les sourcils froncés. Après quelques secondes elle fixe Traaha en lançant:
_« De toute façon si je dis non c’est toute la mission qui tombe à l’eau et comme j’ai accepté de te suivre… » Traaha fait un rictus et s’en va confirmer.
_« Mais je dois être folle de m’embarquer dans cette histoire » se dit notre amie en monologue. Traaha reviens.
_« On embarque dans deux heures à la tombée de la nuit ».
L’elfe entraine notre runique sur les hauteurs cherchant à voir le paysage qui les entourent. Le vent du large vient s’engouffrer dans les cheveux de l’elfe lui donnant une allure de Déesse. Elle recule en appuyant son dos sur la poitrine du runique, elle prend ses mains et les croisent devant elle.
L’orc resserre son étreinte machinalement observant le bourg en contre-bas, on entend le bruit d’une bagarre, les pêcheurs qui vendent leurs poissons, le petit marchand qui offre des colifichets aux gens de passage. Les nattes du runique se mêlent aux cheveux de l’elfe qui ferme les yeux profitant d’un des rares moments ou ils peuvent être seuls. Mais surtout elle savoure un instant qui lui avait été impossible peu de temps avant. Elle avait la conscience que cette infime parcelle de temps serait un des plus beaux instants qu’elle aurait à garder en souvenir de son ami devenu runique…cela s’achevait soudain…une flèche arrive sifflant dans leur direction. Elle semble porter un papier. Elle claque sur le rocher un peu plus bas devant eux et commence à tomber de la falaise ou il se sont arrêtés. Notre druidesse se jette sur la flèche en prenant sa forme d’oiseau et la rattrape. Elle lit le message écrit en darnassien.
_« Ne montez pas sur le bateau, vous êtes en danger " elle peut lire, écrit à la hâte. Notre amie regarde Traaha inquiète.
_ » Qui a pu nous envoyer ça? Ce n’est pas signé " près l’avoir tendu à l’orc. Il finit par répondre après avoir eu un temps de réflexion:
_« Je ne suis pas sûre qu’on ai beaucoup de choix. On doit embarquer mais on sera à la merci de l’équipage en pleine mer et je ne sais pas ou on doit aller. La capitaine n’a pas voulu me donner plus de détails. Et les seuls bateaux disponibles dans la région sont les siens. »
Deviantart roseleseach impossible love
Pandarie nous voilà!
Ils embarquaient au soir, pour naviguer sous les étoiles, vers le Sud-Ouest.
Mélgorn, sous forme de chat, le frère de notre elfe regardait le bateau manœuvrer, pour sortir du port. Il s’était posé là, à l’endroit même ou Traaha et elle s’était arrêté, au-dessus du petit port. Il se demandait dans quelle histoire ils s’étaient embarqués tous les deux.
En revoyant notre orc, son histoire lui revenait en mémoire. Petit, l’orc avait été recueillis par la mère de notre elfe, du coté de Sylvanaar en Outre-Terre.
Celle-ci l’avait trouvé, près du corps sans vie d’une orque et d’un grand loup, certainement sa mère. Pas très loin du lieu du combat, deux ogres gisaient dans une mare de sang. Les autres ogres s’étaient éclipsés à l’approche de l’elfe, certainement blessés, laissant sur le sol des traces de sang fraiches. Le petit s’était caché dans les buissons, à deux pas de là, à l’approche du grand tigre. La seule chose qu’il avait sur lui, était une énorme dent de dragon arc-en-ciel, en pendentif. Sa sœur sortant de l’adolescence, passait beaucoup de temps avec notre orc …cela les avaient rapprochés; peut-être un peu trop à son goût?
Mélgorn avait trainé ses guêtres dans le coin, cherchant un nouveau foyer, vendant ses potions de soins au plus offrant, profitant de la zone neutre pour faire quelques affaires. Là, il avait surpris des conversations de matelots, voulant profiter de cette nouvelle manne qui avait fait son apparition et que tout le monde murmurait: l’azérite! Pire que l’or, elle attisait toutes les convoitises! L’Alliance et la Horde se déchiraient pour l’avoir…
Le bateau filait, toutes voiles dehors, ne formant plus qu’un point à l’horizon, dans les dernières trainées orangées de la journée.
