Je suis plutôt fanboy de Blibli, et j’ai tendance à accepter sans discuter les retcon et autres modifications du Lore, mais je commence depuis quelques années à voir pointer quelques incohérences qui posent de réels problèmes de compréhension du monde, et qui m’empêche de plus en plus de m’immerger dedans.
le problème le plus important de mon point de vue, est le rapport de wow à la mort. Quelques questions n’ont pas trouvé de réponse, et posent des problèmes majeurs de cohérence tout en posant des questions eschatologiques. Mais pour mieux comprendre ces questions, il est nécessaire de se demander ce que nous sommes et ce qu’il nous arrive à notre mort.
- Que sommes-nous ?
• Nous possédons un corps, c’est indéniable.
• Nous possédons une âme, qui est à la fois tout ce qui nous définit (esprit, volonté, intelligence, mémoire, etc.), mais qui possède également apparemment une partie physique pouvant être manipulée et utilisée (les fragments d’âmes, les fantômes, les « âmes en peine », etc.), à moins que l’on considère l’âme comme une substance spirituelle qui demanderait pour se manifester (physiquement) un support matériel quelconque. Cette dernière option permettrait d’expliquer les lieux hantés, mais également les esprits enfermés dans des objets.
• Nous possédons des énergies qui nous déterminent et nous permettent de vivre. L’énergie vitale (PV, symbolisé par la magie de la Nature), l’énergie magique (la mana, symbolisée par la magie des Arcanes probablement) et l’énergie lumineuse (dont on ne sait rien si ce n’est qu’elle s’oppose à la mort et permet de vivre malgré tout, même lorsque tout semble s’opposer à ce que ce soit le cas, et dont nous avons eu de nombreux exemples dans le Lore ou dans le jeu (songez à la quête de la Couronne de glace par exemple, aux pouvoirs des prêtres ou des paladins, à Uther ou d’autres personnages du même genre et aux pouvoirs incroyables qu’ils déploient « au service de la lumière et de la vie » (car les deux semblent liés inextricablement dans l’univers d’Azeroth, nous y reviendrons))).
- A la mort, que se passe-t-il ?
Nous allons ici d’abord faire un récapitulatif de ce que nous connaissons des morts possibles :
• On ne meurt pas : les Elfes, certains mages.
• On disparaît purement et simplement : c’est le cas de la plupart des gens, dont on n’entend plus parler.
• Notre corps disparaît, mais notre âme demeure et hante un lieu : fantômes, âmes en peines, banshees, etc.
• Notre âme disparaît, mais pas notre corps : zombie, squelette, etc.
Par ailleurs, des personnes disparues réapparaissent différemment :
• Sous forme spirituelle : c’est l’âme qui se manifeste (visions, fantômes bienveillants, etc.)
• Sous forme entière : c’est la personne elle-même (corps + âme) qui revient après un voyage dans l’au-delà (Valarjars, héros guerrier, etc.)
Enfin, les personnes peuvent être rappelées :
• Leur âme : par l’invocation des Loas, la prière (lumière) ou la nécromancie (ténèbres).
• Leur corps (et leur âme ?) : par la prière (lumière) ou la nécromancie (ténèbres).
Les lieux de l’Au-delà :
• Le paradis et l’enfer sont des plans d’existence parallèles, spirituels et physiques. Il semblerait cependant que lorsqu’on parte pour l’un ou l’autre on laisse son corps derrière soi (dans la tombe), ce qui semblerait indiquer que l’on récupère un « nouveau » corps en arrivant dans ces plans d’existence ? De ces plans d’existence, on peut revenir physiquement en Azeroth, pour autant que notre corps tienne le coup. Cela semble donc réservé à ceux morts de mort violente, avant « leur dernière heure ».
• Le monde des Loas : il s’agit d’un plan d’existence purement spirituel, qui peut parfois se manifester physiquement dans notre monde. On ne sait rien des entités de ce monde, si ce n’est que plus elles sont adorées, plus elles sont puissantes. Il existe une relation spirituelle entre leur existence et la nôtre. Il est même possible que le monde des Loas ne soit pas un plan parallèle mais seulement un monde invisible en permanence présent autour de nous. Une telle hypothèse permettrait de comprendre les interactions physiques de certaines âmes avec notre plan (fantômes, etc.), ainsi que la capacité de certains à les manipuler (démonistes).
