Bon, je me permets de déplacer le sujet ici, parce que c’est intéressant !
Tant de choses qui circulent sur les fonctionnaires… Ce que « pense » la population des fonctionnaires, c’est en grande partie lié aux libéraux, qui voient dans le « Tout-Privé » (c’est à dire la régulation de chaque service par les lois de l’offre et de la demande), la seule façon de régir une société.
Il y a deux choses à prendre en compte dans le fonctionnariat :
- il garantit l’équité d’accès à certains services
- Les grades sont rattachés à une personne, et non à un poste (j’y reviendrai)
Pour le premier point : à notre échelle, on ne perçoit du fonctionnariat, que les clichés véhiculés par Roumanoff ou les Chevaliers du Fiel. Mais dans les faits, on peut par exemple, percevoir instinctivement la différence entre le système de santé américain, et le système de santé français. De la même façon, on perçoit déjà une différence manifeste dans l’accès différencié à l’enseignement, en fonction de ses moyens. Le fonctionnariat, on le critique jusqu’à ce qu’on en ait besoin. Plus nous critiquons et dénudons la fonction publique par pure idéologie, plus nous creuserons ces écarts.
Pour le deuxième point : la sécurité de l’emploi qui est enviée aux fonctionnaires, est liée au fond, au fait qu’ils ne dépendent pas d’une logique de résultat, ou de profit (même si en interne, c’est plus nuancé que ça).
De plus, comme l’explique Bernard Friot : « un fonctionnaire qui change de poste ne change pas de salaire, c’est son grade. La qualification est personnelle. Dans les conventions collectives, ce qui est qualifié, c’est le poste, ce n’est pas la personne. C’est pour ça que quelqu’un qui n’a pas de poste est au chômage parce que c’est le poste qui est support des droits, ça c’est la convention collective du privé. Dans la fonction publique, c’est la personne qui est le support des droits parce que les droits sont liés au grade et non pas au poste. Et le grade, c’est un attribut de la personne. Par exemple, on est prof agrégé ». Ce qui implique quelque part, qu’un fonctionnaire soit en réalité payé « à vie ».
Vous comprenez maintenant pourquoi, il y a une charge éminemment violente sur le fonctionnariat, de la part de tous les libéraux. Le fonctionnariat est par essence anticapitaliste : il est égalitariste, n’a pas de logique de profit ni de concurrence (qui sont tour à tour cause et conséquence du « marché » de l’emploi, et du chômage structurel de masse).
En fait, le fonctionnariat, c’est une forme de rayonnement étatique. Et c’est intolérable pour les libéraux qui veulent « moins d’État ».
Pour moi, qui ai vu apparaitre la T2A (tarification à l’acte médical), qui ai vu la Poste privatisée, et différents services vitaux (routes, eau, électricité, transport de fret, apparition de mutuelles diverses), ou encore constaté le dépouillement progressif de l’Éducation Nationale, je peux vous assurer que nous sommes tous perdants à vouloir défoncer la fonction publique ou « dégraisser le mammouth » comme aiment dire certains.
Seulement là encore, nous ne voyons dans le fonctionnariat, que le mec qui parle de ses dernières vacances, avec sa collègue Josiane derrière son comptoir alors qu’il y a 10 personnes qui attendent… Et ça énerve.
Essayons de voir plus loin.