Je vais réagir juste sur ce point là, vu que c’est une critique très répandue sur Hearthstone (et sur pleins d’autres jeux, de carte ou non).
Je joue pas mal aux jeux Blizzard, et leur phrase maîtresse quand il s’agit du développement de leurs jeux est « Easy to learn, hard to master ». Ce qui veut dire qu’il est très facile de mettre la main dessus, mais devenir très bon est très dur.
Quand on se penche sur Hearthstone, on peut se rendre compte qu’ils ont totalement été fidèles à cette phrase :
- Easy to learn : oui, et personne ne me dira le contraire : peut de mécaniques compliquées, nous et uniquement nous pouvons jouer pendant notre tour, peu de cartes en mains et de créatures sur le board, la gestion du mana se fait toute seule, peu de cartes dans un deck etc … Plus l’interface chaleureuse et attrayante qui donne envie pour le plus fieffé casu de se poser et de passer un bon moment sur le jeu qui s’apprend le temps d’un tuto de 10 minutes (goliath toi qui l’a fait 50 fois, dis moi si je me trompe).
- Hard to master : là ce point peut faire un peu plus débat, mais je suis persuadé que c’est aussi le cas. Combien d’entre nous ont déjà été légende ? Sans déconner ? Moi j’ai pas le niveau. Je n’ai jamais su maîtriser, prévoir, comprendre. J’essaye un peu, mais je pense que je n’accorde pas assez de temps de jeu à HS pour me permettre d’aller chercher une compréhension intrinsèque du jeu dans ses mécaniques profondes dans les métas différentes. C’est pas simple, et celui qui me dira le contraire devra me dire pourquoi les bons joueurs top legend en stream disent tous que c’est pas évident.
En bref, pour moi, ce design « easy to learn, hard to master » est super intelligent, ça permet à tout le monde de se lancer dans le jeu et de comprendre rapidement comment ça marche, mais a peu de gens de maitriser tellement le jeu que les résultats viennent, ouvrant la porte au eSport etc … Overwatch auquel j’ai beaucoup joué est aussi clairement fait selon le même schéma de développement. Et d’ailleurs, Overwatch à les mêmes critiques : « avant c’était skillé, nul nul nul … »
Voilà comment ça se passe, l’histoire se base sur mon observation d’un nombre incalculable de joueurs et de leur histoire :
Et je pense que c’est l’essence de ce dev qui fait dire ça, on est tous rentré facilement dans le jeu parce qu’il est si bien fait, nous faisant penser qu’après tout, on est pas nuls, on gagne pleins de parties, c’est vachement cool. On voit le personnage adverse exploser : jouissif. On s’amuse bien parce que c’est frais, parce que c’est bien fait. Les mécaniques faites pour être rigolotes le sont. On a peu de cartes mais on aime bien essayer des trucs, donc ça va.
Puis ça y est, on commence a devenir vétéran du jeu, par la force du temps, on commence à moins s’amuser des choses futiles qui nous plaisaient au début. On comprend de mieux en mieux le jeux, on se renseigne, on regarde ce qui se fait, on joue les meilleurs decks, on s’investit, et là, on ne joue plus au jeu pour y jouer, mais pour le maîtriser. C’est plus cet œil neuf qu’on a. Et là, c’est le mur. Si le jeu est facile à apprendre, il est difficile à maîtriser réellement, et là, on bloque, on se cogne, on bute. On regarde des youtubers et des streamers quasi pros qui eux y arrivent, ça à l’air facile, sauf qu’en vrai, eux ils sont arrivés à la maîtrise, donc ça à l’air facile.
Et là : c’est la dissonance cognitive : je voudrais monter mais je bloque et là, plusieurs façons d’être :
- Certains se donnent réellement les moyens de devenir bons, ça prend de la concentration et du temps de jeu, les streamers/youtubers, c’est leur métier de passer du temps sur le jeu, pas étonnant qu’ils maîtrisent plus facilement. Ces gens là vont passer ce premier seuil de maîtrise et jouer parmi les plus grands joueurs dans le haut du rang légende. (je ne parlerai pas du deuxième rang de maîtrise réservé aux joueurs pros, là, ça demande me semble-t-il certaines prédispositions).
- Certains baissent les bras en ce disant qu’ils ne sont pas bons.
- Les derniers, qui nous intéressent ici, vont vouloir protéger leur égo : si ils ne montent pas, ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas encore su maîtriser le jeu, sinon ça reviendrait à dire qu’ils ne sont pas assez bons, et ça, c’est impossible via postulat de base. Et là, c’est la fête à la saucisse des excuses : 1) la qualité requise pour monter n’est pas du skill mais de la chance, or j’ai l’un mais pas l’autre, alorts je monte pas, c’est un scandale. 2) de toute façon, je monte légende quand je veux, c’est juste que je joue pas assez. 3) C’est le jeu qui est contre moi, mon adversaire a de la chance, je vais aller au tribunal et en 24h je fais couler Blizzard. Il n’y a qu’a regarder ce forum pour ce faire une idée des différentes excuses qu’on peut générer pour se protéger.
Moi but n’est pas de dénoncer mais d’expliquer. Protéger son égo n’est pas une marque de mauvaise foi, c’est un mécanisme naturel du cerveau, on le fait tous et encore heureux, sinon on serait tous dépressifs.
Voilà pourquoi d’un très bon design de jeu faisant d’Hearthstone le succès incontestable qu’il a été et qu’il est encore, on se retrouve avec des gens qui, malgré eux, s’auto-persuadent que le jeu est mauvais pour se protéger.
Non le jeu n’est pas « non skillé », parce qu’en fait, c’est impossible dans un jeu qui met en place de la compétition d’être « non skillé ». Il y aura toujours des joueurs au top du top et les autres. Quel que soit les ressources demandées de base, ben il y aura toujours des gens meilleurs que d’autres et donc une expertise à avoir.
PS : désolé, personne ne va lire parce que c’est trop long.
PPS : je viens de me rendre compte que j’ai répondu a un message vieux d’un mois. C’est ridicule, mais ce que je dis n’en est pas moins important je pense.