_« Capitaine je ne leur apporterais plus leur repas! » Avait hurlé le mousse visiblement décidé à ne plus jamais croiser l’orc.
_« Mais que s’est-il passé? »
_« Je l’ai surpris en arrivant il me tournait le dos! regardez ce qu’il m’a fait!!! » Le mousse montrait une estafilade tout le long du bras.
_« Le truc qu’il a dans son dos et qu’il ne quitte jamais, c’est une lame de rasoir! » Le pauvre gamin en frissonnait en y faisant allusion!
_« Aaargh! Cela ne va pas arranger nos affaires. » Répondait le quartier-maître préoccupé.
Dans la nuit …des bruit de courses sur le plancher du bateau…des corps balancés par dessus bord…un râle d’agonie et des cris…
_"Reste dans la cabine!!! murmure Traaha à l’elfe et il prend son visage dans une main pour être sûre qu’elle a bien entendu. Elle essaye de faire un « oui » de la tête.
Traaha sort de la cabine…des bruits de combats à proximité se font entendre un des mutins a eu le malheur de s’en prendre à Traaha. La machine à tuer est en marche…des têtes volent, du sang coule sur le ponton avec des hurlements et des râles d’agonie, c’est une hécatombe. On ne voit que les éclats de l’épée reflétant la lumière lunaire qui virevolte dans le noir, sabrant allègrement tout se qui se présente, mutins et équipage confondu.
Le peu de mutins qui reste est maîtrisé. Mais de l’équipage il ne reste que quelques hommes qui n’ont pas tout le maniement du bateau en main. Le capitaine vient de perdre les deux tiers de son équipage. La flèche était surement lancée pour les mettre en garde à ce sujet…
_« Maintenant tu me dis tout ou tu passes par-dessus bord! » distille Traaha au capitaine après l’avoir pris en discussion dans sa cabine.
_« C’est bon, c’est bon, vous devez ramener un œuf de Serpent-Dragon »
_"Rien que ça!!! " Répond Traaha.
Ils finissent par débarquer sur une côte de Pandarie.
_« Les œufs de Serpent-Dragon sont là… » La capitaine Fengard montrait les falaises. Des pics rocheux, pointant leur dard à plusieurs dizaines de mètres de la surface de l’eau, inaccessibles pour le commun des mortels, se dressaient vers le ciel. Ces dragons avaient trouvé le lieu idéal pour la protection de leurs nids. L’elfe grimace. Si pour y aller en forme d’oiseau pas de soucis mais pour le porter et le descendre de là…avec les gardiens en prime…Ils décident de rester dans une petite grotte deux à trois jours pour connaître les habitudes des créatures qui peuplent les environs. Notre elfe se demandait bien à qui ils allaient « emprunter » cet œuf. Les mouettes criaient, le temps était de la partie. Ils attendraient les premières lueurs du jours.
Un gros pandaren à l’air débonnaire et bien en chaire qui rangeait son matériel de pêche dans la grotte les surprend au petit matin.
_« Mais qu’est-ce que vous faites ici? » hurle -t-il se mettant en positon de défense de moine.
Traaha surpris lance une attaque et se jette sur le pêcheur. Ce n’est pas un pandaren qui sont présents mais trois moines pandashan qui accueillent Traaha fermement! Traaha vole d’un coté et son épée de l’autre! Traaha et l’elfe ne s’avouent pas vaincus relancent une attaque à deux mais Traaha finit à genoux neutralisé par les moines. Ils essayent de saisir la druidesse mais celle-ci se jette dans l’eau et file sous sa forme marine.
L’un des trois lui lance alors:
_« T’es un coriace toi dis-donc! » Puis réplique à ses comparses
_« Vous avez vu ses yeux les amis? » Les pandaren se penchent sur le runique pour le dévisager. Traaha ferme les yeux dépité, ficelé comme un saucisson incapable de bouger. Une petite panda rousse l’observait, Méraëlle était surprise de voir des membres de la Horde dans cette région de Pandarie.
_« Nom nom nom nom » Dit-elle, Traaha ne comprenait rien. Voyant l’air interrogateur de l’orc la panda éclatait de rire.
Ils emmenaient notre Chevalier de la Mort au bourg le plus proche, suivis par une druidesse en mode furtif…
Cet été vous allez avoir la suite…