Les points de l’OP sont vrais du point de vue grand public, mais quand on creuse un peu l’histoire à chaque objection Blizzard peut amener un contre-argument et une justification. Pour mettre en avant les trous scénaristiques, on peut regarder de ce côté :
=> Deux erreurs des devs.
- Narrateur menteur
« Menteur » au sens large, ce qui inclut mensonge par omission ou par retcon.
La trahison du lecteur par l’auteur.
C’est un procédé qui existe certes, et qui peut être intéressant sur le côté intello, mais qui a toujours créé des polémiques et qui n’est pas franchement adapté à un jeu vidéo / cinématique. Disons que ça fait interroger sur la sincérité des imges (une question importante à notre époque) au détriment de l’attachement à l’univers (qui du coup est sacrifié, et semble factice).
Donc je suis à la fois d’accord avec ce constat, c’est du retcon lourd.
Et à la fois pas d’accord avec Marsao quand il dit que Sylvanas n’était pas méchante et l’est soudain devenu par la magie du scénarium … c’est pas si simple. C’est même beaucoup trop compliqué : elle était méchante, c’était canon, puis retcon, elle n’était pas méchante, c’était canon, puis re-retcon derrière, c’est de nouveau canon.
Le direction au scénario de ce personnage en vérité, c’est un poulet sans tête.
- Des oublis de logique
Ça arrive à tout le monde mais là ça commence à se voir. Que Sylvanas accepte le duel avec Saurcroc pour le fun, admettons. Que le plan de tuer tout le monde pour son plan passe par le fait de vaincre la Légion… Il va falloir ramer pour l’expliquer maintenant !
Et ça va passer, déso Blizzard, par nous expliquer ENFIN le lien entre Néant et Ombreterre, parce que l’Ombreterre retcon énormément de choses sues sur le Néant.
D’où ma mise en garde contre le fait de croire en un canon unique pour Warcraft, entre les différents médias avec tous les auteurs différents (…quand on voit que même entre extensions de WoW, il nous montre des canons assez contradictoires désormais)…
C’est bien résumer l’erreur du « narrateur menteur ».
#NotInMyName
Et ça ajoute une troisième erreur.
- Nier le libre-arbitre et la perspicacité des joueurs
Devant un livre, si on voit venir l’intrigue 15 km à l’avance, on sait qu’on ne peut rien y faire et qu’on ne peut qu’être témoin de ce qui est déjà écrit et publié.
Dans un RPG, avec l’immersion permise par le jeu de rôle vidéo, le même sentiment d’occultation de notre propre « prescience » apparaît comme une insulte.
Je suis loin d’être le seul à annoncer le WTF scénaristique et la diabolisation débile de Sylvanas (qu’on admette, ce qui pourrait être mon cas vu que je suis pas attaché à ce perso, ou qu’on n’admette pas).
Depuis plus d’un an on est peut-être la moitié des intervenants à expliquer par le menu ce qui va se passer et à dire « stop le massacre pliz ».
Et ça arrive.
Et on y peut rien. Le scénario est déroulé en ignorant royalement le RPG et donc ses joueurs, c’est en fait le pur et simple monologue d’un studio en sueur.
Et même en jeu nos persos ont eu le choix entre jouer le scénar débile préécrit, ou ne pas jouer. Je peux vous dire que c’est pas beaucoup joué (par rapport à Legion par ex.).
La quête de Saurcroc arrive pour passer la pommade, sauf que, mdr, pour accéder aux quête de la Résistance il faut d’abord finir la campagne de guerre…
Du coup j’ai toujours pas assisté au mak’gora ni à la libération de Baine, sur Ajaxandriel. J’… osef
En fait ce que vous comprenez pas c’est qu’il n’y a pas à comparer Jaina et Sylvanas : leurs apparitions sous cheatcode sont toutes deux des plus stupides.
Enfin la quatrième erreur majeure des devs.
- Confusion généralisée dans le récit
Le récit est brouillon, étalé sur plusieurs années, sur plusieurs médias, et même sur un seul média comme le jeu de départ, Legion-BfA-SL, dispersé dans des patches.
Là où le narrateur menteur, les plot-holes, et le snobage de la perspicacité des lecteurs, tout ça pourrait à la rigueur passer dans le rapport direct 1 auteur - 1 livre - 1 lectorat, là ça ne peut pas fonctionner.
Evidemment que tout le monde s’y perd et que l’histoire, même si elle n’était pas « sans queue ni tête », le paraîtrait sans aucun espoir de rédemption…