Tu as totalement raison. La censure instaure l’autocensure. Et ici oui, on ne voudrait surtout pas contrarier les modos, mais plus généralement, l’autocensure préserve de l’ostracisme, qui est une peur inconsciente, très profonde.
Avec la loi Avia, qui vient de passer, c’est toute une censure numérique automatique, gérée par algorithmes, qui va fleurir sur tous les sites.
C’est un désastre, parce qu’on va goûter à de la censure à géométrie variable, de la censure idéologique, de la censure mue par de potentiels rapports de force (un troll mobilisant son multicompte pour signaler un message pertinent)…
Au delà de l’aspect lissé de tous les espaces d’expression possibles (et des problèmes idéologiques que cela pose), je pense qu’on est en train d’inverser le rapport que nous avions avec la technique : c’est à dire que l’on passe d’une aide, d’un support, à un dictat comportemental.
Je vais préciser :
Dans le fond, Hearthstone c’est déjà un peu le cas, dans le sens où chaque méta pousse chaque utilisateur à se plier à des archétypes définis, avec des decks définis, des cartes définies. Et les gens qui s’en plaignent, ne sont pas bien accueillis, alors même que personne ne prend vraiment conscience de ce que cela implique, que d’être drivés par « des machines ».
J’en veux pour preuve, cette avalanche de lamentations concernant le DH, et des critiques régulières concernant Hearthstone en général :
Cette impression récurrente, que quoique l’on fasse, nous sommes soumis à des règles qui nous échappent, à une hyperpuissance structurelle, inique, asymétrique, liée à des externalités non arbitraires
Voyez comme tous ces gens ont été accueillis ? Alors que seul, le fond aurait dû nous intéresser.
Et c’est logiquement que vous vous posez la question : « quelles sont les règles de bannissement ? » (« ou quelles sont les règles de la RNG ? »). Et que vous échafaudez des théories, parce que vous « sentez qu’il y a un truc »…
Nous sommes dans un espace changeant. Et il changera en fonction de ce qui sera le plus profitable pour la plateforme concernée. Avec des algorithmes qui détermineront le cap des choses à exprimer. Ou pas. Avec son lot de sacrifices.
A ce titre, nous avons déjà perdu contre la machine. Saurez-vous vous y faire ? Moi, pas.