La folie est rarement, voire jamais présentée comme une circonstance atténuante dans l’Univers de WoW. Sargeras est devenu fou en découvrant les Seigneurs du Vide, il est malgré tout présenté comme irrémédiablement mauvais. Pareil pour Aile-de-Mort, ou la quasi-totalité du Marteau du Crépuscule, personne ne contestera pourtant que Cho’gall mérite autre chose que l’Antre. Même un personnage comme Gul’dan peut être qualifié de fou en regardant les circonstances de son pacte avec la Légion : une vie de coups, d’humiliations et de rejets doit influer sur la psyché du bonhomme, et pourtant c’est l’archétype du monstre irrémédiablement mauvais que rien ne pourrait extirper de l’Antre.
Et dans le cas d’Arthas, la « folie » qu’il subit a la circonstance aggravante qu’il se l’est infligée lui-même, malgré les conseils de ses proches, là où les exemples précédents étaient isolés donc plus vulnérables.
Rien que le choix de partir en Norfendre était absurde, il ne sait rien de ce qu’il y attendra si ce n’est Mal’Ganis et son armée, même Jaina lui a dit que c’était un piège, et il y part sans ravitaillement avec Lordaeron.
Ensuite, sa décision de se baser sur Deuillegivre est elle aussi absurde : tout ce que Muradin lui a dit c’est qu’il s’agissait d’une antique épée runique, rien n’indiquant une quelconque puissance de l’épée, de ce qu’il savait cette épée était juste bonne à servir de pièce d’exposition au musée de Forgefer.
Pour reprendre Patton, le but d’un soldat n’est pas de mourir pour sa patrie, mais de s’assurer que le gars en face meurt pour le sien. Et dans le cas des soldats de l’expédition, c’est le roi lui-même qui leur demande de rentrer, l’intérêt de la patrie se trouve donc en Lordaeron, non au Norfendre.
Non, mais c’est parce qu’il le fait qu’il est méchant, ce sont les actions d’Arthas qui fait qu’il soit considéré comme tel, y compris par les devs.
Mais il sait qu’il doit sacrifier son âme, et déclara qu’il paiera n’importe quel prix pour sauver son peuple. C’est l’histoire classique du pacte avec le diable, et ceux qui signent ce type de pacte sont rarement considérés comme des gens bons quand bien même le pacte se retourne contre eux. Après tout dans le cas d’Arthas, l’épée lui a effectivement donné un grand pouvoir et permis de « sauver » son peuple : ils seront maintenant des sujets du Fléau, et seront immortels à jamais. Et quand au prix de l’âme… A partir du moment où tu t’en débarasses, il ne faut pas s’étonner de là où elle se retrouve, même les gardiens de Deuillegivre lui ont dit que l’épée ne lui ferait que du mal…
La population de Stratholme est son propre peuple, population qu’il a massacré sans savoir à quel point elle était infectée et s’il était possible de sauver des innocents.
On a aussi dans la description des Deathlords ayant suivi son exemple (coucou Merio) cette phrase :
When Arthas Menethil took up the sword against his own people in Stratholme […]
Comme si l’intervention n’allait pas faire plus de mal à eux ou à Arthas, voire dégénérer en guerre civile…
Mais tout le monde a une voie de ne pas être irrécupérable, c’est pour ça que les âmes mauvaises sont d’abord envoyées à Revendreth pour tenter de les récupérer, et c’est seulement quand les âmes prennent trop de temps à être récupérées qu’elles seront envoyés dans l’Antre.
Si on compare les crimes de Kael’Thas a ceux d’Arthas, c’est assez déséquilibré :
Certes Kael s’est retourné contre son peuple et a rejoint une armée maléfique comme Arthas, mais quand Kael attaque Lune-d’Argent il se contente de prendre ce qu’il est venu chercher : Mu’ru, là où Arthas est allé tuer 90% de Quel’Thalas pour prendre le Puits, sans parler de Lordaeron…
C’est un peu la différence que décrivait Soljenitsyne entre Lénine et Staline : quand le premier devait tuer 2 personnes, il en tuait 2, là où Arthas en tuait 100 là où il devait en tuer 2…
Aussi, si Sylvanas n’a pas de voie irrécupérable, il n’y a aucune qu’Arthas l’ait, après tout les crimes de Sylvanas ont été commis au centuple par Arthas même avant Deuillegivre (Et même là l’épée n’a pas fait de lui un pantin sans contrôle, quand il avait le contrôle il se révélait même plus mauvais que quand Ner’zhul lui donne des ordres : c’est Arthas qui insiste pour massacrer les réfugiés de Lordaeron quand Ner’zhul lui demanda de venir le sauver), et le point de départ des crimes de Sylvanas vient d’Arthas : c’est lui qui l’a relevée, l’arrachant à son après-vie paisible (supposément Bastion) et déformant son esprit.
Entendons-nous bien : dans l’absolu une rédemption d’Arthas n’est pas inenvisageable, et dans l’absolu la damnation de Sylvanas n’est pas non plus irréaliste. C’est quand les 2 chemins sont mis ensemble que cela ne va pas, on ne peut absoudre un bourreau en vouant aux gémonies sa victime.