• Il existe de nombreux autres plans, tels que le néant distordu, où se trouve l’âme des démons, ou les lieux de résidence de dieux ou déesses particulièrement puissants tels qu’Elune par exemple, dont nous ne savons toujours pas si elle est purement spirituelle ou également matérielle dans une certaine mesure.
Ces quelques éléments permettent cependant de dresser une hypothèse de ce que sont la vie et la mort dans Wow. Pour bien comprendre nous prendrons comme exemple la vie, de la naissance jusqu’à la mort naturelle :
• La vie est l’ensemble des liens énergétiques liant le corps à l’âme jusqu’à sa mort (naturelle).
• Ces liens sont de Nature (N = PV), Arcane (A = Mana), Sacré / Lumière (S = ?). Ces trois composantes sont nécessaires pour que la cohérence du jeu, nous le verrons plus loin.
• Au fur et à mesure, l’énergie corporelle (N) fluctue, d’abord en croissant jusqu’à l’âge adulte puis en décroissant jusqu’à la mort. Un être doté d’une grande énergie corporelle mourra donc plus difficilement ou plus lentement. C’est par exemple le cas des nains ou des tortollans par rapport aux humains.
• Tout au long de la vie, le lien entre les énergies corporelles (N) et spirituelles (S) est maintenu par l’énergie ordonnatrice du monde, l’Arcane (A). Puisqu’elle organise tout, il est naturel qu’elle soit présente également dans chaque personne. Cette énergie se dissous naturellement lorsqu’une des deux autres énergies vient à disparaître, mais elle a tendance à ralentir le processus de corruption naturel des choses. Ainsi, les elfes, vivant proches du puit de lumière furent modifiés abondement par la magie arcanique qui, en ralentissant leur corruption (et potentiellement leur métabolisme ?), leur permit de vivre beaucoup plus longtemps que leurs aïeux, les trolls. Il est à noter qu’un arcaniste particulièrement talentueux peux maintenir ce lien entre le corps et l’âme même après la mort, lui permettant de demeurer physiquement présent dans la « non-mort ». On en connaît quelques exemples (Meryl).
• Quant à l’énergie spirituelle (S), c’est sans doute ce dont on ne sait rien ou presque. Mais nous avons de nombreux exemples, dans le Lore ou dans le jeu, de ce que la puissance de l’énergie spirituelle (S) peut faire : ressusciter les morts, relever les corps (même dans un état avancé de décomposition), guérir ou restaurer l’énergie corporelle (N), même de corruptions naturellement incurables. Avec les morts-vivants touchés par la lumière, un problème se présente cependant qu’il faudra évoquer également.
• Cette énergie spirituelle (S) est directement liée à l’âme. De sa quantité à notre mort dépendra le lieu où nous nous rendrons : si nous avons un haut niveau de S, au paradis. Si nous avons un niveau moyen de S, nous resterons dans ce monde, errant ou asservi, soumis à un loa ou libre, voire devenant un nouveau loa si nous sommes l’objet d’un culte. Enfin, si notre S est trop basse, nous allons en Enfer / Hellheim / autre séjour des morts négatif.
• La mort est donc la séparation naturelle entre le corps et l’âme, le corps se décomposant et l’âme poursuivant son voyage selon son état spirituel.
• On peut déterminer que tout ce qui a trait à l’ombre ou à l’impie s’oppose directement à l’énergie spirituelle et à la vie et promet son utilisateur à Hellheim. En effet, il est visible dans le jeu qu’au paradis, seuls sont présent ceux qui ont eu une vie et une mort au combat glorieuse. A l’inverse, en Hellheim sont les pires créatures et les traîtres, les lâches, les faibles. On peut imaginer aisément que la même chose soit présente pour les différentes valeurs (humilité vs orgueil, bien vs mal, miséricorde vs rancœur, etc.), discriminant entre ceux dont l’âme elle-même est corrompue par l’adhésion à l’ombre et ceux qui sont demeurés fidèles à la lumière.
• Une grande différence entre l’ombre et la lumière, pour interagir avec les morts, est que la lumière reçoît généralement une aide du mort ou lui en apporte une, là où les ténèbres asservissent toujours les âmes concernées (plus ou moins).
On pourrait aisément mettre les adeptes de la nature ou de la lumière (prêtre, paladin, druide, moine, chaman) au service d’une certaine transcendance désintéressée en opposition avec l’apparent matérialisme des adeptes de l’ombre et de la mort (nécromanciens, chevaliers de la mort) qui utilisent et corrompent la vie, l’âme ou la lumière afin de parvenir à leurs fins.
Mon problème se situe dans le rapport qu’entretiennent la lumière et la vie. Il ne semble pas, en observant la vie telle qu’elle se déroule en Azeroth, qu’on puisse distinguer clairement lumière et vie. L’une et l’autre paraissent inextricablement liée. Si l’on défend la vie, on est un servant de la lumière, et qui embrasse la nécromancie et de facto attaché à l’ombre.
On a l’impression que les seigneurs du vide sont aussi opposés à la vie qu’à la lumière. Quelques exemples :
• Je n’ai trouvé aucune trace dans le jeu (ou dans l’histoire) que l’ombre ait servie à restaurer la vie d’une personne quelconque. Les seuls à le faire (à ma connaissance) sont les prêtres (sacré), les chamans (esprit), les moines (esprit), les paladins (sacré), les druides (nature).
• De la même manière, la mort ne manipule ni n’utilise la lumière. Aucun nécromancien « de lumière » jusque-là.
Par ailleurs, le terme de mort-vivant paraît très imprécis pour rendre compte de réalités extrêmement différentes :
- Les zombies et squelettes ne semblent pas avoir d’âme et ne sont guère plus que des pantins articulés, inconscients de ce qui leur arrive. Ils seraient en bois ou en fer que cela ne changerait rien. Cela pose la question de l’utilisé d’animer ainsi les morts. A moins que je me trompe et que ce soit l’âme des êtres en question qui soit rappelée et asservie, ce qui expliquerait bien des choses (dont l’utilité de cette technique) mais poserait des problèmes de compréhension (pourquoi est-ce le démoniste qui utilise des âmes ? Pourquoi le DK semble les consommer plutôt que les utiliser et les conserver ? Où vont les âmes consommées ? Dans un univers parallèle situé dans l’arme employée ? On y reviendra)
- Les Banshees, fantômes et autres âmes en peine sont à priori bien dotés d’une âme et sont donc conscients de ce qui leur arrive, mais ils sont affreusement torturés et ne sont donc pas libres de faire ce qu’ils veulent. Ils hantent des lieux ou des objets, ou bien obéissent à des maîtres.
- Les réprouvés sont des morts-vivants qui ont en possession leur âme et leur corps. Bien qu’ils aient été relevés par un nécromancien, ils ont réussi à échapper (relativement au moins) à son emprise. Leur comportement est donc très différent de celui des MV précités dans la mesure où ils agissent comme des êtres libres capables de tout. Nous savons cependant que leurs sentiments sont néanmoins atteints : ils ne ressentent que des émotions et des sentiments négatifs. Leur âme semble donc avoir été atteinte et n’a pas été restaurée parfaitement. Sont-ils parfaitement libres ? Sont-ils voués à revenir à la mort ou à entraîner mort et destruction dans leur sillage ? Ce n’est pas clair, mais il est évidemment très paradoxal que l’instinct de survie soit tellement présent chez les réprouvés en même temps qu’un tel ressentiment à l’encontre de tout ce qui vit.
Les morts-vivants touchés par la lumière semblent être des morts-vivants qui, ayant été relevés par la nécromancie (donc incomplètement contrairement à une résurrection, qui restaure entièrement et parfaitement le corps et l’âme de la personne), ont ensuite subi un rituel de lumière afin de restaurer une partie supplémentaire de leur corps et, il semblerait, de leur âme (Calia semble ressentir une palette de sentiments et d’émotions beaucoup plus vaste que Sylvanas).
Enfin, quelques questions, pêle-mêle :
- Comment Sylvanas, dont les deux seuls buts connus et avoués ont toujours été de survivre et de développer les réprouvés (donc la mort) aurait-elle eu de nouveaux plans (plus globaux) ?
- De quelle liberté les réprouvés jouissent-ils exactement ? Quel est leur rapport à la vie ? Se considèrent-ils comme vivants en dépit de l’absence de métabolisme qui les caractérise ? Ne sont-ils pas plus proches de formes de vie à métabolisme beaucoup plus lent (Elfes ?) ou de personnes vivants grâce à la magie (Meryl, etc.) ?
- Est-ce que l’imperfection de la réanimation nécromancienne s’explique par sa nature (l’ombre est/serait imparfaite par rapport à la lumière ?) ou par l’intention mauvaise de la personne (une intention imparfaite entraînerait une restauration imparfaite ?) ?
- Quelle est la place des divinités dans tout cet ensemble ? Il semble acquis que la plupart des divinités azerothiennes sont mortelles (d’une manière ou d’une autre). Les dieux très anciens, les titans, les naarus, les seigneurs du vide, les dieux sauvages, tous sont en réalité des protagonistes de l’histoire d’Azeroth, tous ont une forme matérielle (plus ou moins sensible), aucun d’entre eux ne semble posséder les attributs divins propre à un Dieu dans son acception moderne (c’est-à-dire l’omnipotence, l’omniscience, la perfection, etc.), sauf un être non encore défini, Elune. C’est la seule dont on ne connaisse pas la forme matérielle (pour peu qu’elle en possède une), la seule qui pratique des miracles (en dehors des adeptes de la lumière, dont on ne sait pas bien s’ils accomplissent les miracles de leurs dieux (lesquels ?) ou si la lumière elle-même accomplit ces prodiges).
- Quelle est la nature d’Elune ? C’est évidemment une des questions les plus discutées. On ne sait pas, mais tout semble pointer vers un être totalement spirituel, doté d’une puissance plus grande que celle des divinités azerothiennes classiques. Elle revêt pour le moment les attributs d’un Dieu moderne : non-implication directe dans l’histoire, omnipotence, omniscience…de là à en faire l’équivalent d’un « Eru » azerothien, il n’y a qu’un pas.
- On sait qu’elle peut utiliser les arcanes (sélénites).
- On sait qu’elle peut utiliser la lumière (prêtres, Naarus)
- On sait qu’elle n’est pas un titan (les titans ne peuvent agir spirituellement et ont besoin d’être présents en personne ou au moins par un avatar)
- On sait qu’elle n’est pas une mortelle (même chose que les titans)
- On sait qu’elle n’est pas un Naaru (bien que lumineux, les naaru ont besoin d’être à proximité de là où ils agissent, et ils ne peuvent utiliser la magie des arcanes)
- On sait qu’elle n’est pas un DTA (lumière), ni un DTA « du bien » (même chose que les titans)
- On sait qu’elle n’est ni démon (arcane), ni liée à la mort (elle ressuscite ou transcende la mort (Ysera)).
- Elle pourrait donc être (hypothèses) :
- La déesse de la lumière (mais probablement un cran au-dessus des seigneurs du vide vu ses pouvoirs). Mais pourquoi arcanes ??
- La déesse de la Vie (on n’en connaît pas à priori), ce qui expliquerait sa proximité avec les elfes et les taurens. (Pourquoi les arcanes ?)
- La déesse « du bien », qui serait une déesse toute puissante, au-delà de la lumière, de la vie et de l’ordre. La Déesse créatrice, originelle. Ce qui expliquerait énormément de choses sur son cas (pourquoi on ne la voit pas, pourquoi on ne connaît que des mythes à son sujet, pourquoi elle est toute-puissante, pourquoi elle intervient peu, ou via des représentants, pourquoi le bien (Lumière, ordre, vie) finit toujours par gagner alors qu’à priori tout semble perdu…etc.), mais pose un véritable problème métaphysique et cosmologique : comment a-t-elle créé le monde ? A-t-elle créé les titans et ensuite elle leur aurait filé le boulot de tout créer ? A-t-elle créé des équivalents maléfiques « pour s’amuser » ? Ou bien n’a-t-elle créé que des choses bonnes et parfaites (Ordre, Lumière, Vie) et certaines de ses créatures se seraient retournés contre elle et son œuvre ? Que savent les titans au sujet d’Elune ?
- Pour l’instant on n’a rencontré aucune divinité réellement maléfique. Aucun équivalent à Elune, du côté du mal. On parle beaucoup, avec Shadowlands, du maître de Sylvanas, qui serait le pendant négatif d’Elune, mais je n’y crois pas. Ou en tout cas, cela me semble peu crédible. On n’en aurait entendu parler auparavant, et les nécromanciens se réclameraient de lui. Même si tel était le cas, il serait piètre, ce Dieu incapable de rivaliser avec la puissance de la Lumière…
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